Quand on est croyant, on aime passer du temps avec nos frères et nos sœurs dans la foi ! Qu’est-ce qu’on se sent bien lorsqu’on est en compagnie de nos amis de l’église : on se sent soutenu spirituellement, on se sent fort, on se sent en sécurité, on est motivé à servir Dieu. Mais arrive toujours le lundi matin, où l’on se réveille tout seul dans son logement d’étudiant, où l’on arrive tout seul au bureau de l’entreprise, où l’on attaque une nouvelle semaine tout seul au collège, bref, où tout d’un coup, c’est beaucoup plus difficile d’être un chrétien.
Au moment où je vous parle, les tentations auxquelles vous êtes régulièrement en proie, votre paresse dans l’exercice de la piété, vos doutes, vos luttes, tout cela vous paraît légèrement distant pour l’instant, c’est passé au second plan. C’est un vrai moment de répit que ce moment passé avec vos amis de l’église !
Mais la réalité, c’est quoi ? C’est que vous allez de nouveau vous sentir spirituellement seul et vulnérable cette semaine ; vous allez vous lever le matin, et ne pas avoir très envie d’ouvrir la Bible ; vous allez vous énerver contre votre conjoint ou vos enfants, et vous allez avoir beaucoup de mal à retenir les paroles brusques, blessantes, qui vont vouloir sortir de votre bouche ; vous allez rire aux blagues vulgaires de vos collègues ou de vos camarades de classe, et être enclin à adopter leur langage grossier plutôt que de leur parler de Jésus ; vous allez vous retrouver tout seul devant l’écran de votre ordinateur le soir, et avoir très envie de cliquer sur ce lien sachant pourtant très bien que cela va vous nuire.
Quand nous sommes avec nos amis croyants, c’est comme si notre espérance chrétienne, notre relation avec Dieu, était constamment placée sous nos yeux. Mais quand Dieu est loin de nos yeux, il est loin de notre cœur, non ?
C’est exactement la préoccupation du psalmiste dans le texte qu’on va lire. Et pour bien comprendre ce qui se passe dans le texte, il faut se rendre compte que ce texte, c’est le dernier des quinze « cantiques des montées », et ce n’est pas un hasard si ce texte est placé en conclusion de ce cycle.
Souvenez-vous que ces cantiques étaient vraisemblablement chantés traditionnellement pendant les pèlerinages des Israélites à Jérusalem, où ils allaient passer plusieurs jours avec beaucoup d’autres croyants, pour rendre un culte à Dieu, au temple. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et après avoir été encouragés, édifiés, motivés à servir Dieu, ces Israélites vont maintenant devoir quitter Jérusalem et retourner pour de longues semaines à leurs villages respectifs, et à leurs occupations, où ils seront loin du temple, loin du culte de l’Éternel, loin des signes visibles que Dieu avait donné à son peuple et qui attestaient sa faveur, loin de cette ambiance formidable où l’on se sent spirituellement fort.
Et qu’est-ce qu’ils ont besoin d’entendre au moment de partir ? Ils ont besoin d’entendre, comme on va le voir, que même quand ils ne sont pas là, il se passe un truc à Sion (au temple de Dieu), un truc de la plus haute importance et qui leur est bénéfique. Un truc dont ils doivent se souvenir et qui prouve que même si Dieu est loin de tes yeux et donc de ton cœur, toi, croyant, tu es constamment devant les yeux de Dieu, et toujours près de son cœur.
Et je crois qu’il y a là, mine de rien, une leçon qui a le potentiel de vraiment transformer notre piété quotidienne.
Il y a deux parties à ce psaume, une première (v. 1-2) où les croyants disent aux prêtres de bénir l’Éternel, et une seconde (v. 3) où les prêtres disent à l’Éternel de bénir les croyants.
La première partie, donc, est destinée à nous faire comprendre, dans un premier temps, que les croyants sont constamment représentés auprès de Dieu, et par conséquent, que Dieu est constamment attentif aux croyants.
Les Israélites sont donc sur le point de partir. À travers ce chant, ils enjoignent solennellement les prêtres de poursuivre leur travail au temple, jour et nuit, un travail qui consiste à louer Dieu et à prier Dieu en tant que représentants du peuple. Les prêtres sont des médiateurs, c’est le sens-même de leur vocation. Celui qui a écrit ce chant voulait donc que les croyants, au moment de partir, se rendent compte que même lorsqu’ils ne seront pas là, même lorsque Dieu sera loin de leurs yeux (en quelque sorte), eux seront néanmoins constamment représentés par les prêtres auprès de Dieu. Et quand on se rend compte de cela, ça peut changer beaucoup de choses.
Imaginez que vous soyez fiancé(e) avec quelqu’un dont vous être très amoureux(se). Il se trouve que vous devez passer six mois sans vous voir, en étant séparés géographiquement. Au bout d’une semaine ou deux, étant très pris par votre travail, vos pensées sont un peu moins occupées par votre fiancé(e), mais cela ne veut pas dire que vous êtes moins amoureux(se). D’ailleurs, un jour, vous lui envoyez une longue lettre d’amour où vous lui racontez toutes vos occupations, et où vous lui écrivez un magnifique poème. Vous l’envoyez en prioritaire, et vous faites le calcul : dans deux jours, il (elle) recevra la lettre. Ce jour vient, et curieusement, ce jour-là, vous pensez beaucoup à lui (elle), car vous savez, pour sûr, qu’il (elle) est en train de penser beaucoup à vous en raison de cette lettre ! Votre cœur bat un peu plus vite, vos sentiments sont très présents à votre esprit, et finalement, toute votre journée est conditionnée par le fait de savoir que votre fiancé(e) pense tout spécialement à vous. Parce que vous êtes présent(e) à ses yeux et à son esprit par le moyen de cette lettre.
Et de façon similaire, ça peut changer beaucoup de chose dans notre vie, si nous nous rendons compte que Dieu pense tout spécialement à nous, chaque jour, parce que nous sommes présents à ses yeux et à son esprit par le moyen de quelqu’un qui nous représente auprès de lui.
Et depuis la venue de Jésus, ce ne sont plus des prêtres qui représentent les croyants auprès de Dieu, dans un temple, mais c’est Jésus lui-même, le Fils de Dieu, qui représente les croyants auprès de son Père, au ciel ! Ce que je veux dire par là, c’est que dans nos moments de solitude spirituelle, Dieu n’est pas juste « là », conscient de notre situation, en raison de son omniprésence et de son omniscience, mais il est « là » et tout-à-fait attentif à notre situation en raison de son amour pour son Fils.
Si tu es attaché à Jésus par la foi (si petite soit-elle), et bien même dans tes moments d’incrédulité, de lutte, de chute, dans ces moments où tu as l’impression de t’être éloigné d’un million de km de Dieu, sache que le Fils bien-aimé de Dieu continue perpétuellement de te représenter auprès du Père, nuit et jour ; il loue Dieu à ta place, et il prie Dieu à ta place, de sorte que Dieu continue perpétuellement de te porter son attention paternelle et bienveillante.
C’est curieux, mais le jour où vous savez que votre fiancé(e) est en train de lire votre lettre et votre poème, ce n’est pas le jour où vous allez être facilement tenté de lui être infidèle. Il (elle) pense à vous ! En quelque sorte, cette lettre fait de vous l’objet de son attention particulière et vous le savez !
Et si tu aimes Jésus, tu fais constamment l’objet de l’attention particulière de Dieu, ne l’oublie pas ! Tu es devant ses yeux constamment. Vous voyez ce que ça peut changer, de se rendre compte que les croyants sont constamment représentés auprès de Dieu, et par conséquent, que Dieu est constamment attentif aux croyants ?
Nous avons tellement besoin d’être convaincus que Dieu nous porte cette attention constante ; et pas juste l’attention d’un juge redoutable qui nous surveille nuit et jour, mais surtout l’attention dévouée d’un Père qui aime son Fils. Et cela nous amène au deuxième point.
La seconde partie de ce psaume est destinée à nous faire comprendre que les croyants sont non seulement constamment représentés auprès de Dieu, mais qu’ils sont constamment valorisés auprès de Dieu, et par conséquent, que Dieu est constamment propice aux croyants.
Dans le texte, ce sont les prêtres qui prennent la parole, pour invoquer la bénédiction de Dieu sur les croyants, qui s’apprêtent à quitter Jérusalem. Ici, l’auteur du psaume veut que les croyants se rendent compte que les prêtres vont non seulement continuer de représenter le peuple auprès de Dieu, mais qu’ils vont aussi plaider auprès de Dieu pour la bénédiction du peuple. Autrement dit, cher Israélite, souviens-toi chaque jour qu’il se passe un truc à Sion : tu es représenté auprès de Dieu et tu es valorisé auprès de Dieu par les prêtres. Ils prient en ta faveur, ils demandent sans relâche la bénédiction de Dieu sur toi, la bénédiction du Dieu tout-puissant, depuis Sion.
L’auteur du psaume veut que les croyants, malgré la routine de leur vie quotidienne, malgré la distance qui les sépare de Jérusalem, puissent penser à Sion comme à ce lieu d’où provient perpétuellement la bénédiction de Dieu par l’intermédiaire des prêtres.
Et que font les prêtres pour que Dieu soit à ce point propice à son peuple ? Ils offrent constamment des sacrifices pour expier les péchés du peuple, et ils prient constamment en faveur du peuple.
Et nous savons que ces sacrifices et cet office des prêtres sont devenus obsolètes le jour où un sacrifice parfait a été offert une fois pour toutes par un prêtre parfait, qui plaide maintenant parfaitement en faveur du peuple. Ce jour, c’est le jour où Jésus est mort sur la croix à place des croyants (de tous les croyants de toutes les époques), pour expier tous leurs péchés. Jésus a donc été à la fois le prêtre parfait et le sacrifice parfait.
Mais il n’a pas seulement expié les péchés des croyants ; il est aussi ressuscité, et il est monté auprès du Père où il se tient maintenant, et où il plaide parfaitement en faveur des croyants. Maintenant même, il est en train de prier : « Père, toi qui es le Créateur de l’univers, bénis Alex depuis ton temple céleste ; bénis Hélène, bénis Denis, bénis Gilles, bénis Yi-Hsuan depuis ta demeure dans le ciel, non pas parce qu’ils le méritent par eux-mêmes, mais parce que j’ai expié leur désobéissance, et tu leur as imputé mon obéissance. »
Si vous êtes attaché à Jésus par la foi (si petite soit-elle !), Dieu n’a pas seulement pardonné toutes vos fautes, passées et futures, mais en plus, il vous est propice ! C’est-à-dire que ton compte en banque qui était à découvert d’un million d’euros, il ne l’a pas seulement ramené à zéro, mais il l’a aussi crédité de dix millions d’euros ! Il n’a pas seulement pardonné tes fautes, mais il t’a aussi béni « de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Ép 1.3) !
En dépit de tes moments de solitude spirituelle, quand tu as l’impression d’être un mauvais chrétien, quand tu doutes, et luttes, et chutes, et te détestes toi-même, quand Dieu est loin de tes yeux et de ton cœur, Dieu est quand même en train de dire du bien de toi, depuis sa demeure dans le ciel ! Il t’est propice, en vertu de Jésus, qui le lui demande.
Dans le film « Bruce tout-puissant » (un film à regarder avec discernement !), il y a une scène très intéressante. Bruce est un homme odieux, et un jour, il s’est montré parfaitement détestable envers sa fiancée ; celle-ci l’a même surpris en flagrant délit d’infidélité. Elle le quitte, et Bruce se retrouve désemparé, en proie au remords, mais sans espérance. Bientôt, il découvre que son ex-fiancée prie tous les jours pour lui ; et de façon surnaturelle, il est capable de voir ce qui se passe un soir, chez elle, dans sa chambre. Il la découvre assise sur son lit, en sanglots. Mais ce ne sont pas des larmes de colère, ni des larmes d’amertume : ce sont des larmes de compassion. Elle ne pleure pas pour elle ; elle pleure pour Bruce. Et tout en pleurant, elle prie pour lui, elle prie en sa faveur, pour que Dieu l’aide, lui donne des réponses à ses questions, lui fasse du bien. Devinez comment s’appelle cette femme : Grace.
Vous l’avez compris, c’est une image de la grâce de Dieu en faveur des croyants, une image de Jésus qui plaide pour nous, qui prie pour nous, jour et nuit, malgré notre infidélité, et même à cause d’elle. Bruce n’est plus le même homme après qu’il ait compris que Grace continuait de dire du bien de lui malgré ses fautes.
Et toi, as-tu compris que dans tes pires moments de solitude spirituelle, Jésus continue d’être le garant de ta bonne réputation au ciel ? Voilà pourquoi je disais que les croyants étaient non seulement constamment représentés auprès de Dieu, mais qu’ils étaient aussi constamment valorisés auprès de Dieu, et par conséquent, que Dieu leur était constamment propice.
Pour conclure. Si Jésus est l’objet de ton amour (si faible et fragile soit-il, cet amour !), il y a quelque chose que tu dois savoir, et dont tu dois te souvenir en quittant ces lieux, en te séparant de tes amis de l’église, au moment où tu t’apprêtes à affronter une nouvelle semaine dans le monde, et à affronter une fois de plus tes doutes, tes lâchetés, tes mauvaises habitudes, bref, ta propre nature ! Il se passe un truc à Sion. Même quand tu n’es pas là. Un truc de la plus haute importance et qui t’est bénéfique. Un truc qui prouve que même si Dieu est loin de tes yeux et donc de ton cœur, toi, croyant, tu es constamment devant les yeux de Dieu, et toujours près de son cœur.
Qu’est-ce qui se passe à Sion ? Jésus, le Fils de Dieu, est notre souverain prêtre et il accomplit fidèlement son office. Parce que Jésus est auprès du Père et qu’il nous représente et nous valorise auprès de lui, nous pouvons être certains que Dieu pense à nous et qu’il nous porte constamment une attention particulière, remplie d’amour et de sollicitude. Et en plus il nous est propice ! Il est attentif à nos souffrances, à nos doutes, à nos découragements, à nos luttes et à nos péchés ; et il continue de nous aimer !
Oui, tu es devant ses yeux constamment, et toujours près de son cœur ; toi tu t’éloignes, mais lui ne te lâche jamais du regard ni de sa main.
Courage donc, lorsque tu es seul au lever du lit et que tu n’as pas envie d’ouvrir ta Bible ; courage lorsque tu es seul au travail ou à l’école et que tu es incité à imiter le comportement de tes collègues ou de tes camarades ; courage lorsque tu es seul chez toi et qu’aucun autre chrétien ne va t’entendre t’emporter contre ta femme, ton mari ou tes enfants ; courage lorsque tu es seul devant ton ordinateur et que tu luttes pour ne pas cliquer sur ce lien qui va blesser si profondément ton esprit et ta conscience.
Courage, d’autant plus que Dieu continuera de dire du bien de toi, même quand tu aurais chuté ; il continuera de te bénir, car c’est Jésus qui le lui demande ; il continuera de te réserver ta place dans son royaume, pour l’éternité. Tu peux le croire, et maintenant, laisse cette vérité te transformer : tu es constamment devant les yeux de Dieu, et toujours près de son cœur.