C’est dur, la vie. C’est dur pour tout le monde. Cet après-midi, je ne me pose même pas la question de savoir si vous avez besoin d’être encouragé, mais plutôt, pour quelle raison en particulier vous avez besoin d’être encouragé aujourd’hui. Est-ce que c’est parce que vous avez des problèmes de santé ? Des problèmes d’argent ? Des problèmes relationnels, ou professionnels ? Est-ce que vous êtes dans le deuil ? Est-ce que vous êtes inquiet, stressé, déprimé ? Est-ce que vous vous sentez seul, incompris, abandonné, frustré, ou coupable ? Est-ce que vous êtes démoralisé par le monde qui vous entoure ? Désorienté face à des circonstances pénibles que vous traversez ? Est-ce que vous avez peur ? Est-ce qu’on vous attaque, est-ce que quelqu’un vous calomnie ou vous persécute ? Si vous êtes chrétien cet après-midi, vous savez que votre foi en Jésus, ça change pas mal de choses à votre perception du monde, et donc de votre existence dans ce monde, et donc des épreuves et des souffrances qui font partie de votre existence dans ce monde. Ça change votre perception, mais ça ne rend pas votre vie automatiquement, et objectivement, plus facile. Le passage qu’on va lire dans quelques instants vient après plusieurs chapitres où l’apôtre Paul a parlé longuement de tout un nombre de bienfaits qui viennent par la foi en Jésus. On en a mentionné quelques-uns il y a deux semaines : le chrétien est pardonné pour ses péchés, il n’est plus condamné par la loi de Dieu, il est crédité de la justice de Jésus lui-même, il n’est plus sous l’emprise de sa condition déchue, l’Esprit-Saint habite en lui, il a de nouvelles pensées, de nouveaux désirs conformes à la volonté de Dieu, il est même adopté par Dieu, il vit dans une relation d’amour familial avec Dieu… En voilà des choses positives dans la vie d’un chrétien ! Mais l’apôtre Paul sait pertinemment que malgré ces réalités, la vie c’est quand même dur, même pour les chrétiens. À certains égards, c’est pire pour les chrétiens ! Dans certains pays, les chrétiens encourent l’emprisonnement, les violences, la torture et la mort. Dans d’autres pays, ce sont les moqueries, l’aliénation, l’incompréhension, des amitiés perdues, des familles divisées. Et puis quand on est chrétien, on lutte intérieurement contre des choses qui sont en nous et dont on sait qu’elles sont mauvaises, et parfois on se décourage dans cette lutte. Et parfois, on est tout simplement fatigué, ou submergé par les inquiétudes ; et spirituellement, parfois on se sent à sec. On n’arrive plus à lire la Bible, et encore moins à prier. Parfois même, le doute vient s’immiscer dans notre cœur. L’apôtre Paul a conscience de tout ça, et c’est pour répondre à tout ça qu’il écrit la deuxième partie du chapitre 8 de son épître aux Romains. C’est pour nous consoler, et nous encourager, en nous faisant comprendre une idée simple mais extrêmement importante ; c’est que quoi qu’il arrive dans cette vie, que nous traversions des circonstances heureuses ou malheureuses, si nous sommes attachés à Jésus par la foi, Dieu a envoyé dans notre vie son Saint-Esprit pour qu’il nous applique irrésistiblement son salut. Et vous allez voir qu’il y a là, pour nous les croyants, un puissant encouragement face à nos souffrances.
Dans un premier temps (v. 17-25), l’apôtre Paul nous fait comprendre que le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui, c’est comme un acompte sur le paradis à venir. Vous avez noté que dans ces quelques versets, l’apôtre Paul reconnaît la réalité de la souffrance dans la vie des chrétiens. Mais parallèlement, il parle d’une réalité future, qui est celle de « la gloire à venir ». Et il dit que toute la création, nous compris, aspire à cette situation future, celle où la nature elle-même sera délivrée et renouvelée, et où la rédemption des croyants et leur adoption comme enfants de Dieu seront définitivement manifestées. Bref, le monde entier, fondamentalement, soupire après le paradis ; et nous aussi, en tant que croyants, à plus forte raison, car nous avons déjà reçu les prémices du paradis, à savoir le Saint-Esprit !
Quand l’apôtre Paul parle des prémices, ici, c’est une métaphore. Les prémices, ça désigne les premières pousses d’une récolte. Dans l’Ancien Testament, quand arrivait le temps de la moisson, on devait récolter les premières pousses et les présenter à Dieu au temple. C’était une façon de consacrer, ou de dédier à Dieu, par la foi, toute la récolte qui allait venir ensuite. Les prémices annoncent donc la récolte à venir. Et Paul ici veut nous faire comprendre que le Saint-Esprit est donné aux croyants comme prémices du paradis. Prémices de la gloire à venir. En nous donnant le Saint-Esprit, Dieu nous a consacrés pour le paradis, en quelque sorte.
Et Paul semble dire que c’est une des raisons pour lesquelles la vie est dure pour nous les croyants ici-bas. C’est parce que nous désirons puissamment être délivrés une fois pour toutes de notre condition déchue. Nous avons hâte de connaître le paradis. Il y a une attente, un espoir, une impatience en nous qui se portent vers cet avenir ; et du coup, nous sommes d’autant plus sensibles à notre faiblesse présente et à nos péchés. Mais l’intention de Paul ici, c’est surtout de nous faire comprendre, d’une part, que cette frustration est normale, mais d’autre part, que nous pouvons nous consoler en nous rappelant que ce paradis dont nous avons reçu les prémices, et auquel nous sommes irrémédiablement destinés en raison de ces prémices, « compensera » infiniment les souffrances dont nous faisons l’expérience aujourd’hui.
Quand Paul dit qu’il n’y a pas « de commune mesure » entre nos souffrances d’aujourd’hui et le paradis de demain, il veut dire que ce sont deux choses impossibles à représenter à la même échelle. C’est comme si on voulait dessiner un grain de sable et le soleil sur une même feuille de papier en respectant les proportions. Ce serait impossible ! Soit le soleil ne tiendrait pas sur la feuille, soit le grain de sable serait absolument invisible. Et on est dans le même ordre de différence entre nos souffrances aujourd’hui, si pénibles soient-elles, et la gloire à venir dans le paradis. Cette gloire sera si grande que nos souffrances d’aujourd’hui, en comparaison, seront devenues si minuscules que nous ne pourrons même plus les voir. Et du coup, cette espérance devrait aujourd’hui produire en nous la persévérance (v. 25). C’est comme la grossesse et l’accouchement (v. 22). On souffre, mais les souffrances sont supportables en vertu du bébé à naître. L’espérance produit la persévérance !
Donc le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui, c’est comme un acompte sur le paradis à venir. Mais deuxièmement, le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui nous relie parfaitement à Dieu. L’apôtre Paul, en l’espace de deux versets, fait une remarque très importante (v. 26-27). Il dit que nous n’avons pas besoin de savoir exprimer nos souffrances car le Saint-Esprit s’en occupe à notre place ; il fait connaître nos souffrances à Dieu et il demande à Dieu de nous venir en aide d’une manière parfaitement adaptée à notre situation. Ce que Paul veut dire, c’est que même quand nous n’allons pas bien, nous continuons de faire pleinement l’objet de l’attention bienveillante de Dieu.
Le Saint-Esprit intercède pour les croyants. Ça veut dire qu’il représente nos intérêts auprès de Dieu, il plaide en notre faveur, il parle pour nous, il fait connaître nos besoins. Et parce qu’il est le Saint-Esprit, étant Dieu lui-même, il fait tout ça de manière parfaite. Il nous comprend parfaitement, il nous aime parfaitement, et il connaît parfaitement la volonté et les intentions de Dieu pour nous. Il est comme notre interprète auprès de Dieu. Vous avez sans doute déjà été frustré de ne pas pouvoir faire comprendre vos besoins à quelqu’un parce que vous ne parliez pas la langue de cette personne. Vous allez dans un pays étranger, vous êtes à la réception d’un hôtel, et à cause de la barrière de la culture et de la langue, vous n’arrivez pas à vous faire comprendre ; alors qu’est-ce qu’on fait d’habitude dans ce cas-là ? On parle plus fort ! Mais ce dont on a vraiment besoin, c’est d’un interprète qui comprenne les deux interlocuteurs.
Et le Saint-Esprit dans la vie d’un croyant, c’est cet interprète parfait. C’est l’interprète idéal entre nous et Dieu, parce qu’il est capable de nous comprendre parfaitement, et en même temps de communiquer parfaitement avec Dieu (c’est-à-dire de se faire comprendre parfaitement de Dieu) ! On en a déjà parlé dans le cadre de cette série, mais c’est là une des fonctions du Saint-Esprit en tant que « consolateur ». Le « paraclet », celui qui marche avec nous, qui nous accompagne, qui nous aide, qui nous soutient. Et il ne déserte jamais sa fonction, même quand nous-mêmes avons l’impression d’être complètement dépassés par nos souffrances.
Il arrive que nous soyons vraiment, profondément, découragés. Il arrive que nous soyons envahis par le stress ou par l’inquiétude. Il arrive que nous souffrions trop, physiquement ou émotionnellement ou psychologiquement, pour pouvoir sortir de notre lit ou de chez nous. Il arrive que nos péchés nous atteignent et nous donnent l’impression qu’ils nous maintiennent sous leur emprise. Mes amis, dans ces situations et dans d’autres, nous ne sommes pas obligés de savoir quoi dire à Dieu. Nous pouvons nous retirer dans un coin et simplement faire monter à Dieu nos larmes, les cris indicibles de notre cœur, ou tout simplement notre silence. Faites-le cette semaine. Présentez-vous à Dieu dans le silence, reposez-vous en lui pendant plusieurs minutes, sans complexe, sachant que le Saint-Esprit en vous, vient au secours de votre faiblesse et intercède lui-même pour vous de manière inaudible mais parfaite ! C’est encourageant, non ?
Le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui nous relie parfaitement à Dieu. Et troisièmement, le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui nous garantit que nous appartenons à Dieu. Dans les versets 28-39, le rôle du Saint-Esprit n’est pas explicitement mentionné. Mais j’ai voulu inclure ce passage dans le message d’aujourd’hui, parce que Paul y explique une réalité très importante en lien avec la question de nos souffrances et avec la personne et l’œuvre du Saint-Esprit (qui sont implicites ici) : c’est que si nous sommes attachés à Jésus par la foi, quoi qu’il arrive dans notre vie, nous devons nous rappeler que Dieu nous a scellés pour lui-même, et le sceau de Dieu dans notre vie, c’est justement le Saint-Esprit qu’il a déversé en nous.
Dans un autre passage, que Jonah abordera la semaine prochaine, l’apôtre Paul dit explicitement que Dieu nous a scellés, par le Saint-Esprit, pour le jour de la rédemption (Ép 4.30). Ça veut dire que Dieu a mis sa signature sur nous, en quelque sorte. Je sais qu’il y a quelqu’un dans notre assemblée qui a reçu, il y a quelque temps, une photo dédicacée d’Arnold Schwarzenegger. Et si j’ai bien compris, c’est une photo avec la signature originale d’Arnold Schwarzenegger. Ce n’est pas une photocopie ; c’est vraiment Schwarzie qui a pris un stylo et qui a mis sa signature sur la photo. Ça donne une vraie valeur à cette photo, n’est-ce pas, et à la démarche bienveillante de Schwarzie qui a envoyé cette photo à notre ami !
De la même façon, le Saint-Esprit dans notre vie, si nous sommes croyants, c’est la signature originale de Dieu. Nous avons été marqués par Dieu comme lui appartenant. L’apôtre Paul veut vraiment qu’on soit convaincu que rien ne peut nous séparer de Dieu si nous l’aimons. Il nous rappelle combien Dieu a investi et dépensé pour nous sauver. Il a pensé à nous dans l’éternité passée, avant la création du monde. Il a envoyé son Fils sur la terre et l’a « livré » pour nous. Jésus a obéi volontairement à Dieu le Père et il a accepté d’accomplir son plan qui consistait à nous racheter. Pour ça, il a souffert et il est mort sur la croix. Il a subi le châtiment que nous méritions à cause de nos péchés. Il a emporté nos péchés dans la tombe et il est ressuscité en vainqueur. Il est monté au ciel et nous représente auprès de Dieu. Et Dieu a déversé son Saint-Esprit dans le cœur des croyants. Est-ce que vous pensez que maintenant, il y a quoi que ce soit qui pourrait nous séparer de Dieu ? Si Dieu a misé sur nous à ce point, est-ce que vous pensez qu’il pourrait renoncer à nous sauver à la fin ? Impossible !
Dieu nous a marqués de son sceau, de son tampon, de sa signature originale. C’est une marque spirituelle, mais c’est cette marque d’appartenance à Dieu qui est signifiée extérieurement par les sacrements, c’est-à-dire par le baptême et la sainte-cène. Ce sont des signes visibles et tangibles qui nous attestent de la fiabilité des promesses de Dieu, faites à l’Église ; à savoir que si nous aimons Dieu sincèrement, si nous plaçons notre espoir en lui, bref, si nous avons la foi, nous sommes complètement et définitivement sauvés pour l’éternité. Rien ne peut faire échouer le plan de Dieu pour nous, et cette sécurité extraordinaire est d’un encouragement et d’une consolation incroyables lorsque nous sommes confrontés aux vicissitudes de notre existence, que ce soit la souffrance physique, la maladie, le deuil, la persécution, le conflit, la solitude, la peur, ou encore le péché, la culpabilité et la dépression spirituelle.
Voilà pourquoi je disais en introduction que toute la leçon de ce passage, c’est que quoi qu’il arrive dans cette vie, que nous traversions des circonstances heureuses ou malheureuses, si nous sommes attachés à Jésus par la foi, Dieu a envoyé dans notre vie son Saint-Esprit pour qu’il nous applique irrésistiblement son salut. Et il y a là pour nous un puissant encouragement face à nos souffrances. Le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui, c’est comme un acompte sur le paradis à venir ; le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui nous relie parfaitement à Dieu ; et le Saint-Esprit dans notre vie aujourd’hui nous garantit que nous appartenons à Dieu. L’apôtre Paul dans ce passage reconnaît que la vie, c’est dur, et même que c’est particulièrement dur à certains égards pour les chrétiens. Et c’est son cœur de pasteur qui s’exprime ici, où il cherche à encourager les chrétiens que nous sommes, et à nous consoler en nous rappelant combien nous sommes aimés de Dieu. L’objectif de Dieu est clair : c’est notre bien, notre gloire, notre félicité, à nous que Dieu a élus et aimés en Christ avant même la fondation du monde. Et Dieu a tout mobilisé pour l’accomplissement de cet objectif. C’est pourquoi Paul dit que « toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu ». Il existe une illustration assez connue de ce point, c’est l’illustration de la tapisserie. Une tapisserie, c’est une œuvre d’art créée par tissage, à l’aide de toutes sortes de fils de couleurs différentes. Et quand on regarde le verso d’une tapisserie, c’est un enchevêtrement incompréhensible de fils qui vont dans tous les sens. Ça ne ressemble à rien. Mais quand on retourne la tapisserie, on découvre une image magnifique, où tout d’un coup, on découvre avec admiration la fonction de tous ces fils de couleurs différentes. Et il en sera un peu de même lorsque nous entrerons dans la gloire, lorsque nous obtiendrons ce que nous espérons, lorsque la création sera libérée de la servitude, lorsque nous connaîtrons la rédemption de notre corps et la réalité du paradis : toutes les souffrances et les incompréhensions et les frustrations de notre situation présente seront consolées et corrigées et satisfaites, et nous pourrons voir exactement comment Dieu les aura fait concourir, ou coopérer, pour notre bien. En attendant, et c’est une certitude, si nous sommes attachés à Jésus par la foi, Dieu est en train d’œuvrer puissamment pour nous aujourd’hui, et il est en train de nous appliquer irrésistiblement son salut par le Saint-Esprit qu’il a déversé en nous.