J’imagine que la plupart d’entre vous, si vous m’écoutez aujourd’hui, c’est que vous avez envie d’être fidèle à Dieu, ou au moins, que vous vous intéressez un peu à la question. Vous êtes peut-être un chrétien de longue date, et bien sûr, vous voulez continuer de marcher avec Dieu, de le servir, et de grandir dans votre relation avec lui. Est-ce que ça se passe bien pour vous ? Est-ce que c’est comme ce que vous imaginiez au départ ?
Ou peut-être que vous êtes un tout jeune chrétien. Vous avez une grande motivation pour suivre Dieu, mais tout le chemin est encore devant vous. Ou peut-être que vous n’êtes pas encore un chrétien, mais que le sujet vous intrigue, et que vous vous demandez ce que ça veut dire, en fait, de connaître Dieu et de marcher avec lui. Comment est-ce que vous vous représentez les choses ? Dans votre esprit, c’est comment, la vie d’un chrétien fidèle ?
Alors quoi qu’il en soit, et où que vous en soyez, si vous vous intéressez un tant soit peu à Dieu, c’est déjà super. Mais ce que le texte qu’on va lire aujourd’hui veut nous dire, c’est que si on continue sur ce chemin, si on commence à connaître Dieu, si on commence à avoir envie de marcher avec lui et de le servir, ça va être super… dur ! L’apôtre Paul s’adresse justement à des gens qui ont l’intention de connaître Dieu et de le servir, et Paul veut tout simplement les avertir que ça va être difficile.
Et il ne fait pas ça pour les décourager, ou les inciter à faire demi-tour. C’est comme si un jour vous veniez me voir et que vous me disiez : « Alex je viens de voir une photo de la Barre des Écrins, le plus haut sommet du massif des Écrins, à 4102 m, et c’est tellement magnifique que je vais monter en haut. » Il se pourrait bien que je vous dise : « C’est super que tu veuilles monter là-haut ! Crois-moi, ça vaut vraiment le coup. Mais crois-moi aussi : ça va être super dur ! » Et je ne dirais pas ça pour vous dissuader d’y aller, mais plutôt pour vous avertir et vous préparer, afin que le moment venu, justement, vous ne soyez pas surpris et que vous ne vous laissiez pas abattre, mais au contraire, que vous persévériez jusqu’au bout.
Alors est-ce que vous avez envie d’être fidèle à Dieu ? Ou bien est-ce que vous vous intéressez au moins un peu à la question ? Eh bien le passage qu’on va lire, c’est un avertissement. Le chemin de la vraie fidélité à Dieu est un chemin vraiment difficile. Et il est vraiment difficile notamment—d’après ce texte—à cause des gens qu’on va rencontrer sur notre parcours.
La première chose qui se passe dans ce texte (v. 1-5), c’est que Paul met en garde Timothée contre des gens qu’il va rencontrer, et qu’on pourrait appeler, pour commencer, des « pseudo-chrétiens ». Le texte nous dit qu’on doit faire attention à la fausse dévotion à Dieu, qui cache en fait un vrai problème de cœur.
Paul dit qu’il va y avoir « des temps difficiles » dans « les derniers jours », parce que « les hommes », c’est-à-dire les gens, vont avoir toutes sortes de défauts (il en énumère 18 en 3 versets, et ce n’est pas une liste exhaustive !). Alors deux précisions. « Les derniers jours », ça désigne tout simplement la période de l’histoire qui a commencé avec la première venue de Jésus, et qui s’achèvera avec sa seconde venue. Paul et Timothée étaient dedans, et nous aussi, on est dedans ! Et deuxièmement, les gens avec tous ces défauts sont des gens qu’on va rencontrer dans l’Église. Ils ont « la forme extérieure de la piété » (v. 5), c’est donc que ce sont des gens qui se disent croyants, et qui fréquentent certainement les activités de l’Église.
Paul est en train de dire à Timothée : « Si toi, tu veux être fidèle à Dieu, et si les chrétiens de ton église veulent être fidèles à Dieu, ça va être difficile, parce qu’il y aura toujours des gens dans l’église qui auront l’apparence d’être des chrétiens, sans s’attacher vraiment, de tout leur cœur à Dieu. Et ça va créer des problèmes. »
C’est intéressant de remarquer que les défauts qui sont mentionnés ne sont pas facilement visibles au premier abord. Quand vous rencontrez quelqu’un à l’église, je ne sais pas si vous avez déjà pu, tout de suite, vous dire : « Ah, voilà quelqu’un d’égoïste, qui aime l’argent, qui est orgueilleux, rebelle à ses parents, ingrat, insensible, implacable, traître et impulsif ! » Calvin dit : « Saint Paul mentionne des vices tels, qu’ils n’apparaissent pas du premier coup, même au contraire, accompagnent le plus souvent une sainteté feinte. […] Ce sont des vices cachés, qui n’apparaissent pas devant les yeux des hommes. »
Ce n’est pas comme quelqu’un qui arriverait à l’église en fumant un joint, avec un T-shirt sataniste, qui passerait son temps à faire des doigts d’honneur aux gens et à déchirer des Bibles sous nos yeux—même si une telle personne serait la bienvenue ici, pour qu’on lui parle du Seigneur ! Mais Paul évoque des défauts qui sont compatibles avec une apparence de piété.
Quand on achète une maison, par exemple, on sait ce que c’est qu’un vice caché. Tout a l’air bien à la première, à la deuxième, à la troisième visite. On achète la maison, on signe tous les papiers, on récupère les clefs, on emménage dans le logement. Et quelques mois plus tard, on découvre qu’on a des fuites dans la toiture, de la moisissure sous le parquet, et des rats dans les murs. Eh bien il y a des gens comme ça dans l’Église, nous dit Paul.
Ils ont l’air bien comme ça : ils se disent chrétiens, ils sont bien habillés et bien coiffés, ils ont une bonne allure, ils sont souriants, ils ont les bonnes réponses aux bonnes questions, ils sont plutôt assidus au culte, ils postent parfois des versets bibliques sur leurs réseaux sociaux, ils ont la forme extérieure de la piété. Mais vous apprenez à les connaître, et après six mois, un an, deux ans, vous découvrez qu’il y a quelque chose de troublant et de problématique dans leur cœur. Quelque chose qui va ressortir bien plus dans l’intimité de cette personne.
Et justement, tous ces défauts dans le texte sont encadrés par deux expressions qui dénoncent très précisément le problème fondamental de ces gens. Au début, Paul dit qu’ils sont « égoïstes », mais littéralement en grec : « amateurs d’eux-mêmes » (philautos), ou « auto-philes » (v. 2), et à la fin : ils sont « amateurs du plaisir (philèdonè, comme dans hédonisme) plutôt que de Dieu » (v. 4). Vous voyez le problème de fond ? C’est celui de l’objet de leur amour. Vers quoi s’oriente leur cœur par-dessus le reste.
Mes amis, être vraiment fidèle à Dieu, c’est vraiment dur parce qu’il y a de la concurrence pour notre cœur. Et le principal concurrent de Dieu, c’est nous-mêmes. Le cœur de ces gens qui nous sont décrits dans le texte, est orienté vers eux-mêmes plutôt que vers Dieu. Ils sont soucieux de leur intérêt, de leur confort, de leur réputation, de leur liberté, de leur propre satisfaction, plus que du projet et de la gloire de Dieu.
Du coup, ils peuvent avoir une piété de façade (une forme extérieure de foi et d’appartenance religieuse), mais l’objet premier de leur amour se révèle dans l’intimité, où (v. 2-4) ils pensent surtout à eux, ils pensent aux richesses matérielles, ils sont vantards, arrogants, ils parlent mal quand ils sont sous pression (blasphémateurs), ils défient l’autorité, ils sont ingrats, irrespectueux ou irrévérencieux (sacrilèges), insensibles et sans pitié dans leurs relations (implacables), ils critiquent facilement les autres, ils ont peu de maîtrise de soi (sans frein), ils ont des accès de colère violente, ils n’ont pas d’amour pour le bien (ou les gens de bien), ils sont capables de malhonnêteté, ils sont impulsifs, ils sont présomptueux, et ils s’intéressent davantage à tous les plaisirs et les loisirs de la vie qu’à leur relation avec Dieu.
Et donc si Timothée veut être fidèle à Dieu, et si les chrétiens de son église veulent être fidèles à Dieu, ça va être difficile pour eux, parce qu’ils vont rencontrer des gens comme ça dans leur église. Et ça va être très compliqué, très pénible, très décourageant, de les accompagner, de les instruire, de les aider à se rapprocher de Dieu, tout simplement parce que derrière une forme extérieure de piété, derrière une profession de foi et un rattachement religieux, le cœur n’y sera pas.
Et c’est ça que Paul appelle la puissance de la piété (v. 5), que ces gens ont reniée, ou rejetée. La puissance de la piété, c’est un cœur qui aime Dieu par-dessus tout.
Et donc ça va être difficile d’être fidèle à Dieu, parce qu’on va rencontrer des gens comme ça dans l’église, et ça va être décourageant. Mais ça va être difficile aussi, parce que notre cœur est le même que le leur, foncièrement. Nous aussi on a un cœur enclin au mal, et donc nous aussi on est capable de cette fausse dévotion à Dieu, et donc on doit se montrer lucide et vigilant. On est tous tenté de pratiquer ces choses, au moins certaines d’entre elles (l’orgueil, l’amour de l’argent, l’ingratitude, la calomnie, l’impulsivité…), et si on commence à les pratiquer de manière habituelle, on est vraiment sur une mauvaise trajectoire.
« Éloigne-toi de ces hommes-là », dit Paul (v. 5). Ça veut dire non seulement ne pas devenir copain-copain avec ces gens, et sûrement les exclure de la communauté de l’église si nécessaire, mais aussi se tenir éloigné de leur exemple, comme le dit aussi le psalmiste :
« Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs, et qui ne s’assied pas sur le banc des moqueurs. » (Ps 1.1)
Donc premier point : on doit faire attention à la fausse dévotion à Dieu, qui cache en fait un vrai problème de cœur.
La deuxième chose qui se passe dans le texte (v. 6-9), c’est que Paul dit à Timothée que certaines de ces personnes dont il vient de parler, sont susceptibles de militer, même involontairement, contre la vérité. Ce sont des pseudo-savants, pourrait-on dire, et on doit faire attention à ne pas laisser leur folie captiver d’autres personnes.
Dans le texte, Paul dit que certains de ces pseudo-chrétiens visent en particulier des gens dans l’église littéralement en grec pour les « capturer », les faire prisonnier, les prendre en captivité (par leur discours). Et ils visent surtout des gens faibles, surtout certaines femmes qui ont déjà des problèmes (v. 6). En grec, Paul parle de femmes faibles, des petites femmes, des femmelettes, qui sont les proies favorites de ces pseudo-savants. Parce que ces femmes ne sont pas très affermies dans la foi.
Paul fait comprendre à Timothée que ces gens (ces pseudo-chrétiens qui pour certains se comportent comme des pseudo-savants) représentent une vraie menace pour son travail à lui en tant que pasteur. Parce que ces gens se croient appelés à être des genres de pasteurs et de prédicateurs eux-mêmes, mais ils ne sont pas qualifiés, leur enseignement est erroné, et leur influence est néfaste. Ils sabotent le vrai témoignage qui doit être rendu à Jésus.
Paul les compare aux magiciens que le Pharaon a employés, d’après le récit de l’Exode, pour contrecarrer la mission de Moïse et d’Aaron, que Dieu avait envoyés pour libérer les Israélites de l’esclavage en Égypte (Ex 7-8). Ces magiciens ont imité ce qu’accomplissaient Moïse et Aaron, dans le but de protéger les intérêts du Pharaon ; mais en faisant ça, ils s’opposaient à l’œuvre de Dieu. Ils se sont donc « opposés à la vérité » (v. 8).
Et donc encore une fois, Paul est en train de dire à Timothée et aux chrétiens de son église de faire attention. Ça va être difficile pour eux d’être fidèle à Dieu, parce qu’ils vont rencontrer des gens comme ça dans l’église. Des gens qui n’ont pas un profond amour authentique pour Dieu, et qui vont vraiment s’y croire (comme on dit), derrière une forme extérieure de piété. Des gens peut-être narcissiques, séducteurs, manipulateurs, qui ont la tchatche et qui se croient doués et importants.
Et ils vont chercher à bâtir leur pouvoir en visant les personnes les plus vulnérables. Comme des prédateurs. J’ai découvert cette semaine que les hyènes, par exemple, étaient des prédateurs particulièrement redoutables. Non seulement elles ont des mâchoires deux fois plus puissantes que les lions (c’est le mammifère avec la morsure la plus puissante), mais en plus, quand elles chassent, elles font exprès de faire courir leurs proies pour tester leurs capacités physiques, et les observer, et repérer laquelle est la plus faible pour pouvoir ensuite la chasser avec un maximum de chances de l’attraper, et ainsi se mâcher le travail (si j’ose dire).
Mais Paul dit qu’on va rencontrer des gens comme ça dans l’église. Ce ne sont pas forcément des gens qui ont conscience d’être des prédateurs. Ça peut être des gens très sincères, qui pensent défendre des intérêts légitimes. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit qu’ils ont l’esprit corrompu, ou abîmé (v. 8) et qu’ils sont eux-mêmes en proie à une certaine « folie » (v. 9).
Et si on veut être fidèle à Dieu, ça va être difficile quand on va rencontrer des gens comme ça. D’abord parce qu’on est peut-être soi-même une proie qui court moins vite que les autres. On est peut-être vulnérable sans vraiment s’en rendre compte, parce qu’on traverse des épreuves, et peut-être qu’on n’en a pas parlé à beaucoup de gens. Peut-être qu’on est insatisfait de notre situation personnelle. Notre mariage bat de l’aile, on a des complications professionnelles, on manque un peu d’argent. On a été déçu par quelqu’un dans l’église. On est quelque peu désabusé et découragé, et agité intérieurement. On a des besoins affectifs et des frustrations.
Et ça c’est le terrain de prédilection des gourous et des sectes ! Arrive ce personnage fringant, sûr de lui, avec une forme extérieure de piété. On dirait qu’il a réponse à tout. On est fasciné quand il parle, et il se montre tellement convainquant ! Même si parfois on n’est pas d’accord avec ce qu’il dit, on se sent désarmé pour lui répondre. Et petit à petit il nous captive—certainement avec des motivations très sincères. Mais c’est un homme à l’esprit abîmé, et il nous entraîne plus loin de Dieu plutôt que plus près de Dieu.
Et donc ça va être difficile d’être fidèle à Dieu quand on va rencontrer des gens comme ça. Et ça va être difficile pour les pasteurs et les responsables de l’église (comme Timothée par exemple), parce qu’ils vont devoir lutter contre ces pseudo-savants pour protéger les croyants.
Heureusement, dans une église normalement constituée, il y a un conseil de responsables qui peut mener ce travail ensemble, collégialement. Et ça doit nous inciter tous, dans l’église, si nous avons vraiment envie d’être fidèles à Dieu, à nous fier davantage au conseil des responsables qui ont été dûment nommés et installés dans leur fonction, plutôt qu’à des pseudo-savants peut-être impressionnants, mais souvent solitaires, et qui changent régulièrement d’église à la recherche de femmelettes à captiver !
Et donc c’était le deuxième point : on doit faire attention à ne pas laisser la folie de gens comme ça captiver d’autres personnes.
Enfin la troisième chose qui se passe dans le texte (v. 10-13), c’est que Paul se met lui-même en avant comme exemple contraire à celui de ces gens. En présentant un vrai modèle de fidélité à Dieu, Paul sous-entend que ces gens dont il vient de parler constituent des pseudo-modèles qu’on serait tenté de suivre. Mais voici ce que nous dit ce texte, c’est qu’on doit faire attention à ne pas se laisser détourner du chemin étroit et difficile de la vraie piété.
Paul met en opposition ces gens avec Timothée. Eux vont échouer à la fin. Ils ne sont pas du tout sur le bon chemin (c’est ce qu’il vient de dire au v. 9). Mais Timothée, lui (v. 10), est sur un tout autre chemin. Il a suivi de près le chemin de Paul. Un chemin caractérisé par un enseignement précis, par une attitude précise, et par des souffrances précises.
Et c’est sur les souffrances en particulier que Paul va insister. Sûrement parce que l’autre chemin, celui des gens dont Timothée doit s’éloigner, est beaucoup moins caractérisé par la souffrance—et c’est la raison pour laquelle ce chemin-là pourrait être beaucoup plus attirant !
Donc Paul est en train de dire : « Il y a deux modèles. Le modèle des gens méchants et imposteurs dont je viens de parler, et le modèle des gens qui connaissent vraiment Dieu. Le premier, il est certainement plus facile, et il permet de se satisfaire soi-même ; le second, il est certainement très douloureux et très coûteux, mais c’est le chemin de la vraie fidélité à Dieu. Vous pouvez suivre le pseudo-modèle centré sur vous-même, vivre une vie confortable, et perdre à la fin ; ou vous pouvez suivre le vrai modèle centré sur Dieu, vivre une vie inconfortable, mais à la fin, remporter la couronne de la gloire. »
L’idée sur laquelle Paul insiste, ici, c’est que le bon chemin implique une véritable adversité. Il ne faut pas reculer devant cette adversité, il ne faut pas faire demi-tour, parce que : « Regardez Paul ! Cet apôtre fidèle qui a eu une vie si fructueuse pour Dieu, à quelles souffrances n’a-t-il pas été exposé ? » Et on pourrait ajouter : « Regardez le Christ ! Le Fils-même de Dieu, le serviteur parfait, le messie fidèle, quelles n’ont pas été ses souffrances ! »
Il y a des persécutions et des souffrances sur le bon chemin. C’est comme si je vous donnais des indications pour venir chez moi, et que je vous dise qu’il faut 20 minutes pour venir depuis le centre de Lyon, et qu’il faut passer par Francheville et Craponne. OK. Mais vous, vous dites : « Non. Je suis sûr que je peux arriver en 10 minutes, en passant par Montluel et Bourgoin-Jallieu. » Eh bien vous avez beau croire ça, vous ne risquez pas d’arriver chez moi, en tout cas pas à l’heure.
Et donc Paul est en train de dire à Timothée : « Toi, tu es en bonne voie pour arriver, parce que tu as suivi de près mes indications. » Et tous ceux qui veulent être fidèles à Dieu, comme Paul et comme Timothée, devraient aussi suivre de près les bonnes indications.
C’est d’abord l’enseignement de Paul. Cet enseignement centré sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. Paul a dit ailleurs qu’il prêchait tout simplement « Christ crucifié » (1 Co 1.23). Le point de départ de la fidélité à Dieu, c’est ça. C’est cette bonne nouvelle d’après laquelle Dieu présente aux hommes un moyen d’être sauvés. On était séparé de lui, par notre faute, et Dieu a envoyé son Fils prendre sur lui notre condamnation pour nous en délivrer. Jésus est ainsi mort, crucifié pour les croyants, et le troisième jour il est ressuscité pour les croyants, de façon à ce que tous ceux qui lui font confiance (les croyants donc) soient délivrés du mal et de la mort, et qu’ils soient réconciliés pour toujours avec Dieu !
C’est le point de départ ! Est-ce que vous êtes passé par là, ou bien est-ce que vous êtes encore en train de tourner en rond entre Montluel et Bourgoin-Jallieu ? Est-ce que vous avez été bouleversé par ce que Jésus a fait, ou bien est-ce que c’est juste un récit dans un livre, ou des mots dans la bouche du pasteur, ou des réponses dans un catéchisme ? Être vraiment fidèle à Dieu, ça commence par un cœur brisé qui se repose en Jésus-Christ.
Ensuite, il y a l’attitude de Paul, qui devrait être le fruit surnaturel de cet enseignement.
« Tu as suivi de près… ma conduite, mes résolutions, ma foi, ma patience, mon amour… » (v. 10)
C’est tout l’inverse, vous voyez, des pseudo-chrétiens et de leurs vices cachés. Paul (et Timothée à sa suite) portent le fameux fruit de la grâce, le fruit de l’Esprit de Dieu qui a été déversé dans leur cœur. C’est le fruit de l’amour qu’ils ont avant tout pour Dieu et non pour eux-mêmes. C’est le fruit d’un cœur humble et contrit qui se repose en Christ.
Et enfin, il y a les souffrances de Paul.
« Tu as suivi de près… ma persévérance, mes persécutions, mes souffrances. » (v. 10-11)
Comme on l’a vu il y a quelque semaines : le bon chemin est un chemin difficile, et à bien des égards douloureux.
« Souffre avec moi comme un bon soldat du Christ-Jésus. » (2 Tm 2.3)
Comme il le dit au v. 12 :
« Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Christ-Jésus seront persécutés. »
Voilà le chemin ordinaire, l’itinéraire ordinaire, que vont suivre tous ceux qui veulent être vraiment fidèles à Dieu.
Et donc Paul est en train d’inciter Timothée, et les chrétiens de son église, et nous aussi aujourd’hui, à faire attention à ne pas nous laisser détourner du chemin étroit et difficile de la vraie piété. Il ne faut pas se laisser leurrer par des pseudo-modèles de pseudo-fidélité à Dieu, qui ont l’air plus confortables, mais qui ne suivent pas de près l’enseignement des apôtres, l’attitude de cœur qui découle de cet enseignement, et les souffrances et l’adversité ordinaires qui caractérisent la vie d’un bon soldat du Christ-Jésus.
Et qu’est-ce qu’on peut tirer de tout ça pour conclure ? On l’a dit : toute la leçon de ce texte, c’est que le chemin de la vraie fidélité à Dieu est un chemin vraiment difficile. Difficile notamment—d’après ce texte—à cause des gens qu’on va rencontrer sur notre parcours. Des pseudo-chrétiens, pseudo-savants, pseudo-modèles, qui vont peut-être s’opposer frontalement à notre marche avec Dieu. Ou qui vont peut-être plus subtilement nous freiner dans notre marche avec Dieu et nous mettre des bâtons dans les roues.
Des gens que Paul veut qu’on évite. Des gens dont on doit s’éloigner. Parce qu’ils renient la puissance de la piété (en tant que pseudo-chrétiens), et parce qu’ils s’opposent à la vérité (en tant que pseudo-savants). Mais aussi parce qu’on est tenté de leur ressembler (en tant que pseudo-modèles). Qu’est-ce qu’on peut faire, donc, si le chemin de la vraie fidélité à Dieu est un chemin vraiment difficile ?
On peut déjà se tenir prêt. Comme quand on se lance dans l’ascension de la Barre des Écrins, on sait que ça va être difficile. Et si c’est difficile, c’est normal. Calvin dit qu’on doit être averti « qu’il y aura toujours nouvelle matière de guerre ». On vit dans les derniers jours, et tant que le Seigneur ne sera pas revenu, on va batailler contre le péché, contre le mensonge, contre la persécution, et contre toutes les forces du mal (Ép 6.12).
Ensuite, on ne doit pas se laisser séduire par les sirènes de certaines théologies (y compris dans les milieux réformés) qui nous laissent entendre que si on a vraiment la foi, et si on est vraiment fidèle, Dieu va nous récompenser en nous accordant le succès dans la vie. On va être en bonne santé, on va réussir en affaires, et on va avoir des enfants bien élevés. Et petit-à-petit on va conquérir ce monde et éradiquer le mensonge et l’injustice. Et si ça ne se produit pas, c’est qu’on a un problème. Mais ce n’est pas ce que dit ce texte. Au contraire. Dans les derniers jours surgiront des temps difficiles. Jusqu’au retour du Seigneur qui fera toutes choses nouvelles. En attendant, l’adversité est normale pour les chrétiens.
On peut aussi, et donc, se serrer les coudes. On doit prendre soin des proies qui courent moins vite, les entourer et les protéger. On doit valoriser le travail des responsables de l’église, et prier pour eux. On doit reconnaître que le bon grain pousse en même temps que l’ivraie, et que le travail des responsables consiste parfois à arracher l’ivraie pour protéger l’église.
Enfin, on peut continuellement examiner son propre cœur. Le chemin de la vraie fidélité à Dieu est un chemin vraiment difficile. Est-ce que mon cœur se porte vers Dieu plus que vers tout autre chose ? Est-ce que mon cœur contrit se repose en Christ ? Est-ce que je suis prêt pour l’effort et la souffrance de la vie chrétienne ? Est-ce que j’ai vraiment envie d’être fidèle à Dieu ? Est-ce que j’ai envie d’avoir envie ? Que Dieu nous vienne en aide.