Est-ce qu’il vous arrive souvent de vous lever le matin avec une motivation débordante, et de sauter du lit en vous disant : « Bon ! Qu’est-ce que je peux faire pour servir Dieu aujourd’hui ? » Peut-être pas très souvent, tout simplement parce que… vous ne croyez pas encore en Dieu ! Ou parce que vous commencez tout juste à croire en lui et que vous ne pensez pas encore si souvent que ça à lui.
Mais peut-être que ça fait un certain temps que vous êtes croyant. Et vous n’avez quand même pas une motivation débordante pour servir Dieu, c’est-à-dire pour passer du temps à prier, à lire la Bible, à entretenir votre relation avec d’autres chrétiens, à encourager ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin, à témoigner de votre espérance à d’autres personnes, ou encore à contribuer en pratique à la vie et la mission de l’Église.
Alors bien sûr, dans la situation actuelle qui est celle du confinement, la vie est toute différente pour beaucoup d’entre nous. Et j’ai remarqué un truc. Pour certains, le confinement c’est l’occasion d’être entreprenant, de se lancer ou de se relancer dans des projets qui étaient dans la to-do list depuis longtemps, ou qu’on avait démarrés puis négligés, faute de temps ou d’énergie. Il y a des gens qui rentabilisent leur confinement, et qui en profitent notamment pour grandir et avancer avec Dieu ! Trop bien !
Mais il y en a d’autres—et j’avoue que personnellement, je ferais plutôt partie de ceux-là—pour qui le confinement c’est l’occasion de se laisser aller. On ne sort plus, on ne voit plus personne à part sa famille ou ses colocataires, et notre motivation en prend un coup. On ne se sent plus vraiment obligé de se lever tôt, on ne se rase plus, on prend du poids, on fait le minimum syndical au niveau du boulot (et on reste en pyjama pour le faire), on procrastine, on se dit qu’on pourra toujours lire la Bible ou prier plus tard… On commence à se morfondre, à se regarder le nombril, à tourner en rond, à faire un bilan morose de sa vie, à déprimer et à s’enfoncer dans la nonchalance, le cynisme et l’ennui. La relation avec Dieu, elle pourra bien reprendre plus tard quand les choses reviendront à la normale.
Alors c’est comment chez vous ? Plutôt boostés dans votre relation avec Dieu, ou plutôt anesthésiés ? Quelle que soit votre situation, je pense en tout cas que si vous et moi on est des croyants occidentaux riches et en bonne santé, eh bien on fait face à un danger, celui de devenir, si ce n’est déjà fait, des enfants gâtés de la foi, et de nous laisser endormir dans notre relation avec Dieu et dans notre vie chrétienne. Et le but du texte qu’on est sur le point de lire est de nous parler justement de la vie chrétienne de manière à ranimer la flamme en nous, ou peut-être pour certains de manière à l’empêcher de faiblir, ou même peut-être pour d’autres, de manière à l’allumer pour la première fois !
On démarre aujourd’hui une série de messages où on va examiner une lettre que l’apôtre Paul a écrite, au premier siècle, à un pasteur du nom de Timothée. C’est la deuxième lettre que nous ayons qu’il a écrite à Timothée, et quand il l’a écrite, l’apôtre Paul était lui-même en « confinement » dans une prison. Il sait qu’il va très certainement être condamné à mort et exécuté. Donc il n’y a plus grand-chose qu’il puisse faire, en pratique, pour servir Dieu, apparemment ! Mais il ne baisse pas les bras pour autant, et il veut communiquer de la motivation et de l’enthousiasme à Timothée pour que lui à son tour ne se laisse pas aller, mais qu’au contraire, il continue d’être entreprenant et vaillant (enthousiaste) dans sa vie chrétienne, et notamment dans son service en tant que pasteur.
Mais à travers Timothée, c’est aussi à tous les croyants que Paul adresse un message, à commencer par les croyants de l’église de Timothée, qui vont eux aussi prendre connaissance de cette lettre adressée à leur pasteur par le célèbre apôtre Paul. Et ce message qui nous concerne tous, c’est le suivant : un chrétien mou, normalement ça ne devrait pas pouvoir exister. Pour l’apôtre Paul, comme on va le voir, ce n’est tout simplement pas logique de se laisser endormir devant la vie chrétienne comme devant un vieux film long et ennuyeux. (Ou devant une vieille prédication longue et ennuyeuse !)
Dans ce passage, l’apôtre Paul veut amener Timothée, et tous les chrétiens, et même tous les gens en général, à considérer trois choses quand ils pensent à la vie chrétienne. Premièrement, un chrétien s’inscrit dans une superbe lignée. Deuxièmement, un chrétien reçoit une superbe mission. Troisièmement, un chrétien bénéficie d’un superbe évangile. On considérant ces choses et en les entretenant dans notre esprit, ça ne devrait pas être possible de tomber dans la nonchalance, le cynisme et l’ennui !
D’abord, un chrétien s’inscrit dans une superbe lignée. Regardez le texte (v. 1-5). L’apôtre Paul commence sa lettre en rappelant le contexte de la vie chrétienne de Timothée. La foi de Timothée n’existe pas dans le vide : il y a un lien très fort entre Timothée et Paul, pour commencer. Timothée est son « enfant bien-aimé » (v. 2) ; Paul pense à lui dans ses prières « nuit et jour » (v. 3) ; il se rappelle combien il leur a été difficile de se séparer la dernière fois qu’ils se sont vus (v. 4). Un lien très fort, donc.
Et Paul, qui est-il et d’où vient-il ? Lui-même n’existe pas dans le vide. C’est le Christ qui l’a établi apôtre, selon la volonté de Dieu (v. 1) ; et il sert ce Dieu « à la suite de [ses] ancêtres » (v. 3), c’est-à-dire dans la continuité de tous les Israélites fidèles qui l’ont précédé dans l’histoire ; et comme eux tous depuis les toutes premières pages de la Bible et les tous premiers temps de l’histoire des hommes, eh bien ce qui fait l’objet de sa vocation, à Paul, c’est « la promesse de la vie qui est en Christ-Jésus » (v. 1).
Donc Timothée est relié à Paul qui est relié à Christ et à la promesse millénaire de la vie qui est en Christ. Et Paul marche avec Dieu à la suite de ses ancêtres. Et Timothée aussi, en fait, s’inscrit dans la continuité de la foi qu’il y avait chez ses ascendants à lui aussi, en l’occurrence chez sa grand-mère Loïs et chez sa mère Eunice (v. 5). La foi de Timothée s’inscrit dans un truc qui le dépasse infiniment !
Ça a donc commencé avec la promesse de la vie faite à Adam et Ève (Gn 3.15), qui a été perpétuée au fil des générations parmi les Israélites fidèles qui sont les ancêtres de Paul, qui a été choisi comme apôtre par le Christ, et qui lui-même a entouré, formé et consacré Timothée à son service, lui qui, en grandissant, a aussi été sous l’influence bénéfique de sa grand-mère et de sa mère qui s’attendaient à Dieu. Et maintenant les membres de l’église de Timothée s’inscrivent à leur tour dans cette superbe lignée qui remonte aux origines du monde !
Vous voyez comment Paul veut commencer par donner du contexte à la vie d’un chrétien ? La vie chrétienne, ce n’est pas un truc nouveau qui vient de sortir, un nouveau produit sur le marché des religions ou de la philosophie. Ce n’est pas un truc qu’on peut considérer comme une simple préférence personnelle, à mettre sur le même plan que la couleur du nouvel iPhone qu’on veut s’acheter pour Noël.
Imaginez qu’un jour vous rencontriez quelqu’un qui porte un T-shirt bleu marine avec des carreaux rouge bourgogne, dont il est très, très fier et content. Il est très content parce qu’il a acheté ce T-shirt pour seulement 80 EUR ! « Quoi ! 80 EUR pour un T-shirt, mais ça ne va pas ! » « Ben oui, normalement, il vaut 140 EUR ce T-shirt ! » Alors là, vous n’en revenez pas. Comment est-ce qu’on peut être si enthousiaste pour un simple T-shirt ? Eh bien peut-être parce que ce n’est pas un simple T-shirt. Peut-être que c’est le maillot officiel du club de foot le plus populaire du monde, à savoir le FC Barcelone. Il a du contexte, ce T-shirt. Il est porté révérencieusement par des millions de personnes dans le monde. Il a été porté par des géants du football : Ronaldinho, Neymar, Messi, Xavi, Iniesta, Rivaldo, Suarez, Maradona, Cruyff, sans oublier les Français Thierry Henry, Antoine Griezmann, Samuel Umtiti, Éric Abidal, Ousmane Dembélé, et j’en passe.
Certains d’entre vous, ça ne vous parle pas du tout, tout ça. Justement ! Ce maillot ne vous dirait rien si vous l’aviez sous les yeux, il vous laisserait de marbre. Vous avez besoin de comprendre le contexte. C’est pareil avec la foi chrétienne. Quand on comprend qu’un chrétien, ça s’inscrit dans une superbe lignée, ça ne peut pas nous laisser de marbre !
Un chrétien, ça porte le même maillot que Timothée dans notre texte, sa maman Eunice et sa grand-mère Loïs. Ça porte le même maillot que l’apôtre Paul. Ça porte le même maillot que les autres apôtres : Pierre, Jacques, Jean, André, Matthieu et les autres. La foi des chrétiens fidèles aujourd’hui, c’est la foi de plein, plein d’autres croyants fidèles qui les ont précédés : c’est la foi de leurs parents et de leurs grands-parents, peut-être, la foi des pasteurs qu’ils ont connus et qu’ils connaissent, la foi des grands théologiens disparus comme Pierre Courthial, Pierre Marcel, Herman Bavinck, Geerhardus Vos, John Murray, Louis Berkhof…
C’est la foi des grands prédicateurs du passé comme Charles Spurgeon et Félix Neff, ou George Whitefield et Jonathan Edwards ; c’est la foi des puritains comme John Bunyan et John Owen ; c’est la foi des réformateurs Jean Calvin, Guillaume Farel, John Knox et de ceux qui les ont précédés comme Jan Hus ou Pierre Valdo. C’est la foi des pères de l’Église comme Saint Augustin, Saint Chrysostome ou encore Saint Irénée. C’est la foi des martyrs, la foi des prophètes de l’Ancien Testament, la foi des rois fidèles d’Israël, la foi des patriarches, de Josué, de Moïse, de Joseph, de Jacob, d’Isaac, d’Abraham, de Noé, d’Hénoc et d’Abel !
Les chrétiens fidèles s’inscrivent dans une superbe lignée ! On est des nains qui nous tenons sur des épaules de géants. On est des héritiers de « la promesse de vie qui est en Christ-Jésus », et on porte les couleurs de cette équipe, si on est chrétien. On est « environné d’une grande nuée de témoins » (Hé 12.1). La foi des chrétiens n’existe pas dans le vide.
Vous comprenez ? Si on est croyant aujourd’hui, on ne peut pas juste rester nonchalant, et porter notre T-shirt de chrétien comme un simple tablier pour faire le ménage. Non, notre foi a du contexte ! Et on doit se rappeler ce contexte pour ne pas se laisser endormir.
Et si vous n’êtes pas encore un croyant, eh bien si vous voulez envisager, et évaluer la foi chrétienne, il faut que vous aussi vous la considériez, cette foi, dans son contexte : celui d’une lignée de croyants qui traverse des centaines de générations avec une visée unique, la promesse de la vie qui est offerte aux hommes en Christ. La foi chrétienne n’est pas juste une mode passagère, une nouveauté originale, une invention récente. C’est un truc qui a du relief et du poids et qu’on ne peut pas envisager à la légère, ni balayer d’un revers de la main.
Deuxièmement, un chrétien reçoit une superbe mission. Regardez de nouveau le texte (v. 6-8). Après avoir rappelé à Timothée et aux chrétiens de son église le contexte de leur vie chrétienne, maintenant Paul leur rappelle que la vie chrétienne, ça ne consiste pas à rester immobile, les mains dans les poches. Les chrétiens ont reçu un mandat de la part de Dieu (une mission, une fonction à remplir), et non seulement ça, mais en plus ils ont reçu de la part de Dieu les moyens de remplir leur mandat.
Paul rappelle donc à Timothée qu’il a été consacré à une fonction particulière (c’est ce qu’il veut dire par l’imposition des mains au v. 6—c’est la cérémonie par laquelle Timothée a été établi dans sa fonction de pasteur). Cette fonction consiste notamment à « rendre témoignage au Seigneur » (v. 8), une fonction à laquelle Paul lui-même s’associe, et à laquelle sont associés tous les chrétiens, à commencer par ceux de l’église de Timothée.
Donc Paul en tant qu’apôtre, Timothée en tant que pasteur, les chrétiens de l’église de Timothée qui sont sous la conduite de leur pasteur, et tous les chrétiens de tous les temps qui suivent dans leurs pas, sont mandatés pour parler de Jésus et le faire connaître. Les apôtres et les pasteurs, évidemment, assument cette fonction de manière plus formelle, les autres chrétiens de manière plus générale. Certains ont reçu un « don » (« charisme ») qui sert tout particulièrement à cette mission, comme Timothée (v. 6)—ça peut être un don d’enseignement, un don relationnel, un don oratoire, par exemple.
Mais de manière générale, Dieu a surtout donné à tous les croyants son Esprit, pour les rendre aptes à remplir leur mission. Apôtres, pasteurs, anciens, diacres, théologiens, évangélistes, responsables de la louange, responsables du groupe de jeunes, moniteurs de clubs bibliques, et tout membre fidèle de l’Église, écoutez bien : « Ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse » (v. 7).
Dieu a donc mandaté les chrétiens, et il a équipé les chrétiens, pour accomplir son projet. On a été embauché, on a été habillé, on a été pourvu de moyens et d’outils et d’explications—et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? On aurait l’air bête si on allait se poser dans un coin pour attendre que ça se passe ! Imaginez un mécanicien : on lui met un bleu de travail, des chaussures de sécurité, on lui donne une boîte à outils, quelques bidons d’huile de vidange, des pièces d’automobile neuves qu’il faut remplacer, et on lui dit : « Allez, tu es tout prêt, maintenant au boulot ! » Et là, il sort du garage et après avoir planté quelques carottes dans son jardin il va se poser dans son hamac pour faire une sieste. Bizarre !
Et dans le texte, Paul veut aussi que Timothée « ranime la flamme du don » qu’il a reçu, c’est-à-dire qu’il se remette en quelque sorte au boulot—à son vrai boulot qui est, comme pour tout chrétien, mais tout particulièrement pour lui en tant que pasteur, de « rendre témoignage à notre Seigneur ». Mais qu’est-ce qui pourrait en particulier l’en dissuader, d’après Paul ? Qu’est-ce qui semble tenter Timothée de laisser faiblir la flamme et de se détourner quelque peu de cette mission ? La « honte » que cette mission pourrait lui causer (v. 8).
Plutôt que d’avoir honte, lui dit Paul, « souffre avec moi pour l’Évangile ». Il semble qu’il y avait une pression sociale assez importante, une certaine adversité dans le milieu où Timothée exerçait son métier de pasteur (à Éphèse), qui faisait que les chrétiens devaient choisir entre d’un côté maintenir un certain statut, une certaine réputation, un certain confort, une certaine acceptabilité dans la société mais en négligeant la mission qu’ils avaient reçue de Dieu, et de l’autre côté, rendre fidèlement témoignage à Jésus mais dans la souffrance (l’opprobre).
Mais justement, ce qui peut aider à faire le bon choix, c’est le fait de se rappeler quel Esprit qu’on a reçu de Dieu. C’est cet Esprit qui est la « puissance de Dieu » qui permettra à Timothée de « souffrir avec Paul pour l’Évangile » (v. 8, voir Ac 1.8). Au lieu de la timidité ou de la crainte (peut-être de la « couardise ») face à l’adversité, Dieu a donné aux chrétiens un esprit « de force, d’amour et de sagesse » (v. 7).
Ce n’est pas juste un esprit de force, comme semblent le croire certains chrétiens qui s’imaginent pouvoir interpeler avec arrogance les autorités publiques, et insulter les non-croyants, et condamner témérairement les contradicteurs, puisqu’ils le font au nom de Dieu.
Ce n’est pas non plus juste un esprit d’amour, qui autoriserait les chrétiens à tout accepter les yeux fermés, à toujours caresser dans le sens du poil, à renier la justice de Dieu, l’horreur du péché et la réalité de l’enfer. Tout ça « par amour ».
Ce n’est pas non plus juste un esprit de sagesse, ou plus précisément de « modération » et de « prudence », qui serait la voie de la neutralité en toute circonstance. On ne se mouille pas, on ne prend pas position, on dit le moins possible pour offenser le moins possible.
Non, Dieu a donné aux chrétiens son Esprit, un Esprit « de force, et d’amour, et de sagesse ». Telle devrait être la puissance de Dieu dans le témoignage des chrétiens qui accomplissent leur mission. On est équipé pour tenir fermement une position, pour rester ancré dans la vérité, mais avec amour, en montrant du respect et de la bienveillance envers notre prochain, et cela avec prudence aussi, ou avec sagesse, en tenant compte des besoins de notre prochain, de ses souffrances, de ce qui a besoin d’être dit dans telle et telle circonstance, et de ce qui n’a pas besoin d’être dit.
Oh, quelle superbe mission que celle qu’on a reçue si on est chrétien ! Comme le dit Calvin : « Il n’y a pas de Chrétien qui ne doive s’estimer témoin de Christ. » Quel honneur pour les croyants ! On est mandaté et équipé pour ça. Et si la flamme a faibli, le souffle qui peut la ranimer, c’est le souffle de l’Esprit qu’on peut solliciter dans la prière. Est-ce que vous êtes prêts à prier comme ça ? « Seigneur, souffle toi-même sur la flamme ! Renouvelle ma motivation pour te servir ! Enseigne-moi à le faire bien ! »
Et si vous n’êtes pas encore un croyant, est-ce que vous seriez prêt vous aussi à prier un peu comme ça ? « Seigneur, si tu existes, allume toi-même la flamme ! Révèle-toi à moi pour que je te connaisse et que je puisse te servir moi aussi. »
On a parlé de flamme et de souffle. Mais vous savez ce que c’est que le combustible ? La matière qui devrait brûler dans notre cœur, et qui, de là, devrait nous embraser tout entier, et nous motiver à persévérer avec enthousiasme dans notre vie chrétienne ? L’apôtre Paul le mentionne au v. 8 en disant que c’est pour ça qu’on souffre en rendant témoignage à Jésus. Le combustible qui brûle dans le cœur d’un chrétien fidèle, c’est l’Évangile.
Un chrétien s’inscrit dans une superbe lignée. Il reçoit une superbe mission. Et troisièmement, il bénéficie d’un superbe évangile. Voilà qui peut, et qui doit, attiser notre enthousiasme pour la vie chrétienne !
Regardez encore le texte (v. 9-12). Maintenant Paul veut rappeler la base : ce que ça veut dire fondamentalement, d’être un chrétien. Parce que si on comprend bien ce que ça veut dire, ça ne peut pas nous laisser indifférent. Si Timothée prend le temps de réfléchir de nouveau à ce qui constitue le cœur de sa foi, ça va être comme remettre quelques morceaux de mélèze bien secs dans le foyer du barbecue : ça va ranimer la flamme, ça va crépiter et ça va sentir bon !
Et voici donc ce que Paul rappelle à Timothée dans ce passage, et aux chrétiens de son église, et à nous aussi par la même occasion aujourd’hui. C’est qu’un chrétien véritable, c’est quelqu’un qui a reçu une incroyable bonne nouvelle, et qui est entré au bénéfice d’un truc exceptionnel que Dieu a fait pour lui.
Une incroyable bonne nouvelle : c’est le sens du mot « évangile » en grec. Cette incroyable bonne nouvelle, c’est que Dieu a prévu de toute éternité de sauver des gens qui ne le méritaient pas. « Non à cause de nos œuvres », dit Paul (v. 9), mais à cause de son projet miséricordieux, de son projet de grâce, que Dieu avait conçu avant même de créer le monde ! L’incroyable bonne nouvelle, c’est que Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit (un seul Dieu qui existe éternellement en trois personnes) a pensé aux croyants, a aimé les croyants, et a décidé de sauver les croyants, avant même de fonder l’univers.
Et la stratégie pour sauver les croyants a été établie dans l’éternité : c’est que Dieu le Fils prendrait la nature d’un homme et ainsi se substituerait aux croyants par une vie d’obéissance parfaite à Dieu d’une part ; par sa mort en sacrifice d’autre part, pour subir à la place des croyants la peine de leurs péchés (de toutes les fautes qu’ils ont commises et qui les séparait de Dieu) ; et par sa résurrection en vainqueur sur le mal et sur la mort. La stratégie, c’était que Dieu le Fils, selon le plan du Père, et par la puissance de l’Esprit, fasse tout ça au profit des croyants, auxquels Dieu pensait avant même de créer le monde.
C’est à tout ça que Paul fait référence, quand il dit au v. 10 que cette grâce de Dieu (la grâce de son projet qui consiste à sauver des gens qui ne le méritent pas) « a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Christ-Jésus ». La « promesse de la vie qui est en Christ-Jésus » (v. 1) qui est portée comme un flambeau et un trésor par cette superbe lignée de croyants depuis les origines du monde, a maintenant été manifestée plus clairement, plus concrètement, par la venue de Jésus et par son œuvre.
Et donc un chrétien véritable, c’est quelqu’un qui a reçu cette incroyable bonne nouvelle, et qui, par la foi, est entré au bénéfice de ce truc exceptionnel que Dieu a fait pour lui. Et quand on y réfléchit, ça ne peut pas nous laisser indifférent ! Paul dit que c’est « pour cet Évangile » qu’il exerce ses fonctions (v. 11), et que cet Évangile lui est tellement précieux que ça le motive à endurer les souffrances (v. 12).
Comment c’est possible ? Eh bien imaginez deux personnes qui, toutes les deux, se font embaucher par un viticulteur pour faire les vendanges. Elles ont strictement le même travail toutes les deux, qui consiste à s’accroupir toute la journée entre les vignes, à couper les grappes de raisins et à les déposer dans des paniers. Bon. Mais ces deux personnes ont une attitude très différente vis-à-vis de leur travail. Il y en a une qui est pleine d’entrain, qui se consacre joyeusement à la tâche, qui travaille consciencieusement, tandis que l’autre traîne des pieds, passe son temps à se plaindre, et ne fait que le strict minimum en attendant que la journée se passe.
Pourquoi une telle différence ? Voici pourquoi. La personne qui n’est pas motivée n’a jamais été dans le besoin auparavant, elle a bénéficié pendant trente ans de sa vie de revenus d’investissements de sa famille millionnaire avant que celle-ci ne fasse faillite. L’autre personne, quant à elle, a été au chômage et à la rue une grande partie de sa vie, elle a eu toutes les peines du monde à se nourrir, et elle a passé trente ans à se sentir indigne et sale.
Le même boulot, mais deux niveaux d’enthousiasme très différents parce que ces deux personnes n’abordent pas leur travail sous le même angle. Et la vie chrétienne, c’est un peu pareil. Quand on perd de vue l’Évangile, on se met assez rapidement à penser qu’on vaut mieux, quand même, que ces souffrances et cet opprobre qui nous sont causés par le témoignage qu’on est censé rendre à Jésus. Et on se laisse un peu aller, et la flamme se met à faiblir un peu, et on commence à traîner un peu les pieds et à protéger son confort et ses intérêts personnels. On devient des enfants gâtés de la foi, vous voyez ?
Mais quand on se rappelle l’Évangile, on se rappelle en fait d’où on vient. Comme tout être humain, on était indigne et sale. On était séparé de Dieu. On était coupable, même, et destiné logiquement à la perdition. Mais Dieu nous a sauvés à cause de sa grâce et à un prix incroyable que lui-même a payé. Et il n’y a rien de plus précieux et de plus fiable et de plus durable dans ma vie aujourd’hui que son amour pour moi en Jésus-Christ.
Et voilà ce qui explique la persévérance et la motivation de l’apôtre Paul jusqu’au confinement de sa prison, et jusqu’à sa décapitation quelque temps plus tard pour la cause de l’Évangile. Il dit au v. 12, en quelque sorte : « Malgré l’adversité, je continue, et je reste droit dans mes bottes, et ma détermination est intacte, car je sais en qui j’ai cru. Quand je pense à qui je suis et d’où je viens, je me rends compte que son projet, ses promesses, son amour pour moi sont les choses les plus fiables de ma vie ! »
Et donc Paul, même dans sa prison, pouvait se lever le matin avec une motivation débordante, et sauter de sa couchette en se disant : « Bon, qu’est-ce que je peux faire pour servir Dieu aujourd’hui ? Je sais ! Je vais écrire une lettre à Timothée ! Et je vais l’encourager, lui, et à travers lui les chrétiens de son église, et à travers eux tous les chrétiens du monde y compris ceux de l’Église Lyon Gerland, je vais les encourager à ranimer la flamme qui est en eux ! »
Le message que ce texte nous adresse, c’est, comme on l’a vu, qu’un chrétien mou, normalement ça ne devrait pas pouvoir exister. Parce qu’un chrétien s’inscrit dans une superbe lignée, il reçoit une superbe mission, et il bénéficie d’un superbe évangile.
Si le confinement pèse sur votre moral et engourdit votre vie chrétienne aujourd’hui, rappelez-vous que vous faites partie d’une équipe extraordinaire qui, depuis les origines du monde, est dépositaire de la parole de vie. Rappelez-vous que Dieu vous assiste de sa puissance, par le Saint-Esprit qu’il a déversé dans votre vie et que vous pouvez solliciter dans la prière. Prenez le combustible de l’Évangile, remplissez votre cœur et vos pensées de cet Évangile et demandez à Dieu de souffler dessus.
Et si vous n’êtes pas croyant, prenez aussi le temps de réfléchir à ces choses. Dieu n’est pas loin de chacun de nous (Ac 17.27), et il récompense ceux qui le cherchent (Hé 11.6). Dieu peut allumer la flamme en vous, et vous donner à votre tour le désir et la motivation débordante de le connaître et de le servir !