Si vous êtes présent au culte aujourd’hui, c’est que vous êtes concerné par la question de la piété. Par ce terme de « piété », je veux dire la pratique des actes extérieurs de la religion, comme le culte, la prière, la lecture de la Bible, mais encore la générosité envers son prochain, la probité morale, etc. Donc si vous êtes présent aujourd’hui (et même si vous êtes venus sous la contrainte !), je peux dire que ces choses vous concernent, parce que vous êtes ici dans un lieu par excellence où l’on s’attend à ce qu’une certaine piété soit pratiquée, et même un lieu où vous êtes invité à prendre part à cette piété.
Mais en réalité, la piété existe dans beaucoup d’autres contextes, et concerne beaucoup de gens même en-dehors de notre église. À commencer par tous les gens qui pratiquent ouvertement une religion : les catholiques, les musulmans, les Juifs, les bouddhistes… Mais il y a aussi beaucoup de gens qui sont très religieux (des gens « pieux » en quelque sorte) et qui ne souscrivent pas pour autant à une religion en particulier : des gens qui prient, des gens qui jeûnent, des gens qui donnent aux pauvres, des gens qui pratiquent consciencieusement l’amour du prochain…
Parfois on parle moins de « piété », puisque ce terme a une connotation religieuse, et on parle plus volontiers de « spiritualité », comme le fait le philosophe athée André Comte-Sponville qui plaide pour une « spiritualité sans Dieu ». Ce qu’il dit en substance, c’est que la piété est indispensable, mais qu’on n’a pas besoin de Dieu pour la pratiquer.
Et donc la question que je veux vous poser aujourd’hui, c’est la suivante : qu’est-ce qui motive votre piété ? Ou bien, si vous n’êtes qu’un simple observateur du christianisme : à votre avis, qu’est-ce qui est censé motiver la piété chrétienne ? Autrement dit, pourquoi les chrétiens viennent-ils au culte, prient-ils, lisent-ils la Bible, donnent-ils aux pauvres et aiment-ils leur prochain ? Et surtout, cette motivation chrétienne de la piété, résulte-t-elle en une piété spécifiquement chrétienne ?
Le texte qu’on va lire, c’est la suite du fameux « Sermon sur la montagne » de Jésus, qu’on a commencé à étudier depuis quelques semaines déjà, dans le cadre de notre étude de l’Évangile selon Matthieu. Et on a déjà vu que Jésus avait été présenté comme le Messie qui était venu accomplir les promesses millénaires de Dieu concernant le rétablissement de son royaume sur la terre.
On a vu aussi que ce « royaume des cieux » que Jésus était venu inaugurer sur la terre impliquait des changements importants, notamment pour les croyants. Autrement dit, les sujets du royaume de Jésus sont appelés à être différents du reste des hommes : ils sont excentriques parce qu’ils renoncent à eux-mêmes (ch. 5. v. 1-16), et Jésus les appelle à une intégrité morale surnaturelle (ch. 5. v. 17-48).
Maintenant donc, Jésus va parler de leur piété, et sans surprise, il va expliquer que la piété chrétienne (la piété dans le royaume des cieux) n’est pas comme la piété non-chrétienne, et cela, en raison de ce qui la motive. La leçon de ce texte, finalement, c’est la suivante : la vraie piété vient d’une vraie relation avec le vrai Dieu.
La première chose que ce passage nous enseigne concernant la piété dans le royaume des cieux, c’est que la piété chrétienne ne se préoccupe pas d’abord de ce que pensent les hommes, mais de ce que pense Dieu. C’est un principe fondamental que Jésus souligne dès le premier verset, et qu’il va illustrer ensuite en prenant trois exemples : celui de l’aumône, puis de la prière, puis du jeûne.
Il insiste donc dès le départ sur le fait que la piété chrétienne n’est pas censée être conditionnée par l’image qu’elle donne auprès des autres de celui qui la pratique. Cet enseignement de Jésus, rapporté par Matthieu, sert peut-être de précision utile après ce que Jésus a dit au chapitre précédent, quand il a dit :
« Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (5.16)
Pour que cet enseignement ne soit pas détourné, Jésus insiste maintenant sur le fait que le but de la piété, c’est-à-dire de la pratique de la justice, ce n’est pas la gloire du chrétien, mais bien la gloire de Dieu !
Jésus oppose donc la piété chrétienne authentique, la vraie piété, à la piété des hypocrites, qui font le bien dans le but d’être bien vus des autres. Ce que Jésus dénonce ici, ce n’est pas tant une pratique (celle de faire l’aumône, de prier ou de jeûner publiquement) qu’une motivation (le désir d’être glorifié par les hommes). Jésus n’est pas en train de dire que pour faire l’aumône, il ne faut jamais que personne ne nous voit, ni que pour prier, il faut toujours être dans le secret de sa chambre, ni que pour jeûner, il faut toujours le faire incognito ; il est en train de dire que la vraie piété ne se préoccupe pas d’abord de ce que pensent les hommes, mais de ce que pense Dieu. Est-ce que c’est là votre principale préoccupation lorsque vous venez au culte, lorsque vous donnez de l’argent à l’église, lorsque vous lisez votre Bible, ou lorsque vous priez ?
Imaginez un mari qui serait tout le temps très gentil avec sa femme lorsqu’il est entouré d’autres chrétiens. Mais dès qu’il est à la maison, éloigné du regard et des oreilles de ses amis de l’église, il est parfaitement odieux avec sa femme. C’est hypocrite, non ? Ou à l’inverse, imaginez un autre mari, qui serait très gentil avec sa femme à la maison, toujours à la soutenir et à lui faire des compliments, mais dès qu’ils se retrouvent tous les deux en société, avec les collègues de travail notamment, le mari devient complètement macho, égocentrique, insensible, et se met à humilier sa femme devant ses copains. Ça aussi c’est hypocrite. Dans les deux cas, la relation du mari avec ses amis prime, manifestement, sur sa relation avec sa femme. Dans les deux cas, il est hypocrite.
De la même façon, dans notre piété, quand notre relation avec les hommes prime sur notre relation avec Dieu, le désir d’être bien vu des autres peut se traduire de deux manières : d’abord, on peut être un chrétien très pieux aux réunions de l’église, sous le regard des autres, mais très peu pieux en privé. Ce serait un peu la situation des Pharisiens hypocrites que Jésus vise dans le texte.
Mais inversement, on peut être un chrétien très pieux en privé, mais très peu pieux en compagnie des autres, et cela, pour la même raison : parce qu’on est préoccupé par son image. Je prends un exemple un peu caricatural : pourquoi est-ce difficile pour nous de prier au restaurant, sinon parce que le regard des autres compte un peu trop pour nous par rapport à notre relation avec Dieu ?
Donc premier point que le texte veut nous faire comprendre concernant la piété dans le royaume des cieux : ne pas ressembler aux hypocrites, qui cherchent à être bien vus des hommes, car la piété chrétienne ne se préoccupe pas d’abord de ce que pensent les hommes, mais de ce que pense Dieu. Il y a là une motivation fondamentale : nous pratiquons le bien pour la gloire de Dieu.
Mais la deuxième chose que ce passage nous enseigne concernant la piété dans le royaume des cieux, c’est que la piété chrétienne a conscience de la parfaite souveraineté de Dieu.
Jésus a d’abord opposé la vraie piété à la piété des hypocrites, et c’est là le sujet principal de ce passage, puisqu’il y a ce motif qui est répété trois fois, où Jésus dit : ne faites pas comme les hypocrites qui cherchent à être vus et admirés ; eux ont reçu leur récompense ; vous par contre, pratiquez votre piété en secret, et « ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (v. 2-4 ; 5-6 ; 16-18).
Mais au verset 7, il y a comme une digression, où tout d’un coup Jésus ne compare plus les sujets de son royaume aux hypocrites, mais cette fois aux païens. Les « hypocrites », ça désigne principalement les Pharisiens très pieux de l’époque de Jésus, c’est-à-dire des Juifs, tandis que les « païens », ça désigne les non-Juifs, c’est-à-dire les gens qui ne prétendent pas rendre un culte au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, mais qui rendent un culte à de faux dieux. Et ce que Jésus dit, en comparant les sujets de son royaume aux païens, c’est que contrairement à la piété païenne, la piété chrétienne ne cherche pas à forcer la main de Dieu.
Jésus fait référence aux cultes païens, aux cultes rendus à des idoles, où les prières pouvaient ressembler à des incantations, c’est-à-dire où les fidèles vont répéter en boucle certaines formules qui sont censées déclencher la puissance de la divinité visée, surtout si ces formules étaient associées à certains rites bien précis auxquels il fallait se plier pour obtenir un résultat. Mais Jésus s’oppose à ce genre de piété dans la vie chrétienne, particulièrement à ce genre de prière, à l’aide d’un argument tout simple, c’est que le vrai Dieu sait déjà de quoi on a besoin avant même qu’on le lui demande. Comme je le disais : la piété chrétienne a conscience de la parfaite souveraineté de Dieu. Ce serait même un peu ridicule, voire présomptueux, de répéter à Dieu trente-six fois la même chose, comme si on pouvait, à force de répétition, provoquer, ou déclencher sa puissance.
Imaginez que vous soyez un des porte-paroles de la « manif pour tous », et qu’au lendemain de la grande manif du 13 janvier 2013, qui a rassemblé grosso-modo un million de personnes, vous êtes reçu par le président dans son bureau, avec deux ou trois autres porte-paroles, pour une petite demi-heure d’entretien. Est-ce que ce serait une bonne idée de passer la demi-heure à scander : « François, ta loi, on n’en veut pas » ? Non, ce serait absolument ridicule et inutile, étant donné que le président sait déjà pertinemment quelles sont vos demandes, avant même que vous arriviez dans son bureau. Mais parfois, les chrétiens font exactement ça avec Dieu.
Je ne pense pas que Jésus soit en train de dénoncer, ici, le fait de prier fidèlement, c’est-à-dire jour après jour pour les mêmes choses, ni le fait de prier avec ferveur et insistance. Mais ce qu’il dénonce, à mon avis, c’est une certaine vision de Dieu, qui résulte en une certaine piété, qui s’exprime notamment par une certaine façon de prier qui ressemble à des incantations, où l’on pense qu’à force de répéter certaines formules (voire certains rites), on va déclencher la puissance de Dieu.
Vous voyez de quoi je veux parler ? Dans certains milieux, on a l’impression que pour prier il faut connaître, et répéter certaines formules magiques, comme « au nom de Jésus », « amen alléluia », « gloire à toi Seigneur », « oh oui Seigneur Jésus », tout ça sur un certain ton de voix, et de façon répétitive, exactement comme une incantation. Dans des milieux où l’on pratique la délivrance, notamment, on voit parfois des chrétiens qui répètent trente-six fois la même chose jusqu’à ce qu’ils obtiennent un résultat (plus ou moins satisfaisant), exactement comme le font les magiciens païens qui invoquent des puissances occultes.
Non, ce n’est pas ça la piété chrétienne. Car la piété chrétienne a cela de spécifiquement chrétien qu’elle a conscience de la parfaite souveraineté de Dieu. Notre piété n’est donc pas comme celle des hypocrites, ni comme celle des païens, mais elle devrait plutôt s’inspirer du modèle que Jésus enseigne juste après, sous la forme d’une prière très connue, le fameux « Notre Père ».
Et c’est là la troisième et dernière chose que nous enseigne ce passage : c’est que la piété chrétienne c’est la manifestation d’une relation personnelle et vivante avec Dieu.
Les chrétiens ne pratiquent pas leur piété comme les hypocrites, en étant conditionnés par le regard des autres, ni comme les païens, qui espèrent pouvoir forcer la main de leurs dieux, mais comme les enfants du Père céleste. Et pour nous faire comprendre ce qu’est cette piété dans le royaume des cieux, Jésus nous livre un modèle de prière, peut-être parce que la prière, c’est ce qui cristallise en quelque sorte toute notre piété : on y retrouve nos préoccupations, nos priorités, nos motivations.
Et donc pratiquer la piété comme les enfants du Père, selon Jésus, consiste d’abord à être dans une bonne relation, c’est-à-dire adoptés par le Père, en vertu du Fils, par la puissance de l’Esprit.
Contrairement à toute autre religion, nous pouvons appeler Dieu « notre Père qui es aux cieux ». Cette façon d’interpeller Dieu, révèle à la fois la simplicité et la confiance qui peuvent être les nôtres dans notre piété devant Dieu, notamment dans la prière. Nous pouvons nous approcher de Dieu comme des enfants qui s’approchent de leur papa, en sachant qu’il nous aime et qu’il nous est propice.
Souvenez-vous de quand vous étiez un enfant et que vous jouiez dehors avec vos copains ou vos copines par un bel après-midi d’été. Et vous avez soif. Quelle serait la différence dans votre attitude si, d’une part, vous alliez demander à boire au papa d’un ami, ou d’autre part, au vôtre ? Ce serait assez différent, non ? De la même façon, Jésus nous invite à nous approcher de Dieu comme de notre père.
Cette relation filiale est possible grâce à Jésus. Nous étions des étrangers, et même des ennemis de Dieu, mais Jésus est mort pour nos péchés, pour nous en délivrer. Il a triomphé de la puissance du péché par sa résurrection, et aujourd’hui il représente les croyants auprès du Père, de sorte que par la foi, nous sommes pleinement adoptés par le Père. Celui-ci nous aime de l’amour dont il a toujours aimé, et dont il aimera toujours, son Fils Jésus !
Donc pratiquer la piété comme les enfants du Père, venir au culte, prier, lire la Bible comme les enfants du Père, c’est d’abord être dans une bonne relation, c’est-à-dire adoptés par le Père, en vertu du Fils, par la puissance de l’Esprit. On n’est pas n’importe qui pour Dieu, et Dieu n’est pas n’importe qui pour nous !
Ensuite, Jésus nous enseigne que pratiquer la piété comme les enfants du Père consiste à s’aligner sur les bonnes priorités, c’est-à-dire à être préoccupé d’abord par la gloire, le plan et la volonté de Dieu (ce qu’on a déjà évoqué au début).
Avez-vous jamais remarqué que les premières requêtes du « Notre Père » concernent uniquement Dieu ? C’est comme prier pour Dieu ! Mais Jésus nous montre par là que le chrétien n’a pas pour priorité ses propres intérêts mais les intérêts de Dieu. Le fait que son nom soit reconnu comme saint dans le monde, et qu’il soit honoré en conséquence. Le fait que son royaume de justice et de grâce s’étende sur la terre, par le moyen de la proclamation de l’Évangile et du salut du plus grand nombre. Le fait que la volonté morale de Dieu, qui s’accomplit parfaitement au ciel, s’accomplisse aussi sur la terre, d’abord dans la vie du chrétien, ensuite dans la société.
Imaginez cette fois que vous décidiez de consacrer vos grandes vacances à un service missionnaire dans un pays du tiers monde. Vous allez donc vous rendre dans ce pays où les gens vivent dans une pauvreté extrême. Ils ont besoin d’eau potable, de vêtements, de soins médicaux. Vous rejoignez donc une petite ONG là-bas, très reconnaissante de l’aide que vous allez leur apporter. Mais voilà que le lendemain de votre arrivée, vous allez voir le chef de l’équipe, qui est en train de soigner un jeune enfant atteint du choléra, et vous lui dites : « Excusez-moi, mais est-ce qu’il serait possible que je sois logé dans un appartement un peu plus grand ? Et avec une baignoire plutôt qu’une douche ? Et puis j’ai eu des petits soucis hier soir pour regarder la TV ; je pense que l’antenne est mal orientée ». Bref, c’est un peu déplacé, non ? Eh bien parfois on fait pareil dans nos prières, il me semble !
Examinons nos prières, et réfléchissons à ce qui nous préoccupe le plus, et à ce que cela révèle concernant notre piété en général. Pratiquer la piété comme les enfants du Père, consiste donc à s’aligner sur les bonnes priorités, c’est-à-dire à être préoccupé d’abord par la gloire, le plan et la volonté de Dieu.
Ensuite, Jésus nous enseigne que pratiquer la piété comme les enfants du Père, consiste à avoir conscience de ce que sont les bons besoins, c’est-à-dire à être suspendu à la provision de Dieu, à son pardon et à sa protection.
Après avoir brièvement cité une triple priorité dans la prière (v. 10), Jésus cite plus longuement cette fois, un triple besoin : le besoin du pain quotidien, le besoin du pardon des péchés, et le besoin de la protection divine. Est-ce que vous avez conscience que ce sont là vos besoins quotidiens les plus fondamentaux ?
Parfois dans nos prières, nous ressemblons à ces mendiants que l’on voit parfois dans la rue, et qui tiennent un petit écriteau où il est souvent écrit : « S’il vous plaît, une petite pièce ou un ticket restaurant pour vivre ». Sauf que sur notre petit écriteau à nous, il est écrit : « S’il vous plaît, un jeu vidéo pour vivre » ! C’est vrai que nos prières reflètent parfois ce déséquilibre, entre ce qui constitue un vrai besoin pour nous, et ce que nous pensons être des besoins.
Avons-nous conscience que c’est Dieu qui pourvoit notre nourriture quotidienne ? Qu’il nous fournit les plus petits détails qui nous permettent de vivre chaque jour, ne serait-ce que chaque battement de notre cœur ? Avons-nous conscience que bien que nous soyons justifiés une fois pour toutes, nous continuons de pécher et d’attrister le Saint-Esprit ? Que nous avons besoin de nous humilier sous la main de Dieu et d’invoquer son pardon et sa purification ? Avons-nous conscience que nous vivons dans un monde hostile, et que nous combattons contre des forces hostiles et puissantes, et que sans le secours de Dieu, nous sommes incapables de nous en sortir nous-mêmes ?
Jésus ne dit pas que toutes les autres requêtes, même les plus originales, ne sont pas légitimes, mais la question qu’il nous oblige à nous poser, ici, c’est : est-ce que ces trois besoins fondamentaux de notre quotidien sont typiques de notre vie de prière ? Et encore une fois, qu’est-ce que cela exprime concernant notre piété en général ?
Donc Jésus nous enseigne que pratiquer la piété comme les enfants du Père consiste à avoir conscience de ce que sont les bons besoins, c’est-à-dire à être suspendu à sa provision, à son pardon et à sa protection. Ce que Jésus ajoute aux v. 14-15, c’est que le fait que nous soyons prompts à pardonner aux autres est symptomatique de cette posture humble et repentante qui devrait être celle des chrétiens et dans laquelle nous recevons nous-mêmes le pardon de Dieu.
Enfin, dernièrement, Jésus nous enseigne que pratiquer la piété comme les enfants du Père consiste à s’appuyer sur la bonne perspective, c’est-à-dire (v. 13b) à être encouragé par la suprématie totale de Dieu.
On en vient donc à cette doxologie finale, qui a simplement pour but, à mon avis, de nous rappeler qui est ce Dieu auquel les chrétiens s’adressent dans leurs prières, et ainsi de nous motiver tout particulièrement… à prier ! Dieu est absolument souverain. Tout ce que nous lui demandons, à condition que cela ne contredise ni sa nature, ni sa volonté révélée, il est capable de le faire.
La prière, c’est comme une ligne de téléphone, toujours ouverte, jamais occupée, qui nous relie directement au quartier général de Dieu tout-puissant. Grâce à Orange, j’ai des communications illimitées entre mon portable et celui de Suzanne. C’est super, comme ça je peux l’appeler souvent et lui dire que je l’aime, et qu’elle me manque. Mais tout chrétien a des communications illimitées avec le Créateur du monde, auquel appartiennent le règne, la puissance et la gloire ! On devrait en profiter, non ?
Donc appuyons-nous sur la bonne perspective, comme nous l’enseigne Jésus, en étant encouragés, dans nos prières, et de façon plus générale dans notre piété, par la suprématie totale de Dieu.
Je voudrais conclure rapidement en vous rappelant que pratiquement tout le monde est concerné par cette question de la piété, mais vous tout particulièrement en raison de votre présence ici aujourd’hui !
Qu’est-ce qui motive votre piété ? Votre piété est-elle spécifiquement chrétienne ? Est-ce que vous venez au culte de peur d’être mal vu par vos amis chrétiens ou par votre famille chrétienne ? Si vous n’êtes pas chrétien, pensez-vous que les chrétiens prient parce qu’ils espèrent en tirer profit ? Ou parce qu’ils veulent donner une certaine image d’eux-mêmes ? Si vous lisez la Bible, est-ce que vous le faites dans l’espoir de mériter que Dieu fasse quelque chose pour vous en retour ? Est-ce que vous aimez votre prochain sous la pression du regard des autres, mais quand il n’y a personne pour vous regarder, votre égoïsme ne vous dérange pas du tout ?
Ce qu’on a vu aujourd’hui, c’est que, contrairement à la piété des hypocrites, la piété chrétienne ne se préoccupe pas d’abord de ce que pensent les hommes, mais de ce que pense Dieu. Ensuite que contrairement à la piété des païens, la piété chrétienne a conscience de la parfaite souveraineté de Dieu. Enfin, et c’était la leçon générale de ce passage, que la piété chrétienne c’est la vraie piété, celle qui vient d’une vraie relation avec le vrai Dieu.
Si vous êtes pieux par souci du regard des autres, d’après Jésus vous obtiendrez ce que vous recherchez : leur admiration, mais rien de plus. Si vous êtes pieux, mais dans l’espoir d’obtenir quelque chose de la part de Dieu, d’après Jésus ça ne marchera pas du tout.
Mais si votre piété exprime naturellement la relation vivante et personnelle que vous avez avec le Dieu de la Bible qui vous a rachetés par grâce en vertu de la mort et de la résurrection de Jésus, alors d’après Jésus votre piété sera authentique, joyeuse et efficace. C’est cette relation d’amour qui vous unit au Père céleste qui doit motiver votre piété, c’est-à-dire le fait que vous veniez au culte, que vous priiez, que vous lisiez la Bible, que vous jeûniez parfois, que vous vous montriez généreux envers vos prochains et que, de manière générale, vous fassiez le bien. Voilà comment ça marche dans le royaume des cieux !