« Je suis d’origine chrétienne évangélique, j’ai été chrétien "né de nouveau". Pendant l’enfance, je n’avais aucun problème pour croire. À cette époque, il ne me serait jamais venu à l’esprit que la Bible puisse ne pas être la parole de Dieu, que le dogme auquel je croyais puisse ne pas être la vérité. Je reconnaissais Jésus comme mon sauveur, et je croyais qu’il était mort sur la croix pour mes péchés, et ressuscité. J’étais certain d’avoir été sauvé, et sûr que j’allais passer l’éternité auprès de Jésus-Christ. J’avais une bonne connaissance de la Bible, et une "relation personnelle avec Dieu". J’étais convaincu de vivre des expériences spirituelles avec Jésus, et de le sentir dans mon cœur. »
Telles sont les premières phrases d’un récit intitulé « Mon témoignage de déconversion », que l’on peut découvrir sur le site « anti-religion.net ». Les dernières phrases de ce témoignage sont les suivantes : « Aucune religion "absolutiste" n’était satisfaisante. Je considérais alors que la vie était un immense jeu de piste et que le but, c’était de vivre une aventure incroyable, de chercher des indices pour résoudre une partie de la vraiment passionnante énigme existentielle. Après cette phase agnostique-déiste, je suis finalement devenu athée. »
Peut-être avez-vous connu, ou entendu parler, de personnes dont la trajectoire a été similaire : pendant un temps, elles ont fait profession de foi chrétienne et peut-être même étaient-elles très actives dans la vie d’une église. Mais quelque temps plus tard, elles ont tout lâché. Elles ont dit qu’elles ne croyaient plus, ou bien sans le dire verbalement, c’est leur vie qui le disait à leur place. Ce genre de chose arrive.
À cela s’ajoute le fait que dans la Bible, on découvre parfois des passages qui semblent indiquer que des chrétiens peuvent, à un moment donné de leur vie, cesser de l’être. « Quiconque me dit : Seigneur ! Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux » (Mt 7.21) ; « Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie, mais il n’a pas de racine en lui-même » (Mt 13.20-21) ; « Cette bonne conscience, quelques-uns l’ont abandonnée et ont ainsi fait naufrage en ce qui concerne la foi » (1 Tm 1.19) ; « Que personne parmi vous n’ait un cœur méchant et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant » (Hé 3.12)…
Donc vous voyez des gens autour de vous se détourner de Dieu, et vous lisez ce genre de passage dans la Bible, et par conséquent, vous vous dites : « Et si ça m’arrivait à moi ? ». Et il y a des chrétiens qui sont très perturbés par cette question, et c’est compréhensible !
Alors à cette question, « Peut-on perdre le salut ? », on va voir aujourd’hui que la réponse de la Bible est la suivante : il est impossible de perdre le vrai salut. Et on va voir cela en trois points : 1. Il est impossible de perdre le vrai salut car le vrai salut repose sur quelque chose d’irrévocable ; 2. Il est possible d’avoir l’apparence d’être sauvé sans l’être vraiment ; 3. Si tu veux savoir si tu as le vrai salut, regarde si tu as la vraie foi. Au bout du compte, on verra que la Bible veut corriger deux tendances opposées : l’une qui consiste à vivre dans la peur, l’autre qui consiste à vivre dans la présomption. La vraie foi ne consiste ni en l’une ni en l’autre.
1. En quoi consiste le salut
Pour commencer, de quoi parle-t-on quand on parle du salut ? Le salut consiste en l’inversion de la malédiction d’Adam.
L’homme étant déchu, il est né dans le péché, coupable aux yeux de Dieu, destiné naturellement à en supporter la peine éternelle. Mais le salut consiste en l’inversion de cette malédiction : nouvelle naissance spirituelle, justification, réconciliation avec Dieu, résurrection, vie éternelle dans une création renouvelée. Rm 6.23. Adam est le chauffeur d’un car dans lequel se trouvent tous les hommes par nature, et ce car est en route vers la perdition. Mais Jésus est au volant d’un autre car, qui est en route vers le paradis, et par la foi les croyants sont attachés à lui et sont transférés dans son véhicule !
2. Ce sur quoi le salut ne repose pas
Deuxièmement, sur quoi ce salut ne repose-t-il pas ? Le salut ne repose pas sur les performances des hommes.
La Bible est claire : notre salut ne dépend pas de nous. Cela veut dire que le salut ne repose pas sur : des bonnes actions, des sacrements, des capacités intellectuelles, des sentiments, une décision de notre part, ni même sur notre confiance. Nous étions morts par nos fautes et par nos péchés (Ép 2.1, 5).
3. Sauvé en vertu de la décision irrévocable de Dieu
Troisièmement, sur quoi repose le salut d’un homme ? La cause première du salut de tout homme est une décision irrévocable de Dieu.
Avant la création du monde, Dieu savait tout ce qui allait se passer : la chute de Satan, la tentation d’Ève, le péché d’Adam, la chute de l’humanité et la malédiction de la création. Dieu avait décrété ces choses dans sa sagesse et sa souveraineté, lui qui opère tout selon la décision de sa volonté (Ép 1.11). Mais il avait aussi décrété le salut d’une partie de l’humanité : les « vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire » (Rm 9.23). Ceux-là ont été élus en Christ avant la fondation du monde (lire Ép 1.4-6).
4. L’expiation est attribuée
Quatrièmement, qu’est-ce que Dieu a fait par suite de sa décision de sauver des hommes ? Il a désigné Jésus et l’a envoyé réaliser une expiation dont l’objet est précisément défini.
Dans l’éternité passée, avant la création du monde, le Père, le Fils et le Saint-Esprit se sont « mis d’accord » pour mettre en œuvre les moyens de sauver les élus. Ainsi Jésus a été désigné d’avance (1 Pi 1.20) et il a accepté sa mission qui consistait à réaliser l’expiation des péchés des élus. C’est une expiation qui a un objet défini.
5. La grâce est irrésistible, l’appel efficace
Cinquièmement, comment tout cela se traduit-il dans la vie des hommes qui sont sauvés ? Dieu met en œuvre des moyens efficaces pour attirer à lui ceux qu’il a choisis.
Le Saint-Esprit aussi a accepté sa mission qui consiste à appliquer le salut aux élus. Puisque la dette des élus est payée, Dieu va forcément les sauver (lire Jean 6.37-39). Ainsi la grâce de Dieu est irrésistible, son appel est toujours efficace.
6. Mais la communauté des élus ne sera révélée qu’au dernier jour
Sixièmement, peut-on dresser aujourd’hui la liste des gens qui sont sauvés ? La communauté des élus ne sera précisément révélée qu’au dernier jour.
D’après la Bible, c’est au jour du jugement que l’humanité sera clairement et définitivement départagée. Cf. par exemple la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13.24-30 et 36-43). Cf. aussi le « livre de vie » où sont inscrits les noms des élus (Ap 20.15).
On a donc pu voir dans un premier temps qu’il était impossible de perdre le vrai salut, puisque le vrai salut repose sur quelque chose d’irrévocable, à savoir une décision souveraine de Dieu, qui précède même la création du monde. Ainsi, le nombre des élus a été fixé de toute éternité, les moyens de leur salut ont été déterminés et mis en œuvre de manière efficace, ils seront donc au complet au paradis, il n’en manquera pas un seul. Mais ayant dit tout cela, le problème est qu’ici-bas, l’ivraie pousse avec le blé, et qu’il nous est impossible de distinguer l’un de l’autre de manière absolue. Qu’est-ce qu’on doit faire dans cette situation ? Et comment savoir si soi-même on est vraiment sauvé ? Et comment expliquer que des gens qui ont tout l’air d’être sauvés semblent perdre leur salut en renonçant à la foi chrétienne ? Et comment comprendre les textes bibliques qui semblent parler de gens qui perdent effectivement le salut ? Alors chaque chose en son temps. Tout d’abord, il faut souligner et expliquer cette réalité dont parle la Bible, c’est mon deuxième point : il est possible d’avoir l’apparence d’être sauvé sans l’être vraiment.
1. L’Église visible, constat de son imperfection
Premièrement, il est facile de faire le constat du caractère imparfait de l’Église ici-bas.
Il suffit de regarder autour de soi : manifestement, être actif dans la vie de l’Église ne constitue pas le gage d’être un vrai disciple de Jésus. Il y a ceux qui viennent un peu puis repartent sans jamais s’être engagés ; ceux qui sont religieusement engagés mais dont l’hypocrisie est manifeste ; ceux qui sont attachés à l’Église par pure superstition, ou tradition, mais dont la vie contredit notoirement leur profession de foi. Le Nouveau Testament nous donne des exemples (lire 1 Co 5.1-2). Il y a dans l’Église des gens qui ressemblent aux païens, mais qui ne sont pas exactement comme les païens puisqu’ils sont dans l’Église.
2. Qui appartient à l’Église visible ?
Sont-ils vraiment dans l’Église ? Appartiennent à l’Église visible tous ceux qui participent à sa vie.
Les évangéliques ne sont pas tous d’accord avec ça. Certains prétendent qu’il n’existe qu’une seule Église, l’Église invisible et universelle constituée de tous les élus. Mais la Bible n’enseigne pas cela. Oui, il n’existe qu’une seule Église, mais celle-ci existe actuellement ici-bas, dans l’histoire, et elle est imparfaite. Elle est constituée de tous ceux qui participent à sa vie, même si ces gens ne sont pas de véritables croyants. Cette réalité dure depuis qu’existe un peuple de Dieu sur terre. Lire 1 Co 10.1-6.
3. Appartenir au peuple de Dieu, ce n’est pas rien !
Il est très important de comprendre cette idée car elle nous aide à comprendre pourquoi des gens semblent perdre le salut, et pourquoi la Bible semble parler parfois de gens qui perdent le salut. Il n’existe donc pas ici-bas d’Église parfaite, qui représente parfaitement son chef Jésus-Christ. Le peuple de Dieu ici-bas a besoin d’être émondé et sanctifié. Il n’en demeure pas moins que c’est le peuple de Dieu sur terre.
D’où cette affirmation capitale : en tant que peuple de Dieu sur terre, tous ceux qui font partie de l’Église ont une certaine relation à Jésus-Christ. Jn 15.5 ; És 5.7
4. Le peuple de Dieu est dépositaire des promesses
On a peut-être tendance à sous-estimer ce que ça veut dire de faire partie de l’Église ici-bas. L’Église, dit Paul, est la colonne et l’appui de la vérité (1 Tm 3.15). Faire partie de l’Église est extrêmement significatif car l’Église est dépositaire de la Parole de Dieu et de toutes ses promesses.
Notez par exemple la façon dont parle Paul des Israélites incroyants : il dit qu’aux Israélites « appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, les patriarches » (Rm 9.4-5). Pourtant ils ne sont pas sauvés pour autant. Mais combien ce statut est important ! Tous ceux qui font partie de l’Église, vrais croyants ou non, sont au bénéfice de plusieurs grâces de Dieu : la prédication de sa Parole, la communion fraternelle, éventuellement les sacrements.
5. Apostasier, c’est recevoir les promesses, mais ne pas y répondre par la foi
J’en viens donc au point le plus important pour comprendre ce que la Bible dit sur les gens qui semblent perdre le salut : l’apostasie, c’est recevoir les promesses, mais ne pas y répondre par la foi.
On l’a dit : l’Église est « mixte », tous ses membres sont en situation privilégiée, tous sont « à part » (« saints »), tous reçoivent la Parole, mais c’est à l’épreuve de la Parole de Dieu que le cœur est révélé. Ainsi ces passages : Hé 3.7 – 4.2 ; Hé 6.4-8 ; Hé 10.26-29 ; 2 Pi 2.20-22.
Donc il est possible d’avoir l’apparence d’être sauvé sans l’être vraiment. Cette réalité est souvent sous-estimée, c’est pourquoi le phénomène des gens qui « perdent le salut » ou qui « perdent la foi » nous paraît étrange. Mais d’après la Bible, ces gens avaient une certaine relation à Jésus, mais ils n’ont pas répondu à sa Parole, à ses promesses, par la vraie foi. C’est un avertissement qui nous est destiné, pour corriger notre présomption. Mais alors, qu’est-ce que la vraie foi ?
1. La foi est un attachement à Dieu, qui vient de Dieu
Dans sa définition la plus simple, la foi est un attachement à Dieu, qui vient de Dieu.
On l’a dit : Dieu sauve efficacement ses élus. Nous étions morts par nos péchés. La foi ne peut pas naître d’elle-même dans notre cœur ni par nos propres raisonnements ; elle vient forcément de Dieu, et il est capable de la mettre dans le cœur de n’importe quel être humain qu’il choisit : jeune ou vieux, riche ou pauvre, intelligent ou analphabète, adultes, enfants, handicapés mentaux. Ép 2.8-10 ; Hé 12.2.
2. Cette confiance se manifeste dans la façon dont on répond à sa Parole
Comment savoir si on a cette foi qui vient de Dieu ? La foi est une confiance qui s’apprend, qui grandit, et qui se manifeste dans la façon dont on répond à la Parole de Dieu.
Mes enfants m’ont déjà demandé : comment est-ce que je peux savoir si je suis sauvé ? Et ma réponse a été la suivante : si en entendant parler de Jésus, en découvrant qui il est dans la Bible et ce qu’il a fait, si tu as envie d’être sauvé, c’est que tu es sauvé.
Imaginez quelqu’un qui se regarderait dans un miroir, mais qui, en raison d’un trouble psychologique, ne s’y reconnaîtrait pas. Ça, c’est l’image de la personne qui est dans l’Église mais qui ne répond pas à la Parole de Dieu avec une vraie foi. La Bible est un miroir ; on la lit, le pasteur la prêche ; on s’y regarde ; et il y est question de l’homme déchu, du plan de Dieu pour sauver ses élus, de la personne, de la venue et de l’œuvre de Jésus, de la nécessité de se repentir de ses péchés, de la glorieuse espérance des croyants… Est-ce que vous vous reconnaissez dans le miroir ? L’homme qui a la vraie foi se reconnaît dans le miroir, et se fie à ce qu’il voit. S’il est mal coiffé, il le croit ; s’il a un peu d’épinards dans les dents, il le croit ; s’il a un loulou dans le nez, il le croit ! Lire Jc 1.22-25.
3. La vraie foi porte du fruit
Voici ce que dit un pasteur réformé dans un article de la Revue Réformée de mars 1998 : « La Bible fonctionne comme un miroir de l’âme. Celui-ci sert, d’abord, à s’examiner soi-même pour savoir si oui ou non l’on est dans la foi (2 Co 13.5), laquelle se traduit en actes (Jc 1.22-25). Ce miroir nous montre ensuite les choses dont il faut se repentir, alors même que Christ est déjà en nous. L’exercice de la piété fait, en ce sens, partie de la pleine et concrète réalisation de notre salut. »
Autrement dit, celui qui se regarde dans le miroir et qui, en raison d’une vraie foi, se reconnaît et se fie à ce qu’il voit, va agir en conséquence. Voilà pourquoi Jacques nous dit que la vraie foi porte du fruit, et un de ces fruits, c’est la persévérance. Vous voulez savoir si vous êtes vraiment sauvé ? Regardez dans le miroir. Je ne peux pas vous convaincre que c’est vous que vous y voyez ; mais est-ce que vous vous reconnaissez ? Est-ce que c’est vous dans ces passages : « Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre » (Es 45.22) ; « Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé » (Jo 3.5) ; « Jésus peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Hé 7:25) ; « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 6.47) ?
Est-ce que, à l’écoute des promesses de Dieu, en découvrant toujours davantage la personne et l’œuvre de Jésus, tu as envie d’être sauvé ? Si oui, alors tu es sauvé ! Et rien ni personne ne pourra jamais t’arracher de la main de Dieu. Ni présomption, ni peur, mais une vraie foi, dont Jésus est l’auteur et celui qui la mène à la perfection ! On récapitule ? Il est impossible de perdre le vrai salut. On a vu cela en trois points, successivement : 1. Il est impossible de perdre le vrai salut car le vrai salut repose sur quelque chose d’irrévocable ; 2. Il est possible d’avoir l’apparence d’être sauvé sans l’être vraiment ; 3. Si tu veux savoir si tu as le vrai salut, regarde si tu as la vraie foi.