Comment savoir si quelqu’un vous aime ? Comment est-ce que vous évaluez l’amour d’une personne ? Est-ce que c’est parce qu’elle vous le dit, par le temps que la personne vous consacre, par les cadeaux qu’elle vous offre, ou simplement parce qu’elle vous fait du bien ?
Dans le texte que nous allons lire, Dieu affirme son amour et il prouve son amour au peuple d’Israël d’une manière qui va peut-être vous surprendre car le texte a été écrit il y a près de 2500 ans dans un autre contexte culturel. Nous allons lire un texte dans le livre du prophète Malachie qui est le dernier livre de l’Ancien Testament et qui est véritablement la transition entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Nous allons étudier ce livre dans les prochains mois, et nous allons voir que Dieu se présente dans le livre de Malachie comme un Dieu fidèle à son alliance face à un peuple ingrat. C’est le thème de ce livre prophétique où Dieu fait une sorte de bilan de l’état spirituel du peuple qu’il avait choisi. Par l’intermédiaire de Malachie Dieu va dresser le bilan de l’alliance qu’il avait conclue avec le peuple d’Israël. Nous allons lire les 5 premiers versets du premier chapitre de Malachie qui vont être en quelque sorte une introduction à l’étude de ce livre.
Avant de voir comment Dieu va déclarer et prouver son amour on va regarder pourquoi est-ce qu’il a besoin de le prouver. La raison, c’est que son amour est contesté.
Nous le voyons dès le verset 2 à travers la réponse du peuple à l’affirmation de l’amour de Dieu.
Le peuple répond : « En quoi nous as-tu aimés ? », l’air de dire : il ne suffit pas de l’affirmer parce que nous pensons que tu ne nous aimes pas. Ils remettent en question l’affirmation de Dieu.
Et vous allez voir que Malachie est construit autour de débats entre Dieu et son peuple. Le livre se présente comme un dialogue où Dieu affirme des choses, le peuple les conteste, et Dieu va donc prouver ce qu’il a affirmé. Il y a dans ce livre 6 débats successifs au cours desquels le peuple d’Israël conteste l’affirmation ou le constat de Dieu.
Ils contestent l’amour de Dieu pour deux raisons :
- La première raison est à rechercher dans le contexte historique.
Le livre de Malachie a été écrit au milieu du Ve siècle avant J.-C. (environ 450 ans av. J.-C.), pendant la période qui a suivi l’exil. Et pour comprendre ce qu’est l’exil nous allons remonter le temps au niveau chronologique. Dieu avait conclu une alliance avec Abraham et ses descendants Isaac et Jacob. Jacob est le père des douze tribus d’Israël qui se sont installés en Égypte, où le peuple a finalement été réduit en esclavage. Dieu avait promis à Abraham que ses descendants habiteraient le pays de Canaan (la Palestine) et après les avoir libérés de l’oppression égyptienne par l’intermédiaire de Moïse, Dieu leur a permis de conquérir le pays promis, et ils se sont installés dans cette région qui est devenue Israël. Les rois se sont succédés, et malgré l’envoi de prophètes, le peuple s’est éloigné de Dieu et de sa loi, au point que certains rois ont même sacrifié à des idoles leurs propres enfants ! Après les avoir avertis plusieurs fois, Dieu a puni son peuple et il a utilisé les Assyriens pour emmener les 10 tribus du Nord en captivité (en -722), et une centaine d’années plus tard (en -605), il a utilisé les Babyloniens pour emmener la tribu de Juda (et Benjamin) en captivité pendant 70 ans. C’est ça l’exil. C’est la captivité ou la déportation du peuple.
Mais Dieu est fidèle à son alliance donc il a permis qu’une partie du peuple puisse revenir à Jérusalem avec Zorobabel qui a fait reconstruire le temple qui avait été détruit, et sous Esdras et Néhémie ce sont les murailles et la ville de Jérusalem qui ont pu être rebâties. Malachie est probablement un contemporain de Néhémie et il s’adresse à l’ensemble du peuple revenu de l’exil, qu’il appelle Israël.
Je vous ai fait presque 2000 ans d’histoire en quelques phrases et vous vous dites peut-être : de quoi se plaint le peuple ? Dieu les a punis pour leurs péchés ce qui n’est que justice, mais il a quand même permis un retour du peuple dans le pays promis, il a assuré la restauration du temple et de la ville de Jérusalem. Il leur a à nouveau fait grâce. De quoi se plaignent-ils ?
Leur vie n’était pas comme avant. Oui ils étaient à nouveau dans le pays promis, mais sous la tutelle d’une nation étrangère (l’empire perse), et puis ce 2e temple n’avait pas la beauté et le faste du temple de Salomon, et le peuple était pauvre et le pays était peuplé d’étrangers. Le peuple regarde le verre à moitié vide et donc il se plaint, il se comporte comme un enfant gâté qui n’est pas satisfait, qui en veut plus et qui conteste même l’amour de ses parents.
Et nous est-ce que c’est comme cela que l’on se comporte vis-à-vis de Dieu ? Est-ce que l’on regarde toujours à ce que l’on n’a pas, à ce que l’on désire (le verre à moitié vide) au lieu de regarder toutes les bénédictions que nous avons déjà reçues de Dieu, la vie, la santé, la sécurité, la prospérité (le verre à moitié plein). Dieu ne nous doit rien, tout ce que l’on a est une grâce (et déjà rien que le fait d’être vivant). Soyons vigilants à être reconnaissants et à ne pas réagir comme des enfants gâtés qui demandent des comptes et font des reproches à chaque adversité, à chaque difficulté.
- La deuxième raison de la remise en question de l’amour de Dieu c’est le péché du peuple, le péché de l’homme.
Quand on conteste ce que Dieu dit, on s’oppose à Dieu. Le peuple est simplement en train de révéler au grand jour sa rébellion et son péché. Cette réponse du peuple est typique de la chute et du péché. L’homme met en doute l’expression de la grâce et du don de Dieu. Dieu leur dit qu’il les aime et ils remettent sa parole en question, ce qui devrait nous rappeler ce qui s’est passé dans le jardin d’Éden tel que cela est décrit dans le livre de la Genèse. Dieu donne à Adam et Ève tout ce dont ils ont besoin. Il les bénit richement et il leur demande seulement de ne pas manger du fruit d’un seul arbre. Mais le diable déguisé en serpent va remettre en question la parole de Dieu, et nos ancêtres vont succomber à cette tentation et désobéir à Dieu. Par leur rébellion ils vont tourner le dos à l’amour de Dieu. Et nous vivons encore aujourd’hui les conséquences de ce péché originel, de ce doigt d’honneur fait à Dieu, de cette offense et cet affront à Dieu. On voit dans cette réaction du peuple l’ingratitude de l’homme et les conséquences du péché.
Le péché a des conséquences. Le péché originel met un obstacle dans la relation entre Dieu et les hommes car Dieu ne peut pas supporter le péché. La répercussion de nos fautes, de nos mauvaises actions, de nos mauvaises pensées, est énorme car Dieu qui est juste et saint ne peut pas laisser le péché impuni, et la Bible nous dit que la conséquence ultime du péché c’est la mort, c’est d’être privé de la vie éternelle. La répercussion du péché dans le cas du peuple d’Israël a conduit à la déportation de la nation, à la destruction du temple, au massacre de la population, au pillage, à la ruine.
Le péché a des conséquences dans notre vie aussi, et quand nous y faisons face, nous ne devrions pas tourner le poing vers Dieu pour lui faire des reproches, mais plutôt rentrer en nous-mêmes pour lui demander pardon et nous approcher de lui dans une attitude de repentance.
Malachie place cette contestation dans la bouche du peuple car le peuple devait murmurer contre Dieu, se plaindre et mettre en doute la bienveillance, les soins et l’amour de Dieu.
Face à cette accusation, Dieu réaffirme son amour pour son peuple et il le fait de deux manières.
- Et la première, c’est qu’il leur envoie un messager.
Dieu leur envoie un prophète qui va parler en son nom. Il aurait pu les ignorer et se détourner d’eux mais Dieu prouve son amour en restant dans la relation, en restant fidèle même si le peuple lui est infidèle. Ça c’est déjà une preuve d’amour.
Aujourd’hui on enverrait un SMS, un email ou une lettre si on est un peu plus old-school. Dieu, lui, il envoie une personne pour le représenter, pour être son intermédiaire, pour transmettre son message. La version dite à la Colombe traduit le premier verset ainsi : « Parole de l’Éternel adressée à Israël par l’intermédiaire de Malachie » (v. 1). Malachie n’est qu’un instrument car c’est Dieu qui parle.
D’ailleurs, le nom Malachie veut dire en hébreu : « mon messager » ou « mon ange ». Ce nom assez unique dans la Bible a fait dire à certains qu’il s’agissait d’un nom d’emprunt, d’un surnom, ou de l’abréviation d’un nom. Mais nous n’avons pas de raisons de douter qu’il s’agit bien du prénom personnel du prophète. Il commence son livre comme tous les autres prophètes (voir Zacharie 1.1, Aggée 1.1, Habaquq 1.1, Abdias 1, etc.). Et même si nous n’avons pas d’informations précises sur la date de rédaction, sur sa personne, sur sa généalogie, c’est le cas d’autres prophètes (Habaquq et Abdias notamment), donc nous n’avons pas de raisons de douter de l’authenticité de ce nom. Et il n’était pas rare à cette époque que la signification du nom de la personne traduise une réalité sur sa vie. Jacob pour le citer veut dire : « le supplanteur » ou « l’usurpateur », or il a piqué le droit d’aînesse à son frère Ésaü. Il n’est donc pas étonnant que le nom Malachie représente parfaitement ce qu’il allait faire, à savoir être un messager.
- La deuxième manière par laquelle Dieu affirme son amour c’est en le disant tout simplement au verset 2. « Je vous ai aimés, dit l’Éternel » (v. 2). « J’ai aimé Jacob » (v. 2). Le temps du verbe n’est pas du passé, ou du moins c’est du passé qui est vrai aussi dans le présent : Je vous ai aimé et je vous aime encore.
On ne peut pas deviner qu’une personne nous aime si elle ne nous le dit pas. Il peut y avoir des signes qui montrent que vous êtes aimés, mais il faut parfois l’entendre et le dire aussi clairement que Dieu le fait dans ce passage : « Je t’aime ». Je propose qu’on réfléchisse aux personnes que nous aimons et à qui nous ne l’avons pas dit récemment. Nous l’avons peut-être montré mais nous ne l’avons pas dit, et un doute peut s’installer. Alors quand nous rentrerons chez nous tout à l’heure, on pourra leur dire, comme ça ils n’auront pas besoin de lire entre les lignes. Je vois au cabinet des gens qui souffrent parce que leurs parents ne leur ont jamais affirmé qu’ils les aimaient. C’est terrible de ne pas être aimé ou de ne pas se sentir aimé.
Dieu affirme son amour sans ambiguïté mais cela peut paraître étonnant parce que le premier mot de ce livre, et dont je n’ai pas encore parlé, c’est le mot oracle (v. 1) qui est traduit dans la version Colombe par menace car c’est un terme hébreu qui signifie une charge, un fardeau, quelque chose de lourd à porter. Mais ce n’est pas contradictoire avec le fait que Dieu dise juste derrière qu’il les aime. Parfois on dit je t’aime dans les larmes, tout en pleurant, et ayant quelque chose de difficile à dire à la personne. Ça pourrait sembler paradoxal mais c’est justement parce que Dieu les aime qu’il ne veut pas les laisser s’endurcir et s’autodétruire. Malachie a un message difficile à transmettre. Oui il va parler d’amour mais d’un amour qui n’est pas réciproque. Nous verrons dans la suite de l’étude de ce livre à quel point les Israélites méprisaient Dieu, et qu’ils n’aimaient pas Dieu, de tout leur cœur, de toute leur âme et de toute leur force comme ils y avaient pourtant été invités en Deutéronome 6.5.
Et puisque le peuple ose même remettre en question l’amour de Dieu, Dieu ne va pas se limiter à leur dire qu’il les aime et il va leur donner des preuves objectives de son amour. Il ne suffit pas toujours de dire je t’aime parce qu’on peut avoir des définitions différentes de ce qu’est l’amour. Quand un homme dit à son amoureuse « je t’aime » et qu’il la quitte le lendemain, qu’il la blesse profondément peu de temps après ou qu’il la trompe, elle est en droit de se demander sur quoi était fondée cette déclaration d’amour. Pour certains, l’amour est simplement un vague sentiment ou une émotion passagère.
Et vous avez peut-être trouvé dans l’une ou l’autre des papillotes des dernières fêtes de fin d’année cette citation du poète Pierre Reverdy : « Il n’y pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Dieu va démontrer son amour, il va leur donner des preuves aux versets 2 à 4.
- La preuve principale c’est l’élection inconditionnelle d’Israël, le fait que Dieu a choisi Jacob qui est le père de la nation d’Israël.
Il n’a pas choisi Jacob parce qu’il le méritait mais par pure grâce. Dans l’ancienne alliance on appelle souvent le peuple d’Israël le peuple élu, parce que Dieu a choisi Jacob et ses descendants, au détriment des autres peuples, et notamment au détriment de son frère Ésaü et de ses descendants les Édomites. Ce choix est un choix libre dépendant uniquement de la volonté de Dieu, de sa souveraineté. Ce passage de Malachie est cité dans le Nouveau Testament dans l’Épitre aux Romains, chapitre 9, pour illustrer le fait que Dieu seul est à l’initiative en ce qui concerne ce choix, et que même le salut d’un homme ou d’une femme ne dépend d’aucun mérite personnel. C’est pour cela que l’on parle d’élection inconditionnelle. Ce choix ne dépend que de Dieu. Ce choix ne dépendait pas de Jacob, Jacob n’a rien fait, nous n’avons rien fait non plus pour être désirables. Mais je ne vais pas commenter Romains 9, et plutôt me concentrer sur ce qui est dit dans Malachie notamment par la formulation : « J’ai aimé Jacob et j’ai eu de la haine pour Ésaü. »
Cette affirmation nous choque forcément dans la bouche de Dieu qui est amour (voir 1 Jean 4.8), mais il ne faut pas associer la haine décrite dans ce verset au sentiment humain négatif qui est d’ailleurs réprouvé/condamné dans l’Écriture (voir 1 Jean 3.15 : « Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. »). Il faut plutôt voir dans cette formulation une manière hébraïque d’exprimer la préférence, le choix. On retrouve la même idée en Luc 14.26 quand Jésus dit « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Jésus n’est pas en train de dire qu’il faut avoir de la haine pour sa famille pour devenir son disciple. C’est plutôt une manière hébraïque d’exprimer la priorité. Jésus dit qu’il doit avoir la priorité dans le cœur de ses disciples, et que notre amour et notre allégeance pour Lui doivent être supérieurs à tous les autres. Notre attachement à Jésus et notre amour doivent être tellement intenses, que tout le reste, toutes les autres relations, doivent ressembler à de la haine, comparées à cet amour immense.
Il faut plutôt voir dans cette formulation (de l’amour pour Jacob et de la haine pour Ésaü) l’expression du choix de Dieu, de l’engagement de Dieu qui est une preuve de son amour. D’ailleurs la traduction Semeur a traduit : « J’ai écarté Ésaü », ce qui correspondrait plus à la manière dont on formulerait les choses aujourd’hui.
Dans cette idée, on pourrait dire que la jour où j’ai épousé Maïlys et où l’on s’est engagé l’un pour l’autre, j’ai aimé Maïlys et j’ai eu de la haine pour toutes les autres femmes (je les ai écartées), mais il ne faut surtout pas le prendre personnellement parce que ce qui s’est passé ce jour-là, c’est que j’en ai choisi une parmi toutes les autres et cette femme élue s’appelle Maïlys. D’ailleurs quand elle me demande si je l’aime, je lui réponds souvent en lui disant : « Souviens-toi du 5 juillet 2014 », pour lui rappeler l’engagement que nous avons pris le jour de notre mariage. Ce choix est une preuve de mon amour parce que le mariage est une alliance. Ce n’est pas toujours suffisant pour répondre à sa question car elle a besoin que je renouvelle cet engagement, et comme Dieu le fait dans ce passage, elle a aussi besoin que je lui dise à nouveau : « Oui je t’aime ».
La première preuve que Dieu donne à Israël c’est qu’il l’a choisi. Aimer, c’est choisir d’aimer et rester fidèle à cet engagement, et c’est ce que Dieu a fait dans l’histoire du peuple hébreu. Le prophète Jérémie nous dit même que cet amour de Dieu envers Israël est éternel (Jérémie 31.3). Il n’est pas question là d’une émotion passagère. L’amour et la haine qui sont décrites ne correspondent pas vraiment à des émotions mais sont plutôt des termes qui décrivent un engagement.
- Dieu leur donne une autre preuve par la comparaison avec Édom (le peuple issu d’Ésaü).
Dieu veut montrer comment se manifeste encore aujourd’hui (à l’époque de Malachie) son amour pour Jacob, son choix pour Jacob. Le peuple doute de l’amour de Dieu parce qu’il voit sa situation précaire et peu glorieuse, le pays est dévasté, habité par des étrangers, Jérusalem n’a plus le faste qu’elle avait, elle est sous la tutelle de l’empire perse, le peuple est pauvre. Le peuple ne voit que ça.
Et Dieu montre à Israël le sort de son frère-ennemi Édom aux versets 3 et 4 : Regarde le sort d’Édom qui ne fait pas partie de mon alliance. Le royaume d’Édom qui s’était retrouvé sous la tutelle de l’Assyrie, puis de Babylone a lui aussi été envahi au début du Ve siècle avant J.-C. par une nation arabe, les Nabatéens, qui ont chassé la population d’Édom plus au nord dans un territoire à la frontière de la Judée et qui a pris le nom d’Idumée. Cette province est passée sous différentes tutelles étrangères et a été inclus dans le royaume de Judée gouverné à l’époque de la naissance de Jésus par Hérode le Grand qui venait justement de ce peuple des Iduméens ou des Édomites.
Dieu rappelle à Israël aux v. 3 et 4 qu’Édom a été chassé de son territoire : « J’ai fait de ses montagnes une solitude, j’ai livré son héritage aux chacals du désert. » (v. 3) À l’époque de Malachie le pays est en ruines, et le peuple d’Édom reconnaît sa défaite : « Nous sommes détruits. » (v. 4) Et s’il a l’orgueil de croire qu’il pourra revenir sur ses terres, dans les montagnes de Séir, je l’en empêcherai, dit l’Éternel. « Qu’ils bâtissent, je renverserai » (v. 4), je ferai échouer leur projet. Et cette prophétie s’est accomplie (voir aussi Ézéchiel 35.3 et 7, Jérémie 49.10-18, Joël 3.19). Jamais les Iduméens n’ont pu revenir sur leur territoire initial et ils ont même été complètement anéantis par les armées romaines de Titus à la fin du Ie siècle de notre ère. Et ce peuple n’existe plus aujourd’hui, ce qui n’est pas cas des Juifs.
Et si l’Éternel s’est irrité contre Édom (v. 4), c’est parce qu’Ésaü leur ancêtre avait méprisé l’alliance en troquant son droit d’aînesse contre de la nourriture (Genèse 25.27-34) et en épousant des femmes étrangères (Genèse 26.34 et 28.9). Les Édomites avaient refusé le passage aux Hébreux qui fuyaient l’Égypte (Nombres 20.17) et ils avaient aidé et soutenu les Babyloniens lors de la destruction de Jérusalem en 586 avant J.-C. (voir Abdias, Psaumes 137.7). Le sort des Édomites n’est que justice, car Dieu est patient mais il finit par punir les fautes en l’absence de repentance.
Le peuple d’Israël regarde le verre à moitié vide, il regarde ses difficultés présentes qui ne sont que le résultat de son infidélité et de son péché. Israël oublie le passé et la grâce que Dieu vient de leur faire dans le temps présent. Car contrairement à Édom, Dieu a rendu à Israël son existence nationale, sa patrie et même son culte à travers la reconstruction du temple. Et pour prouver son amour fidèle et constant, Dieu leur montre la destinée du peuple qu’il n’a pas choisi. Dieu démontre son amour en pointant la différence qu’il a mise entre le sort d’Israël, et celui d’un peuple qui était aussi bien descendant d’Abraham et d’Isaac et qui aurait pu prétendre aux mêmes droits et aux mêmes bienfaits qu’eux.
C’est un peu comme si je répondais à Maïlys qui me demande si je l’aime : Bien sûr que je t’aime, je ne passe des temps de qualité avec aucune autre femme que toi, je ne cherche à entretenir de relation avec aucune autre que toi. Regarde le sort des autres femmes, tu es toi seul l’objet de mon alliance, de mon choix et de mon amour conjugal.
Le début de restauration qu’ont connu les Judéens alors que le royaume d’Édom se trouve définitivement anéanti est la preuve de cet amour de Dieu qu’il a manifesté en faisant alliance avec les patriarches et leurs descendants. En Deutéronome 7.6-8 nous lisons :
« Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. Mais, parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos pères, l’Éternel vous a fait sortir par sa main puissante, vous a délivrés de la maison de servitude, de la main de Pharaon, roi d’Égypte. Sache donc que c’est l’Éternel, ton Dieu, qui est Dieu. Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde jusqu’à la millième génération envers ceux qui l’aiment et qui observent ses commandements ».
C’est cette alliance qui fait la différence entre le sort d’Israël et celui d’autres peuples.
Et si vous vous dites que c’est injuste pour Ésaü, il faut se rappeler que ni Jacob (Israël), ni Ésaü (Édom) ne méritent l’amour de Dieu. Les deux méritent la destruction et la mort à cause de leur infidélité, de leur rébellion, de leur péché. Dieu n’est pas obligé de faire miséricorde. La question à poser n’est pas pourquoi : Ésaü n’a-t-il pas été choisi ? Mais plutôt : Pourquoi est-ce que Dieu a aimé Jacob ? Jacob n’était pas plus aimable, il est même décrit comme rusé, fourbe et faisant preuve de duplicité. Dieu n’avait pas de raison de le choisir plus qu’Ésaü. Et je me garderai de faire une comparaison avec mon mariage pour illustrer ce point, mais vous voyez l’idée. Nous ne savons pas pourquoi Dieu a choisi Jacob.
Paul pose la question en Romains 9.14-16, 20-21 :
« Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. […] Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? »
Dieu et ses choix sont bien au-dessus de nos pensées et de notre compréhension, et nous sommes invités à reconnaitre la souveraineté de Dieu sur ses créatures, à lui faire confiance et à le remercier pour son amour immense et immérité.
Le peuple d’Israël est invité au verset 5 à regarder avec ses yeux ce qui se passe, à contempler la distinction entre les destins d’Israël et d’Édom, à l’époque de Malachie, et cela devait les encourager à louer Dieu pour sa miséricorde qui est totale, pour son amour, pour sa grandeur et sa souveraineté qui se manifestent sur toute la terre, au-delà des frontières d’Israël.
L’amour de Dieu dépasse les frontières d’Israël, sa souveraineté s’étend sur toute la terre. L’alliance que Dieu avait conclue avec Abraham, Isaac et Jacob dans la Genèse incluait cette parole : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité. » (Genèse 26.4, voir aussi Genèse 12.3 et 28.14). Si Dieu a choisi Abraham, Isaac, Jacob et le peuple d’Israël dans l’ancienne alliance c’est pour que le messie promis naisse au sein de ce peuple. Et Dieu a été fidèle jusqu’au bout à cette alliance.
Après le ministère du prophète Malachie, il y a eu plus de 450 ans de silence prophétique jusqu’à Jean-Baptiste, dont la venue est annoncée dans les derniers versets de Malachie et dont la mission était de préparer le peuple à la venue du messie, à savoir Jésus-Christ. Et quand le vieux Siméon a pris l’enfant Jésus dans ses bras dans le temple, cet homme juste et pieux, rempli de l’Esprit-Saint, s’est exclamé (Luc 2.29-32) :
« Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël, ton peuple. »
Le résultat de cet amour électif de Dieu c’est la naissance du messie qui est une bonne nouvelle pour le peuple d’Israël mais aussi pour toutes les nations. La preuve ultime de l’amour de Dieu, c’est la venue dans le monde de son Fils qui est venu sur cette terre pour mourir à la croix en portant le poids de nos fautes, en payant le prix de la condamnation de nos péchés, en donnant sa vie en sacrifice et en ressuscitant en vainqueur de la mort.
Nous lisons en Jean 3.16 :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »
La mort et la résurrection de Jésus sont la preuve ultime de son amour.
Romains 5. 6-11 :
« Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. À peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait-il pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. Et non seulement cela, mais encore nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation. »
Et vous pouvez encore aujourd’hui être réconcilié avec lui. Vous pouvez placer votre confiance dans la mort de Jésus à la croix qui est mort pour vos péchés, qui a payé le prix de nos fautes. Si votre relation avec Dieu n’est pas rétablie, je vous invite à le faire aujourd’hui. Vous pouvez recevoir l’amour de Dieu pour vous.
L’amour de Dieu est immense quand on considère ce qu’il accompli pour nous en Jésus. Soyons tout à nouveau émerveillés par son amour.