Pourquoi les diacres ?

Par Denis Blumle 16 septembre 2018

Est-ce que vous vous demandez comment vous pouvez vous rendre utile dans l’église ? Si c’est une question qui vous préoccupe, alors cette prédication est pour vous, et si ce n’est pas une question que vous vous posez, alors cette prédication est pour vous aussi.

La prédication d’aujourd’hui fait directement suite aux deux enseignements que nous avons reçus hier sur la question des diacres. Jonah a abordé l’histoire des diacres dans l’église, et Alex, ce que dit la Bible sur le ministère de diacre, en regardant tous les passages qui l’abordent.

Et nous voulions terminer ce weekend de réflexion sur le ministère de diacre en étudiant le premier passage qui introduit ce ministère dans l’église. Il s’agit d’un texte narratif au chapitre 6 du livre des Actes des apôtres. Je précise bien que ce texte est narratif, ce qui veut dire qu’il raconte un épisode de la vie de l’église naissante à Jérusalem, mais qu’il ne donne pas toutes les réponses sur la question des diacres, mais il nous explique en tout cas pourquoi ce ministère est né, en réponse à quel besoin, et c’est ce qui va nous intéresser aujourd’hui.

Pour situer le contexte du livre des Actes des apôtres, et du chapitre 6 en particulier, il faut déjà noter que ce passage se trouve dans le Nouveau Testament, la deuxième partie de la Bible. Il se situe après les évangiles qui racontent la venue du messie tant attendue, celui qui allait délivrer les hommes de la condamnation de leur péché, en mourant à la croix.

Après sa mort et sa résurrection, qui nous sont relatées dans les quatre évangiles, Jésus est apparu à ses disciples et à plusieurs autres personnes, puis il est remonté au ciel, auprès de son Père. Et il a laissé sur terre ses disciples pour qu’ils témoignent de ce qu’ils avaient vu, et qu’ils annoncent la Bonne Nouvelle de l’Évangile sur toute la surface de la terre.

Le livre des Actes des Apôtres raconte donc les débuts du christianisme. Avant de remonter au ciel, Jésus avait dit à ses disciples en Actes 1.8 : vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Ce mandat missionnaire donné par Jésus, est un peu le fil conducteur et le plan du livre des Actes :

- chap. 1 à 8 : le témoignage à Jérusalem

- chap. 8 à 12 : le témoignage en Judée et Samarie

- chap. 13 à 28 : le témoignage jusqu’aux extrémités de la terre

Au chapitre 6, l’église naissante est donc encore cantonnée à Jérusalem. Les 12 apôtres prêchent dans Jérusalem, dans les rues et au temple. Le Saint Esprit promis est venu sur eux et les autres disciples à la Pentecôte, et c’est donc avec une grande puissance et avec efficacité qu’ils annoncent le salut en Jésus, et que de nombreux Juifs reconnaissent Jésus comme le messie qu’ils attendaient. Leurs discours sont même accompagnés de signes miraculeux et de guérisons, comme cela était le cas de Jésus leur maître.

Et puis commencent la persécution, les arrestations, les réprimandes, les coups. Au chapitre 5, les apôtres sont arrêtés par les responsables juifs qui veulent les empêcher de continuer à enseigner au peuple.

Actes des apôtres 5.40-42 : Et ayant appelé les apôtres, ils les firent battre de verges, ils leur défendirent de parler au nom de Jésus, et ils les relâchèrent.

Les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus.

Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner, et d'annoncer la bonne nouvelle de Jésus Christ.

Et nous arrivons au chapitre 6 qui nous intéresse aujourd’hui et qui nous montre que l’église fait face à présent à des problèmes internes (Actes 6.1-7).

Nous voyons ici que l’église naissante nomme des diacres ou des assistants parce qu’elle a besoin de leur service pour compléter le ministère des apôtres. Et c’est encore une réalité aujourd’hui dans l’église, et l’idée principale de ce texte c’est que l’église a besoin des diacres pour compléter le ministère des anciens.

Les diacres ont été institués premièrement pour répondre à un besoin, deuxièmement pour décharger les anciens, et finalement c’est pour le bien de l’église. C’est le plan que nous allons suivre.

Pour répondre à un besoin (v. 1)

Le service des diacres a été institué pour répondre à un besoin. Comme je le disais en introduction, l’église est encore cantonnée à Jérusalem, mais le nombre des disciples ne cessait d’augmenter. Les spécialistes estiment qu’à cette époque l’église de Jérusalem comptait 2000-2500 membres.

Actes 2.46-47 dit :

Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés.

Il y avait une formidable émulation collective et la croissance était vraiment importante à Jérusalem, et c’est ce qui inquiétait les autorités juives parce que les membres de l’église de Jérusalem étaient des Juifs, des Hébreux qui reconnaissaient que Jésus était le messie.

Cette église était composée principalement de Juifs, mais qui n’avaient pas tous la même origine. C’est ce que nous décrit le verset 1. Il y avait des Juifs hébreux, originaires d’Israël et qui parlaient araméen (une langue hébraïque), et des Juifs hellénistes. Les Hellénistes étaient des Juifs issus de la diaspora, ils avaient vécu dans des pays où était parlé le grec. Il ne faut pas les confondre avec les Hellènes ou les Grecs. Les Hellénistes sont juifs mais ils parlent la langue grecque. Ils sont « grécisant ».

Ces différences ne sont pas un problème en soi. C’est toute la beauté du peuple de Dieu qui rassemble des hommes et des femmes, de toute nation, de toute race, de toute langue. Mais le diable peut utiliser ces différences pour faire naître des murmures. Oh, ce ne sont pas des hauts cris, des prises de parole publiques tonitruantes. Non, cette œuvre de sape est beaucoup plus subtile, beaucoup plus insidieuse et discrète au départ. Ce sont des murmures. Les murmures ont toujours une connotation négative dans l’Ancien Testament, ce sont des murmures contre l’Éternel ou ses envoyés, des murmures de râleurs, de rébellion. Derrière ces murmures des Hellénistes il y avait probablement de l’insatisfaction et de la jalousie.

Dans l’église primitive, ils se retrouvaient chaque jour pour manger ensemble, il y avait aussi un partage des richesses au sein de l’église. Les dons étaient apportés « aux pieds des apôtres ; et il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin » (Actes 4.35).

Il y avait donc une solidarité très forte dans l’église. Cette solidarité se manifestait entre autres dans le soutien aux veuves. Une veuve n’avait pas de quoi subvenir à ses besoins, surtout si elle n’avait pas d’enfants. Regardez l’histoire de Ruth dans la Bible. Eh bien l’église palliait ce problème et c’est juste magnifique. Il y avait une solidarité matérielle au sein de cette communauté.

Mais il semble qu’il y avait du favoritisme au niveau de l’aide sociale. Je dis « il semble » parce qu’il ne nous est pas dit que les Hellénistes avaient raison. Il nous est plutôt dit la perception qu’ils avaient de la situation.  En fait on ne sait pas si les murmures étaient justifiés, s’il y avait effectivement discrimination et partialité, et si elle était volontaire, mais en tout cas la situation produit des murmures.

Et le diable adore ça. Le prince du mensonge attaque l’église par l’extérieur, par la persécution, et on le voit juste avant ce passage avec les apôtres qui comparaissent devant le sanhédrin, qui veut les intimider et qui les frappent ; mais il attaque aussi l’église par l’intérieur. Je dirais que les luttes les plus douloureuses dans l’église, les plaies les plus vives, les attaques du diable les plus efficaces viennent de l’intérieur. Quand le diable utilise un ou plusieurs membres d’une assemblée pour attaquer cette communauté, c’est là que ça fait le plus mal.

Comment est-ce possible de la part de chrétiens ? Eh bien le péché habite encore dans nos corps de chair. La condamnation attachée au péché a déjà été vaincue à la croix, mais nous devons encore lutter contre le péché qui habite en nous. La première chose à retenir de ce texte, c’est : méfions-nous des murmures, des médisances dans l’église. C’est profondément destructeur. Et je ne parle même pas des calomnies qui peuvent détruire une réputation, un témoignage, une église. Méfions-nous des bruits de couloir. De ces paroles dites en secret sur une autre personne : tu as vu…, tu as remarqué…, tu ne vas pas me croire…, tu sais quoi… . La langue est un petit membre mais c’est un feu destructeur qui peut embraser une grande forêt nous dit l’épitre de Jacques (Jacques chapitre 3).

Comme dans l’église de Jérusalem, nous avons nous aussi dans notre église des différences de culture, peut-être même des différences de vision de l’église, des positions théologiques divergentes sur des points secondaires, mais qui pourraient être des sources de conflits ou de divisions dont le diable se délecterait. Je ne vais pas plus insister sur ce point parce que ce n’est pas l’objet principal de ce texte, mais il en est le point de départ. Le point de départ c’est, on peut le dire, une attaque du diable, une tentative de division, de dis-union.

Le problème, c’est que ces murmures risquaient de jeter l’opprobre sur les apôtres. On ne sait pas si c’est eux qui faisaient la distribution. On sait qu’ils recevaient les dons et les répartissaient, en Actes 4.35, et peut être qu’il y avait des personnes qui s’occupaient de manière pratique de ces distributions, et pas les apôtres eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, les murmures qui se sont fait ressentir ont révélé aux apôtres la nécessaire révision de l’organisation de cette jeune église. Sa croissance justifie que les apôtres trouvent une solution pour répondre à ce besoin de service qui doit se faire avec impartialité. Vous voyez au passage qu’il n’y a pas d’idéalisme dans l’église, même dans l’église primitive. Elle n’était pas parfaite. On présente parfois l’église primitive comme un idéal à atteindre, mais elle avait aussi des difficultés. Luc qui est le rédacteur du livre des Actes des Apôtres ne cache pas les difficultés rencontrées.

Mais heureusement les apôtres n’ont pas laissé les murmures prendre de l’ampleur. Ils ont pris le mal à la racine et finalement ces murmures leur ont fait prendre conscience qu’ils ne pouvaient pas tout faire dans l’église et qu’il devenait nécessaire de nommer d’autres responsables qui veilleraient à certaines tâches spécifiques et définies. Oui les apôtres ont eu besoin d’être déchargés de certaines tâches dans l’église, et aujourd’hui encore les anciens de l’église ont besoin d’être déchargés de certaines tâches. Et c’est notre 2e partie.

Pour décharger les anciens (v. 2-4)

Pour comprendre le service des diacres, il faut comprendre le ministère des apôtres et celui aujourd’hui des anciens. Les apôtres se consacraient à l’annonce de la Parole de Dieu. Ils avaient reçu pour mission de Jésus lui-même, de témoigner de ce qu’ils avaient vu, au monde entier (Actes 1.8), de faire de toutes les nations des disciples, baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et d’enseigner le peuple à observer tout ce que Jésus avait prescrit (Matthieu 28.19-20).

Les apôtres étaient conscients que leur responsabilité principale était le ministère de la Parole et la prière, et c’est aussi le cas des anciens aujourd’hui. Alex nous a bien rappelé hier que les anciens sont l’autorité spirituelle d’une église locale, et qu’elle se manifeste dans l’enseignement et le gouvernement de l’église. Mais c’est bien sûr Jésus Christ qui est la tête de l’église.

Les apôtres n’ont pas dit à l’assemblée que ce n’était pas leur job de servir aux tables. Ils leur ont dit qu’il n’était pas convenable, qu’ils servent aux tables et qu’ils n’aient plus le temps de se consacrer à la prédication de la Parole. Les apôtres ont vu le risque pour eux et pour l’église de remplir eux-mêmes ce service. Ils ont discerné la tentation qui peut guetter les églises et les anciens encore aujourd’hui, celle d’orienter les efforts vers le service social et de se détourner de la prédication de la Parole.

Et pour trouver une solution à cette situation, à ce besoin de service qui se faisait ressentir dans l’église et que les apôtres ne pouvaient pas assumer eux-mêmes, ils convoquèrent toute l’assemblée, la multitude des disciples. Ils ont fait ce qu’on appellerait aujourd’hui une assemblée générale extraordinaire.

Ils ont exposé aux membres de l’église le problème, ils ont mis en lumière ce qui était des murmures dans l’ombre, et ils ont proposé une solution tout à fait pertinente. Ils ont dit en substance « le service aux tables est nécessaire, mais nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes, alors nommons des responsables pour ce service particulier ». Il n’y a pas eu de reproches formulés, mais juste un constat.

Ce n’était pas nouveau dans l’histoire du peuple de Dieu. Moïse déjà avait été confronté à cette réalité. En le voyant juger le peuple du matin jusqu’au soir, son beau-père Jéthro lui avait dit c’en est assez !

Exode 18.18-23 :

Tu t'épuiseras toi-même, et tu épuiseras ce peuple qui est avec toi ; car la chose est au-dessus de tes forces, tu ne pourras pas y suffire seul.

Maintenant écoute ma voix ; je vais te donner un conseil, et que Dieu soit avec toi ! Sois l'interprète du peuple auprès de Dieu, et porte les affaires devant Dieu. 

Enseigne-leur les ordonnances et les lois ; et fais-leur connaître le chemin qu'ils doivent suivre, et ce qu'ils doivent faire. 

Choisis parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité ; établis-les sur eux comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix. 

Qu'ils jugent le peuple en tout temps ; qu'ils portent devant toi toutes les affaires importantes, et qu'ils prononcent eux-mêmes sur les petites causes. Allège ta charge, et qu'ils la portent avec toi. 

Si tu fais cela, et que Dieu te donne des ordres, tu pourras y suffire, et tout ce peuple parviendra heureusement à sa destination.

Et Moïse a suivi ce conseil pragmatique de son beau-père, et cela pour le bien du peuple.

Dans l’église les anciens se consacrent à la prière, à la parole et à la gestion pastorale de l’église, mais ils ont besoin d’aide. Et Dieu créa les diacres. Dieu vit que les apôtres étaient seuls, et il leur fit des aides semblables à eux. Il fit tomber un long sommeil sur les apôtres et prit une des côtes de l’apôtre Pierre … (je m’arrête là dans la parodie du récit de la création de Génèse 2) mais vous voyez où je veux en venir et le parallèle que je fais :  Dieu créa la femme pour venir en aide à l’homme qui en avait bien besoin. Lorsque quelqu’un ne peut pas accomplir sa mission seul, Dieu lui trouve une aide. On trouve cela à de nombreuses reprises dans la Bible : l’homme et la femme, Moïse et Aaron, Barak et Deborah, les anciens et les diacres, etc.

C’est donc poussés par le Saint Esprit que les apôtres proposent cette solution pragmatique, réaliste et rationnelle, du service des diacres.

En quoi consiste le service des diacres ? C’est là où vient la difficulté. Une double difficulté en fait :

1- Actes 6 est le seul passage qui nous décrit le contenu du ministère de diacre et c’est un passage narratif et non prescriptif. Il nous est décrit comme un service aux tables (on va revenir sur ce point). Si vous n’avez pas pu être là hier, je vous invite à réécouter l’enseignement d’Alex et de Jonah, sur le service des diacres dans la Bible et dans l’histoire. La première difficulté est donc que ce texte ne nous décrit pas toutes les missions des diacres. Et l’autre texte qui nous parle des diacres en 1 Timothé 3.8-13 nous décrit les critères de sélection des diacres mais pas leur mission.

2- La deuxième difficulté c’est que ce texte ne parle pas des diacres. Je m’explique. Vous avez peut-être remarqué que le terme de diacre n’apparait pas dans ce texte. Certains d’entre vous ont peut-être dans leur Bible comme titre pour ce passage « l’institution des diacres », mais d’autres « le ministère des assistants » ou « l’élection des sept ». Les apôtres n’ont pas dit choisissez sept diacres, mais choisissez sept hommes qui vont servir aux tables, qui vont « diaconner » aux tables. C’est le terme grec diakonia qui est utilisé ici, et c’est ce terme qui va donner ensuite le titre de diakonos/diakonoi que l’on traduit par diacre dans certains passages.

La raison pour laquelle certains théologiens préfèrent qu’on ne parle pas d’institution des diacres dans ce passage, c’est que deux d’entre les sept choisis ont eu un ministère qui n’était pas juste un ministère de diacre, de service. C’est le cas d’Étienne, homme plein de foi et d’Esprit Saint, dont on voit le ministère d’évangéliste au chapitre suivant, avec cette longue prédication devant le tribunal des Juifs, le sanhédrin, qui a conduit à ce qu’il soit lapidé et devienne le premier martyr chrétien. Il y a aussi Philippe que l’on voit à l’œuvre dans la suite du livre des Actes, qui va en Samarie au chapitre 8 avec un ministère d’évangéliste et qui annonce la bonne nouvelle de l’évangile à Simon puis à l’eunuque éthiopien, qu’il baptise ensuite sur la base de la foi qu’il a professée.

Certains pensent donc que les sept ne sont pas des diacres à proprement parler.

Quoi qu’il en soit, nous considérerons aujourd’hui qu’il s’agit dans ce texte a minima de l’ébauche historique du ministère de diacre qui sera formalisé ensuite dans les épitres pastorales avec le titre de diacre qui est probablement arrivé plus tard. Ce texte nous parle des diacres. Certains étaient peut-être plus que des diacres et certains ont par la suite eut d’autres missions spécifiques confiées par les apôtres, mais ils étaient tout de même des diacres.

Les sept hommes ont été institués pour « diaconner » aux tables, pendant que les apôtres allaient « diaconner » à la parole, car c’est ce même terme qui est utilisé au verset 4. Les uns vont servir dans le service, et les autres vont servir dans le service de la parole. Les diacres ne sont pas des mini-anciens, ils sont consacrés à une mission spécifique, en collaboration avec les anciens.

Les sept hommes ont été appelé à diaconner (servir) aux tables. Le terme grec utilisé pour table est trapezal, et c’est le même terme qui est utilisé pour décrire le mobilier des changeurs de monnaie qui s’occupaient des transactions financières (Mat 21.12, Mc 11.15, Jean 2.15 : les tables des changeurs), ce qui fait dire à certains qu’il s’agissait là exclusivement de la gestion de l’argent de la communauté. Mais le terme trapezal décrit aussi les tables où on servait le repas.

Que ce soit de la nourriture ou de l’argent, on parle de toute façon d’une distribution de ce qui était nécessaire à la subsistance des veuves. Ces sept hommes étaient en quelques sortes des fonctionnaires de l’église qui s’employaient essentiellement à l’administration des intérêts temporels et matériels de l’Église. En ce qui concerne le service qui est rendu par le diacre et la mission qui leur est confiée aujourd’hui par les anciens et par l’église, cela peut varier selon les églises locales. Le cahier des charges des diacres varie selon les contextes locaux.

Dans Actes 6, le service de diacre était un service très pratique, et ce qui devait prévaloir c’était l’équité, la justice dans la distribution. Et c’est ce qui explique les critères de sélection fixés par les apôtres.

Il y a 5 critères qui nous sont présentés ici au verset 3 :

(1) Ce doit être des hommes. Mais je vous rappelle que c’est un texte narratif, et plus tard dans l’histoire de l’église on voit apparaître des diaconesses comme Phoebé en Romains 16.1. Donc le service de diacre n’est pas exclusivement masculin, à la différence du service de la Parole (du moins c’est ce que nous croyons dans notre église, à la lumière de l’Écriture). À ce moment de l’histoire, les apôtres ont choisi des hommes pour la fonction de diacre mais ce n’est pas prescriptif, ce n’est pas un dogme.

(2) Il faut que ce soient des frères. Ils sont choisis parmi les frères, parmi l’assemblée. Ils doivent être d’authentiques chrétiens sauvés par grâce.

(3) Avoir une bonne réputation, avoir un bon témoignage. Pour une telle charge, ça ne peut être que des personnes qui font l’unanimité, qui sont reconnus et appréciés par tous. Toute personne qui gère les finances de l’église doit avoir la confiance des membres.

(4) Soient remplis d’Esprit-Saint. Ils doivent être spirituels, que ce soient des hommes qui appartiennent vraiment au Seigneur et que leurs pensées soient formées par le Saint-Esprit.

(5) Posséder de la sagesse. Ils doivent être doués d’esprit pratique, d’une intelligence d’une honnêteté et d’un discernement qui leur permettront par exemple d’être équitables dans leur service.

Vous voyez, ils n’ont pas organisé un casting ou un concours pour savoir qui était le plus habile pour servir aux tables et qui savait le mieux compter. Ce sont plus des critères moraux qui sont utilisés, des critères spirituels, même si la tâche est très pratique. Compte tenu de la tâche qui les attendait, ce sont les valeurs morales qui comptaient. C’est un enseignement pour nous encore aujourd’hui. Il ne suffit pas de choisir celui qui, par sa profession, est familiarisé par exemple avec les questions d’argent, les opérations comptables, ou l’administratif.

J’ai envie de dire pour caricaturer qu’il vaut mieux un mauvais comptable honnête qu’un bon comptable malhonnête. Vous voyez ce que je veux dire. Bien sûr que l’idéal c’est un bon comptable honnête. Mais finalement le plus important c’est que la personne soit honnête.

Un exemple : Si vous deviez choisir entre Marthe et Marie pour un poste de diacre : vous choisiriez Marthe qui s’agite dans tous les sens pour préparer le repas aux invités, ou Marie qui reste sagement aux pieds de Jésus ? (Luc 10.38-42)

Il me semble que ce passage d’Actes 6 nous inviterait plutôt à choisir Marie, celle qui reste aux pieds de Jésus, qui sait mettre les priorités au bon endroit, qui sait ce qui est essentiel. Et Jésus a loué son attitude en Luc 10.

Je ne suis pas en train de dire qu’il faudrait choisir un diacre qui n’a pas d’esprit de service, qui n’est jamais prompt à aider, qui est incompétent, mais bon, qui est rempli de sagesse et qui est honnête.

Je veux seulement souligner la primauté de la fidélité à Dieu et à sa parole, dans les critères de choix d’un diacre. Il n’est donc pas étonnant que les critères de choix des diacres et des anciens en 1 Timothée 3, soient très semblables et que ce soient des critères moraux.

Que ce soient les apôtres qui prêchent la parole, ou les diacres qui prennent soin des indigents, ils remplissent ensemble un service pour le bien de l’église. C’est notre 3e partie.

 Pour le bien de l’église (v. 5-7)

Vous remarquez que c’est toute l’église qui participe à l’élection. C’est toute l’assemblée (v. 5) à qui plaît la proposition des anciens et c’est toute l’assemblée qui élit ces hommes, mais toujours sous l’autorité des apôtres. Ils sont élus par l’assemblée et approuvés par les anciens. L’Église se gouverne elle-même, mais sous la direction, le leadership et l’autorité des serviteurs de la parole.

Sept hommes sont choisis : Étienne et Philippe dont nous avons déjà parlé, mais aussi Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas (on n’entend plus parler des 5 autres dans la suite du récit). Il faut noter que les sept hommes portent des noms grecs, et l’un d’eux n’est pas juif (Nicolas). Ils venaient donc probablement en majorité du clan des Hellénistes, la partie qui s’estimait lésée.

Vous voyez, il n’y avait pas de volonté de représenter l’équilibre culturel de l’église. Avec notre vision moderne, on aurait choisi des personnes qui représentent la diversité de l’église : des Hébreux et des Hellénistes à proportion égale (même si c’est un peu dur à sept d’avoir des proportions égales !). C’est en plus très à la mode aujourd’hui, de chercher la parité dans toutes les instances de direction, que ce soit la parité en fonction du sexe, en fonction de l’origine ethnique, et même maintenant en fonction de l’orientation sexuelle.

Mais ce n’est pas parce qu’il y a 20% de personnes d’origine asiatique dans l’église qu’il faut qu’il y ait 20% de diacres et d’anciens d’origine asiatique (ce chiffre est donné au hasard). Il n’y avait pas d’objectif démocratique. Ils ne cherchaient pas à ce que chaque groupe soit représenté proportionnellement. Ça ne doit pas être un critère aujourd’hui pour choisir des diacres ou des anciens. C’est plus la maturité, les dons de Dieu, qui sont à prendre comme critère. L’idéal devrait être que le conseil représente la diversité de l’église mais cela ne doit pas être LE critère. Le critère de sélection ce sont les qualités personnelles sous l’œuvre du Saint Esprit.

Louis Burnier, un pasteur suisse du XIXe siècle souligne qu’il ne s’agit a priori que d’Hellénistes et dit :

« je me plais à considérer le résultat de cette élection comme un effet de l’amour et de la confiance qui n’avaient pas cessé d’animer les frères, malgré quelques nuages passagers. Les Hébreux avaient joint leurs voix à celles des Hellénistes. De cette manière, ce qui avait d’abord été une sorte de scandale dans l’Église, tourna, par la grâce du Seigneur, à un resserrement des liens qui en unissaient les membres les uns aux autres. »

Une élection et une approbation a donc eu lieu, mais pas sans prière. Je voudrais souligner au passage la primauté de la prière. En lisant rapidement on pourrait voir dans ce texte le reflet d’une gestion très pragmatique de l’église : il y a un besoin, on répond au besoin. Mais le Saint Esprit et la prière y occupent une place importante. Au v. 4, les apôtres considèrent qu’ils doivent s’appliquer à la prière et au ministère de la Parole, et ils citent en premier la prière, puis au v. 6, ils commencent par prier avant de leur imposer les mains. Ce ne sont pas des détails. Oui il y a élection et approbation, mais pas sans prière, donc pas sans Esprit Saint. Ces nominations ont lieu sous l’autorité du Saint Esprit, et dans l’église visible sous l’autorité des apôtres ou des anciens.

Dans cette imposition des mains qui est la première du livre des Actes, il faut voir un signe de bénédiction et de consécration. Et par ce signe, les apôtres assurent les sept de leur soutien, mais aussi qu’ils s’identifient à eux, qu’ils sont associés dans une même mission. Il y a une transmission de responsabilité.

Ce qui résulte finalement de ces décisions et de cette nouvelle organisation dans l’église, où chaque service est bien ordonné, où chacun est à sa place, c’est que « la Parole de Dieu se répandait de plus en plus », que « le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem » (v. 7). Cette épreuve pour l’église naissante, Dieu l’a tournée en bien, parce que l’église était à l’écoute du Saint Esprit, fidèle à Dieu, à sa Parole et à sa mission. Et si la Parole se répandait, c’est parce que les apôtres pouvaient se consacrer à ce ministère.

Et encore une fois, les tentatives du diable pour déstabiliser de l’intérieur l’église naissante, ce sont révélées un échec. Les apôtres n’ont pas été détournés du service de la parole de Dieu, mais au contraire, l’église a connu une forte croissance et il y eut de nombreuses conversions ; même une grande foule de sacrificateurs juifs fut touchée (v. 7). Et ce qui ressort de ce passage c’est une grande unité et une dynamique de croissance.

Les anciens et les diacres servent la même cause, celle que Jésus leur a confiée avant son ascension. Leur mission commune est d’amener le plus grand nombre à connaître la bonne nouvelle de l’Évangile, celle d’un Dieu qui se fait homme qui vient sur la terre tel un serviteur ; Jésus le Fils a pris notre condition humaine pour porter notre condamnation à la croix, pour que nous puissions être pardonnés, graciés de nos fautes. Ce message est encore d’actualité, et l’église a encore pour vocation et pour mission que le plus grand nombre reconnaisse Jésus comme le Seigneur et le Sauveur de leur vie. Et aujourd’hui encore il est possible de se tourner vers Dieu pour obtenir son pardon et sa grâce, pour connaître la transformation intérieure profonde que Dieu opère en nous lorsque nous devenons ses enfants d’adoption et que le Saint Esprit vient habiter en nous, pour connaître la vie éternelle dans sa présence. Il n’est pas trop tard. Dieu vous appelle, Dieu vous attend.

Et ce qui ressort de ce passage c’est de nombreuses conversions, de nombreuses vies transformées, de nombreuses personnes qui trouvent un sens à leur existence.

Avoir des diacres pour une église n’est pas une question d’essence. L’église n’a pas besoin de diacres pour exister, c’est seulement une question d’organisation. Une église qui n’a pas de diacres, est une église quand même !

Le contexte de l’église de Jérusalem est un contexte d’expansion, le nombre des disciples ne cessait d’augmenter et de ce fait, les besoins augmentaient aussi, et les besoins de service également, d’où l’utilité du service des diacres.

C’est aussi le cas de notre église qui connaît une croissance régulière, pas aussi spectaculaire que celle de Jérusalem mais une croissance quand même qui va dans un premier temps nous faire considérer de manière plus urgente de trouver un local plus grand.

Notre objectif en tant qu’anciens en choisissant de vous parler des diacres lors de ce weekend de rentrée n’était pas de susciter des vocations, et que certains viennent postuler pour être diacre. La nomination d’un diacre est un discernement de l’église, pas un discernement individuel.

Mais le conseil d’ancien en proposant ce temps d’enseignement sur ce thème voulait réaffirmer la vision biblique du ministère de diacre, car il se pourrait que l’église soit amenée à nommer un ou plusieurs diacres. C’est une évolution souhaitable et souhaité par les anciens, et nous voulions préparer l’église à cela. Il n’y a pas d’urgence, comme cela pouvait être le cas dans Actes 6.

Par contre, dans de nombreux services de l’église il y a des besoins. Nous sommes tous serviteurs les uns des autres. Dans un sens large nous devons tous diaconner.

Un bref coup d’œil à l’organigramme de l’église (sur le tableau à l’entrée) vous montrera qu’il y a des besoins d’un ou une responsable pour la garderie, d’un ou une responsable et d’animateur pour le club biblique (je précise qu’il y a quelques critères qui ont été définis par les anciens pour ces postes qui concernent la jeunesse et l’enseignement). Certains se sont proposés : on s’en réjouit et on les remercie. Il y a aussi besoin d’un ou d’une secrétaire pour réaliser le travail administratif de l’église qui pour l’instant est fait par Alex notre pasteur (il aurait bien besoin d’être déchargé de cette tâche), il y a besoin chaque dimanche d’une ou deux personnes pour accueillir ceux qui arrivent à l’église (le service d’accueil est un service très important).

Je vous invite donc à considérer la possibilité de prendre des engagements et des responsabilités, et ce sera bien sûr toujours sous la responsabilité des anciens de l’église.

Beaucoup l’on déjà fait, et on se réjouit vraiment de voir cette dynamique qui va porter du fruit.

Oui dans notre église il y a des besoins, oui les anciens ont besoin d’être déchargés de certaines tâches (si vous en doutiez), et si des personnes se lèvent pour servir leurs frères et sœurs, ce sera profitable pour vous, pour toute l’église, et pour la mission que Dieu nous a confiée.

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