Est-ce que vous êtes le type de personne qui débute des projets sans les finir ? Vous lisez la moitié d’un livre avant de vous ennuyer. Vous refaites à neuf une pièce de votre maison sans finir de peindre une partie des murs ou sans poser les plinthes. Vous commencez à regarder une série sur Netflix mais vous abandonnez le projet après quelques épisodes. Vous débutez une grande randonnée en montagne, et après les 5 premiers kilomètres vous cédez à votre fatigue et vous rentrez chez vous, vaincu.
Ou peut-être que vous manquez de persévérance dans des choses plus importantes de la vie. Peut-être que vous manquez de motivation pour continuer un projet au travail, que vous avez démarré avec enthousiasme juste quelques jours avant. Peut-être que vous manquez de motivation pour persévérer dans une relation personnelle dès que vous faites face au conflit. Peut-être que vous perdez votre motivation de persévérer même dans votre foi. On peut avoir le désir d’être disciple de Jésus, de suivre le Seigneur et de rester toujours fidèle à notre Sauveur. Mais au fil du temps ou à un moment donné on pourrait avoir la tentation de jeter l’éponge. La foi devient un projet qu’on débute mais sans suite. Notre foi succombe au doute.
Nous sommes, en tant qu’êtres humains, inconstants et capricieux. C’est clair. Mais heureusement, Dieu n’est pas comme ça. Il persévère dans son amour pour nous. Il persévère dans son plan de salut. Et en plus, il fait en sorte que nous persévérions dans notre foi. Comme le dit l’apôtre Paul dans l’épitre aux Philippiens chapitre 1 verset 6 : « Celui qui a commencé en vous une œuvre bonne, en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour du Christ-Jésus. »
Dans le cadre du weekend de l’église et de l’enseignement sur les 5 points de la doctrine biblique de la sotériologie―ce qu’on appelle les 5 points du Calvinisme―je voudrais, dans ce dernier enseignement, vous présenter la doctrine de la persévérance des saints (ou la préservation des saints). Nous allons étudier cette question à travers un texte : Romains chapitre 8 versets 28-36.
Et voici ce que nous dit le texte : Dieu finit les projets qu’il débute !
Ce texte s’adresse aux chrétiens comme s’ils se présentaient devant un grand tribunal céleste avec Dieu qui agit comme juge. Quatre fois dans ce texte des témoins sont appelés à porter plainte contre les croyants. Et quatre fois personne n’ose parler. Quatre fois l’auditoire qui est assis dans la salle du tribunal est appelé : Qui sera contre les élus ? Qui accusera les élus ? Qui condamnera les élus ? Qui séparera les élus de l’amour de Christ ? Et quatre fois, il n’y a que du silence en réponse. Les anges restent silencieux, le diable reste silencieux, les ennemis de l’église restent silencieux, la mort reste silencieuse, nos péchés, notre passé, notre honte, tous restent silencieux. Pourquoi ? Parce que les élus sont à Christ et ils sont rachetés par la mort de Jésus à la croix. Personne n’ose accuser les croyants, parce qu’il est évident à tous que Dieu fini les projets qu’il débute.
Ce texte souligne le triomphe de la foi. Il souligne la victoire de Christ en nous les élus, et comment nous pouvons persévérer jusqu’à la fin. Ce texte concerne les élus, c’est-à-dire les individus prédestinés par Dieu pour être sauvés par Christ et être habités par le Saint Esprit. Ce texte s’adresse à l’église invisible―l’église établie par Jésus, qui est composée de ceux qui sont objectivement et définitivement sauvés. Ce texte ne concerne pas ceux qui se disent chrétiens, mais ceux qui sont déclarés chrétiens par Dieu. Ça peut nous mettre un peu mal à l’aise, et ça peut nous sembler un peu dur, mais Paul ne s’adresse pas ici aux gens dans l’assemblée qui sont là seulement par tradition, ou qui sont là parce que leur conjoint les harcelle pour aller à l’église. Paul ne s’adresse pas aux gens de l’extérieur de l’église. Mais en même temps, Paul ne cible pas non plus des individus en faisant le tri entre les vrais croyants et les faux croyants. Son but n’est pas de cibler des gens de l’assemblée ou de déterminer et d’annoncer qui sont les vrais croyants. En revanche, l’accent est sur l’œuvre de Dieu parmi son peuple. L’accent est sur l’amour de Dieu pour ses élus. L’accent est sur la logique du plan rédempteur de Dieu. En fait, ce texte met en avant le fait que quand Dieu est à l’origine de la foi de quelqu’un, il amène aussi la foi de cet individu à son aboutissement.
Dieu fini les projets qu’il débute. Les deux points que je veux aborder dans ce texte sont les suivants : Dieu veut notre réussite spirituelle et Dieu réalise notre réussite spirituelle. Il fait en sorte que notre foi atteigne son but. Dieu fini les projets qu’il commence. Il nous préserve. En fait, cette doctrine est l’aboutissement naturel de tout ce que nous avons étudié ce weekend. Si Dieu a un plan qu’il a conçu avant la fondation du monde pour notre salut ; s’il a prédestiné ses élus selon son amour et selon sa grâce ; si les gens sont spirituellement morts dans leurs transgressions et complètement dépendants de Dieu pour le salut ; si Christ est mort pour sauver les élus ; si les croyants sont scellés par le Saint Esprit pour le jour de la rédemption, alors sans doute, Dieu nous préservera jusqu’à la fin. Il y a une progression logique dans la pensée de Dieu concernant son plan.
Et donc, la première chose que nous voyons dans ce texte, c’est que Dieu veut notre réussite spirituelle. Ce point souligne l’aspect relationnel de l’œuvre de Dieu pour nous. Jésus vient à notre défense. À chaque fois qu’on demande, dans ce texte, qui accusera les élus, la réponse n’est pas simplement : « personne ne les accusera. » La réponse est une explication de pourquoi il n’y a pas d’accusation. Et en fait, il n’y a pas d’accusation parce que Jésus a tout fait pour assurer notre acquittement.
Un mot qui apparaît plusieurs fois dans ce texte, mais qui est facile à rater, c’est le mot « amour. » Dieu nous aime. Notre succès spirituel, c’est plus que le résultat d’une formule mathématique ou la conséquence du plan logique de Dieu. Notre succès spirituel découle de l’amour de Dieu pour son église, et pour chaque individu qu’il appelle à lui. Personne ne nous accuse parce que nous avons un avocat qui vient à notre défense. Personne ne nous accuse parce que l’avocat qui nous défend, nous aime. Jésus nous a tant aimés qu’il a pris notre place à la croix. L’amour de Dieu pour nous est un amour éternel, et pas un coup de cœur.
Avez-vous déjà acheté quelque chose sur un coup de cœur, et plus tard vous vous êtes rendu compte que c’était un achat imprudent ? Peut-être que c’était un vêtement cher et chic mais qui relevait d’une mode passagère. Ou un appareil électronique que vous n’utilisez plus. Ou un billet de cinéma qui vous a fait gaspiller 10 euros et 2 heures de votre vie. Ou peut-être que c’était un centre de vacances qui semblait beau et confortable sur le site web, mais qui était la misère en réalité. Je pense qu’on est tous coupables de coups de cœur un peu fous.
Mais Dieu n’est pas comme ça par rapport au salut des gens. Dieu n’est pas comme un enfant qui voit un jouet qu’il aime et sur un coup de cœur il demande ce jouet, il joue avec pendant quelques jours, et il l’oublie peu de temps après. Dieu ne dit jamais, « j’ai prédestiné, élu, sauvé et adopté Nicolas, mais j’en ai marre de lui. Je veux l’échanger contre quelqu’un autre. Je m’ennuie d’être le Dieu d’Yvette. J’ai sauvé Kalhou sur un coup de cœur, mais je le regrette. Peut-être qu’il va me renier et se perdre. J’ai racheté Annie, Fabrice, et Charlène par le sang de Christ, mais je veux être remboursé. Quelle grave erreur. » Mais écoutez bien mes amis : Dieu n’est pas comme ça.
L’œuvre de Dieu en nous est bien réfléchie. Son engagement envers nous à travers son alliance est bien réfléchi. Dieu a des projets et il a les moyens d’accomplir ces projets. Il veut notre réussite spirituelle.
Et en plus, Dieu réalise notre réussite spirituelle. Ce deuxième point souligne l’aspect fonctionnel ou efficace de l’œuvre de Dieu pour nous. Ce n’est pas juste que Dieu exprime un désir moral concernant notre situation spirituelle et qu’il nous encourage à persévérer, mais il conduit à l’aboutissement notre réussite spirituelle. Il met en place tout ce qui est nécessaire pour que nous finissions la course.
Regardez encore la logique des versets 28-30 (une logique de salut qui est expliqué en plus de détail dans Éphésiens chapitre 1). La Bible nous dit que si le Père prédestine, et si le Fils sauve ceux pour qui il est mort, et si les élus sont scellés par le Saint Esprit qui garantit leur salut, ce ne serait pas logique qu’un être humain puisse défaire ce que Dieu a fait.
Dans ce texte, l’apôtre Paul dit clairement que Dieu garantit notre salut face à trois choses :
1/ Le monde―c’est-à-dire les distractions de la mondanité et ceux qui veulent blesser l’église.
2/ Les forces spirituelles―autrement dit, le diable et toutes les puissances du mal dans le monde spirituel.
3/ Nous-même―Dieu nous protèges de nos tendances rebelles. Comme nous dit Jean chapitre 10, verset 28, « personne ne peut nous arracher de la main de Dieu, » même pas nous.
Alors, des objections : Mais attends Jonah ! Qu’est-ce que tu racontes ? Je connais des gens qui ont fait une profession de foi, qui ont été engagés dans l’église, qui ont lu la Bible en entier, et qui, plus tard, ont rejeté complètement Jésus pour poursuivre autre chose. On est d’accord. Ça arrive que des gens quittent l’église. Mais n’oubliez pas que le salut n’est pas une œuvre de l’homme. C’est une œuvre de Dieu. La rébellion est une œuvre de l’homme. Le salut des rebelles est une œuvre de Dieu. Jésus dit qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Mt. 22.14). Dans l’église visible (le pâturage de Dieu), il y a des vraies brebis et des fausses. Comme nous dit 1 Jean 2.19-25, il y a des vraies brebis et des loups déguisés. Ce n’est pas à nous de décider qui sont les vraies brebis. Ce n’est pas à nous de remettre en question la souveraineté de Dieu. Par contre, notre réponse devrait être de louer le Seigneur pour sa grâce qui sauve ceux qui ne le méritent pas. Notre réponse devrait être d’encourager nos frères et sœurs à persévérer, pour leur part, dans la foi. Nous sommes appelés à marcher avec Dieu à chaque pas.
Exemple : Peut-être que vous connaissez le poème chrétien qui s’appelle « Des pas sur le sable. » Dans ce poème, le narrateur parle d’une plage qui représente sa vie. Et sur cette plage il y a deux paires de traces sur le sable : l’une est la sienne, l’autre est celle du Seigneur. Mais le gars remarque, en parcourant toute sa vie, qu’en certains endroits, il n’y a qu’une seule paire d’empreintes, et cela correspond exactement aux jours les plus difficiles de sa vie, les jours de ses plus grandes angoisses, de ses plus grandes peurs et aussi de ses plus grandes douleurs. Et donc il interroge le Seigneur et lui dit : « Seigneur, tu m’as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie et j’ai accepté de vivre avec toi. Pourquoi m’as-tu abandonné dans ces moments les plus difficiles ? » Et ensuite, le Seigneur lui répond : « Je ne t’aurais jamais abandonné, pas même une seule minute ! Les jours où tu ne vois qu’une seule paire de traces de pas sur le sable, ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien : c’était moi qui te portais. »
Alors, c’est beau. C’est aussi un peu mielleux. Mais ce n’est pas incohérent avec l’amour de Dieu. Mais il y a une meilleure version―la version de la théologie biblique de la réforme. Et dans cette version, un chrétien de l’église réformée évangélique de Gerland réfléchit aux jours de sa vie qui sont représentés comme une plage. Et il voit qu’il y a deux paires de traces sur le sable : l’une est la sienne, et l’autre est à Jésus. Mais les deux paires de traces vont dans tous les sens imaginables. Ils vont ; ils reviennent. Ils partent dans tous les sens et parfois tournent en rond. Il y a même des traces de lutte et des bagarre. Et donc, en regardant ces traces chaotiques, cette personne interroge le Seigneur et lui dit, « qu’est-ce que c’est que ce bazar sur la plage ? » Et le Seigneur lui répond : « Je ne t’aurais jamais abandonné, pas même quand tu as tenté de poursuivre la rébellion, le péché et le monde. Tout ce chaos sur le sable, eh bien : j’étais obligé de te rattraper, de te maîtriser et de te traîner sur le bon chemin qui mène à la vie. »
En fait, parfois on marche volontairement avec Dieu dans la joie du salut. Parfois on se détourne vers le péché par égoïsme. Heureusement rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur. Heureusement nous ne sommes pas maîtres de notre salut, ni pour l’obtenir, ni pour le perdre. Mais Dieu nous invite à marcher avec lui et il nous donne la grâce de participer à notre salut par la foi. J’espère qu’à travers cette série sur la doctrine du salut, vous avez vu que bien que Dieu soit souverain sur tout, nous sommes, en même temps, responsables de nos actes. Nous sommes responsables d’être obéissants. Les élus sont appelés à participer au plan rédempteur de Dieu en répondant à l’amour de Dieu.
Avec l’apôtre Paul, moi aussi, je voudrais vous exhorter à ne pas perdre courage dans la foi. Pour ceux qui doutent ou qui remettent en question l’efficacité de la foi, n’oubliez pas que votre salut ne dépend pas de la robustesse de vos sentiments ou de vos émotions devant Dieu. L’efficacité de la grâce de Dieu n’est pas mesurée à l’enthousiasme avec lequel vous chantez ou à la passion avec laquelle vous priez. L’assurance de votre salut et la persévérance dans la foi sont garanties par l’œuvre de Jésus à la croix et par l’alliance de Dieu envers ceux qu’il appelle.
Les autres exposés de cette série : 1/ La dépravation totale ; 2/ L'élection inconditionnelle ; 3/ L'expiation limitée ; 4/ La grâce irrésistible