Et si Dieu comptait sur toi pour réaliser son projet ? En voilà une idée qu’elle est pas banale ! Imaginez que vous receviez un coup de téléphone un jour. À l’autre bout du fil… le secrétaire général des Nations Unies ! Il vous appelle parce qu’il compte lancer une grande campagne inédite pour la paix dans le monde, et il voudrait vous confier une part active dans la réalisation de ce projet. Je pense que vous seriez tout à la fois intimidé, honoré, et sûrement très attentif à la demande de ce monsieur (Antonio Guterres). Bien sûr, on a du mal à imaginer un tel scénario, puisqu’il n’est pas du tout réaliste. Qui sommes-nous pour être sollicités par une personnalité politique mondialement célèbre et influente ? Et c’est peut-être pour ça qu’on a aussi du mal à croire (ou à comprendre) que le Seigneur Dieu tout-puissant, véritable célébrité intergalactique, puisse nous solliciter pour la réalisation de son projet. Et pourtant, c’est bien ce que la Bible nous enseigne, et notamment à travers le passage qui va nous intéresser aujourd’hui.
Mais comme on a du mal à croire ou à comprendre que Dieu puisse compter sur nous pour réaliser son projet, on a une fâcheuse tendance : c’est qu’on reste un peu passif par rapport à l’œuvre de Dieu. Si on est croyant, on se dit que oui, bien sûr, Dieu a un grand projet pour l’histoire et pour le monde ; la Bible nous dit que ce projet, pour Dieu, consiste à se faire connaître au monde (qui est déchu, c’est-à-dire séparé de lui), et à étendre son royaume partout dans l’univers. C’est un beau et vaste projet ; et heureusement que Dieu est assez grand pour le réaliser ! En attendant, nous, on a nos propres projets, nos propres préoccupations, et forcément, nos propres priorités. On est quand même de bons chrétiens, alors on va donner un peu d’argent à l’église pour soutenir le projet de Dieu ; mais le soutenir à distance, en quelque sorte. Un peu comme on soutient Médecins Sans Frontières ou Handicap International. Ce n’est pas qu’on n’a pas envie d’être plus impliqués dans le projet de Dieu ; c’est plutôt qu’on ne voit pas comment. Et ce texte, parmi d’autres, est là pour nous aider.
Depuis plusieurs chapitres, Dieu a donné des instructions précises à Moïse pour la construction de son sanctuaire (une étape extrêmement importante de son projet pour le monde) ; maintenant, il faut le construire, ce sanctuaire. Et ce qui est censé nous frapper dans ce texte, c’est que Dieu compte sur les croyants pour construire son temple, et plus largement, il compte sur eux pour engager leur vie dans son projet. La leçon qu’on pourra en tirer pour nous aujourd’hui, c’est tout simplement que Dieu nous appelle non pas à être spectateurs, mais acteurs de son œuvre dans le monde.
Pour commencer (v. 1-11), Dieu veut que les croyants s’approprient son projet. C’est-à-dire que Dieu veut qu’on prenne à cœur, et qu’on se sente impliqué dans, et partie prenante de, son projet. Qu’on se dise : « Le projet de Dieu, c’est aussi mon projet ». Dans le texte, Dieu désigne les gens qui vont fabriquer tous les objets qui ont été décrits dans les chapitres précédents. Il y a un gars de la tribu de Juda, un autre de la tribu de Dan, et beaucoup d’autres gens, qui vont travailler ensemble. L’idée, c’est qu’il y a une diversité de gens. Mais leur point commun, c’est qu’ils seront spécialement aidés par le Saint-Esprit. C’est frappant, parce qu’à ce stade de l’histoire, l’idée que des gens puissent être spécialement équipés par une action particulière de l’Esprit de Dieu, c’est pratiquement inédit (Gn 41.38 ; Ex 28.3) ! Et donc ce passage est censé rappeler aux Israélites (qui vont le lire et le relire plus tard) dans quelles circonstances le Tabernacle et tous ses ustensiles ont été construits. Dieu les a appelés à le faire ; Dieu les a équipés pour le faire ; et tous ensemble, ils l’ont fait.
Et donc il faut imaginer ces Israélites trente ans plus tard. Ils sont encore dans le désert. Ceux qui ont contribué à la fabrication du Tabernacle commencent à se faire vieux. Mais à chaque fois qu’ils lisent ce texte, et qu’ils regardent le Tabernacle ou les prêtres, ils se disent : « Ah oui, je me rappelle : c’est moi qui ai cousu cette partie de la tenture ; c’est mon oncle qui a assemblé le treillis en bronze qui est fixé sur l’autel ; je me souviens du mal qu’on a eu, avec Éliab et Gamliel, pour sertir la chrysolithe dans le pectoral d’Aaron… Mais grâce à l’Éternel, on a réussi. L’Éternel habite au milieu de nous ; c’est son projet, c’est lui qui a conçu ce Tabernacle, c’est lui qui nous a appelés et qui nous a équipés pour le fabriquer, et on l’a fait. ». Et en se disant tout ça, les Israélites s’approprient le projet de Dieu.
Tous ceux qui ont déjà bricolé un peu peuvent s’identifier à ce sentiment : l’objet qu’on a construit nous appartient. Ça m’est arrivé, dans la vie, de construire des choses : par exemple, un muret et des piliers de portail à côté de notre première maison. Et c’est très curieux, mais quand on habitait là-bas, j’aimais bien, régulièrement, faire le tour de ce que j’avais construit. Je le regardais sous tous les angles, je passais la main dessus, et j’éprouvais une étrange satisfaction : « J’ai construit un truc, j’ai laissé ma trace, c’est le fruit de mes mesures, de mes calculs et de mes efforts ». À Oullins, il y a une école maternelle avec une peinture murale dessus. Et si vous regardez bien, à un endroit, il y a un clown qui danse. Eh bien figurez-vous que c’est moi qui ai produit le modèle de ce clown, et qui en ai peint la moitié, quand j’avais 4 ou 5 ans ! Quand je passe devant, je me dis que cette école maternelle m’appartient un peu.
Et Dieu veut qu’on éprouve un peu la même chose par rapport à son projet. Il veut qu’on s’approprie son projet. Il veut que les Israélites s’approprient le Tabernacle, qui est, à ce moment de l’histoire, un élément extrêmement important de son projet qui consiste à se faire connaître au monde entier. Mais ce n’est pas un truc que Dieu a fait indépendamment de son peuple. Il l’a fait avec son peuple et par son peuple. Et Dieu est en train de réaliser ce même projet dans l’histoire, aujourd’hui encore, sauf qu’on n’a plus de Tabernacle. Pourquoi ? Parce que Jésus est passé par là. Tout ce qui était représenté de manière partielle et temporaire par le Tabernacle a été réalisé de manière complète et définitive par Jésus (on l’a souvent dit dans le cadre de cette série de messages). Le Tabernacle montrait aux Israélites que Dieu voulait rétablir la relation avec les hommes ; et Dieu a mis en place des moyens pour que cela soit possible. Mais ces moyens temporaires annonçaient d’avance, et préparaient, la venue de Jésus et son œuvre. Jésus est venu, il est mort en sacrifice, et il est ressuscité, pour que tous les gens qui se confient en lui soient réconciliés avec Dieu, et puissent accueillir sa présence, et être accueillis dans sa présence, pour toute l’éternité !
Aujourd’hui, Dieu continue de réaliser son projet qui consiste à se faire connaître au monde, et à étendre son royaume partout dans l’univers. Et il le fait ordinairement par l’Église chrétienne (quand elle est fidèle), car c’est à l’Église qu’il a confié la prédication de l’Évangile et l’administration des sacrements, et c’est l’Église qui est la communauté des croyants aujourd’hui, et c’est dans le cadre de l’Église et que s’exercent les « dons spirituels ». Le Nouveau Testament nous parle de cette œuvre spéciale de l’Esprit de Dieu qui donne aux croyants des capacités particulières qui sont censées contribuer à la réalisation du projet de Dieu (cf. 1 Co 12). Des aptitudes au niveau de l’enseignement, de la prédication, de l’administration, de la musique, de la comptabilité, de l’encouragement, de l’animation d’un club d’enfants ou d’un groupe d’ados, de la prière, de la logistique, de l’évangélisation, du web design, du ménage, du bricolage, de l’accueil, de l’hospitalité, de la cuisine, de la compassion, du discernement, de l’écriture, etc. Dieu nous donne ces choses, il les développe en nous, il les sanctifie, pour qu’elles servent à la réalisation de son projet. Quel privilège, quand on y pense ! Le projet de Dieu, ce n’est pas juste un truc que Dieu fait… mais c’est un truc que Dieu fait à travers nous. C’est pourquoi l’apôtre Paul, en songeant à son propre service, dit :
« Nous sommes ouvriers avec Dieu. » (1 Co 3.9)
Est-ce qu’on se rend compte de ça, quand on pense au projet de Dieu ? Et est-ce qu’on en tire les conséquences en termes d’engagement et de priorités ? Dieu veut que les croyants s’approprient son projet.
Le deuxième point découle logiquement du premier ; c’est que Dieu veut être visible dans la vie des croyants. C’est-à-dire que si nous sommes croyants, notre vie, nos actions, nos occupations, sont censées… manifester Dieu au monde. Gloups. Regardez le texte. Maintenant, Dieu rappelle aux Israélites l’exigence du sabbat, c’est-à-dire du jour de repos. Un jour sur sept, les Israélites doivent se reposer de leur travail ; c’est un jour « férié, consacré à l’Éternel ». Ce n’est pas une nouveauté dans le texte (cf. Ex 16.22-30 ; 20.8-11). Pourquoi Dieu le rappelle ici ? Parce qu’il vient de donner du travail aux Israélites. Dieu veut donc que les Israélites construisent le Tabernacle, sans oublier de respecter le jour de repos. En fait, Dieu est en train de relier un projet ponctuel (la construction du Tabernacle) à une vocation générale (d’être un royaume sacerdotal, une nation sainte) ; et les deux ont le même objet, qui est de manifester Dieu au monde. Le Tabernacle est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple, et de sa faveur. Le sabbat est aussi un signe « grâce auquel on reconnaîtra que je suis l’Éternel qui vous sanctifie » (v. 13). Et en quoi est-ce que le sabbat renvoie à Dieu ? Eh bien Dieu lui-même s’est reposé le septième jour, d’après le récit de la création (Gn 1). Donc on a vraiment l’impression que les Israélites sont les employés de Dieu sur la terre ; ou mieux, les représentants de Dieu sur la terre. Ils agissent au nom de l’Éternel, ils sont équipés par l’Éternel, habités par l’Éternel (par l’Esprit), et ils reproduisent la façon de faire de l’Éternel. Ils sont comme une « incarnation » de Dieu sur la terre.
Je vais essayer d’illustrer cette idée. De nos jours, dans le sport, on pratique ce qu’on appelle le sponsoring. C’est-à-dire que des grandes entreprises signent des contrats avec de grands sportifs pour que ces sportifs fassent la promotion de la marque. Ces sportifs reçoivent de l’argent, des habits, des équipements, le but étant qu’ils rendent la marque visible dans les médias. Ainsi, la popularité du sportif rend service à la marque. Or, les éventuels mauvais comportements du sportif nuisent aussi à la marque. On peut penser à des sportifs qui ont été reconnus coupables de dopage, ou de tricherie, ou de chantage, ou de comportements violents, ou de conduite en état d’ivresse, ou de fraude fiscale… Et quand ça arrive, parfois, les sponsors annulent le contrat. Parce que la personne qui fait l’objet d’un sponsoring est vraiment considérée comme une incarnation de la marque dans les médias. Cette personne a pour vocation de manifester la marque au monde, et donc à ce titre, son comportement et ses valeurs doivent refléter le comportement et les valeurs de la marque.
Eh bien les croyants sont sponsorisés par Dieu. Si vous êtes croyant aujourd’hui, c’est-à-dire si vous vous fiez complètement aux promesses de grâce de Dieu (illustrées par le Tabernacle, accomplies par Jésus), il faut que vous sachiez que Dieu vous a adressé une vocation. Vous êtes membre d’une « nation sainte », d’un « peuple racheté, afin d’annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pi 2.9). Dieu vous a racheté, il vous a habillé, il vous a équipé, et il vous fait porter son nom, pour que vous le rendiez visible dans le monde ! Le Nouveau Testament va jusqu’à dire qu’en étant attachés à Jésus par la foi, nous sommes devenus comme les bras et les jambes de Dieu sur la terre : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Christ [qui lui-même était l’incarnation de Dieu sur la terre] ? Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée ? Certes non ! » Dieu veut que notre comportement et nos valeurs reflètent son comportement et ses valeurs. « Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous n’êtes pas à vous-mêmes. Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu » (1 Co 6.15, 19-20).
OK. Donc : qu’est-ce que nous faisons des aptitudes que Dieu nous a données, qu’il a développées en nous et qu’il a sanctifiées ? Est-ce qu’elles servent à accomplir nos projets, ou bien les mettons-nous d’abord au service de Dieu et de son projet ? Qu’est-ce que nous faisons du temps que Dieu nous donne ? Qu’est-ce que nous faisons de la santé et de l’argent que nous avons ? Qu’est-ce que nous faisons en priorité le dimanche, qui est le jour férié, le jour du Seigneur, le jour consacré à l’Éternel (depuis la résurrection de Jésus) ? Qu’est-ce que nous faisons de la Parole de Dieu et de ses commandements ? Qu’est-ce que nous faisons de l’Église, et des besoins de l’Église, et des besoins de nos frères et sœurs dans la foi ? Et qu’est-ce que nous faisons de ce magnifique Évangile, cette bonne nouvelle qui concerne la personne et de l’œuvre de Jésus, et que Dieu nous a confiée, comme un trésor (2 Co 4.7). Le Nouveau Testament nous dit :
« Vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie. » (Ph 2.15-16)
Et si Dieu comptait sur toi pour réaliser son projet ? C’est l’hypothèse qu’on avait soulevée au début. Et c’est bien l’idée que ce texte veut nous faire comprendre. C’est vrai qu’on a la fâcheuse tendance de se dire que l’œuvre de Dieu, c’est un truc que Dieu fait par là… tandis que notre vie à nous, c’est un truc qu’on fait par ici… Les deux entrent parfois en contact, comme le dimanche au culte, par exemple. Mais le reste du temps, ce sont des choses distinctes, parallèles. Ma foi, et ma relation avec Dieu, c’est une partie de ma vie ; ma carrière professionnelle, c’en est une autre ; ma vie de famille, c’en est une autre encore, etc. Mais ce texte nous montre que ce n’est pas une bonne perception des choses quand on est croyant. Dieu a un projet, un vaste projet, pour l’histoire et pour le monde. La création, sa création, est déchue parce qu’on a voulu vivre indépendamment de Dieu. Mais Dieu veut racheter sa création ; il veut se faire connaître aux hommes qui lui ont tourné le dos ; il veut étendre son royaume bienveillant dans tout l’univers. Il est venu par Jésus pour payer le prix de notre salut. Et si on reçoit ce salut par la foi, Dieu nous donne une vie nouvelle, et une raison-d’être nouvelle. Il nous appelle solennellement à nous approprier son projet. Dieu nous appelle solennellement à le rendre visible sur la terre par notre vie, par nos paroles, par notre service, par notre engagement. Il nous appelle non pas à être spectateurs, mais acteurs de son œuvre dans le monde. Est-ce que vous êtes prêts à engager votre vie dans le projet de Dieu ?