Quel effet cela vous fait de voir une situation injuste ? De voir un gangster qui a réussi à s’exiler aux Bahamas et qui y coule des jours heureux, de voir un criminel nazi finir sa vie paisiblement sans jamais être inquiété ou démasqué ? Et quand on a l’impression de subir soi-même une injustice, quel effet cela produit en nous ? On ressent de l’incompréhension, de l’amertume et parfois même de la colère.
Et si vous êtes chrétien aujourd’hui, vous comprendrez peut-être la réaction des contemporains de Malachie qui se tournent vers Dieu (au milieu du Ve siècle avant J.-C.) et qui lui demandent : mais où es-tu ? Où est le Dieu de la justice ? Où est ce Dieu qui ne peut pas supporter le mensonge, qui a en horreur le crime, et qui déteste toute forme de péché et d’immoralité ? Où est ce Dieu-là et que fait-il en ce moment ?
C’est la question que posent les habitants de Juda qui sont revenus de la captivité à Babylone, et qui croyaient retrouver la gloire et la prospérité comme au temps de Salomon. Mais au lieu de cela, ils se retrouvent sous la tutelle des Perses, et voient des étrangers, des ennemis de leur nation, qui adorent d’autres dieux et qui prospèrent paisiblement sur leur territoire. Et comme souvent dans l’histoire du peuple d’Israël, ils commencent à murmurer contre Dieu et même à l’accuser.
Nous allons continuer notre étude du livre de Malachie, qui est le dernier de l’Ancien Testament, et qui est comme une transition entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Par la bouche du prophète Malachie, Dieu fait le bilan de l’alliance qu’il avait conclue avec Israël et ses patriarches, et il annonce, dans les versets que nous allons lire, l’arrivée d’une personne, le messager de l’alliance.
Le livre de Malachie est construit comme un dialogue avec notamment six débats, qui contiennent chacun un reproche qui est fait à Dieu, et auquel il répond. Et nous abordons aujourd’hui le 4e débat, dans lequel Dieu répond au peuple qui l’accuse d’injustice : Dieu dit qu’il va venir pour purifier son peuple et pour juger le monde.
Commençons par regarder quel était le reproche formulé envers Dieu, et nous allons voir que ce problème correspond à un problème que rencontrent tous les êtres humains.
Dieu avait critiqué dans les chapitres précédents leur manque de consécration dans le culte et leur déchéance morale qui se manifestaient par excellence dans le mariage, que ce soit par des mariages illégitimes ou par l’infidélité à l’alliance du mariage (2.10-16). Le peuple a été mis face à sa faillite, mais au lieu de réagir par la repentance, il se cherche des excuses, il cherche à se justifier. Et la manière dont ils se justifient, c’est en accusant Dieu.
Si je paraphrase le verset 17, ils disent à Dieu : « Si nous n’avons pas été fidèle à l’alliance, c’est parce qu’on trouve que tu n’es pas juste. Regarde nos ennemis qui prospèrent dans le pays alors que nous sommes comme des vagabonds dans ce territoire que tu avais promis à nos pères Abraham, Isaac et Jacob. Nous voyons des gens méchants qui ne sont pas inquiétés. On se demande même si tu ne favorises pas les hommes mauvais au détriment du peuple de l’alliance. »
Ils reprochent à Dieu de ne pas punir le mal, en suggérant même que Dieu confond le bien et le mal (« Quiconque fait le mal est bon aux yeux de l’Éternel, et c’est en lui qu’il prend plaisir ! »). Et de façon sarcastique, ils demandent même si Dieu est capable d’être juste envers les méchants : « Où est le Dieu de la justice ? » (v. 17)
Le peuple d’Israël soulève en fait le problème de l’existence du mal et de la réponse de Dieu au mal. Si Dieu est juste, pourquoi le mal existe ? Et que fait-il contre le mal ? C’est une question importante à laquelle il est difficile de répondre. Mais nous voyons dans la manière dont la question est posée qu’ils réagissent face à la question du mal et de l’injustice dans le monde en levant le poing vers Dieu. Ils cherchent un coupable extérieur à eux-mêmes, alors que le responsable du mal c’est l’être humain lui-même. Ils sont tout autant coupables que leurs ennemis, et ils méritent autant la condamnation de Dieu qu’eux.
Quand Adam et Ève premièrement se sont révoltés contre Dieu et lui ont désobéi, ils ont entrainé à leur suite toute l’humanité, sans exception. Et ce n’est pas parce que nous ne sommes pas directement responsables du péché d’Adam que nous ne sommes pas associés à ce péché. Nous continuons jour après jour à manifester notre rébellion envers Dieu par nos actes, par nos pensées, notre manque d’amour envers Lui.
On est dans le même bateau, tous les humains. On pourrait reprocher au capitaine du bateau (à savoir Adam) de nous avoir entrainés à sa suite, mais le problème reste là, la mauvaise direction a été prise et on fait partie de l’équipage. Qu’on le veuille ou non, nous sommes associés à la faute d’Adam et à ses conséquences. Et on ne peut pas en vouloir au constructeur du bateau (dans cette illustration il s’agit de Dieu) pour une faute commise par le capitaine. Il n’y avait pas de problème de conception. L’homme avait tout pour être heureux et pour vivre éternellement en harmonie avec Dieu, mais c’est l’homme qui a délibérément choisi de faire un mauvais usage du bateau et de ne pas respecter les règles de navigation qui avaient été fixées par le constructeur. Cet échec à suivre les instructions, c’est ce que la Bible appelle le péché, la rébellion contre Dieu (voir Genèse 1-3).
Toute l’humanité est dans la même galère, mais comment réagissons-nous alors que nous sommes entrainés dans cette galère ? On reconnaît nos fautes, ou on cherche à se justifier ?
Quand Dieu montrait aux Israélites leur fautes, ils répondaient en lui reprochant de ne pas punir les méchants et de faire preuve d’injustice. C’est gonflé ! Mais il est facile de réagir ainsi dans notre cœur, de se dire qu’on n’est pas si mauvais parce qu’il y en a d’autres qui sont pires. Il est facile de regarder aux autres, de se comparer et de s’auto-justifier. On voit très bien que les objections du peuple ne sont que des excuses. En réalité, ils ne cherchent pas à comprendre le problème et la cause du problème. Ils disent des énormités sur Dieu pour éviter de se soumettre à lui et de lui obéir. Et vous avez peut-être déjà rencontré des personnes qui accusent Dieu ou qui posent des questions qui sont parfois légitimes (du genre : si Dieu existe, pourquoi le mal ?) mais qui ne sont que des excuses pour ne pas croire, qui ne sont que des prétextes, car en fait c’est leur cœur qui ne veut de toute façon pas se soumettre à Dieu. C’est comme une diversion pour éviter de regarder le problème du mal en face. Comme un enfant qui répondrait à son père qui lui reproche d’avoir menti : « Oui, mais Apolline m’a cassé ma guitare ». Pointer du doigt quelqu’un d’autre ne permet pas de se dédouaner de sa propre faute.
Mais comme on dit parfois, la meilleure défense c’est l’attaque, et c’est ainsi qu’ont décidé de réagir les Israélites, à tel point que cela fatigue Dieu. Non pas que Dieu soit capable de ressentir de la fatigue mais plutôt qu’ils ont épuisé sa patience en remettant en doute sa toute-puissance, sa sagesse infinie, son omniscience, et son équité.
Dieu va répondre à leurs plaintes, mais pas de la manière à laquelle ils s’attendent. Le jugement de Dieu va venir mais il ne va pas s’abattre que sur les autres, sur leurs ennemis uniquement. Dieu a aussi l’intention de purifier son peuple et de juger les pécheurs de Juda. Et il annonce pour cela l’arrivée d’un messager qui va accomplir cette œuvre de purification.
Mais pour être exact il n’est pas question que d’une personne dans le verset 1 et les suivants, mais de deux personnes. Et la première personne dont il est question, c’est un messager qui va préparer le chemin de la deuxième personne.
Ce messager correspond à la voix qui crie dans le désert dans Ésaïe 40.3 :
« Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l'Éternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. »
Il va être appelé Élie au chapitre 4, verset 5, et les évangiles vont clairement identifier ce messager comme étant Jean-Baptiste, qui va préparer le terrain avant l’arrivée du messie. En Matthieu 11.10, Jésus va dire de Jean Baptiste :
« C'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. »
Jésus va citer ce verset de Malachie 3.1.
Et la deuxième personne dont il est question dans le verset 1, vous l’aurez compris, c’est Jésus lui-même, le messie. Mais ce qui est intéressant dans ce verset c’est que le messie est identifié à Dieu lui-même.
La personne qui parle, c’est Dieu, c’est l’Éternel des armées, celui qui est souverain sur tout l’univers, celui à qui toutes les armées des cieux obéissent. Et il dit que le messager, le précurseur va « préparer le chemin devant moi ». Il va préparer le chemin devant Dieu et « soudain entrera dans son temple le Seigneur (Adonaï) que vous désirez ». L’apparition du messie c’est celle de Dieu lui-même. Jésus le Fils de Dieu est Dieu, et c’est lui qui va venir établir le règne de Dieu sur la terre et qui va accomplir l’œuvre de purification dont il est question dans les versets 2-4.
Comment est décrite cette œuvre de purification ?
Dieu utilise plusieurs images :
- Celle du feu du fondeur : le feu permet de brûler les impuretés, et dans les mains d’un fondeur il permet d’opérer un tri entre le métal pur et ce qu’on appelle les scories, c’est-à-dire les impuretés qui sont présentes et que l’on veut éliminer. Dieu se présente comme un fondeur qui va s’asseoir au verset 3 pour fondre et purifier. Le feu utilisé n’est pas un feu ravageur qui va tout détruire sur son passage, c’est plutôt une œuvre très précise et personnalisée, réalisée par un artisan qui va prendre le temps nécessaire pour cet ouvrage, il va s’asseoir et suivre attentivement l’opération.
- Celle de la potasse des foulons. Ces deux termes ne vous disent peut-être pas grand-chose. Un foulon est une personne qui nettoie les vêtements et qui les blanchit à l’aide de savon de potasse. La potasse permettait de blanchir les vêtements sales et d’enlever les souillures qui les tachaient.
Qui fait l’objet de cette purification ?
Au verset 3, il est question en premier de purifier les fils de Lévi et de les épurer comme on épure l’or et l’argent. Les fils de Lévi sont les prêtres et les sacrificateurs, et ils étaient ciblés en premier car ils portaient une responsabilité particulière en tant que leaders spirituels dans l’égarement du peuple. Nous avons vu cela en étudiant le 2e débat en Malachie 1.6—2.9. C’est aussi vrai dans l’Église de Christ : ceux qui enseignent seront jugés plus sévèrement (Jacques 3.1) car l’enseignement prodigué peut conduire dans la vérité mais il peut aussi égarer son auditoire.
Dieu va donc s’attarder sur les responsables spirituels lévitiques mais c’est le peuple dans son intégralité qui est visé par cette œuvre purificatrice afin que l’offrande de Juda et Jérusalem soit agréable à l’Éternel (v. 4).
Quel est le résultat de cette purification ?
Cette œuvre de purification a pour but de purifier le peuple, en commençant par ses chefs, afin que le peuple tout entier rende à Dieu un culte qui lui soit agréable (v. 3-4). Ils n’offriront plus les offrandes indignes dont nous avions parlé précédemment (des bêtes aveugles ou boiteuses en Malachie 1.7-8), mais « ils présenteront à l’Eternel des offrandes avec justice » (v. 3), des offrandes conformes aux règles et présentées avec un cœur purifié.
Les offrandes et les louanges seront agréées parce que les cœurs et les vies des adorateurs auront été purifiés par Dieu.
Comment cette prophétie s’est-elle accomplie ?
Dieu a envoyé le précurseur, le messager qui a préparé les cœurs à la venue du messie. Jean-Baptiste a agi comme les messagers qu’on envoyait devant les monarques du Proche-Orient pour annoncer et pour préparer leur venue en faisant disparaître les obstacles éventuels. C’est d’ailleurs toujours ce que l’on fait avant les grandes réunions internationales comme les G7. On envoie des émissaires et des négociateurs qui vont préparer le terrain.
Jean-Baptiste a annoncé la visite de celui qui était plus grand que lui, et il a déroulé le tapis rouge en invitant ses contemporains à une attitude de cœur de repentance face à leurs fautes, afin qu’ils soient prêts à comprendre et à recevoir la grâce et le pardon purificateur que Jésus venait offrir. Et il est intéressant de noter que beaucoup de Pharisiens et de Saducéens (les responsables religieux de l’époque de Jésus) venaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, du baptême de repentance. Et Jean-Baptiste ne mâchait pas ses mots envers eux :
« Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens, il leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. » (Matthieu 3.7-11)
Et Jésus, le Fils de Dieu, le messie, est venu dans le monde pour accomplir cette œuvre de purification. Voici ce que déclare l’épitre aux Hébreux 9.24-28 :
« Christ n’est pas entré dans un sanctuaire [temple] fait de main d’homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. Et ce n’est pas pour s’offrir lui-même plusieurs fois qu’il y est entré, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang étranger ; autrement, il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde, tandis que maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seul fois pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seul fois, après quoi vient le jugement, de même Christ, qui s’est offert une seul fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut ».
C’est lui le messager de l’alliance, ou l’ange de l’alliance, qui est venu sur terre pour offrir sa vie en sacrifice, pour donner son sang en mourant à la croix, pour racheter nos fautes. Il permet à ceux qui placent en lui leur confiance pour le pardon de leurs péchés, d’être purifiés, d’être déclarés purs, d’être déclarés justes parce que le prix de la condamnation de leurs fautes est tombé sur Christ. C’est lui qui a porté cette condamnation.
Hébreux 9.14-15 :
« Le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera […] votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! Et c'est pour cela qu’il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis. »
Jésus, ce messager de la nouvelle alliance nous permet d’être sauvés des conséquences de nos fautes, c’est la bonne nouvelle de l’évangile dans laquelle je vous invite à plonger à nouveau les regards ce matin. Cette bonne nouvelle d’un Dieu qui vient rétablir la relation avec sa créature, d’un Dieu qui vient vivre parmi nous, qui vient mourir et ressusciter pour nous, pour vaincre la malédiction du péché et de la mort.
Si je reprends mon image du bateau en perdition dans la tempête, Jésus est venu prendre la place du capitaine et payer l’amende infinie de toutes les erreurs et infractions commisses par ce capitaine et son équipage. Et il est aussi venu pour redresser la barre et conduire à bon port, ceux qui placent leur confiance en lui, ceux qui veulent faire partie de son équipage.
L’œuvre de purification passe par la prédication de cet évangile. Et il est intéressant de noter qu’après la mort et la résurrection de Christ, les premiers disciples étaient des membres de la nation juive et que les prêtres juifs (les fils de Lévi) figuraient parmi les premiers disciples : « Une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi » nous dit Actes 6.7. Cette œuvre a commencé au sein de la nation juive, mais elle s’est étendue ensuite à tous les peuples, jusqu’aux extrémités de la terre, où la bonne nouvelle de l’évangile a été prêchée.
Mais il faut aussi rajouter que l’œuvre de purification du messie est aussi un processus. C’est tout au long de la marche chrétienne que Dieu accomplit cette œuvre du fondeur qui consiste à faire disparaître les impuretés, cette œuvre du foulon, du blanchisseur qui consiste à nous laver de nos impuretés et à nous rendre jour après jour d’avantage conforme à l’image parfaite du Christ.
Un commentateur [Alan Robinson] qui s’est penché sur les pratiques anciennes de fusion des métaux fait remarquer que le processus est terminé pour le fondeur quand il voit sa propre image reflétée à la surface du métal. Comme nous l’avons vu dimanche dernier en 1 Jean 3.2 :
« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. »
C’est là notre espérance, mais ce processus de raffinage est parfois douloureux. C’est parfois la fournaise de l’épreuve qui nous permet de grandir, qui permet à Dieu de nous émonder pour reprendre une autre image biblique, celle du vigneron qui coupe certaines parties de branches pour qu’elles portent plus de fruits. En 1 Pierre 1.6-7 :
« Maintenant, puisqu’il le faut, vous [êtes] attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l’épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus Christ apparaîtra. »
Cette œuvre purificatrice dont nous parlons sera parfaitement accomplie au retour de Christ, lors de sa seconde venue. Les deux venues sont presque vues comme un seul et même événement dans ces versets. Lors de la première, il a inauguré son règne, et lors de la seconde, il viendra l’établir pleinement et durablement. Ce retour sera aussi l’occasion du jugement final de Dieu.
C’est seulement au verset 5 que Dieu va vraiment répondre aux objections du verset 17. Vous vous souvenez, le peuple reprochait à Dieu de ne pas être juste : « Où est le Dieu de la justice ? »
Le voilà qui répond :
« Je m’approcherai de vous pour le jugement ».
Mais ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour eux. Ils posaient une question de manière ironique mais Dieu y répond très sérieusement. Oui, il viendra comme un juge et il jugera avec justice.
Et il répond aussi à leur première objection : Non, Dieu ne prend pas plaisir dans le méchant, et ce que Dieu a déclaré comme étant mauvais, reste mauvais aux yeux de Dieu. Et il cite un certain nombre de comportements qui sont explicitement condamnés dans la loi de Dieu et qui étaient probablement des fautes caractéristiques du temps du prophète, pour montrer qu’il n’a pas changé. Il n’a pas changé le mal en bien, ou le bien en mal. L’adultère est toujours en horreur à l’Éternel. Les pratiques occultes sous toutes leurs formes restent condamnées. Et le parjure, le fait de porter un faux témoignage contre son prochain, constitue encore une violation de la loi. Des peines sont d’ailleurs fixées par la loi pour ces 3 premiers péchés cités.
Les 3 péchés suivants nous montrent que Dieu s’intéresse à la justice sociale. Il souhaite que l’on paye les salariés avec un juste salaire, et en temps et en heure. Il désire que l’on prenne soin de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger. Parce que Dieu se présente dans la Bible comme leur défenseur (voir Psaumes 146.9, Deutéronome 10.17-18). En Proverbes 14.31, nous lisons :
« Opprimer le pauvre, c’est outrager celui qui l’a fait. Mais avoir pitié de l’indigent, c'est l’honorer. »
Vous voulez honorez Dieu ? Prenez soin des pauvres !
Dieu cite en dernier le manque de crainte de Dieu. Cette absence de crainte de Dieu est à l’origine de toutes les autres fautes citées. L’absence de crainte de Dieu, c’est le problème principal des personnes qui ont osé accuser Dieu d’être injuste au verset 17. Quand la Bible parle de craindre Dieu, il ne faut pas comprendre la crainte comme étant une peur mais comme étant un saint respect, un désir de se soumettre à Lui, à ses exigences et à sa loi.
Finalement l’idée principale de cette dernière partie (v. 5), c’est que le jugement final de Dieu s’abattra sur ceux qui ne le craignent pas.
Lors du retour de Christ, les morts resusciteront, et à l’issue de son jugement, il n’y aura que deux destinations éternelles et définitives : soit la vie éternelle dans la présence de Dieu (paradis), soit le châtiment éternel (enfer).
Il n’y aura pas de contestation parce que ceux qui aiment Dieu vivront l’éternité en sa présence, et ceux qui ne l’aiment pas, ceux qui ne le craignent pas, ne seront pas contraints de vivre l’éternité en sa présence. Ils vivront simplement comme ils avaient vécu sur terre, loin de Dieu, sans relation avec Lui, mais cela veut dire aussi loin de sa grâce et loin de ses bienfaits. Aujourd’hui, il fait encore « lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes », pour reprendre l’expression de Matthieu 5.45, mais ce ne sera plus le cas après son retour.
Un méchant ou un injuste pour Dieu, c’est quelqu’un qui ne s’est pas repenti de ses péchés, c’est quelqu’un qui n’a pas pris conscience de l’horreur de ses fautes, et qui ne s’est pas tourné vers Dieu pour lui demander grâce, pour lui demander de le pardonner. Il est toujours sous le coup de sa propre condamnation parce qu’il n’est pas couvert par la condamnation que Jésus a subie à sa place.
L’avenir des méchants en enfer est décrit comme le bannissement de la présence de Dieu. Quand la Bible parle de l’enfer, elle parle d’un lieu loin de la présence de Dieu. C’est un lieu de ténèbres où les humains et les démons seront face à leur rébellion, face à la gloire de Dieu, face à leurs remords mais sans possibilité de repentance, sans pardon possible, sans possibilité de revenir en arrière et de rembobiner le film. La condamnation sera définitive. Quelle tragédie ! Mais quelle justice ! Au jour du jugement, tout le monde reconnaîtra que Dieu est juste, les sauvés comme les perdus. Tout le monde reconnaîtra l’amour de Dieu envers ceux qu’il a sauvés, et la juste rétribution à laquelle le péché mène.
Personne ne contestera son juste jugement. Les incroyants n’ouvriront pas la bouche pour se trouver des circonstances atténuantes. Ils seront face à la gloire de Dieu, face à sa sainteté absolue, face à la gravité de leur péché et « toute bouche sera fermée » nous dit Romains 3.19. Il n’y aura rien à répondre à la sentence de Dieu. « Qui pourra soutenir le jour de ma venue ? Qui restera debout ? » (v. 2).
Ceux qui ne sont pas dans le navire dont Christ est le capitaine ne seront pas forcés à y rentrer. Il ne les obligera pas à aller au port auquel ils ne voulaient pas aller. Ceux qui voulaient conduire eux-mêmes leur navire, ceux qui ne voulaient pas de la main tendue de Dieu, ceux qui ne voulaient pas suivre les indications du constructeur du navire, ceux qui ne le craignaient pas et qui voulaient n’en faire qu’à leur tête sur cette terre, vivront également sans lui dans une tempête sans fin, pour le reste de l’éternité.
Cette doctrine de la justice de Dieu qui s’exerce ultimement par son jugement final n’est pas un message facile à entendre si vous n’êtes pas chrétien, mais c’est une invitation à faire dès à présent le choix qui est bon pour vous. La vie que nous menons sur terre conditionne notre destin futur. Les choix que nous faisons ont un impact éternel. Faites le bon choix maintenant. Mais ce n’est pas une doctrine facile à entendre pour les chrétiens non plus, parce que nous tremblons et nous pleurons pour ceux qui restent sous le coup du jugement de Dieu.
Alors pour terminer, je vais laisser le théologien Wayne Grudem nous donner 3 arguments pour nous aider à voir positivement la doctrine du jugement dernier et du châtiment éternel des méchants.
1/ Le premier argument répond justement à la problématique soulevée par ce texte, c’est que ces doctrines répondent à notre besoin de justice dans le monde.
L’univers créé par Dieu est juste, et au bout du compte, toutes les affaires seront réglées ; tout rentrera dans l’ordre. C’est rassurant de savoir qu’à la fin des temps la justice sera rendue par celui qui est la norme de la justice. Notre justice humaine est utile mais elle est imparfaite et certains y échappent, mais un jour le juste juge jugera avec équité chacune de ses créatures.
Un jour il rendra à chacun selon ses œuvres et il punira le pécheur. Cela répond à notre besoin de justice.
2/ Ces doctrines nous permettent de pardonner aux autres librement et de prier pour nos ennemis.
Car la vengeance et la rétribution appartiennent à Dieu, « c’est lui qui rendra à chacun selon son dû » (Romains 12.19). Nous pouvons nous en remettre entièrement à lui, pardonner à ceux qui nous offensent.
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. »
C’est ce que Jésus nous demande en Matthieu 5.44 par exemple.
3/ Elles sont un puissant encouragement à l’évangélisation.
Nos décisions ici-bas affectent notre destinée éternelle. En tant que chrétiens, nous devons nous faire l’écho de l’appel incessant de Dieu à la repentance. Repentez-vous maintenant ; après il sera trop tard. Utilisons donc ce sentiment légitime de tristesse quand l’on considère l’avenir des perdus, pour proclamer haut et fort la bonne nouvelle de l’Évangile.