Les croyants et leurs enfants

Par Alexandre Sarranle 23 août 2020

Parler des enfants, c’est toujours délicat. Parce que cette notion d’avoir des enfants, et d’élever des enfants, ça peut inspirer des choses très différentes aux gens. Dans notre église, ces derniers mois, il y a deux familles qui ont accueilli un nouvel enfant, et deux autres familles qui ont fêté les 18 ans de leur premier enfant. Il y a aussi des personnes célibataires qui n’ont pas eu d’enfant, et aussi des couples qui n’en ont pas eus, ou pas encore.

On a un rapport à l’enfantement qui peut être très différent les uns des autres. Vous avez peut-être fini d’élever vos enfants, et ça vous a laissé un goût amer, parce que vos enfants ne sont pas devenus ce que vous espériez. Ou au contraire, peut-être que vous êtes très fiers de ce qu’ils sont devenus. Ou peut-être que vos enfants sont encore très jeunes, et vous avez de grandes ambitions pour eux, ou beaucoup d’appréhension, ou peut-être que vous êtes déjà complètement débordé et presque en burn-out parental.

Peut-être que vous n’avez pas encore d’enfants, mais vous espérez beaucoup en avoir. Peut-être que vous n’arrivez pas à en avoir, et c’est une souffrance. Ou au contraire, peut-être que vous ne comptez pas du tout en avoir, parce que ça vous terrifie, ou ça vous dégoûte ! Ou peut-être que vous n’y pensez pas, tout simplement, parce que c’est encore quelque chose de très lointain pour vous, parce que vous êtes encore jeune et célibataire, ou peut-être même que vous êtes encore vous-même un enfant !

En tout cas, avoir des enfants et les élever, ça devrait tous nous parler, parce que justement, on est tous, au moins, l’enfant de quelqu’un ! Qu’est-ce que ça vous évoque ? De la joie, de la douleur, des espoirs, des regrets, du bonheur, de la fatigue ? Peut-être tout ça à la fois ?

Vous avez bien sûr deviné que si je vous posais cette question, c’est parce qu’on va regarder un texte ensemble qui parle justement des enfants. Plus précisément, c’est un texte qui nous parle de comment la relation entre Dieu et les croyants devrait conditionner la relation entre les parents et les enfants—ou du moins, la perception qu’on a de l’enfantement.

Ce texte, c’est un psaume un peu particulier, comme vous allez le voir. Parce qu’il est divisé en deux parties qui a priori ne semblent pas avoir grand-chose à voir l’une avec l’autre. Mais en réalité, il y a une idée générale dans ce psaume, c’est la façon dont notre relation à Dieu conditionne notre relation à tout le reste. Et le texte va appliquer ce principe en particulier au fait d’avoir des enfants et de les élever.

Donc c’est quoi, le regard de la foi sur l’enfantement ? Voici le message de ce psaume : Pour les croyants, c’est réjouissant, d’avoir des enfants. Ce n’est pas très compliqué comme idée ! Mais attention, je n’ai pas dit : « c’est facile », ou : « c’est agréable », ou : « c’est gratifiant », ou : « c’est toujours une grande réussite », mais : « c’est réjouissant ». C’est-à-dire que c’est une bonne chose selon Dieu, et on devrait considérer l’enfantement à travers ce prisme.

1/ Si Dieu est souverain, on peut se détendre (v. 1-2)

Donc pour les croyants, c’est réjouissant, d’avoir des enfants. Mais vous avez vu que ce psaume n’aborde pas tout de suite, directement, la question des enfants. Il y a d’abord, aux v. 1-2, une leçon plus générale qui nous est donnée, et qui concerne la souveraineté de Dieu. C’est-à-dire que Dieu est au-dessus de tous les projets des hommes. Rien de ce qu’on entreprend n’échappe au contrôle de Dieu. On peut faire énormément d’efforts pour atteindre un objectif, mais c’est Dieu qui aura le dernier mot, et c’est sa décision qui s’accomplira.

Comme il est dit dans le livre des Proverbes : « Il y a dans le cœur de l’homme beaucoup de pensées, mais c’est le dessein de l’Éternel qui s’accomplira » (Pr 19.21). C’est la définition de la souveraineté de Dieu. Et ce que notre texte veut nous faire comprendre dans un premier temps, c’est que si Dieu est souverain, alors on peut en fait se détendre en tant que croyants. Puisque rien n’échappe à la souveraineté de Dieu, rien ne devrait logiquement inquiéter les gens qui ont une bonne relation avec ce Dieu souverain !

Regardez ce que dit le texte. Il y a des gens qui bâtissent des maisons (ou qui fondent des familles—le mot « maison » peut désigner une « maisonnée », v. 1). Il y a des gens qui montent la garde et qui veillent toute la nuit pour protéger la ville d’une attaque ennemie (v. 1). Il y a des gens qui travaillent très fort, depuis très tôt le matin jusqu’à très tard le soir, pour mettre du pain sur la table, et pour obtenir et réaliser ce qui leur semble important et nécessaire (v. 2). Mais ce ne sont pas nos efforts en fin de compte qui vont produire l’effet recherché—c’est Dieu, s’il en a ainsi décidé.

À l’inverse (et l’auteur fait exprès d’être un peu caricatural, pour qu’on comprenne bien le principe), si Dieu a décidé d’accomplir quelque chose, il va le faire, même si nous, on ne produit aucun effort ! L’auteur dit : « L’Éternel en donne autant à son bien-aimé pendant qu’il dort » (v. 2) ! Autrement dit, le critère décisif dans l’accomplissement de tes projets, ce n’est pas ton niveau d’effort ou ton quotient de stress, mais c’est la faveur souveraine de Dieu.

Tu peux faire plein d’efforts et obtenir ce que tu recherchais, parce que Dieu y est favorable. Mais tu peux faire plein d’efforts et ne pas obtenir ce que tu recherchais, parce que Dieu n’y est pas favorable. Tu peux aussi ne pas faire plein d’efforts et obtenir ce que d’autres n’ont pas obtenu malgré leurs efforts, parce que Dieu l’a décidé ainsi. Et tu peux aussi ne pas faire d’efforts, et ne rien obtenir, parce que Dieu l’a décidé ainsi.

Comment donc affronter la vie sereinement ; comment bâtir des maisons, fonder des familles, créer des églises, se protéger contre l’adversité, travailler pour mettre du pain sur la table, et faire tout ça sereinement, si ce n’est pas nous qui avons le contrôle, mais Dieu ? Eh bien on peut être serein tout simplement si on sait que ce Dieu qui a le contrôle… nous aime.

Dans le texte, l’auteur ne dit pas que celui que Dieu aime ne fait rien, qu’il passe son temps à dormir comme si c’était un gros paresseux. Il veut dire tout simplement que celui-là, celui que Dieu aime, « se repose de ses œuvres », si j’ose dire (cf. Hé 4.10). Il n’est pas dans l’activisme effréné, dans la performance constante de ceux qui croient que le fruit de leur vie dépend avant tout de leurs efforts. Le « bien-aimé » de Dieu a trouvé le repos. Comme Josh nous le disait la semaine dernière : il dort parce qu’il sait que Dieu ne dort pas (Ps 121.4). Il dort parce qu’il sait que Dieu est souverain et qu’il l’aime.

Peut-être que vous avez déjà fait du kayak biplace. Un kayak, c’est un petit canoë qu’on dirige avec une pagaie, et biplace, ça veut dire avec deux places. Imaginez donc un enfant de cinq, six ans, comme Augustin, qui prendrait place à l’avant d’un kayak, avec sa petite pagaie, tout excité de partir à l’aventure sur une rivière. Et Augustin ne fait pas vraiment attention au fait que son père (qui est grand et costaud) se met à l’arrière du petit canoë, avec sa pagaie à lui. Et donc Augustin est super excité parce qu’il a l’impression que c’est lui qui est en train de diriger l’embarcation. C’est génial, il s’éclate !

Sauf que le courant commence à être un peu plus rapide, la rivière devient sinueuse, les rochers se font de plus en plus nombreux. Augustin essaie de virer à droite, mais le kayak part à gauche. Il essaie de virer à gauche, mais le kayak part à droite. Augustin commence à avoir un peu peur, il redouble d’efforts sur sa pagaie, mais ça ne change rien. Il commence à stresser, et même à paniquer, et il rame de toutes ses forces pour essayer de garder le contrôle de son petit bateau.

Jusqu’à ce qu’il jette un petit coup d’œil derrière lui. Et qu’il voit quelqu’un assis derrière lui dans l’embarcation, un homme grand et musclé, plus fort que Capitaine America, qui tient une pagaie bien plus grosse que la sienne. Et qui, en fait, contrôle le kayak depuis le début ! Mais ce qui le rassure surtout, c’est que cet homme, c’est son papa—et il sait que son papa l’aime. Ce ne serait pas pareil s’il se retournait et qu’il voyait un inconnu !

Et donc à partir de ce moment-là, les circonstances extérieures ne vont pas changer, c’est toujours la même rivière, les mêmes remous, la même aventure ; mais les circonstances intérieures ont complètement changé. Augustin affronte la même réalité qu’avant, mais cette fois en paix, parce qu’il sait que son papa maîtrise la situation et qu’il l’aime.

C’est ça que l’auteur de notre texte veut nous faire comprendre dans un premier temps : si Dieu est souverain, on peut se détendre en tant que croyants. Si Dieu maîtrise la situation, rien ne devrait logiquement inquiéter les gens qui ont une bonne relation avec lui ! Mais la question que tout lecteur attentif devrait se poser à ce moment-là, c’est la suivante : est-ce que moi, j’ai une bonne relation avec ce Dieu souverain ? Est-ce que je suis « bien-aimé » de Dieu ? La réponse est oui, si je suis attaché à Jésus-Christ par la foi.

La réponse à cette question n’est pas explicite dans le texte. Mais ce psaume a été écrit dans le contexte d’une alliance que Dieu avait conclue avec son peuple. Il y avait des dizaines d’autres psaumes, et il y avait des centaines d’autres pages dans la loi d’Israël, qui expliquaient déjà aux gens comment avoir une bonne relation avec Dieu. Il fallait lui faire confiance, et croire de tout son cœur à ses promesses de grâce.

Selon ces promesses—les promesses de son alliance—Dieu voulait se montrer propice à tout un ensemble d’hommes, de femmes et d’enfants, non pas sur la base de leurs mérites, comme si c’étaient des gens qui valaient mieux que les autres, mais sur la base des mérites d’un certain personnage qui était appelé « le messie » et qui était présenté comme quelqu’un d’irréprochable, qui serait l’ultime et parfait bien-aimé de Dieu, et qui allait représenter ces hommes, ces femmes et ces enfants auprès de Dieu, de sorte que la faveur dont il ferait l’objet de la part de Dieu leur serait étendue, ou attribuée.

Ce bien-aimé de Dieu, c’est celui qu’on découvre dans le Nouveau Testament et qui dort dans la barque alors que la tempête fait rage autour de lui (cf. Mt 8.24). C’est Jésus, le Fils-même de Dieu, qui est venu de la part de Dieu payer à la place des hommes, des femmes et des enfants qu’il voulait sauver, le prix de leurs fautes qui les séparaient de Dieu, afin de les réconcilier avec Dieu. Si on est attaché à Jésus par la foi, ça veut dire que Jésus nous représentait quand il est mort sur la croix, qu’il nous représentait quand il est ressuscité, et qu’il nous représente encore aujourd’hui, maintenant qu’il est monté au ciel auprès du Père.

Si on est attaché à Jésus par la foi, on est à notre tour des bien-aimés de Dieu, parce que son Fils bien-aimé, en qui il a mis toute son affection (Mt 3.17), nous représente auprès de lui. Nous sommes bien-aimés, parce que nous sommes en son bien-aimé. Si c’est votre cas, vous pouvez vous détendre. Vous avez une bonne relation avec celui qui gouverne l’univers, depuis la trajectoire des galaxies jusqu’aux plus petits détails de votre vie.

Alors ce n’est pas parce que Dieu nous aime, en tant que croyants, qu’il va exaucer tous nos désirs et faire réussir tous nos projets. Ce n’est pas parce qu’il nous aime qu’on ne va pas être déçu ou frustré ici-bas, ou contrarié ou blessé. Ce n’est pas parce qu’il nous aime que la vie va être facile. Mais parce qu’il nous aime, on sait que son projet souverain nous est favorable, et qu’il s’accomplira—même si on ne comprend pas exactement ce qu’il est en train de faire. Et donc au lieu de s’agiter, on peut dormir.

2/ Si Dieu est souverain, nos enfants sont précieux (v. 3-5)

Et c’est ça que l’auteur veut nous faire comprendre dans ces deux premiers versets. Si Dieu est souverain, on peut se détendre. Et il veut établir ce principe général avant de l’appliquer en particulier au fait d’avoir des enfants et de les élever. Je trouve ça super intéressant, parce que souvent, on cite la première moitié de ce psaume, ou la seconde, séparément l’une de l’autre. Alors que le poète a conçu ce texte comme un tout unifié. La relation des croyants à leurs enfants est indissociable de la question de la souveraineté de Dieu.

Et donc le deuxième point, c’est que si Dieu est souverain, nos enfants sont assurément précieux. Bon, ça n’a pas l’air extrêmement subversif comme idée, mais regardez bien le texte (v. 3-5). L’idée, c’est que si Dieu est souverain, si Dieu maîtrise la situation, si Dieu a vraiment le contrôle de tout ce qui arrive dans le monde et dans notre vie, alors les enfants que nous avons sont ceux que Dieu a voulu nous donner. Et vous êtes l’enfant que Dieu a voulu donner à vos parents.

Les croyants, ceux qui craignent Dieu et qui reconnaissent sa souveraineté, ne doivent pas considérer leurs enfants comme des accidents, ni comme simplement le fruit de leur amour conjugal et le résultat de la rencontre d’un gamète mâle et d’un gamète femelle. Ils ne doivent pas les considérer comme des fardeaux ou des boulets ou des monstres. Ils ne doivent pas regretter leur existence ou se dire qu’ils auraient préféré des enfants différents. Mais ils doivent les considérer comme « un héritage de l’Éternel » (v. 3), « une récompense » (v. 3), et des « flèches dans la main d’un héros » (v. 4).

Nos enfants ont une grande valeur pour Dieu. Ils sont littéralement « la part que l’Éternel nous donne » (ce qui est le sens d’héritage et de récompense), et c’est une part précieuse. Ils sont précieux parce que Dieu leur confère une grande dignité, et il les appelle à de grandes choses—comme des flèches dans le carquois d’un héros, ou comme les défenseurs qui parlent avec les ennemis à la porte (v. 5). Ils ne sont pas précieux parce que nous, leurs parents, on les trouve mignons et donc précieux ; ils sont précieux parce qu’ils sont précieux pour Dieu.

Et ce que ce texte nous dit, ça vaut pour tous les enfants des croyants—des plus dociles aux plus difficiles. Les enfants qu’on a sont assurément ceux que Dieu a voulu nous confier—puisque Dieu est souverain—et ils sont assurément précieux, puisque c’est comme ça que Dieu les considère. Si on est convaincu de ces choses, qu’est-ce que ça devrait changer à la façon dont on va se comporter avec nos enfants, les grands, les petits, les adultes, ceux qui ne sont pas encore nés, ceux des autres, les calmes, les agités, ceux qu’on aimerait avoir, ou ceux qu’on n’aimerait pas avoir mais qu’on aura quand même ? On devrait faire attention à eux.

Il y a quelques années, une personne qui est chère à mon cœur m’a offert pour mon anniversaire un mug de l’équipe de foot de Saint-Étienne. Moi je suis plutôt un supporter de l’équipe de Lyon, et si vous connaissez la rivalité qui existe entre les deux équipes, vous comprenez bien que ce n’est pas du tout le genre d’objet que je me serais acheté personnellement. En fait le logo-même de l’équipe de Saint-Étienne provoque habituellement chez les véritables supporters de Lyon une réaction allergique très violente.

Mais il se trouve que je prends le plus grand soin de ce mug depuis qu’on me l’a offert. J’y verse régulièrement mon café, je le lave, je prends soin de le ranger. Je ne voudrais pas du tout qu’on l’abîme, ou que je le perde. On dirait que c’est quelque chose de précieux pour moi, ce qui est curieux, non ? Comment ça se fait ? Eh bien c’est tout simplement parce que c’est un cadeau que j’ai reçu de quelqu’un que j’aime bien. Non seulement ça, mais en plus, ce mug représente quelque chose de précieux pour la personne qui me l’a offert, puisque cette personne est plutôt supporter de Saint-Étienne.

La moralité, c’est que normalement, on prend le plus grand soin des choses qui sont en notre possession et qui sont des cadeaux attentionnés reçus de la part de gens qu’on aime—même si ces choses-là, on ne les aurait jamais choisies pour nous-mêmes. Et c’est un peu pareil avec nos enfants. On n’a pas le pouvoir de choisir les enfants qu’on va avoir, ni même si on va en avoir. Mais quand on en a, ils sont assurément ceux que Dieu a voulu nous confier, et ils sont assurément précieux pour lui. Et donc on devrait prendre soin d’eux.

Si Dieu est souverain, nos enfants sont précieux. Quels que soient nos enfants, quelle que soit la trajectoire de leur vie, quel que soit leur caractère, quelles que soient les joies ou les peines qu’ils nous causent, quelles que soient leurs facilités ou leurs difficultés, leurs dons ou leurs défauts : les enfants des croyants ont une valeur toute spéciale aux yeux de Dieu. Dieu a placé sur les enfants de son peuple, sur les enfants de l’Église, un appel solennel : ils sont un héritage de sa part, une récompense, des flèches dans la main des héros, des défenseurs à la porte—ils sont mis à part, ils sont des saints au sens strict.

Et en conséquence, Dieu appelle leurs parents croyants à les instruire, ces enfants, dans toutes les promesses que Dieu adresse à son peuple. Les enfants ont leur place dans l’Église et dans le culte. Ils ont leur place au club biblique et au groupe d’ados. Ils sont des enfants de la maisonnée de Dieu. Et on devrait les élever et les corriger en cherchant à leur faire comprendre que Dieu, souverainement, les a placés dans son peuple ici-bas, et que le nom de l’Éternel est invoqué sur eux. C’est pourquoi d’ailleurs, dans notre église on administre le baptême aux enfants des croyants, comme signe et sceau de ces promesses de grâce dont ils sont les héritiers (parce qu’on croit que c’est ce que la Bible nous dit de faire).

Mais en conséquence aussi, Dieu appelle les enfants de l’Église à répondre à ces promesses par la foi, une foi personnelle et vivante. Dieu leur présente le salut en son Fils bien-aimé, Jésus-Christ, et ils doivent répondre pour eux-mêmes, et faire confiance à leur Seigneur et Sauveur, et ainsi assumer pleinement leur sainte vocation dans le monde.

Est-ce qu’ils vont le faire ? On ne sait pas. « Si l’Éternel ne bâtit la maison—ou la famille—ceux qui la bâtissent travaillent en vain » (v. 1). Ce n’est pas pour dire qu’on doit s’agiter dans tous les sens comme pour essayer de forcer la main de Dieu. Ce n’est pas pour nous soumettre à la tyrannie d’une exigence de piété et de discipline spirituelle, comme si nos efforts, même nos efforts dans la prière, avaient le pouvoir de produire les résultats qu’on recherche. « Aïe, aïe, aïe, est-ce que je fais tout ce qu’il faut pour que l’Éternel bâtisse la maison ? »

Non, c’est justement pour dire le contraire. Tu peux dormir, parce que Dieu est souverain. Sois fidèle à ce que Dieu te demande, bien sûr, et même avec la crainte de Dieu, et consciencieusement—mais détends-toi, aussi. Dieu est tout-puissant, et il sait ce qu’il fait. Ce n’est pas en ton pouvoir, en fin de compte, de bâtir la maison, ou de produire des enfants qui aiment Dieu de tout leur cœur et leur prochain comme eux-mêmes.

Mais sois émerveillé de l’existence de tes enfants (et des enfants de l’Église), de leur dignité et de leur appel. Prends soin d’eux parce qu’ils sont précieux pour Dieu. Oui, on peut le dire, et le croire par la foi : pour des croyants, c’est réjouissant, d’avoir des enfants. C’est toujours réjouissant. Non pas parce qu’ils vont nous apporter du bonheur, ou parce qu’ils vont payer pour notre retraite, ou parce qu’ils sont mignons et en bonne santé, et gentils et attentionnés et polis et des futurs prix Nobel. Parce que ça ne va pas toujours être le cas. Salomon lui-même, qui a écrit ce psaume, a eu un fils qui s’appelait Roboam, c’est celui qui a hérité de son trône—et il s’est détourné de Dieu, il a abandonné la loi de l’Éternel (2 Ch 12.1).

Et c’est pourtant réjouissant, pour des croyants, d’avoir des enfants, parce qu’ils sont, objectivement, un trésor qui vient d’en–haut. Un trésor que Dieu a voulu et suscité. Rappelez-vous, quand Ève a eu son premier enfant avec Adam, elle a dit littéralement : « J’ai mis au monde un homme avec l’Éternel » (Gn 4.1). Et c’était Caïn, le futur meurtrier de son frère.

Si nous sommes attachés par la foi à Jésus-Christ, le Fils bien-aimé de Dieu ; et si nous sommes ainsi assurés d’être en sécurité pour l’éternité, parce que le Dieu tout-puissant nous aime ; alors puissions-nous considérer l’enfantement, et l’éducation des enfants (dans nos familles et dans notre église) sans crainte, sans stress, sans agitation intérieure, sans culpabilité, sans regrets. Puissions-nous à la place les aimer de l’amour de Dieu, et les pointer sereinement et fidèlement vers sa grâce. Que Dieu nous vienne en aide pour cela !

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