10 000 pas par jour !

Par Jonah Haddadle 26 mars 2017

Est-ce qu’il y a un décalage entre ce que nous professons et ce que nous faisons ? Est-ce que nous professons la foi en Jésus qui nous a sauvés de notre condition pécheresse et du jugement qu’elle entraine, mais tout en vivant dans l’orgueil ? Est-ce que nous professons la foi en Jésus, tout en cherchant notre propre intérêt ? Est-ce que nous professons la foi en Jésus, tout en célébrant les échecs de nos frères, ou en écoutant avec plaisir les bavardages calomnieux. Est-ce que nous professons la foi en Jésus, tout en vivant dans la peur d’annoncer l’espérance de l’évangile aux gens de notre entourage ?

Est-ce qu’il y a un décalage entre ce que nous professons et ce que nous faisons ? Si nous sommes honnêtes, la réponse sera oui. Alors, comment vivre une vie cohérente avec ce que nous professons ? Selon Galates chapitre 5, la réponse à cette question est de marcher…de marcher par l’Esprit. Pour avoir une bonne santé spirituelle, il faut marcher.

Notre propre Maïlys, membre de notre église, a fait sa recherche doctorale sur les avantages médicaux de marcher tous les jours. Et ce que j’ai appris en assistant à sa soutenance de thèse, c’est qu’il est avantageux pour ma santé de faire 10 mille pas par jour. Alors, 10 mille pas par jour c’est beaucoup, mais c’est tout-à-fait réalisable. 10 mille pas par jour ça veut dire qu’il faut valoriser la marche, et qu’il faut prendre au sérieux sa santé.

Et d’une manière similaire, l’apôtre Paul aussi nous parle de l’importance de marcher tous les jours―de marcher spirituellement, de marcher par l’Esprit en faisant ce que nous professons. Il faut 10 mille pas par jour, main dans la main avec l’Esprit. Ou plus précisément, chaque instant de chaque jour de la vie d’un chrétien est vécu en marchant main dans la main avec l’Esprit.

Alors, avant d’entrer dans le contenu de ce passage, j’ai deux remarques à vous faire. Premièrement, il est impératif que nous ne voyions pas le fruit de l’Esprit comme une simple liste de vertus à mettre en pratique. Le thème principal de Galates 5 n’est pas la mise en place d’un certain nombre de vertus. En revanche le thème principal de ce texte, c’est de souligner les effets de l’évangile dans la vie des croyants. Ce texte nous parle d’une réorientation de la vie sous l’effet de la grâce de Dieu, par la foi en Jésus, et à travers une œuvre du Saint Esprit. Ce texte est une présentation de l’évangile et de ses effets dans la vie d’un chrétien. Ce texte sert comme portrait de la vie d’un croyant. (Donc premièrement, ce texte est une ordonnance spirituelle à faire nos 10 mille pas spirituels par jour, main dans la main avec l’Esprit Saint de Dieu par la foi en Jésus Christ).

Deuxièmement, ce texte est une réponse à la question rhétorique de l’apôtre Paul en Galates 3 verset 3 où il demande si les croyants vont vivre par l’Esprit ou par la chair. Et donc, ici il nous exhorte à faire le premier―à marcher par l’Esprit.

Marcher par l’Esprit est une œuvre de Dieu

En lisant Galates 5 nous devrions constater que marcher par l’Esprit est une œuvre de Dieu. Si vous êtes chrétien c’est parce que l’Esprit a fait une œuvre en vous. C’est-à-dire que Dieu vous connait personnellement et qu’il vous compte parmi ses élus. « Marcher par l’Esprit » ou « Vivre par l’Esprit » est une réorientation du cœur d’une personne pour que cette personne devienne chrétienne (disciple de Jésus et enfant du Père céleste). C’est une réalité objective, une description ou déclaration de ce que Dieu fait dans notre vie selon sa volonté souveraine. Et donc, d’une certaine manière, Dieu nous fait marcher avec lui.

Le fait de vivre par l’Esprit, c’est un acte surnaturel―un miracle. La vie en général est un miracle, n’est-ce pas ? La conscience de soi et la « sentience »―le fait de percevoir―sont des miracles. Pour que quelque chose prenne vie, il faut un miracle. La seule explication pour l’existence de la conscience humaine est l’existence d’une conscience plus forte que nous. L’homme n’est pas nécessaire―il n’est pas auto-explicatif. En revanche, l’homme est conditionnel. Et si l’homme est si dépendant de Dieu juste pour sa vie temporelle sur terre, à combien plus forte raison est-il dépendant de Dieu pour sa vie spirituelle.

Notre condition pécheresse, dont nous sommes à la fois victimes et participants enthousiastes, est un piège qui nous retient par sa force inébranlable et incontournable. Imaginez que vous êtes prisonnier. Vous êtes attaché (vraiment saucissonné) par des chaînes en fer. Ensuite, on vous met dans une cage en acier, encastrée de béton. Ensuite, on vous dépose dans une fosse, situés 500 mètres sous terre, renforcée par des gros blocs de pierre, et bouchée par du béton. Tout ça est situé sur une île désertique impossible à situer sur une carte, impossible à trouver, et gardée par des grands requins blancs. La condition humaine est une prison dont nous ne pouvons jamais échapper. Mais la libération de cette prison de la condition humaine est un acte de Dieu. Notre libération a été rendue possible par la mort de Jésus à la croix à notre place. Notre libération a été faite par l’appel efficace du Saint Esprit qui a entraîné la régénération et la foi, selon la volonté de Dieu.

Avant de parler du fruit de l’Esprit ou des œuvres de la chair, ce texte nous fait comprendre l’évangile. Si nous vivons c’est parce que Dieu nous a fait vivre en soufflant son Esprit en nous. Le fait de marcher par l’Esprit et de faire nos 10 mille pas spirituels par jours en faisant ce que nous professons, ça nécessite une œuvre de Dieu.

Je sais qu’on aime citer le fruit de l’Esprit comme une liste de vertus chrétien (et oui, on est d’accord que ce sont de bonnes choses à rechercher et à faire). Mais je vous avertis de ne pas chercher ce fruit en-dehors du contexte de l’évangile, comme s’il était possible de profiter pleinement de ces vertus sans Dieu. Marcher par l’Esprit est une œuvre de Dieu.

Marcher par l’Esprit est une réponse humaine

Mais ensuite, marcher par l’Esprit nécessite une réponse humaine. Quelqu’un qui vit par l’Esprit montre sa vivacité spirituelle en crucifiant la chair. Marcher par l’Esprit est un impératif. Notre responsabilité, notre rôle dans tout ça, c’est de lâcher prise par rapport à notre désir de vivre sans Dieu, de faire demi-tour, et de prendre sa main.

Ici, l’apôtre Paul nous fait constater que nos désirs de suivre la loi nous détournent du fait de suivre Dieu. Le verset 18 dit que « si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus sous la loi. » Ça veut dire que bien que vous soyez sous les commandements de la loi, vous n’êtes pas sous la condamnation de la loi. La loi existe pour nous faire comprendre la différence entre le bien et le mal, pour nous condamner quand nous l’enfreignons, et pour nous pousser vers Jésus dans la repentance et la foi.

Par exemple, celui qui est sous les commandements et la condamnation de la loi, quand il enfreint la loi, il n’a personne pour lui venir en aide. Il enfreint la loi et il est condamné. Par contre, celui qui est conduit par l’Esprit, quand il est tenté d’enfreindre la loi, il a un de ses meilleurs amis (le Saint Esprit) qui l’exhorte à ne pas capituler, et il a un autre de ses meilleurs amis (Jésus) qui accepte de porter le chapeau, en endossant la responsabilité lui-même. En plus ce sont des amis qu’il aime et qu’il ne veut pas blesser. Celui qui n’est plus sous la loi, c’est celui qui est prêt à prendre la main de Dieu et à faire ses 10 mille pas avec lui.

Quand on a des enfants en bas âge, il faut leur demander de nous donner la main quand on marche sur les voies publiques, ou sur les terrains difficiles. Parfois les enfants résistent parce qu’ils aiment leur indépendance. Parmi mes 4 enfants, j’en ai 2 en particulier qui n’aimaient pas me donner la main quand ils étaient petits. Ils pleuraient ; ils criaient ; ils faisaient la tête ; ils refusaient systématiquement de me donner la main. Et de la même manière, nous aussi, nous sommes libérés de la loi, libérés pour marcher. Nous sommes libérés de la poussette qui nous contraignait. Mais dans cette liberté l’Esprit nous demande de marcher avec lui. Parfois, nous ne voulons pas marcher avec lui. Nous voulons garder notre indépendance en poursuivant les œuvres de la chair. Mais il faut que nous donnions la main à Dieu en marchant avec lui. C’est par là que nous porterons du fruit.

Marcher par l’Esprit produit du fruit

Selon Galates 5, les plantes ne portent pas de bon fruit toutes seules sans certaines préconditions. Pour beaucoup d’arbres fruitiers, il faut les cultiver. Quand j’étais jeune, il y avait des pommiers dans mon jardin. Chaque année, je goûtais ces pommes, et chaque année c’était toujours la même chose. Les pommes étaient toujours petites, abimées, et pleines de vers. Pourquoi ? Parce que personne ne les entretenaient. Les pommiers faisaient ce qu’ils voulaient, et ce n’était pas efficace pour produire du bon fruit.

Il y a 4-5 siècles quand les Européens se sont installés de plus en plus nombreux dans le territoire qui devait devenir les Etats-Unis et le Canada, ils ont commencé à chercher quelque chose d’autre à boire que de l’eau. Et pour étancher leur soif ils ont découvert un type de vigne sauvage avec plein de fruits, dont ils ont fait du vin. Mais quand le moment est arrivé de goûter le cru, c’était une grande déception. C’était horrible ; c’était épouvantable, vraiment infect, et absolument effroyable. Le vin sentait la boue et les animaux, parce que cette vigne sauvage n’était pas censée être cultivée pour faire du vin. C’est seulement quand les Américains, bien des années plus tard, ont importé la vigne européenne qu’ils ont commencé eux aussi à produire du bon vin.

De la même manière, ceux qui vivent sans l’entretien de l’Esprit Saint et sans la grâce du Père, vivent comme les pommiers de mon jardin ; ou comme des vignes sauvages. Au lieu de produire du bon fruit, ils produisent des choses détestables. Et la morale de l’histoire, c’est que vous ne pouvez pas porter du fruit tout seul. Ce texte ne parle pas du fruit de Jonah, ou du fruit de Pierre, Paul ou Jacques. Le texte parle du fruit de l’Esprit―quelque chose qui est cultivé en nous par l’Esprit himself.

Les deux listes de fautes et de vertus données en Galates 5 présentent deux listes de fruits : des fruits sauvages et des fruits bien cultivés. La première liste qui parle des péchés et de l’incrédulité, c’est le fruit d’un pommier sauvage, ou d’une vigne négligée. C’est ce que nous produisons naturellement quand on est privé de la grâce de Dieu.

Sans la grâce de Dieu dans notre vie, sans cette grâce qui soutient toute la création, et qui permet aux croyants de vivre par lui et en lui, le seul fruit que vous pourriez porter sera l’inconduite, l’impureté, la débauche, l’idolâtrie, la magie, les hostilités, la discorde, la jalousie, les fureurs, les rivalités, les divisions, les partis-pris, l’envie, l’ivrognerie, les orgies, et les choses semblables. Voilà, le fruit naturel de l’homme, les œuvres que nous faisons. Sans la grâce de Dieu dans notre vie, notre égoïsme règne de façon suprême. En lisant Galates 5, nous voyons que les œuvres de la chair ne sont pas juste quelque chose que nous faisons ; c’est qui nous sommes.

Porter le fruit de l’Esprit, à l’inverse, provient du fait de croire (du fait de nous soumettre à Jésus dans la foi). Le Psaume 1 nous dit que les croyants sont comme des arbres plantés près d’un courant d’eau qui nous nourrit, qui nous abreuve. Cette eau est la parole de Dieu que nous méditons. Porter du fruit, ici, provient du fait de méditer la parole de Dieu jour et nuit. Il faut être nourri de bonnes choses.

Un film récent qui s’appelle « Planète stupide » raconte l’histoire d’un homme qui se réveille, après avoir hiberné pendant 5 siècles, dans un monde où la population de la planète est devenue idiote jusqu’au point où les gens vont mourir de faim parce qu’ils ne savent plus comment cultiver de la nourriture. Les gens ont devenus tellement idiots qu’ils ont inondé les champs avec du coca-cola au lieu d’eau fraiche. À un moment donné du film le protagoniste rétablit la situation en proposant de donner de l’eau aux plantes. C’est un scénario humoristique, mais de la même manière, le chrétien qui porte du fruit pour Dieu c’est celui qui est planté par Dieu près des courants d’eau, et qui se nourrit de bonnes choses.

Porter du fruit consiste à prendre la main de Dieu qui marche avec nous par l’Esprit. Nous portons du fruit en priant, en lisant la parole, et en étant serviteurs les uns des autres. Le fruit de l’Esprit consiste à être chrétien (qqn qui est disciple de Jésus, qqn qui est serviteur de Jésus, qqn qui a la même attitude que Jésus). C’est pourquoi Dieu ne nous donne pas d’interdiction contre ce fruit. On n’est jamais trop chrétien. On n’est jamais trop obéissant à Dieu. On n’est jamais trop serviteur de Christ. La loi n’est pas contre de telles choses.

Porter du fruit, ça consiste à vivre pleinement ce que nous professons, à prendre la main de Dieu et à marcher avec lui. Porter du fruit, ça consiste à arrêter de mener sa vie tout seul, et à laisser Dieu nous cultiver selon les prescriptions de sa parole. Ça commence en faisant nos 10 mille pas spirituels par jour, main dans la main avec le Saint Esprit qui nous guide par la prière, par la lecture de la Bible, et par la communion fraternelle. Marcher 10 mille pas par jour, ça peut nous semble difficile, mais avec un peu d’entraînement nous en prendrons l’habitude. Marcher 10 mille pas par jour avec l’Esprit ça commence par les disciplines spirituelles que sont la prière et l’étude de la parole de Dieu. Ça commence en s’inclinant devant Dieu dans la repentance et dans la foi. Prenons donc la main de l’Esprit et marchons par la foi.

Copyright ©2025 Église Lyon Gerland.