C’est agréable de marquer une pause et d’être ici ce soir, n’est-ce pas, au milieu d’une période de grande agitation.
J’ai eu la bonne idée d’aller dans une grande surface hier, pour faire quelques courses. C’était l’horreur ! J’ai voulu faire le malin et je me suis dit que j’irais plus vite si je ne prenais pas de chariot. J’ai donc rempli mon unique sac cabas avec toutes mes courses. Je passe en caisse, je paie, je remets tout dans mon sac cabas, et en soulevant mon sac pour partir, crac, les deux poignées lâchent d’un coup, mon sac tombe par terre et mes courses s’éparpillent au sol. Les gens dans la queue derrière moi étaient ravis.
Noël c’est toujours une période de grande agitation n’est-ce pas ? Et cette agitation saisonnière s’ajoute à l’agitation générale qu’il y a déjà dans notre société en ce moment. Pandémie, troisième dose, cas contact, pass vaccinal, gestes barrière, etc. Sans oublier les fractures sociales, les conflits politiques, le danger terroriste, la campagne présidentielle…
Beaucoup d’agitation. Et peut-être aussi dans votre vie personnelle. Des difficultés relationnelles, familiales, professionnelles. Peut-être même que la période de Noël ça réveille des souvenirs difficiles ou des émotions douloureuses. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Noël est devenu mélancolique pour vous, peut-être.
Beaucoup d’agitation. Mais ce soir, on marque une pause, on respire et on réfléchit.
À l’époque de la naissance de Jésus, il y avait aussi beaucoup d’agitation dans le pays. Un des textes qu’on a lus nous raconte que César Auguste, le premier empereur, le premier chef suprême de l’Empire Romain nouvellement constitué, a ordonné un recensement général. Tout le monde devait se rendre dans sa ville d’origine pour se faire enregistrer à la mairie, si j’ose dire. J’imagine qu’il y avait beaucoup de monde sur les routes. Les chameaux faisaient la queue dans les stations-service, et bien sûr, impossible de trouver un hôtel ou un Air BnB si on ne s’y était pas pris longtemps à l’avance.
Et donc j’imagine qu’il y avait beaucoup d’agitation aussi dans l’esprit de Marie et de Joseph, qui font ce voyage jusqu’à Bethléem alors que Marie est en fin de grossesse. 120 km à peu près, entre Nazareth et Bethléem, probablement à dos d’âne, alors que Marie est dans son neuvième mois ! Vraiment ? Voyager à dos d’âne quand on est enceinte ?
Je me rappelle très bien la naissance de mon premier enfant, c’était stressant, pour moi et pour Suzanne ! Premières contractions au milieu de la nuit. On chronomètre l’écart entre les contractions. On attend, on souffle, on essaie de se détendre, ça recommence, ça se rapproche. Finalement, 18 heures de travail et quelques complications à l’accouchement—heureusement qu’on avait une clinique et un médecin compétent ! Notre deuxième enfant est arrivé si vite, lui, qu’on a dû rouler à toute vitesse sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute toute congestionnée pour qu’il ne naisse pas dans la voiture. C’est stressant, une naissance.
Marie, elle, n’a sûrement jamais pris de cours de préparation à la naissance, elle n’a jamais entendu parler d’échographie, de péridurale, de forceps, de score APGAR—elle a déjà entendu parler de César mais jamais de césarienne—et elle est loin de chez elle, elle n’a probablement même pas 18 ans encore (puisqu’à l’époque on se fiançait et on se mariait beaucoup plus jeune qu’aujourd’hui), et non seulement la grossesse, c’est un truc totalement nouveau pour elle, et donc assez angoissant, mais voilà qu’elle commence à sentir des contractions, de plus en plus fortes, de plus en plus rapprochées, elle perd ses eaux, elle ne peut plus se tenir debout, et il n’y a nulle part où aller à part un espace destiné aux animaux—sûrement une sorte de grange attenante à une maison qui elle, est déjà pleine de convives (qui avaient réservé longtemps à l’avance !).
Et pendant que Marie accouche, seule avec Joseph, peut-être sous le regard médusé d’un bœuf et d’un mouton—peut-être qu’à travers le mur, ils peuvent distinguer de temps à autre des éclats de voix qui discutent à table, des enfants qui rient, des assiettes qui s’entrechoquent.
« Marie enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. » (Luc 2.7)
Beaucoup d’agitation. Tellement d’agitation, que personne ne se rend compte de ce qui est en train de se passer. Personne à part sans doute Marie et Joseph, et Dieu dans le ciel, avec tous ses anges. Qu’est-ce qui est en train de se passer ?
« Aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. » (Luc 2.11)
Ce soir, vous êtes venus ici, et vous avez fait le choix, conscient, de marquer une pause. De vous recueillir, de réfléchir, au milieu d’une période très agitée. Vous étiez peut-être au travail aujourd’hui, ou peut-être que vous étiez à la maison en train de finaliser les préparatifs de votre réveillon. Peut-être que vous avez emballé quelques cadeaux, vous avez préparé des cookies, vous avez fait des courses de dernière minute. Et en quittant ce lieu, tout-à-l’heure, l’agitation va recommencer.
Sur le chemin pour venir ici, il y avait sûrement beaucoup de circulation sur la route, et vous avez sûrement croisé beaucoup de gens qui se rendaient à une réunion de famille, qui transportaient des cadeaux, et peut-être qu’à travers les fenêtres des appartements, vous avez pu apercevoir des gens qui finissaient de mettre la table et qui s’apprêtaient à servir les huîtres et le vin blanc.
Et au milieu de toute cette agitation, au milieu des cadeaux, du sapin, des guirlandes, de la dinde et du champagne, au milieu des discussions animées sur la politique et sur le covid—une question : quelle place est-ce qu’on réserve dans notre maison à celui qui est né dans la ville de David, celui qui est pour nous un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ?
Ce n’est pas « le petit papa Noël qui est descendu du ciel », mais d’après le Nouveau Testament, c’est le Christ, le pain de vie, « celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » (Jean 6.33)
Jésus a dit :
« Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. […] Voici, en effet, la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. » (Jean 6.38-40)
Jésus est venu du ciel sur la terre, il est Dieu de toute éternité, et il s’est incarné (il a pris la nature d’un homme) pour vivre parmi nous, et pour mourir parmi nous, sur la croix, où il a porté nos fautes qui nous séparaient de Dieu. Le troisième jour, il est ressuscité des morts, et maintenant il nous appelle à lui, en nous disant : « Crois en moi, place ta confiance en moi, appuie-toi sans réserve sur moi, et tu seras pardonné, gratuitement, et tu seras réconcilié pour toujours avec Dieu, et tu vivras éternellement dans son paradis. »
Si vraiment Jésus est venu sur la terre pour nous offrir ça, quelle place est-ce qu’on devrait lui réserver dans notre maison, au milieu de nos festivités—aujourd’hui et demain—mais surtout quelle place dans notre vie, au milieu de l’agitation de notre monde, et peut-être au milieu de notre agitation intérieure, de nos souffrances, et de notre mélancolie ?
Si vous êtes déjà croyant ce soir, soyez intentionnel : seul, en couple ou en famille, prenez le temps de prier, de lire la Bible, de placer ces moments de festivité et de réjouissance sous le regard de Dieu, en rappelant la raison pour laquelle Noël est une fête. Rappelons à nos enfants que les cadeaux qu’on s’offre à Noël doivent nous faire penser au plus grand cadeau qu’on pourrait jamais recevoir—c’est-à-dire le Christ lui-même, Dieu qui s’est fait homme et qui s’offre à nous, pour nous amener à lui.
Comme le dit un autre passage du Nouveau Testament :
« [Notre grand Dieu et Sauveur, le Christ-Jésus] s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité. » (Tite 2.14)
Et si vous n’êtes pas encore croyant ce soir, sachez que Dieu n’est pas loin de vous (Actes 17.27). Peut-être que ce soir, vous avez entendu sa voix. Il vous appelle. Venez à lui, en toute liberté, sans crainte, et il vous accueillera. Vous n’avez pas à faire vos preuves, il n’y a rien à payer. Il vous présente son pardon, son amour et sa paix, et vous n’avez qu’à dire oui ! Si ça vous intéresse, ne remettez pas ça à plus tard. Dès aujourd’hui, ou demain, ou ce weekend, rapprochez-vous de quelqu’un que vous connaissez qui est chrétien, et parlez-lui de votre recherche spirituelle.
Oui, il y a beaucoup d’agitation dans notre société. Et il y avait beaucoup d’agitation en Palestine il y a deux mille ans à l’époque du recensement de César Auguste. Tellement d’agitation, qu’on pouvait passer à côté de quelque chose d’absolument capital.
Dans toute cette agitation, ne passons pas à côté du plus grand cadeau que Dieu nous offre ce Noël. Recevons ce cadeau, ouvrons-le, contemplons-le, admirons-le, et réjouissons-nous de la véritable joie de Noël.
Dans un instant, on va chanter un dernier chant, et avant de chanter, on va distribuer des bougies. Pendant le chant, la flamme va passer d’une bougie à l’autre jusqu’à ce que toutes les bougies soient allumées. Pourquoi on fait ça ? L’idée, c’est de représenter la lumière qui est venue dans le monde lorsque Jésus est né—une lumière qui brille et qui se propage au fur et à mesure que des hommes, des femmes et des enfants reçoivent par la foi le cadeau que Dieu leur présente en Jésus.
Avant la naissance de Jésus, Dieu avait promis à son peuple, dans l’Ancien Testament, qu’un jour, sa justice paraîtrait comme l’aurore, et son salut comme un flambeau qui s’allume (Ésaïe 62.1). C’est ce qui s’est passé quand Jésus est né dans une grange, au milieu de l’agitation du monde. La lumière a brillé dans les ténèbres. Le jour a commencé à se lever. Que cette lumière brille aussi dans nos cœurs, à nous tous qui plaçons notre foi en Jésus.