On est plusieurs ici, je pense, à avoir entendu parler de gens, ou à connaître des gens, qui semblaient, pendant un temps, être vraiment des chrétiens sérieux dans la foi. Mais finalement, ces gens, semble-t-il, se sont détournés de Dieu. C’est peut-être arrivé très progressivement, sur plusieurs années. Ou peut-être que c’est arrivé très soudainement, sans que personne ne s’y attende.
En fait, en France on ne s’en rend peut-être pas compte, mais on est entouré de gens comme ça : beaucoup de gens autour de nous (surtout les plus de 50 ans) ont été baptisés dans l’Église catholique romaine, et ont même reçu une certaine instruction dans la foi. Mais quelle est la vitalité—ou la nature, même—de leur foi aujourd’hui ? Seulement la moitié des gens qui se disent catholiques croient aujourd’hui en l’existence de Dieu, et seulement 5% vont à la messe chaque semaine.
Est-ce que ce genre de chose pourrait nous arriver ? La réponse est oui. Devant moi ce matin j’ai des gens qui ont plus ou moins d’expérience dans la foi et qui sont plus ou moins pratiquants. Certains d’entre vous, vous mettez peut-être pour la toute première fois les pieds dans un lieu de culte ; et d’autres parmi vous allez à l’église tous les dimanches depuis votre naissance (et même avant !). Peu importe notre situation, en fait : dans six mois, dans un an, j’espère qu’on aura tous une relation avec Dieu plus profonde et plus solide qu’aujourd’hui. Mais peut-être aussi qu’on se sera éloigné de lui. Peut-être qu’on s’en fichera complètement de Dieu. Ou peut-être qu’on sera en train de croire et de pratiquer des choses qui sont en totale contradiction avec la Bible. Le risque existe pour nous tous !
Mais j’ai une bonne nouvelle pour nous tous : le texte qu’on va lire et étudier aujourd’hui veut nous prémunir contre ce risque. On est en train d’étudier une lettre que l’apôtre Paul a écrite à des chrétiens de son époque, qui habitaient à Corinthe. Et on a vu que ces chrétiens en particulier, c’étaient des gens qui étaient un peu trop sûrs d’eux. Cette arrogance (ou suffisance) a contribué à plein de problèmes dans leur église, et l’apôtre Paul est en train de donner des instructions par rapport à ces différents problèmes.
Mais à un moment donné, un peu comme s’il n’en pouvait plus, l’apôtre Paul va interrompre son discours pour adresser un terrible avertissement à ses interlocuteurs. C’est qu’ils sont vraiment en danger s’ils gardent cette attitude fière et nonchalante. Le danger, c’est tout simplement qu’ils échouent dans le domaine de la foi ; autrement dit, qu’ils fassent naufrage spirituellement et qu’ils finissent loin de Dieu !
Et la leçon qu’il y a pour eux et pour nous, dans ce passage, c’est que dans la vie chrétienne, pour ne pas échouer, on doit s’appliquer. On ne doit pas y aller la fleur au fusil, on ne doit pas être trop sûr de soi, on ne doit pas foncer n’importe comment, mais on doit s’appliquer.
Premier point : en tant que chrétien, je suis en danger si je perds de vue le but.
Regardez ce que dit l’apôtre Paul (9.24-27). Il compare la vie chrétienne à une compétition sportive. Dans une compétition sportive de haut niveau (ici la course ou la lutte), les concurrents ne laissent rien au hasard. Ils savent ce qu’ils visent, et ils s’y préparent. Toute leur vie est conditionnée par leur objectif : ils s’entraînent durement, ils adaptent leur alimentation et leur mode de vie (v. 25). Et le moment venu, le jour de la compétition, lorsque commence la course ou le combat, les compétiteurs sont concentrés. Tout ce qu’ils font, c’est pour gagner, si possible. Ils courent dans un sens précis, dans leur couloir, selon les règles, et vers la ligne d’arrivée (v. 24, 26). Ils donnent des coups de poing, mais pas n’importe comment : de manière calculée, en visant leur adversaire au bon endroit et au bon moment (v. 26).
Et de la même façon, dit l’apôtre Paul, lui-même en tant que chrétien se dit conditionné par, et concentré sur, sa vocation (v. 25, 27). Il ne perd pas de vue le but (sans quoi même lui pourrait échouer !). Il vise la ligne d’arrivée. Et il sous-entend qu’un certain nombre de ses interlocuteurs, eux, n’ont pas vraiment pris la mesure de ce qui se jouait dans leur vie, en tant que chrétiens !
Si vous avez l’habitude de regarder à la TV des compétitions sportives (ou bien des bêtisiers), vous avez sûrement déjà vu des gens perdre à cause d’un manque de concentration, ou parce qu’ils ont perdu de vue le but. En cyclisme, on a déjà vu des coureurs lever les mains un peu trop tôt pour célébrer leur victoire, et se faire doubler sur le fil par des sprinteurs qui sont arrivés par derrière. On a aussi vu des cyclistes sur piste célébrer leur victoire alors qu’ils avaient mal compté et qu’il restait encore un tour à faire. On a vu des gardiens de but sauter de joie parce qu’ils avaient repoussé le ballon sur un pénalty, et qui n’ont pas remarqué que sur le rebond, avec la rotation, le ballon est quand même entré dans les cages alors que le gardien ne regardait pas. On a vu des snowboardeurs, aux J.O., arriver en tête dans la course, faire une petite pirouette sur la dernière bosse juste pour impressionner le public, et se casser la figure et laisser filer une médaille d’or !
Et l’apôtre Paul fait un parallèle entre ça et la vie chrétienne. Il nous fait comprendre qu’il est possible qu’on se dise chrétien, et qu’on ne soit pas suffisamment conditionné par, ni concentré sur, notre vocation. Il est possible qu’on ne se rende pas bien compte du sérieux de l’affaire. Et donc qu’on vive notre vie chrétienne comme un marathonien qui s’arrêterait toutes les dix minutes pour ramasser des fleurs ou prendre des photos. Ou comme un boxeur professionnel qui passerait tout son temps affalé dans un canapé à regarder des séries en mangeant des chips.
La question que Paul veut qu’on se pose, c’est la suivante : « Si je me considère comme un chrétien, est-ce que ma foi conditionne toute ma vie ? Est-ce que je suis tellement concentré sur mon espérance que toute ma vie s’aligne là-dessus ? »
Le problème, c’est qu’on a tendance à sous-estimer la portée de la foi. On a vite fait de ranger notre religion dans la catégorie des « loisirs » : après-tout, on va à l’église dans son temps libre, non ? Alors qu’en fait, il n’y a rien de plus important que notre religion, dans la vie, puisque la « religion », par définition, c’est la relation d’une personne à Dieu. Et qui peut prétendre qu’il y a quoi que ce soit de plus important dans la vie d’une personne que sa relation à Dieu ?
Et la Bible nous apprend que les hommes, par nature, sont séparés de Dieu et destinés à la perdition éternelle, par leur propre faute. Mais la Bible nous apprend aussi qu’on peut être pardonné et réconcilié avec Dieu par la foi en Jésus. Parce que Jésus est venu de la part de Dieu pour s’offrir volontairement en sacrifice et délivrer de leurs fautes, par sa mort et sa résurrection, tous ceux qui lui font confiance ! Et si vous faites confiance à Jésus, vous êtes aujourd’hui en route vers le paradis, et vous êtes devenu un enfant du Dieu tout-puissant qui a un projet pour réparer tout l’univers et qui vous a pris à son service ! Comment est-ce que cette réalité ne pourrait pas conditionner toute notre vie ?
Alors la question qui est posée à tous ceux qui se disent chrétiens ce matin, c’est déjà la suivante : « Tu es dans le stade, mais est-ce que tu es dans la course ? Tu es sur le terrain, mais est-ce que tu es dans le match ? Tu te dis chrétien, c’est super ! Mais est-ce que tu es concentré sur ce que ça implique ? Est-ce que tu cours dans le bon sens, est-ce que tu vises la ligne d’arrivée, est-ce que tu calcules tes coups ? Est-ce que tu t’appliques ? Est-ce que tu vis ta foi avec détermination, concentration et discipline ? »
Sinon, c’est que tu ne prends peut-être pas vraiment la mesure de ce qui se joue dans ta vie en tant que chrétien. Et honnêtement, tu es en danger. En danger de t’éloigner de Dieu et de t’égarer. Arrête tout. Reviens à la base. Repose-toi les questions qui comptent vraiment : qui es-tu, qui est Dieu, qu’a-t-il fait, où va le monde et quelle est ta place dans son projet ? En tant que chrétien, je suis en danger si je perds de vue le but.
Deuxième point : en tant que chrétien, je suis en danger si je me repose sur mes lauriers.
Regardez la suite du texte (10.1-5). L’apôtre Paul, maintenant, va comparer la situation des chrétiens à celle des Israélites dans l’Ancien Testament. Vous connaissez tous l’histoire des Israélites qui ont été délivrés de l’esclavage en Égypte, sous la conduite de Moïse : ils étaient guidés par une nuée, ils ont traversé la Mer Rouge, puis ils se sont retrouvés dans le désert où ils ont mangé la manne (une nourriture mystérieuse tombée du ciel) et où ils ont bu de l’eau qui s’est mise à couler miraculeusement depuis un rocher.
Mais l’apôtre Paul applique des termes spécifiquement chrétiens à ces événements, pour que les chrétiens à qui Paul s’adresse comprennent bien l’équivalence entre la situation des Israélites et la leur. Paul dit que les Israélites, comme eux, ont été « baptisés » (v. 2), et que Christ lui-même les a nourris et abreuvés spirituellement (v. 3-4, ce qui fait référence à la sainte-cène). Autrement dit, les Israélites de cette époque (14 ou 15 siècles avant Jésus-Christ) étaient, dans un certain sens, au bénéfice des mêmes grâces que les chrétiens de l’église de Corinthe au premier siècle après Jésus-Christ…
Mais voilà : le verset 5 tombe comme un couperet ! « Dieu les a pris à part, ces Israélites ; comme vous, ils étaient baptisés et ils se nourrissaient auprès de Christ lui-même, et pour autant, la plupart d’entre eux ne furent pas agréables à Dieu ! »
C’est vraiment un avertissement solennel adressé aux chrétiens de Corinthe (et à nous aussi). C’est comme si vous étiez en classe de terminale, à l’approche du bac, et que votre prof principal, un jour, fasse un petit discours à toute la classe : « Vous êtes dans un très bon lycée ; l’équipe enseignante est vraiment qualifiée ; vous avez suivi des cours dans d’excellentes conditions : c’est génial, non ? Chers élèves, je ne veux pas que vous l’ignoriez : c’était pareil l’année dernière pour la classe qui vous a précédée, ils étaient super contents, comme vous, ils ont passé une super année. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas eu leur bac ! » Ça refroidit, n’est-ce pas ? Et ça fait réfléchir.
L’apôtre Paul fait pareil ici. Il est en train de dire aux chrétiens que ça ne suffit pas de faire partie de l’église, même si c’est la meilleure église de Lyon. Ça ne suffit pas d’être assidu aux activités. Ça ne suffit pas d’être baptisé, même si on a été baptisé adulte ! Ça ne suffit pas de faire une profession de foi. On peut avoir grandi dans l’église, être fils et petit-fils de chrétien, fils de pasteur, fils de prof de théologie ; on peut même être pasteur, ou prof de théologie, ou un prédicateur chevronné, ou un écrivain réputé, ou une star de la musique chrétienne, ou tout ça cumulé, additionné et multiplié… et ça ne suffirait quand même pas pour être sûr d’être agréable à Dieu ! Il n’y a que Jésus-Christ qui peut nous rendre agréable à Dieu !
Et donc notre confiance doit se porter vers lui et vers lui seul ; et notre assurance doit être fondée sur lui et sur lui seul. Bien sûr qu’appartenir à une bonne église c’est génial, et que le baptême et la sainte-cène sont des moyens de grâce efficaces que Jésus lui-même a institués pour le bien de notre foi ! Et quel privilège si on a des parents chrétiens et si on a grandi dans l’église et si on a appris le catéchisme par cœur quand on était enfant ! Mais quelle tragédie si on commence à se reposer sur ces choses-là pour son salut—plutôt que sur Christ !
En théologie, on fait une distinction importante entre la forme extérieure de l’alliance et la substance de l’alliance. N’ayez pas peur, c’est très simple. Ça veut juste dire qu’il est possible de prendre part extérieurement (ou en apparence) à la vie de l’église chrétienne, et même avec beaucoup de zèle, sans pour autant avoir intérieurement une relation personnelle, vivante, authentique avec Jésus.
Cette réalité, on la voit constamment dans l’histoire du peuple de Dieu dans la Bible. Les gens se disent : « C’est bon, Dieu est avec nous, parce qu’on offre les bons sacrifices, on fait les bonnes prières, on accomplit les bons rites, on récite les bonnes formules, on a les bons ancêtres… » Et pourtant, Dieu ne leur est pas du tout favorable. Parce que leur cœur est éloigné de lui. Parce que l’objet de leur foi n’est pas le bon.
Et nous, sur quoi notre assurance est-elle fondée ? Est-ce qu’on n’est pas parfois un peu trop sûr de nous-mêmes ? Parce qu’on aurait une bonne église, théologiquement solide, centrée sur l’évangile, avec beaucoup d’amitié et de solidarité entre les membres, et des chants de louange triés sur le volet… On doit veiller à ce que l’objet de notre foi soit toujours le bon ! On doit faire attention, on doit être vigilant, on doit s’appliquer à entretenir notre relation avec Jésus. En tant que chrétien, je suis en danger si je me repose sur mes lauriers plutôt que sur Christ.
Troisième et dernier point : en tant que chrétien, je suis en danger si je baisse la garde.
Regardons encore le texte (10.6-13). L’apôtre Paul développe un peu plus le parallèle qu’il a fait entre les chrétiens auxquels il s’adresse, et les Israélites de l’époque de Moïse. Ces Israélites avaient été mis à part par Dieu ; ils prenaient donc part extérieurement au moins à l’alliance (c’est-à-dire qu’ils avaient une relation formelle avec Dieu). Mais ça ne les a pas empêchés d’avoir de « mauvais désirs » (v. 6). Ils ont été tentés, et malheureusement, « certains d’entre eux » ont succombé à l’idolâtrie (v. 7), d’autres ont pratiqué l’immoralité sexuelle (v. 8), d’autres ont « tenté » le Seigneur (c’est-à-dire qu’ils ont contesté ce que Dieu faisait, v. 9), et d’autres encore ont murmuré contre lui (ils se sont plaints, v. 10).
L’apôtre Paul énumère ces choses, sans doute parce que ce sont des péchés qui concernent en particulier les chrétiens de l’église de Corinthe. Mais surtout, l’apôtre Paul veut nous faire comprendre que ce n’est pas parce qu’on est chrétien qu’on ne doit plus s’inquiéter par rapport à la tentation. Au contraire, on doit faire très attention !
Ça me fait penser à quand je fais de la randonnée en montagne, et que je passe par des endroits qui ne me semblent pas très dangereux. Sauf que des fois, je découvre dans tel ou tel passage une pierre gravée, ou une plaque posée en mémoire d’un guide de montagne qui est mort précisément à cet endroit. Et là tout d’un coup je me dis que je devrais peut-être faire attention.
On a la même chose sur les routes parfois. Sur le bord de la chaussée, on trouve des fois une croix ou des bouquets de fleurs en mémoire d’une ou plusieurs personne(s) décédée(s) dans un accident de voiture, à cet endroit-là. Et en voyant ça, on se dit qu’on va peut-être lever le pied un peu et faire attention.
Et l’apôtre Paul veut aussi qu’on fasse attention, en nous rappelant ce qui s’est passé à d’autres personnes qui ont pris le même chemin que nous, avant nous ; d’autres personnes qui ont été mises à part par Dieu, qui ont reçu sa révélation, qui ont été baptisées, qui prenaient la sainte-cène, et qui avaient une certaine relation à Christ—à savoir, les Israélites ! Et l’apôtre Paul ne veut pas qu’on imite leur exemple, un exemple désastreux ! Il veut qu’on prenne au sérieux ce que Dieu prend au sérieux, et qu’on s’applique à chercher ce qui lui plaît, et à rejeter ce qui lui déplaît.
Il veut qu’on soit sur nos gardes, parce que celui qui est debout peut toujours tomber (v. 12) ; et parce que la tentation peut venir très subtilement. Nous sommes des êtres fragiles et vulnérables. Des êtres insatisfaits, des cibles faciles. Jésus a dit :
« Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. » (Mt 26.41)
Il y a tant d’histoires, en fait, de gens qui professaient la foi, qui se disaient chrétiens, et qui finalement sont tombés, par amour de l’argent, par amour du monde, par amour du pouvoir, par amour de soi, ou par amour de leur secrétaire.
L’apôtre Paul veut donc qu’on soit sur nos gardes, mais pas dans la peur. Regardez ce qu’il dit au v. 13. Avec la tentation, Dieu nous donnera toujours le moyen d’en sortir. Paul nous dit ça pour qu’on soit encouragé ! C’est pour qu’on soit vigilant, mais optimiste. Un peu comme dans un escape game : on est coincé, mais plein d’espérance ! On sait que si on cherche bien, tout est là pour qu’on puisse sortir ! En faisant attention, en veillant, en priant, on peut vraiment compter sur Dieu qui a promis de nous secourir et de nous accorder la persévérance.
En tant que chrétien, je suis en danger si je baisse la garde, mais si je suis vigilant dans ma foi, si tous mes espoirs sont en Christ, et si je suis constamment en train de chercher la face de Dieu et de compter sur son soutien, il va assurément me garder jusqu’à la fin de la course.
Tout ça pour dire quoi ? Tout ça pour dire que dans la vie chrétienne, pour ne pas échouer, on doit s’appliquer. On doit s’appliquer ! Ce n’est pas qu’on est sauvé par nos efforts, pas du tout ! On est sauvé par la grâce de Dieu, par le moyen de la foi. Mais la vraie foi, cette confiance sans réserve en Jésus-Christ, doit se traduire naturellement par une oreille tendue, une attention aiguisée, un désir de bien faire.
Est-ce qu’on a une attitude fière et nonchalante dans notre vie chrétienne, ou bien est-ce qu’on est prudent et attentif ? Est-ce qu’on avance de manière un peu désinvolte, sans trop faire attention à où on met les pieds, en se disant : « Bah, jusqu’ici, tout va bien ! », ou bien est-ce qu’on s’efforce jour après jour de discerner le chemin qui plaît à Dieu et de recevoir son secours, notamment par la lecture personnelle de la Bible, par la prière, par la présence fidèle au culte le jour du Seigneur, par la participation à un groupe de maison, par la solidarité avec mes frères et sœurs de la foi ?
Je dis parfois à mes enfants de s’appliquer dans leurs devoirs : « Soigne ton travail, tient bien le stylo, regarde ce que tu fais, concentre-toi, réfléchis bien, etc. ». Qu’est-ce que ça changerait pour nous si on faisait la même chose dans notre vie chrétienne ? Ça pourrait, en tout cas, et d’après ce texte, nous éviter le naufrage.
Dans le roman allégorique de John Bunyan, le Voyage du pèlerin (1678), il y a deux personnes appelées le Chrétien et l’Espérant, qui cherchent à rejoindre la cité céleste. À un moment, sur une colline, ils rencontrent des bergers qui s’appellent la Connaissance, l’Expérience, la Vigilance et la Sincérité. Ces bergers les emmènent en haut de la colline et leur montrent le paysage. D’abord une falaise qui s’appelle l’Erreur, au pied de laquelle se trouvent des cadavres disloqués. Puis un château, le château du Doute, dont le seigneur qui s’appelle Désespoir capture des voyageurs, les jette dans un cachot, puis leur crève les yeux, et enfin les relâche pour qu’ils déambulent sans fin dans des cimetières.
Et pour terminer, les bergers leur montrent un vallon très obscur qui mène à l’enfer, et où marchent des gens habillés en voyageurs comme le Chrétien et l’Espérant. Alors, surpris de voir sur ce chemin des gens qui leur ressemblent en tout point, le Chrétien et l’Espérant demandent aux bergers : « Jusqu’où sont-ils venus avant que d’être ainsi misérablement rejetés ? » Les bergers répondent :
« Quelques-uns ne sont pas venus jusqu’à cette montagne [où vous êtes], mais d’autres l’ont dépassée de beaucoup.
–Oh ! s’écrièrent alors les deux voyageurs, qu’il est nécessaire que nous invoquions sans cesse le secours du Tout-Puissant afin qu’il nous affermisse et nous soutienne jusqu’au bout !
–Oui, [assurément, répondirent les bergers,] nous devons l’invoquer continuellement, et il faut aussi que vous fassiez usage de la force qu’il vous donnera une fois que vous l’aurez reçue.
Là-dessus, les voyageurs ayant témoigné le désir de continuer leur voyage, les bergers y consentirent […]. Alors les bergers se dirent l’un à l’autre :
–Nous pourrions bien faire voir d’ici à nos voyageurs les portes de la cité céleste avec des lunettes d’approche ; ils ont une bonne vue.
Les voyageurs n’eurent pas plus tôt entendu cette proposition qu’ils témoignèrent beaucoup d’empressement d’en profiter. C’est pourquoi les bergers les menèrent jusque sur la cime d’une très haute montagne nommée Illumination, et leur donnèrent des lunettes d’approche, par lesquelles ils essayèrent de regarder. Mais les choses qu’ils venaient de voir les avaient tellement émus qu’ils en avaient encore les mains tremblantes, de sorte qu’ils ne pouvaient pas se maintenir assez ferme pour remarquer les objets distinctement.
Cependant il leur sembla voir quelque chose de semblable à une porte, et quelques rayons de la gloire de ce lieu. Ils se mirent à chanter. »