Saisi par la beauté de l'Évangile

Par Alexandre Sarranle 2 août 2020

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé d’être avec un ami chrétien et que vous soyez un peu gêné par son zèle ? Tu es en train de te balader dans la rue avec ton pote, et puis il se met à parler de Jésus à un inconnu, comme ça, sans complexe. Et puis toi, tu ne sais plus trop où te mettre. Ou alors vous êtes au McDo, vous avez commandé vos Maxi Best Of, et ton pote, il estime que ce serait bien de prier avant de manger. Sauf qu’il se met à prier un peu trop fort à ton goût, et tu sens que les gens autour, ils vous regardent un peu bizarrement.

Ou alors vous êtes en train de prendre un café, et ton pote chrétien te dit : « Écoute, il faut que je te dise un truc : voilà, j’ai chuté cette semaine et j’ai regardé du porno, et vraiment, je veux que ça cesse. Je voulais te confesser ce péché, et te demander si tu serais d’accord pour qu’on s’entraide dans ce domaine, toi et moi, et qu’on s’encourage et qu’on prie l’un pour l’autre ? » Comme ça, cash. Mais c’est super gênant !

Des fois, on rencontre des gens comme ça. La foi c’est vraiment le truc central dans leur vie, et ça fait tomber tous les tabous. Ils sont hyper authentiques. Ils n’ont pas de complexe en tant que disciples de Jésus ! Et puis ils vont faire des trucs un peu fous pour Dieu : comme par exemple partir trois semaines en Inde pendant les grandes vacances pour parler de Jésus à des orphelins ; ou bien participer à une veillée de prière qui va durer toute la nuit ; ou bien apprendre par cœur des chapitres entiers de la Bible ! Dingue.

Il y a des gens comme ça qui me mettent mal à l’aise, parce que je n’ai pas le même enthousiasme, je n’ai pas le même dévouement à Dieu. Et il y en a un en particulier qui m’aurait mis mal à l’aise—qui m’aurait gêné par son zèle—c’est l’apôtre Paul ! En fait, l’apôtre Paul, il a mis beaucoup de gens mal à l’aise à son époque. Il y avait des gens, des croyants, qui avaient un peu honte de lui, même. Pourquoi ? Parce qu’on avait l’impression que Paul, il pouvait être un peu… maso ! Partout où il allait, il se faisait persécuter parce qu’il parlait de Jésus aux gens. Mais il continuait quand même !

À un moment-donné, il a même décrit sa situation en disant :

« Nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus. » (2 Co 4.11)

Mais Paul, peut-être que tu devrais ralentir un peu, quoi ! Peut-être que tu devrais changer de stratégie ! Ça n’a pas l’air très malin ce que tu fais ! Peut-être que tu devrais te faire un peu moins remarquer ? Fais un peu plus attention ! C’est le genre de critique que Paul pouvait recevoir.

Et justement, dans une lettre qu’il écrit à des chrétiens de son époque, Paul va passer pas mal de temps à expliquer pourquoi il passe pour un maso. Pourquoi il continue d’être cash et sans complexe dans sa vie chrétienne, alors que ça embarrasse les gens et que ça lui attire plein d’ennuis. C’est dans la deuxième lettre de Paul aux Corinthiens, et il y a une remarque en particulier sur laquelle je veux vraiment attirer votre attention ce soir, deux petits versets, où Paul nous donne la clef de son zèle. La clef, c’est qu’il a été saisi, captivé, bouleversé par la beauté de l’évangile ! En quelques mots, il veut nous faire comprendre que si on se laisse toucher par ce que Jésus a fait, tous les repères de notre vie vont changer.

Le pouvoir de l’amour de Christ (v. 14a)

Si on se laisse toucher par ce que Jésus a fait, tous les repères de notre vie vont changer ! Et il y a trois choses que j’aimerais qu’on voie dans ce texte. 1/ Le pouvoir de l’amour de Christ, 2/ la raison de ce pouvoir, et 3/ l’effet de ce pouvoir dans la vie des croyants. Premièrement, le pouvoir de l’amour de Christ. Paul dit très clairement que s’il passe un peu pour un fou, si parfois il a l’air d’être hors de sens (cf. v. 13), si parfois il fait des trucs qui ont l’air complètement dingues (comme parler de Jésus à des gens alors que c’est dangereux), c’est parce que « l’amour du Christ nous étreint » (v. 14).

Dans votre traduction, ça dit peut-être : « l’amour du Christ nous presse », ou « nous domine ». L’idée, c’est que cet amour nous saisit, nous tient, nous contraint, nous astreint, nous oblige, nous contrôle. Paul est en train de souligner le pouvoir de l’amour de Christ dans sa vie, qui conditionne tout ce qu’il fait. Et ce n’est pas clair si Paul veut dire l’amour que Christ a manifesté, ou l’amour que Paul a pour Christ. Quoi qu’il en soit, on peut se mettre d’accord que l’amour, c’est souvent une route à double sens. L’amour qui nous saisit, c’est bien souvent l’amour au sens d’une relation d’amour.

Je suis sûr que c’est un concept que vous pouvez facilement comprendre. Je suis prêt à parier que vous avez déjà été amoureux. Comment ça se passe quand on est amoureux ? On est contrôlé par ça ! Quand on est vraiment amoureux, éperdument amoureux, on se couche et on se réveille en pensant à la personne, on organise ses journées en fonction de cette personne, on dépense son argent sans problème pour cette personne, et on fait des fois des trucs un peu fous pour cette personne. C’est connu : quand on aime, on ne compte pas !

Moi je suis très amoureux de ma femme, et il y a vingt ans, avant qu’on se marie, j’étais déjà très amoureux d’elle. Je ne lui avais jamais dit, parce qu’on ne sortait pas ensemble, et un jour, son père (qui savait que j’éprouvais des sentiments pour sa fille) m’a dit : « Écoute Alex, je pense que le moment est venu pour toi de déclarer ta flamme à Suzanne. Je te donne mon feu vert pour lui parler. Ce 1er janvier, tu pourrais venir à la maison, et tu pourrais aller te balader avec elle et lui dire ce que tu as sur le cœur. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Et à votre avis, qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai dit : « Est-ce qu’on ne pourrait pas repousser d’un jour, parce que le 1er janvier, j’avais prévu d’aller au ski avec des amis ! » Si, si c’est véridique ! Vous voyez ? L’amour du ski m’étreint, me presse, me domine, me contraint, m’astreint, m’oblige, me contrôle ! Quelle honte ! Et ce n’est qu’une des premières paroles débiles que j’ai prononcées dans une longue série de paroles débiles qui ont ponctué tout mon mariage (mais rassurez-vous ça va bien entre nous !).

Ce n’est pas du tout ce qu’on attend de quelqu’un qui est vraiment amoureux. On pouvait se poser des questions sur la nature de l’amour que je disais avoir pour Suzanne. Heureusement, je me suis bien rattrapé après, et dix-neuf ans de mariage plus tard, je peux dire que l’amour de Suzanne (l’amour qu’elle me manifeste et l’amour que j’ai pour elle) conditionne beaucoup de choses dans ma vie, au quotidien. Mais qu’en est-il de l’amour du Christ ?

Paul dit que cet amour du Christ a un énorme pouvoir dans sa vie. Qu’en est-il dans ma vie, et dans ta vie ? Est-ce qu’on peut diagnostiquer ce pouvoir dans notre vie ? Je pense que oui, si on réfléchit aux types de choix qu’on fait. Par exemple, le culte dans ton église dimanche matin, c’est à 10h, mais la soirée d’anniversaire avec les potes du lycée, samedi soir, ça va durer jusqu’au bout de la nuit, et tu ne peux pas faire les deux… Quel amour va te presser dans ton choix ? Tous tes amis sont à fond dans une certaine série TV, mais il y a régulièrement des épisodes vachement érotiques, qui déplaisent à Dieu et qui vont nuire à tes pensées, honnêtement…. Quel amour va orienter tes décisions ?

Donc Paul, déjà, il souligne le pouvoir de l’amour de Christ dans sa vie : un tel pouvoir que cet amour le contrôle, conditionne ses actes, comme un algorithme, presque, qui détermine ce qu’il fait, ou une énergie qui le motive en permanence et qui l’incite à choisir le chemin étroit et difficile, et à faire des trucs que les gens ne comprennent pas ! Et si on se comparait à lui ? Honnêtement, est-ce que l’amour de Christ a ce pouvoir-là dans notre vie ? S’il n’a pas ce pouvoir dans notre vie, c’est sûrement parce qu’on ne comprend pas assez, ou qu’on ne contemple pas assez, ce que Christ a fait pour les croyants.

La raison du pouvoir de l’amour de Christ (v. 14b)

C’est le deuxième point : la raison du pouvoir de l’amour de Christ dans la vie d’un croyant. Pourquoi l’amour de Christ devrait avoir ce pouvoir dans notre vie. Regardez ce que dit Paul dans le texte. Il dit : « L’amour du Christ nous étreint, nous qui avons discerné » quelque chose (v. 14). « Discerner », ça veut dire percevoir quelque chose, distinguer quelque chose, comprendre quelque chose, pénétrer le sens de quelque chose.

C’est un peu comme quand on regarde un tableau dans un musée, et qu’on ne le regarde pas juste en passant, mais en restant devant pendant cinq ou dix minutes, et qu’on va plus loin qu’une simple observation superficielle. On étudie et on discerne et on se laisse transporter là où le peintre voulait nous emmener. Ou c’est comme quand on lit un poème, et qu’on le relit, et qu’on prend le temps d’y réfléchir et de le savourer, jusqu’à ce qu’on entre en quelque sorte dans l’esprit de l’auteur.

Et Paul dit que l’amour du Christ nous étreint parce qu’on a discerné quelque chose. Ce n’est pas juste parce qu’on a lu la Bible une fois ou qu’on a grandi à l’église ou qu’on a des posters chrétiens dans sa chambre. Il y a une réalité particulière à laquelle Paul a réfléchi, quelque chose qu’il a contemplé et qu’il a perçu. Qu’est-ce que c’est ? C’est que « un seul est mort pour tous, donc tous sont morts » (v. 14). C’est le fait que « un seul », Christ, s’est donné, s’est livré, pour sauver une multitude. Une personne s’est donnée pour en sauver beaucoup. C’est l’acte d’héroïsme de Christ qui bouleverse Paul, parce qu’il y a réfléchi.

La traduction de la Bible de Jérusalem propose une tournure vraiment chouette : « L’amour du Christ nous presse à la pensée que » un seul est mort pour tous, etc. Et là, il y a un truc qu’on doit vraiment comprendre, pour bien saisir l’héroïsme de Christ. C’est qu’il ne s’est pas offert en sacrifice pour des gens sympas qui le valaient bien. Il est mort pour sauver des gens qui ne le méritaient pas du tout !

Dans un autre passage, Paul dit que si on est croyant, eh bien avant d’être sauvé, on « marchait dans nos fautes et nos péchés, selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air [c’est-à-dire le diable]. » On se conduisait « selon nos convoitises charnelles, on exécutait les volontés de notre chair et de nos pensées, et on était par nature des enfants de colère » comme tout le monde (cf. Ép 2.2-3) ! On ne pouvait pas être plus éloigné de Dieu que ça, à part en enfer !

Il faut bien comprendre ce concept biblique : c’est que par nature, les humains sont tous radicalement séparés de Dieu, radicalement tordus et abîmés, radicalement ennemis de Dieu ! Et ça veut dire qu’on n’avait aucun moyen en nous, aucune ressource pour nous sortir de là, en fait on n’en avait même pas envie. On était au service du mal et du diable, et ça nous allait bien. Mais c’est ça qui est bouleversant : c’est que Dieu s’est fait homme en Jésus pour sauver des gens qui étaient dans le camp du mal. Christ a souffert et il est mort pour détourner sur lui-même le châtiment normalement destiné à ses ennemis !

Comme le dit encore Paul dans un autre passage :

« En ceci, Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. […] Lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils. » (Rm 5.8, 10)

Et pas n’importe quelle mort, hein. Pas une mort douce, sous sédation profonde, mais le supplice ignominieux de la croix, où le Fils a même fait l’expérience, dans sa chair, d’une séparation d’avec Dieu que nous, en tant que croyants, on ne connaîtra jamais. Sur la croix, Christ a volontairement subi le châtiment de l’enfer à la place de ses ennemis. On peut dire que Christ s’est livré à la pire des morts pour les pires des gens.

Et Paul est saisi par la beauté de cet évangile. Voilà la raison du pouvoir de l’amour de Christ dans sa vie. Et donc si l’amour de Christ n’a pas ce pouvoir dans notre vie, on doit d’abord se demander : « Est-ce que j’ai bien compris, bien discerné ce que Christ a fait ? Est-ce que j’ai reçu par la foi ce salut, c’est-à-dire est-ce que j’ai placé ma confiance en lui ? Est-ce que je me confie en lui sans réserve pour être pardonné de mes fautes et réconcilié avec Dieu, de façon à ne plus être un ennemi de Dieu, mais plutôt un enfant bien-aimé de Dieu ? »

Et ensuite : « Si je comprends ce que Christ a fait, est-ce que je contemple ce que Christ a fait ? Est-ce que j’y pense parfois en passant, peut-être le dimanche quand je suis à l’église (ou le vendredi soir quand j’écoute une conférence de La Réb sur internet), ou bien est-ce que je prends le temps au quotidien pour méditer sur l’évangile, notamment par la lecture de la Bible et par la prière (en louant Dieu, en lui confessant mes péchés et en étant renouvelé dans sa grâce), ou par des livres et des podcasts de qualité, ou par d’autres ressources chrétiennes, ou dans un groupe de croissance ou une étude biblique avec des amis chrétiens… ? Est-ce que je contemple ce que Christ a fait de façon à être saisi par la beauté de l’évangile ? »

L’effet du pouvoir de l’amour de Christ (v. 15)

Ce qui nous amène au dernier point : l’effet du pouvoir de l’amour de Christ dans la vie d’un croyant. Regardez encore ce que dit Paul dans ce passage. Il vient de dire que Christ est « mort pour tous », mais il ne veut pas dire « pour tous les humains sans distinction ». Dans le contexte, « tous » désigne tous les croyants, tous ceux qui ont « discerné ceci » (v. 14), c’est-à-dire discerné ce que Christ a fait. Comme on le voit dans le reste de la Bible, le Fils est mort pour tous les enfants que le Père lui a donnés (cf. Hé 2.13).

« Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10.11)

Et c’est un grand nombre de personnes.

« Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour beaucoup. » (Mt 20.28)

C’est pour ça que Paul dit que « un seul est mort pour tous », c’est-à-dire pour tous les croyants, qui sont un grand nombre.

Et donc quand on regarde bien le texte, on voit que les croyants, ceux pour qui Christ est mort, sont désignés sous deux termes : ils sont « morts » (v. 14), et ils sont « vivants » (v. 15). « Christ est mort pour tous, donc tous sont morts », et « Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes ». Ça a l’air un peu compliqué, comme ça, mais Paul est tout simplement en train de faire allusion au fait que quand on est croyant, on est associé à Jésus dans sa mort et sa résurrection.

Donc on est mort avec Christ sur la croix, et on est ressuscité avec lui le troisième jour. C’est une façon de dire que ce que Christ a fait, eh bien ça nous profite pleinement. Quand Jésus est mort, il nous a engagés avec lui dans sa mort. Et quand il est ressuscité, il nous a engagés avec lui dans sa résurrection. C’est comme une procuration. Quand tu donnes une procuration à quelqu’un pour qu’il vote à ta place, ou pour qu’il signe des chèques à ta place, ou pour qu’il fasse quoi que ce soit à ta place, au moment où cette personne le fait, elle t’engage. Tu es tellement associé à son acte que c’est comme si c’était toi qui l’avais fait.

Et c’est pareil avec Jésus. Il est mort avec une procuration, et il est ressuscité avec une procuration ; c’est le Père qui lui a donné cette procuration, de façon à ce que Jésus engage les croyants dans ce qu’il faisait. Et donc si on est croyant, on est mort par procuration (c’est-à-dire qu’on a payé pour nos péchés par procuration), et on est ressuscité par procuration (c’est-à-dire qu’on est vainqueur sur le mal et sur la mort par procuration) !

C’est pour ça que Paul dit régulièrement des trucs du genre :

« Si on est croyant, on est mort au péché et vivant pour Dieu. » (cf. Rm 6.11)

Ça veut dire qu’on est mort à notre ancienne vie d’ennemis de Dieu, et qu’on est vivant pour une vie nouvelle d’enfants de Dieu. C’est ce que Paul veut dire dans notre passage, quand il dit que « les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (v.15).

Vous comprenez ? Il s’est passé un truc radical dans la vie d’un croyant. Et quand on y pense, il n’y a pas plus radical que mourir et ressusciter. Si on est croyant, Dieu a réalisé un genre de transfert magistral dans notre vie—un truc extrême, en nous faisant passer par la mort à la vie, des ténèbres à son admirable lumière (1 Pi 2.9) ! Pensez à un joueur de foot qui serait transféré de Marseille au PSG, ou de Lyon à Saint-Étienne. Pensez à un communiste qui deviendrait capitaliste. Pensez à un boucher qui deviendrait végétarien. Pensez à un SDF qui hériterait d’un milliard d’euros, pensez à quand on a découvert que la terre était ronde et qu’elle tournait autour du soleil, pensez à la Révolution française, à l’extinction des dinosaures, pensez même à un homme qui voudrait se faire opérer pour devenir une femme !

En voilà des changements extrêmes ! Mais ça n’a quand même rien à voir avec le fait de mourir et de ressusciter. Et c’est en ces termes que Paul décrit le changement radical que Dieu opère dans la vie d’un croyant. Et c’est ça, l’effet du pouvoir de l’amour de Christ dans la vie des croyants : c’est qu’on ne vit plus pour nous-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous, c’est-à-dire pour celui en qui nous-mêmes on est mort et ressuscité !

Et donc si on en revient à la question du départ : pourquoi Paul, il accepte de passer pour un maso ? Pourquoi il continue de faire des trucs embarrassants et même dangereux pour Jésus ? Comment, en fait, est-ce qu’il répond aux gens qui le critiquent en disant qu’il a peut-être un peu perdu la tête, lui qui ne se laissait pas démonter par la persécution qu’il rencontrait partout où il allait ! Eh bien Paul fait comprendre à ses lecteurs qu’il a été saisi par la beauté de l’évangile. Il a perçu l’amour de Christ dans ce que Christ a fait, et il a été captivé par cet amour, et il a répondu à cet amour en aimant Christ à son tour. Et cet amour de Christ (un amour à double sens) le presse dans tout ce qu’il fait.

Et à notre tour, si on se laisse toucher par ce que Jésus a fait, tous les repères de notre vie vont changer. C’est là toute la leçon de ces deux petits versets. C’est vrai que des fois, on rencontre d’autres croyants, et on est gêné par leur zèle, parce que nous, on n’a pas le même enthousiasme, le même dévouement à Dieu. La raison, c’est parce qu’on ne comprend pas assez, ou qu’on ne contemple pas assez l’évangile—la bonne nouvelle de ce que Jésus a fait.

Le zèle dont je parle, ce n’est pas de la témérité ou de l’imprudence. Comme si on devrait être prêt à faire n’importe quoi sans réfléchir, au nom de Jésus ! Parfois on a raison d’être gêné par le comportement d’autres croyants—un comportement inconsidéré, un peu trop fonceur et irresponsable. Mais le zèle dont je parle, et dont parle l’apôtre Paul, c’est la détermination à assumer que « si on est en Christ, on est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, voici : toutes choses sont devenues nouvelles » (cf. 2 Co 5.17).

En faisant ça, on va faire des choix inconfortables parce que l’amour du Christ nous presse, plus que l’amour des copains, plus que l’amour des loisirs, plus que l’amour de l’argent, plus que l’amour du confort et d’une bonne réputation, plus que l’amour de soi-même, en fait ! Quand tu vas inviter tes potes à l’église, quand tu vas refuser de regarder certains trucs sur Netflix, sur Instagram, ou ailleurs, quand tu vas soigner ton langage pour ne pas dire des vulgarités, quand tu vas rentrer tôt de la soirée d’anniversaire pour pouvoir aller au culte le lendemain, quand tu vas préserver ta sexualité pour ton mariage, quand tu vas partager tes luttes à cœur ouvert avec tes amis dans la foi… tu vas te sentir gêné, et il y en a qui vont te dire que tu es fou. Mais tu pourras prendre à ton compte ce que dit Paul dans sa première lettre aux Corinthiens :

« Nous sommes fous à cause de Christ ! » (1 Co 4.10).

Jim Elliot était un missionnaire américain dans les années 1950, qui s’était installé en Équateur à l’âge de 25 ans dans le but de présenter Jésus à des indiens dans la jungle, qui n’avaient jamais eu de contact avec des chrétiens. Et à l’âge de 28 ans, quelques mois seulement après le premier contact, Jim Elliot s’est fait tuer par ces indiens, avec les quatre amis qui l’accompagnaient. Et Jim Elliot avait eu cette parole célèbre :

« Il n’est pas fou celui qui renonce à ce qu’il ne peut pas garder pour obtenir ce qu’il ne peut pas perdre. »

Jim Elliot c’est le genre de chrétien, comme l’apôtre Paul, qui m’aurait mis mal à l’aise, vous comprenez ? Qui m’aurait gêné par son zèle ! Mais tout compte fait, j’ai envie de comprendre mieux, et de contempler davantage ce que Jésus a fait, afin d’être saisi moi aussi par la beauté de l’évangile, et que ma vie en soit radicalement transformée pour la gloire de Dieu. Ça vous dit qu’on s’y mette ensemble ?

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