Est-ce que ça vous est déjà arrivé d'attendre avec impatience un événement ? Un événement tellement important pour vous que ça devient impossible d’attendre : le résultat d’un concours, la réponse d’un employeur pour un travail auquel vous avez postulé, la réponse d’une jeune fille que vous voulez fréquenter. Je pense aussi à l’impatience des enfants la veille de Noël, en attendant qu’ils puissent ouvrir leurs cadeaux.
Plus on se rapproche d’un événement important, plus il est difficile d’attendre plus longtemps, plus la tension et l’excitation montent.
C’est un peu la situation que l’on retrouve dans le texte que nous allons lire aujourd’hui. Nous allons lire dans la Bible les propos d’un homme inspiré par Dieu dans le premier chapitre de l’Évangile de Luc. Un homme qui voit enfin se réaliser toutes les prophéties qui annonçaient la venue d’un Sauveur pour le monde. Il sait que ce moment est arrivé parce qu’il a vu des signes tangibles, visibles, et extraordinaires qui attestent que l’arrivée du messie est imminente, et qu’il est même déjà là !
Nous allons lire ce qu’on appelle le cantique de Zacharie. Il ne s’agit pas du prophète Zacharie qui a écrit un livre que nous trouvons dans l’Ancien Testament, la première partie de la Bible qui correspond à la Bible hébraïque. Il ne s’agit pas non plus du roi qui porte le même nom (2 Rois 15.8). Il s’agit du père de Jean (dit le baptiste). Ce Zacharie-là était un sacrificateur de l’Éternel, c’est-à-dire qu’il était membre de la tribu de Lévi, et que son rôle était de respecter les prescriptions rituelles de la loi de Moïse. Il servait Dieu dans le temple, conformément au roulement établi entre les différentes familles de la tribu. Il était marié avec Elisabeth, qui était elle aussi de la tribu de Lévi. Luc nous précise même que « tous deux étaient justes devant Dieu, observant d'une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur. Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Élisabeth était stérile ; et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. » (Luc 1.6-7)
Alors que Zacharie avait été choisi par tirage au sort pour offrir des parfums, sur l’autel dédié à l’intérieur du temple, l’ange Gabriel, lui apparaît et lui annonce que sa femme stérile et âgée va avoir un fils, et qu’ils devront l’appeler Jean (Luc 1.13). Zacharie fait valoir ses doutes à l’ange car sa femme est vieille. Et c’est la raison pour laquelle il devient muet. Son manque de foi, son incrédulité, a été ainsi puni (Luc 1.20). Mais ce mutisme a été temporaire, car l’ange lui avait annoncé qu’il retrouverait la parole lorsque la bonne nouvelle s’accomplirait. Conformément à l’annonce de l’ange, Elisabeth devient enceinte peu de temps après. C’est assez extraordinaire comme expérience : cette annonce par l’ange, cette grossesse, ce mutisme. C’est assez inouï, d’autant plus que l’ange lui avait révélé que son fils Jean serait le précurseur du messie promis au peuple d’Israël (Luc 1.17).
Imaginez que Zacharie n’a pas pu raconter ce qu’il avait vécu, ce qu’il avait entendu, ce qu’il avait vu, même à sa femme, parce qu’il était devenu muet. Vous imaginez la frustration. Vous avez déjà joué au Times Up ? C’est hyper frustrant quand on en est à la partie où on doit faire deviner un nom en le mimant et que les autres ne vous comprennent pas. Zacharie était dans cette situation depuis au moins 9 mois. Il voyait des événements extraordinaires se dérouler devant lui, mais il ne pouvait pas en parler. Après la naissance de son fils et après qu’il a inscrit sur une tablette qu’il devait être nommé Jean, d’un seul coup, il a retrouvé l’usage de la parole et il a pu enfin exprimer tout ce qu’il avait dans le cœur, et son cœur débordait joie. Ce qu’il a enfin pu annoncer, c’était que l’arrivée du messie était pour maintenant et que cet événement était en train d’inaugurer le royaume de Dieu. Rien que ça !
Ce qu’il nous explique c’est que Dieu est en train d’établir son royaume, et nous allons voir en premier que Dieu visite son peuple, ensuite que Dieu sauve son peuple mais aussi que Dieu prépare son peuple.
La première chose marquante que Zacharie relève dans son cantique c’est que Dieu visite son peuple, et qu’il le fait de manière spectaculaire et conformément aux prophéties qui avaient annoncé tout cela.
Zacharie lui-même est en train de prophétiser car sous l’inspiration du Saint-Esprit, il est en train de donner le sens de tous les événements qui sont en train de se passer en Judée et en Galilée.
Et Zacharie voit que ce sont des événements extraordinaires. Le livre de Luc est le seul à raconter les circonstances inhabituelles et tous les signes et les événements qui accompagnent la naissance de Jésus que nous célébrons à Noël. Cet événement historique est le point d’orgue de toute l’histoire de l’humanité. Regardez seulement notre agenda, on compte les années avant et après Jésus Christ, et nous sommes en 2018 après Jésus Christ. La naissance du messie est un tournant dans l’histoire de l’humanité, la clé de voûte de l’histoire du salut. Et Luc souhaite nous rendre compte fidèlement de tous les détails qui ont accompagné cet événement pour que nous voyons à quel point il est extraordinaire.
Zacharie vient de vivre la naissance de son fils Jean, qui est un événement incroyable à l’échelle de sa famille, compte tenu de la stérilité de sa femme, et de leur âge avancé à tous les deux, sans parler des circonstances extraordinaires qui accompagnent cette naissance, et dont nous avons parlé en introduction.
Mais ce n’est pas la seule naissance hors du commun qui a lieu à ce moment-là. La cousine d’Elisabeth n’est autre que Marie à qui l’ange Gabriel (toujours lui !) est venu annoncer la naissance de Jésus. Il lui a dit au verset 35 :
« Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. »
Zacharie sait ce qu’il s’est passé chez Marie et ce que l’ange lui a annoncé, car sitôt tombé enceinte, alors qu’elle était vierge, Marie est venue rendre visite à Zacharie et Elisabeth. Et elle est même restée 3 mois chez eux (Luc 1.56). Zacharie sait que sa femme Elisabeth vient d’accoucher d’un enfant qui sera le précurseur du messie, et il sait que Marie va accoucher d’un enfant qui sera le messie. Il a donc conscience que ces deux enfants extraordinaires, auront deux destins hors du commun. Sa réaction est de bénir Dieu et de l’adorer. Il commence son cantique en rendant gloire à Dieu pour tout ce qu’il est train de faire. Cela me fait penser à la prière que Jésus enseigne ensuite à ses disciples : « Notre Père qui es au cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6.9-10). Bien sûr que nous pouvons faire connaître à Dieu nos besoins dans la prière, mais n’oublions pas d’adorer, de le glorifier car c’est notre raison d’être sur cette terre : l’adorer et lui rendre gloire.
Zacharie glorifie Dieu parce qu’il voit que tout se passe conformément aux prophéties. Zacharie est un Lévite pétri de la parole de Dieu, et dans ce cantique il y a de nombreuses références à l’Ancien Testament. Il cite des Psaumes, il cite les prophètes Ésaïe et Malachie. Il connaît sa Bible. Il connaît les prophéties.
Le contexte de l’époque était un contexte de silence prophétique. Il n’y avait pas eu de prophètes depuis Malachie, 450 ans plus tôt. Le peuple d’Israël avait reçu de nombreuses promesses de la part de Dieu concernant la venue d’un sauveur. Mais depuis 450 ans c’était silence radio. En même temps, certains prophètes comme Daniel, que nous étudions en ce moment, avaient donné des détails précis en termes de timing et de chronologie des événements. Je vous invite à réécouter la prédication d’Alex sur Daniel 9, avec cette notion des 70 septaines, qui permettait de calculer, à partir de quelques repères historiques connus des Hébreux, que l’arrivée du messie était imminente. À cette époque les Juifs savaient qu’ils entraient dans l’époque où le messie promis devait arriver. Zacharie sait tout cela, il sait que le temps messianique est arrivé. Mais la joie et l’excitation qui transparaissent dans son cantique proviennent du fait qu’il est en train de voir de ses propre yeux l’accomplissement de toutes ces promesses. Et en plus le Saint Esprit lui révèle le sens des événements qui sont en train de se dérouler.
Il peut donc dire : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple » (v.68), parce que oui, Jésus, Fils de Dieu est déjà là ! Ça y est, Dieu a visité son peuple. Le mystère de l’incarnation est en cours. Dieu le Fils a pris un corps humain comme le nôtre, et au moment où Zacharie prononce ce cantique, Jésus est en cours de gestation. Jésus est déjà présent sur terre, à l’état embryonnaire, dans l’utérus de Marie. Et Jean Baptiste a déjà tressailli d’allégresse en sa présence in utero lorsque leurs deux mères (Elisabeth et Marie) se sont rencontrées quelques mois plus tôt. Jésus est déjà là ! Et toutes les promesses faites à Abraham sont en cours d’accomplissement. Tout se déroule comme Dieu « l’avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens » (v. 70).
C’est comme lorsqu’on vous distribue le programme à l’entrée d’un spectacle ou d’une conférence. Vous pouvez vérifier si le déroulement est conforme à ce qui est écrit. C’est aussi le cas ici lors de nos célébrations chaque dimanche, vous recevez à l’entrée un feuillet qui vous donne le déroulé, les références des lectures et des chants. Et vous pouvez suivre le déroulement, et vérifier que tout est bien conforme à ce qui est annoncé.
Zacharie fait la même chose. Il connaît toutes les prophéties, il a également eu les annonces de l’ange Gabriel, et il voit que tout se déroule conformément à ce qui était annoncé.
Zacharie souligne également que Dieu est fidèle à son alliance, celle qu’il a faite à Abraham.
Vous remarquez que le centre du message de Zacharie n’est pas son fils Jean. Il a conscience que Jean est un maillon dans la chaîne mais qu’il n’est pas l’élément central. Il ne parle pas de son fils (sauf aux v. 76-77) mais il parle plutôt du puissant Sauveur qui a été suscité « dans la maison de David » (v. 69). Zacharie et Elisabeth ne font pas partie de la maison de David, ils sont de la tribu de Lévi. Si l’ange Gabriel avait dit à Zacharie que sa femme serait la mère du messie, il aurait dit que ce n’était pas possible parce qu’il savait que le Sauveur d’Israël devait être un descendant de David (voir Ésaïe 11.1, 2 Samuel 7.12, Jérémie 23.5). Quand Jésus interrogea les Pharisiens en Matthieu 22.42 « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David ». C’était une évidence si on connaissait sa Bible. Et Zacharie la connaissait et il sait que ni lui ni Elisabeth ne sont descendants de David. Par contre Marie et Joseph sont issus de la tribu de Juda, ils sont eux de la descendance de David. Par cette filiation, Zacharie souligne que Jésus est le fils de David, qu’il est le Christ, le messie promis.
Par la naissance miraculeuse de Jésus, Dieu montre sa fidélité à l’alliance faite à David, mais aussi sa fidélité à l’alliance plus ancienne faite avec le patriarche Abraham. Comme il le souligne au v. 72 et 73 : il « manifeste sa miséricorde envers nos pères », il « se souvient de sa sainte alliance, selon le serment par lequel il avait juré à Abraham ».
Dieu agit conformément à l’alliance établie avec Abraham et qui contenait les promesses de salut et de grâce, en Genèse 12.3. En Galates 3.8-9, l’apôtre Paul souligne en reprenant les termes de l’alliance de Genèse 12, que :
« L'Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d'avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! de sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. »
Et cette alliance est une alliance inconditionnelle. Dieu n’a pas mis de conditions. Dieu s’est engagé en son nom, il a fait un serment à Abraham.
Zacharie souligne donc que tout se déroule conformément aux prophéties des temps anciens (v. 70), et à l’alliance abrahamique (v. 73). Dieu est en train de mettre en œuvre son plan de sauvetage pour l’humanité, ce plan qu’il avait déjà annoncé dès la chute, dès la rébellion de l’homme en Genèse 3. Il avait annoncé que la descendance de la femme écraserait la tête du serpent (Genèse 3.15). Que le problème du péché de l’Homme serait réglé par la venue de Jésus qui écraserait le diable. Et il avait petit à petit au fil de l’histoire révélé les détails plus précis de ce plan de sauvetage qui se mettait en place progressivement. Et ce plan de sauvetage était en train d’arriver à son point culminant : la descendance, le germe, le rejeton de Juda, le sauveur, le fils de Dieu, allait bientôt naître, il allait enfin sauver son peuple et établir son règne.
Nous allons voir à présent pourquoi Zacharie nous dit que Dieu est en train de sauver son peuple.
Zacharie désigne ce descendant de David, comme un puissant Sauveur (v. 69), un sauveur qui les délivre de leurs ennemis et un sauveur qui établit son royaume.
Zacharie dit premièrement que Jésus est un puissant sauveur. Au v. 69, il faut lire littéralement : « il a élevé une corne de salut pour nous ». Cette expression a été traduite par un puissant sauveur, un libérateur plein de force (version Semeur), une pleine délivrance (version Colombe).
Dans la Bible, et dans la culture de l’époque, la corne est le symbole de la force, de la puissance et de la royauté. Globalement, un animal à grande corne, on ne s’en approche pas, parce qu’on sait que d’un coup de tête, il peut nous embrocher. Nous avons vu il y a quelques semaines dans les prophéties du livre de Daniel que la corne est un symbole de puissance et de force. Comme dans le chapitre 8 où le royaume des mèdes et des perses est symbolisé par un bélier à 2 cornes, et un bouc avec une grande corne entre les yeux, qui représente Alexandre le grand, qui vient briser les deux cornes du bélier (Daniel 8.7). Alexandre le grand a effectivement envahi le royaume médo-perse. Les cornes symbolisaient la puissance et la royauté.
Psaume 132.17 dit littéralement : « je susciterai une corne à David ». Il est donc très juste de désigner Jésus comme une « corne de salut », un « puissant sauveur dans la maison de David. », parce que Jésus a racheté son peuple, il a opéré une délivrance, il a libéré le peuple du péché. Sur la croix où Jésus est mort, il s’est chargé de nos fautes, Jésus a pris sur ses épaules le poids de nos péchés, et il a subi la condamnation de Dieu.
Il a fait comme ce chef Viking qui régnait il y a de nombreuses années sur un petit village. Je ne sais pas si c’est une histoire vraie, mais c’est une bonne illustration du salut acquis par Jésus Christ. Ce village viking vivait une période de famine. Toutes les denrées alimentaires avaient été entreposées dans un grenier, et étaient distribuées équitablement et avec parcimonie entre les villageois. Mais depuis quelques temps, chaque nuit, des provisions disparaissaient. Catastrophe, un voleur sévissait dans le village et mettait en péril la survie de tous. Le roi en colère annonça donc que lorsque le voleur serait découvert, il serait flagellé à mort. La nuit suivante, le voleur fut pris sur le fait. Il s’agissait du fils de ce roi. Le roi ne pouvait pas se défiler et revenir sur sa parole. Il condamna son fils qui fut amené devant tout le peuple pour subir la sentence. Mais au moment où le bourreau allait commencer son œuvre, le roi intervint et dit : «Attendez ! ». Il se leva de son trône, enleva ses vêtements et entoura son fils avec son propre corps. Puis s’adressant au bourreau, il lui dit : « C’est bon vous pouvez finir votre travail ». Le roi subit les coups et c’est lui qui mourut.
D’une certaine manière, Jésus a fait la même chose avec nous, alors que nous devrions mourir pour nos péchés, tellement ils sont une offense à la sainteté et à la perfection de Dieu. À chaque fois qu’on fait le mal, c’est comme si on crachait au visage de Dieu. Notre condamnation à mort est juste et légitime car le salaire du péché c’est la mort (Romains 6.23) : la mort physique, et la mort spirituelle éternelle, la séparation de Dieu pour l’éternité. Mais Dieu est venu lui-même en Jésus son Fils, prendre notre place et subir la condamnation conforme à la justice de Dieu. La justice a été rendue, mais c’est Jésus qui en a subi la condamnation, comme ce roi Viking. Dieu a prononcé la juste sentence mais c’est lui-même qui a subi la condamnation, en tout cas Dieu le Fils.
Oui Jésus est un puissant sauveur car le salut qu’il nous a acquis à la croix est suffisant et efficace pour que Dieu puisse nous pardonner de nos péchés. La justice a été rendue. Oui Dieu a « racheté son peuple », il a « manifesté sa miséricorde », comme Zacharie le dit aux versets 68 et 72. Jésus a rendu possible le « pardon des péchés » (v. 77), en vertu de son amour, « par les entrailles de la miséricorde de Dieu » (v. 78). Pour les Hébreux, les entrailles sont le siège des émotions profondes. C’est par la tendresse et les grandes compassions de Dieu, en vertu de son amour, que Dieu fait miséricorde. C’est parce que :
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16)
Aujourd’hui encore, vous pouvez être réconcilié avec Dieu. Vous pouvez répondre à son appel.
Mais que veut dire Zacharie quand il dit au v. 71 : « Un sauveur qui nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent » et au verset 74 : « après que nous serions délivrés de la main de nos ennemis ».
Comme je vous l’ai dit, à cette époque les Juifs attendaient le messie. Mais compte tenu de l’oppression politique et militaire exercée par les Romains, ils attendaient un sauveur militaire, un chef de guerre, un messie politique qui allait les délivrer de leurs ennemis. Ils attendaient un rétablissement de l’état d’Israël en tant que théocratie, et ce n’est pas ce qui est arrivé (du moins pas directement). Plusieurs personnes à cette époque se sont présentées comme étant le messie, mais ils étaient souvent des petits chefs de guérilla (cf. Actes 5.36-37)
Et beaucoup de Juifs n’ont pas reconnu Jésus comme le messie car ils étaient formatés par leur vision, leur interprétation et leur désir. Jésus a délivré le peuple de ses ennemis, mais pas de la manière dont certains Juifs l’avaient imaginé.
En mourant à la croix, Jésus a écrasé la tête du serpent, il a anéanti la puissance du diable, il a même triomphé de la mort en ressuscitant au 3e jour. En fait, il a fait bien mieux que de renverser l’empire romain. Colossiens 2.15 nous dit, en parlant de Jésus :
« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix ».
Il a fait mieux que renverser l’empire romain, puisqu’il a renversé les puissances spirituelles qui étaient derrière. Mais il est difficile d’accepter, lorsque qu’on s’attend à quelque chose de précis, que ce soit autre chose qui se produise. Mais dans ce cas précis Jésus a accompli une œuvre tellement plus grande. Il n’a pas acquis une victoire directe sur le plan militaire ou politique, mais la victoire de Jésus est beaucoup plus grande, car il a triomphé des puissances et des autorités, il a terrassé le diable, il a triomphé de la mort, et il est à présent assis à la droite de Dieu, d’où il reviendra pour juger les vivants et les morts.
Donc oui, nous pouvons prêcher sans crainte à toutes les nations la bonne nouvelle du salut en Jésus parce que le diable n’a plus la mainmise sur la situation. Nous sommes délivrés de sa main, et nous pouvons « servir Dieu sans crainte » (v. 74) parce que nous sommes assurés de son pardon. Nous pouvons vivre dans la pureté et la sainteté parce que nous ne sommes plus esclaves du péché. Le résultat de l’œuvre du messie, c’est d’avoir acquis un peuple racheté qui marche « devant lui dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie. » (v. 75) Un peuple qui marche dans « le chemin de la paix » (v. 79), car le peuple qui confesse que Jésus Christ est Seigneur, a été réconcilié avec Dieu. Il n’y a rien qui puisse maintenant faire obstacle à notre relation avec Dieu puisque nous avons été réconciliés avec Lui, et que toutes les puissances de ce monde ont été livrées publiquement en spectacle.
Même les disciples étaient formatés par la compréhension de l’époque en ce qui concerne la délivrance de leurs ennemis. Après la résurrection, les disciples étaient encore préoccupés par le rétablissement de l’état d’Israël: Actes 1.6 : « Alors les apôtres réunis lui demandèrent : Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? ». Voici la réponse de Jésus :
« Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Actes 1.7-8)
Le règne que Jésus inaugure par sa venue sur terre, par sa mort et par sa résurrection est un règne qui dépasse la nation d’Israël, c’est un règne mondial et un règne éternel, et il ne sera jamais détruit, il ne passera jamais à un autre. En Daniel 2, la venue de Jésus est symbolisée par une petite pierre qui se détache et qui balaye la statue immense et splendide du rêve de Nebucadnestar. Cette statue représentait les royaumes de la terre qui allaient se succéder, jusqu’à la venue de cette petite pierre qui allait tous les détruire, en Daniel 2.34. Et Daniel, lorsqu’il donne l’explication de la vision à Nebucadnetsar, il dit en Daniel 2.44-45 :
« Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main, et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. »
Le royaume de Dieu est un royaume au-dessus de tous les royaumes, au-dessus de tous les peuples, parce qu’il transcende les frontières et les différences, pour que des hommes de toute race, de toute nation, de toute tribu confessent le nom de Jésus.
En parlant de Jésus, Hébreux 2.8 nous dit :
« Tu as mis toutes choses sous ses pieds. En effet, en lui soumettant toutes choses, Dieu n'a rien laissé qui ne lui fût soumis. Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. »
Notre difficulté de compréhension provient du fait que Jésus a déjà soumis toutes les autorités, cependant : « nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. ». C’est le fameux déjà mais pas encore. Dieu a déjà triomphé des autorités mais elles seront définitivement détruites lorsqu’il reviendra lors de sa seconde venue.
Jésus est venu dans le monde pour offrir sa vie en sacrifice pour obtenir le rachat de nos fautes, la rédemption de nos péchés par son sang, mais aussi pour inaugurer le royaume de Dieu.
En Luc 4.43 Jésus dit à ses disciples alors qu’il se trouve à Capernaüm : « Il faut aussi que j'annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c'est pour cela que j'ai été envoyé. » C’est aussi pour cela que les disciples vont être envoyés dans le monde entier.
Par sa première venue Jésus a inauguré son règne, il est assis à la droite de Dieu, et il reviendra une seconde fois, pour l’établir totalement et de manière absolue. Le royaume de Dieu est déjà visible à travers son peuple, à travers l’Église, mais il est aussi caché dans le sens qu’il sera révélé et établi dans toute sa plénitude seulement après sa seconde venue, quand Jésus viendra chercher son peuple, qu’il rassemblera ses enfants, qu’il ressuscitera ceux qui sont morts et qui avaient placé leur espérance en Dieu pour le pardon de leurs péchés. Tous les rachetés, de tous les âges, de toutes les langues, de toutes les nations seront transportés dans le royaume de Dieu.
Je ne sais pas si vous avez déjà pris l’avion et décollé sous une pluie battante. Alors que l’avion s’élève dans les airs et traverse les nuages en gagnant en altitude, on ressent une série de turbulences. On est inquiet. Mais lorsque l’on passe au-dessus des nuages, la lumière du soleil nous ébloui d’un seul coup. À ce moment-là on est presque aveuglé mais on est tellement soulagé d’être passé au-dessus du nuage et on se sent enfin en sécurité. Dans la même idée, vous avez peut-être déjà attendu le lever du soleil en haut d’une montagne. Après une lente ascension dans la nuit à la lampe frontale. Quel spectacle merveilleux de voir enfin les rayons du soleil poindre à l’horizon, illuminer le ciel et commencer à réchauffer l’atmosphère.
La venue de Jésus a eu cet effet-là. Et c’est comme cela que Zacharie la décrit aux v. 78-79 : « le soleil levant nous a visités d’en haut ». La venue et l’œuvre de Jésus dans le monde est une libération. Le peuple d’Israël, et toutes les autres nations, étaient dans un état de misère spirituelle. Zacharie nous dit qu’ils sont « assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » (v. 79). Être assis dans le noir est une posture qui reflète bien l’état d’abattement et de désespoir de l’humanité. Ils sont assis dans le noir et ils attendent la mort. Jusqu’à ce qu’un astre venu d’en haut viennent les éclairer. Zacharie nous dit que Jésus est à la fois un soleil qui se lève à l’horizon, et un astre qui vient d’en haut. Zacharie souligne ainsi que Jésus vient du ciel même, et il sait que c’est le Saint Esprit qui est venu du ciel implanter la vie de Jésus dans le corps de Marie. Il n’ignore pas la nature divine de Jésus et la portée de sa naissance miraculeuse. La venue de Jésus est comme un magnifique lever de soleil.
Zacharie fait directement écho à Ésaïe 9.1 :
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort une lumière resplendit. »
Mais il fait aussi écho aux dernières paroles du dernier prophète de la Bible, qui dit en Malachie 4.2 (ou 3.20 selon les versions):
« Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes. »
La venue du messie inaugure le royaume de Dieu. Le peuple d’Israël attendait le messie, mais il n’était pas encore prêt spirituellement à le recevoir. C’est la raison pour laquelle Dieu a envoyé Jean Baptiste pour préparer le peuple à la venue de son Sauveur.
Le rôle de Jean le baptiste, le fils de Zacharie, occupe une toute petite place dans ce cantique. Il n’est pas le héros de l’histoire et Zacharie l’a compris. Mais Jean a un rôle à jouer, il doit préparer le peuple, il a en fait un double rôle.
Le premier rôle : rendre témoignage à la lumière, être le précurseur de Jésus.
Jean ne cherchait pas à attirer l’attention sur lui, il voulait préparer le terrain pour le messie. Il a agi comme le héraut du messie. Un héraut est un messager, un annonciateur. Au Moyen Âge c’était un officier qui faisait les proclamations publiques. (Mesdames et Messieurs, par ordre du roi je vous annonce aujourd’hui, etc.)
C’était ça le rôle de Jean Baptiste, un messager qui devait mettre en valeur Jésus.
Jean est désigné au v. 76 comme le « prophète du Très-Haut », il n’est pas le Très-Haut et il n’est pas non plus le fils du Très-haut (ça c’est Jésus, cf. Luc 1.32). Mais Jean n’est pas n’importe qui pour autant. L’ange Gabriel avait annoncé à Zacharie que Jean « marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie. » (Luc 1.17). Il a précédé Jésus, il a précédé Dieu en fait.
Et face à une foule en Matthieu 11.9-10, Jésus déclara en parlant de Jean Baptiste qui était à ce moment-là en prison : « Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. Car c'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, Pour préparer ton chemin devant toi. » (Jésus cite Malachie 3.1)
Évangile de Jean 1. 5-9 nous dit :
« Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean. Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n'était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. »
Toute la grandeur de Jean Baptiste dépendait de la personne dont il était le messager, alors que Jésus était grand en lui-même et par lui-même. Si vous regardez l’ombre d’un arbre au soleil levant, elle prend des proportions gigantesques, mais l’ombre n’est pas le reflet de la grandeur de l’arbre (qui peut être tout petit). L’ombre est plutôt le témoin du lever et de la splendeur du soleil. Voilà ce qu’a été Jean-Baptiste : grand, parce qu’il eut l’honneur d’être le messager « du soleil levant qui nous a visité d’en haut » (v. 78) il eut l’honneur de « rendre témoignage à la lumière » (Jean 1.8).
Jean avait conscience de son rôle limité et de la prééminence de Jésus. Quand des personnes lui ont demandé : Qui es-tu ?
« Jean leur répondit : Moi, je baptise d'eau, mais au milieu de vous il y a quelqu'un que vous ne connaissez pas, qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. » (Jean 1. 26-27)
Il n’est pas digne d’enlever la chaussure de Jésus. Jean avait bien compris son rôle. Il a pris le temps de se fortifier en esprit en demeurant dans les déserts jusqu’au jour où il s’est enfin présenté devant Israël (v. 80).
Pourquoi ce besoin d’un précurseur, pourquoi avoir besoin d’un messager ? C’est important pour que le peuple puisse se préparer, pour qu’il comprenne ce qui va se passer. Vous avez peut-être déjà vu ce qui se passe lors des repas dans les grands restaurants, soit parce que vous l’avez vu dans un film ou vécu vous-même. Quand le serveur amène un plat. Il enlève la cloche et il annonce toujours ce qu’il vient de disposer sur la table. Par exemple : Nage de homard glacée au Pouilly-Fuissé, caviar Osciètre et crème de chou-fleur au gingembre ; ou bien : Soupes de moules de bouchot au pistil de safran...
Heureusement qu’il y a quelqu’un pour l’annoncer parce que sans explication on n’aurait pas pu le deviner. Et puis l’annonce permet de préparer ses papilles à ce qu’elles vont goûter.
(Pour info : ces plats font partie de la carte de Bocuse, si vous avez envie de les goûter !)
Le deuxième rôle de Jean-Baptiste : préparer le cœur du peuple.
Il devait préparer le peuple pour qu’il soit prêt à accueillir le messie. L’ange Gabriel avait dit à Zacharie que Jean allait « préparer au Seigneur un peuple bien disposé » (Luc 1.17). Et ce n’était pas gagné. Le peuple d’Israël attendait un messie politique et guerrier. Il attendait une délivrance extérieure et physique et pas un salut moral. Il fallait donc qu’un envoyé divin travaille à rectifier dans l’esprit du peuple la notion du salut, en lui montrant que le fondement de la délivrance messianique consistait dans le pardon des péchés, dans une délivrance spirituelle. Autrement, quand le Christ viendrait offrir à Israël ce salut moral si différent de la délivrance politique que ce peuple attendait, on ne manquerait pas de lui tourner le dos.
Jean devait « donner au peuple la connaissance du salut par le pardon des péchés » (v. 77), non pas que Jean-Baptiste avait le pouvoir de pardonner les péchés, mais il prêchait la repentance.
La préparation opérée par Jean-Baptiste n’a pas été de fabriquer des armes et d’aiguiser des couteaux pour attaquer les Romains quand le messie serait là. Non sa préparation consistait à préparer le cœur du peuple. Voilà son deuxième rôle : rétablir la notion d’un salut qui consiste avant tout dans le pardon des péchés.
Ce deuxième rôle me fait penser au jeu de curling. Vous avez peut-être déjà vu ce sport étrange qui se pratique sur la glace. Les joueurs doivent faire glisser un palet, qui est en fait un bloc de granit, jusque dans une cible dessinée au sol. Et pour se faire, un ou plusieurs balayeurs grattent la glace pour en enlever les aspérités pour que le palet puisse atteindre son objectif le plus facilement. De la même manière, Jean Baptiste a gratté les aspérités du peuple pour que le messie puisse faire son œuvre. Il a préparé le chemin, il a préparé leur cœur à la venue du messie en les invitant à la repentance, en leur faisant prendre conscience de la gravité de leurs fautes. La repentance est l’état de cœur nécessaire pour recevoir le pardon des péchés et la grâce de Dieu.
Notre cœur à nous est-il prêt à la repentance, sommes-nous enclins à reconnaître nos torts, à confesser nos péchés devant Dieu ? Si nous le faisons chaque dimanche c’est parce que c’est l’attitude de cœur que Dieu nous demande d’avoir devant lui. C’est la seule attitude qui nous permette de nous approcher de Lui. Sans confession pas de pardon ! Mais nous avons l’assurance que « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1. 9). Cela veut dire que nous devons à l’image de Dieu, pardonner ceux qui nous ont offensés et ne pas retenir ou leur rappeler leurs fautes, s’ils ont fait preuve de repentance. Si on rappelle la faute, c’est qu’on ne l’a pas pardonnée parce que Dieu, lui, il éloigne de nous nos transgressions.
Pour conclure.
Ce cantique est magnifique parce qu’il révèle au peuple d’Israël ce qui est en train de se passer sous leurs yeux. Dieu est en train de les visiter pour les racheter. Luc nous donne tous ces détails pour que l’on voit le caractère extraordinaire de ce qui s’est passé, avec ces deux naissances miraculeuses, que ce soit dans l’annonce, dans la conception, ou dans le destin hors du commun. Il veut que l’on puisse voir que la venue du Jésus est comme un magnifique lever de soleil qui annonce un jour nouveau et un règne nouveau.
La Bonne Nouvelle de Noël, c’est la venue d’un sauveur dans le monde. Et si on offre des cadeaux à Noël c’est pour se rappeler que notre bien le plus précieux, la chose la plus belle qui nous ait été donnée, notre plus beau cadeau, c’est la venue du messie dans le monde. La naissance du Sauveur qui nous a rachetés par son sang. Je vous encourage donc à offrir vos cadeaux dans cette perspective, avec l’idée qu’ils sont une image d’un cadeau tellement plus grand. Et je vous encourage à recevoir vos cadeaux comme un reflet de la grâce imméritée que Dieu nous offre.