Qui parmi nous a envie de mieux faire, cette semaine, que la semaine passée ? Qui parmi nous aurait envie d’agir un peu moins selon ses défauts, et d’être tout simplement une personne un peu meilleure ?
Alors bien sûr, si vous avez écouté les prédications précédentes dans cette série (sur la lettre de l’apôtre Paul aux Romains), vous savez que cette question, on se la pose depuis plusieurs semaines. On a vu déjà à plusieurs reprises que si on est croyant, on est censé progresser dans notre vie chrétienne : on est censé faire de moins en moins le mal, et agir de plus en plus en conformité avec la volonté morale de Dieu. Ce processus, dans la vie d’un croyant, c’est ce qu’on appelle la sanctification.
Donc si on est croyant, on a logiquement envie de mieux faire. Toujours. Mais en réalité, même les non-croyants, pour beaucoup d’entre eux, ont aussi envie de mieux faire. Si vous tapez dans Google, « Comment devenir une meilleure personne », c’est incroyable tout ce que vous pouvez trouver ! Ce n’est pas une question que les chrétiens seuls se posent.
Comment mieux faire ? Comment devenir une meilleure personne ? On a tous conscience que des fois, on fait des choses qui ne sont pas bien, des fois on blesse les gens autour de nous, des fois on voit très bien qu’on a des défauts, et on aimerait les surmonter. Mais en tant que croyants, cette envie de mieux faire est augmentée (comme on l’a vu ces dernières semaines) par le fait qu’on a confiance en Dieu, et qu’on reconnaît que ses commandements sont bons pour nous, et qu’on a envie de faire le bien parce que, avec notre intelligence, on croit que ce que Dieu nous dit qui est bien, c’est bien !
Mais c’est super dur, parce qu’il y a une version de nous-même qui est inclinée vers le mal, et donc on est tiraillé à l’intérieur—et c’est ce que qu’on a vu la dernière fois. Et donc là où on s’était arrêté la dernière fois, c’était en gros sur le constat et la description et l’explication de ce problème. Et on attend que Paul nous dise maintenant comment on peut survivre à ce tiraillement, et peut-être même comment on peut progresser, et mieux faire, malgré ce tiraillement à l’intérieur.
La réponse ? Pour progresser dans notre obéissance à Dieu, si on est croyant, il faut qu’on comprenne et qu’on intègre de mieux en mieux le rôle du Saint-Esprit dans notre vie. Il faut, dans ce sens, vivre selon l’Esprit. Il faut vivre selon l’Esprit, c’est-à-dire selon la réalité de l’Esprit, c’est-à-dire en comprenant ce que fait l’Esprit, quel est son mode opératoire dans notre vie si on est croyant.
Je pense que beaucoup de chrétiens ont du mal à progresser dans la sanctification parce qu’ils ne comprennent pas bien ce qui se passe en eux—et du coup, ils sont relativement déconcertés. C’est un peu comme quand vous jouez au Mao pour la première fois. Le Mao, c’est un jeu de cartes où on n’a pas le droit d’expliquer les règles. Donc c’est très déconcertant et difficile, mais quand vous commencez à comprendre les règles, vous pouvez commencer à gagner des parties. Ce qu’on sait va avoir une incidence pratique sur nous.
Et dans notre texte, c’est un peu pareil : Paul veut qu’on comprenne les règles du jeu, qu’on comprenne ce qui se passe en nous, particulièrement autour de la personne et de l’œuvre du Saint-Esprit. Et en comprenant ça de mieux en mieux, ça va nous permettre de commencer à gagner des parties, parce que notre compréhension intellectuelle de ce qui se passe va avoir une incidence sur notre manière d’être et d’agir.
Ou pour prendre une autre illustration : une des marques de la maturité d’un être humain, c’est quand on commence à bien se connaître soi-même. Un enfant a certains comportements enfantins parce qu’il ne se connaît pas très bien, ou il ne se comprend pas très bien. Il est malheureux quand il a faim, mais il ne comprend pas que cette sensation désagréable, c’est la faim. En grandissant, il comprend mieux ce qui se passe en lui, et il est peut-être capable de mieux patienter jusqu’à l’heure du repas.
De la même façon, s’il est vrai que l’Esprit-Saint est en nous, et qu’il agit en nous si on est croyant, alors c’est super important de savoir et de comprendre ce qu’il fait—surtout que l’apôtre Paul nous dit dans ce texte que cette réalité-là est absolument déterminante dans le processus de sanctification auquel on est appelé.
Alors, comment mieux faire ? Eh bien pour progresser dans notre obéissance à Dieu, si on est croyant, il faut qu’on comprenne et qu’on intègre de mieux en mieux le rôle du Saint-Esprit dans notre vie. Voyons comment Paul en parle dans notre passage.
Premièrement, l’Esprit-Saint dans la vie des croyants, nous applique la justice de Dieu. L’idée, c’est que le Saint-Esprit réalise notre justification—c’est-à-dire que la décision que Dieu a prise de nous rendre justes si on est croyant, elle nous est appliquée, elle devient réalité, elle est concrétisée dans notre vie par le Saint-Esprit.
Alors de quoi est-ce qu’on parle ? Je vous rappelle ce que Paul a déjà expliqué dans sa lettre. Tous les humains font le mal par nature, et donc on est censé être puni par Dieu qui est juste. Mais Dieu a pourvu à un moyen pour qu’au lieu d’être puni, on soit sauvé. Ce moyen, c’est Jésus qui a parfaitement satisfait à toutes les exigences de la justice de Dieu : premièrement en ne commettant jamais le mal, et deuxièmement en prenant sur lui la punition du mal que nous, on a fait.
De cette façon, si on est croyant (si on place notre confiance en Jésus), on entre au bénéfice de ce qu’il a fait, et donc premièrement, on est pardonné pour le mal qu’on a fait, et deuxièmement, le bien que Jésus a fait nous est attribué ou imputé. Et donc ça, c’est ce que la Bible appelle la « justification ». Dieu nous déclare juste, si on est attaché à Jésus par la foi.
Voilà pourquoi Paul dit qu’il n’y a aucune « condamnation » pour ceux qui sont en Christ-Jésus. Mais il enchaîne tout de suite en faisant référence à l’œuvre du Saint-Esprit dans la vie des croyants, parce que là où il veut en venir, c’est que c’est le Saint-Esprit qui applique cette justification aux croyants. C’est ce qu’il veut dire quand il parle de « la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus »--c’est-à-dire qu’il y a une opération de l’Esprit-Saint qui fait que « la justice prescrite par la loi de Dieu est accomplie en nous » (v. 4). Et à cause de ça, alors il n’y a aucune condamnation pour nous, et on a été libéré de la loi du péché et de la mort.
Ce qui est important de comprendre, ici, c’est que si on est croyant, on est carrément en situation de force par rapport à la tentation et à ce que la Bible appelle le péché. Je vous rappelle que le contexte, ici, c’est la lutte intérieure, le tiraillement qu’il y a en nous qui voulons faire le bien, mais qui faisons le mal (« j’approuve le bien, j’accomplis le mal »). Et Paul, dans ce contexte, dit : « Hé, même quand on fait le mal, il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus ! »
C’est une espèce d’invulnérabilité, vous voyez ? Paul veut nous faire comprendre qu’on est vraiment en situation de force dans cette lutte contre la tentation de faire le mal. Ça me fait penser au jeu vidéo Mario Kart, vous savez avec ces petits bonhommes qui font des courses sur des circuits, et des fois il y a des obstacles et des carapaces vertes ou rouges et des peaux de banane. Mais des fois, on peut prendre une étoile d’invulnérabilité, et après, on est invulnérable pendant un petit moment, et on peut se prendre toutes les carapaces ou les peaux de banane, ce n’est pas grave, ça ne nous empêche pas d’avancer.
Eh bien il y a quelque chose d’assez incroyable, si on est un croyant, d’après la Bible. C’est qu’on va continuer de faire le mal tant qu’on vit sur cette terre, mais qu’on ne sera jamais condamné pour ce mal qu’on fait ! On va continuer de commettre des péchés, mais on ne va jamais rien perdre de notre justification. C’est hyper important de le comprendre.
C’est un peu comme quand un sportif aborde un match en sachant que quel que soit le résultat, de toute façon il va remporter la compétition. Vous savez, parfois il y a des matches comme ça, où le résultat ne va rien changer en définitive au classement. Et ce qui est intéressant, c’est que souvent, les sportifs jouent mieux quand ils sont détendus. Au lieu d’être crispés par l’enjeu du match, ils sont décontractés, ils n’ont pas peur, ils sont confiants, ils respirent mieux, ils se fatiguent moins… et ils réalisent un super match !
Je pense que Paul, ici, veut qu’on comprenne que si on est croyant, nos péchés ne peuvent rien nous faire—et donc ils ne doivent pas nous faire peur. Pourquoi ? Parce que l’Esprit nous applique la justice de Dieu. Notre justification est une réalité concrète et perpétuelle. On est appelé à obéir, mais on est déjà obéissant en vertu de notre justification, parce que l’obéissance parfaite de Jésus nous a été imputée, et elle nous est appliquée par l’Esprit.
On doit y penser, et s’en rappeler, pour se rendre compte à quel point on est libre vis-à-vis du péché ! Combien d’entre nous, on vit sous le poids constant de la culpabilité ou de la honte, et ce poids, c’est ce qui nous retient captif, en fait ! On a trop peur de nos péchés, parce qu’on a peur de la condamnation qu’on pense que nos péchés entraînent sur nous ; et cette peur, elle donne à nos péchés plus de puissance qu’ils n’en ont en réalité (si on est croyant).
Ça me fait penser à une chanson que j’aime beaucoup du groupe de rock chrétien Disciple, où le chanteur s’adresse à ses péchés, il leur parle, et il leur dit, dans le refrain : « Vas-y, pointe ton viseur sur mon front ; tu peux appuyer sur la détente, mais tu n’as pas de munitions ! ».
Alors bien sûr, si on n’est pas en Christ par la foi, on a raison d’avoir peur—et ça devrait nous inciter à nous tourner immédiatement vers Jésus pour obtenir le pardon et la liberté. Mais si on est croyant, on doit déjà bien comprendre que dans notre lutte contre le péché, on lutte contre quelque chose qui est totalement désarmé. On peut regarder nos péchés en face (ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain) sans avoir peur, ils ne peuvent rien nous faire, parce que toute leur puissance de condamnation a déjà été absorbée par Jésus à la croix. Alors, vivre selon l’Esprit, c’est déjà s’approprier cette glorieuse réalité !
Mais si nos péchés ne peuvent rien nous faire, c’est-à-dire absolument rien changer à la réalité de notre justification—est-ce que ça veut dire qu’on peut pécher impunément ? Un peu comme dans Mario Kart, puisqu’on a l’étoile de l’invulnérabilité, est-ce qu’on peut foncer tout droit sans faire attention à rien ?
Eh bien non, parce que deuxièmement, l’Esprit nous attire vers la vie de Dieu. Si on revient au texte (v. 5-11), on voit que Paul oppose deux manières de vivre pour un être humain. Soit vivre « selon la chair », avec « les tendances de la chair », en étant « sous l’emprise de la chair » (littéralement « dans la chair »), soit au contraire, vivre « selon l’Esprit », avec « les tendances de l’Esprit », en étant « sous l’emprise de l’Esprit » (ou « dans l’Esprit »).
Ces deux cas de figure, ça décrit tout simplement une différence qui existe entre un non-croyant et un croyant. Le non-croyant vit selon sa nature (son état naturel) qui est déchue (abîmée), et tout naturellement, donc, il veut suivre ses désirs qui sont affectés par le mal qui existe dans son cœur comme dans le cœur de tout être humain (cf. 7.5).
Mais le croyant, lui, a connu un changement radical. Par le moyen de la foi, il s’est attaché à Jésus, et maintenant il appartient à Jésus. Dieu a déversé son Esprit dans le croyant, et c’est ce Saint-Esprit qui applique efficacement au croyant le salut que Jésus a acquis pour lui. Ce Saint-Esprit a opéré le miracle de la nouvelle naissance chez le croyant, il habite dans le croyant de manière à « occuper le terrain » en quelque sorte et ainsi à garantir que le croyant est la propriété de Dieu, et il est là pour amener le croyant jusque dans la vie éternelle.
Donc le Saint-Esprit a totalement réorienté la vie des humains qui sont des croyants. Avant, selon la chair, les humains vivaient pour eux-mêmes et ils étaient sur le chemin du jugement et de la mort ; mais maintenant, selon l’Esprit, les croyants vivent pour Dieu et ils sont sur le chemin de la vie et de la paix. Et c’est le Saint-Esprit qui nous a mis sur ce chemin et qui nous conduit vers cette destination. Il nous attire vers la vie de Dieu.
C’est pourquoi on peut dire que si on est un croyant authentique, on devrait pouvoir reconnaître en nous-mêmes des affections nouvelles (des désirs, des inclinations) qui sont celles de l’Esprit. Ce n’est pas que les anciennes affections ont disparu, et qu’on n’est plus du tout attiré par le mal, mais maintenant, on a aussi une attirance pour le bien.
C’est comme si on était un objet métallique. Livré à nous-même, on est attiré vers le bas en raison de la loi de la gravité. Mais si quelqu’un fait descendre un puissant aimant au-dessus de nous, à un moment donné l’attraction de l’aimant va prendre le dessus sur l’attraction terrestre, et on va s’élever vers le haut. Et Paul dans notre texte, est en train de nous dire que le Saint-Esprit agit un peu comme ça : il amène en nous une attraction nouvelle, une tendance nouvelle, qui nous attire vers la vie de Dieu.
Ou imaginez que vous soyez sous l’eau, avec des poids attachés aux pieds, mais que vous teniez aussi avec la main un énorme ballon rempli d’air. Les poids vous attirent vers le bas, mais le ballon vous attire vers le haut, et si le ballon est suffisamment grand et suffisamment gonflé, il va même contrecarrer l’effet des poids qui sont attachés à vos pieds. Le Saint-Esprit fait ça en nous : oui, il y a un tiraillement, mais lui, nous attire dans la bonne direction !
Et ce que Paul veut qu’on comprenne, c’est que si on est croyant, le Saint-Esprit qu’on a reçu, ce n’est pas juste un petit détail, un petit accessoire pour la vie, un petit geste commercial de Dieu qui nous rajoute ça gentiment dans le package du salut. Non, le Saint-Esprit c’est un truc énorme qui amène des tendances radicalement opposées à celles qui nous conduisaient vers la mort. Le Saint-Esprit, c’est vraiment la garantie de notre salut. C’est un acompte sur le paradis. C’est la puissance qui va nous ressusciter au dernier jour—et qui est déjà en nous !
C’est la vie et la paix futures qui ont déjà fait irruption en nous. Ça me fait penser un peu à un fondu enchaîné : vous savez, dans un Powerpoint, ou parfois dans les films, la transition entre deux scènes ou deux images, se fait par un fondu enchaîné ; c’est quand la première image disparaît progressivement, et que l’image suivante apparaît progressivement en même temps. Et donc on a une phase où les deux sont plus ou moins visibles en même temps, mais on sait où on va. On sait que la seconde image est celle qui va perdurer.
Et donc si on est croyant, on est un peu en train de vivre un fondu enchaîné entre notre vie dans la chair et notre vie dans l’Esprit. Oui, les deux cohabitent, mais en même temps, on sait (ou on devrait savoir) que notre vie dans l’Esprit, c’est celle qui va perdurer.
Et donc Paul veut qu’on comprenne bien ça, et qu’on prenne le temps d’y réfléchir. Il veut qu’on prenne le temps de s’approprier cette réalité, c’est que le Saint-Esprit en nous est en train de nous conduire vers la résurrection et la vie éternelle. Notre vie a été réorientée vers cette destination, et donc notre vie devrait tendre vers cette destination.
Les tendances de l’Esprit, c’est toutes les affections que l’Esprit met en nous qui sont cohérentes avec notre destination. Si vous savez que vous allez déménager dans un pays étranger, vous allez peut-être dès à présent avoir envie d’apprendre la langue de ce pays et de vous familiariser avec son histoire et ses coutumes.
De la même façon, si on comprend bien que le Saint-Esprit en nous, c’est déjà un acompte sur le paradis, on devrait reconnaître les tendances de l’Esprit, et les accueillir volontiers, et les entretenir et les cultiver, parce que c’est vraiment ça qui est cohérent avec notre destination finale. Et bien entendu, entretenir et cultiver les tendances de l’Esprit, ça se fait avec les moyens de grâce ordinaires.
Donc pour progresser dans notre obéissance à Dieu, on doit vivre selon l’Esprit, et vivre selon l’Esprit (en reconnaissant la réalité de l’Esprit et son mode opératoire en nous), c’est 1/ comprendre que l’Esprit nous applique la justice de Dieu, et 2/ comprendre que l’Esprit nous attire vers la vie de Dieu. Mais il y a encore un élément super important.
Troisièmement, l’Esprit nous atteste de l’amour de Dieu. Si on revient au texte une dernière fois (v. 12-16), on voit que Paul ajoute maintenant, que si on est chrétien, on a comme une immense dette de gratitude à Dieu.
C’est évident, si on réfléchit à ce qu’on a vu jusqu’ici : par le Saint-Esprit, Dieu fait des choses incroyables pour nous : il nous applique les bienfaits de la mort et de la résurrection de Jésus, en nous délivrant « de la loi du péché et de la mort » (v. 2), il nous place sous l’emprise bénéfique du Saint-Esprit, il suscite en nous de nouvelles « tendances » (v. 5, 9), il habite en nous, ce qui fait habiter Christ en nous (v. 10), il nous a donné la vie éternelle, la vie de l’Esprit qui ressuscitera même notre corps après notre mort (v. 11). Voilà pourquoi on est « débiteurs », d’après Paul, non pas qu’on doive rembourser quoi que ce soit, mais parce qu’on est incroyablement redevables à Dieu de tout ce qu’il a fait pour nous, dans son amour pour nous.
C’est à la grâce de Dieu qu’on doit d’être dans cette situation merveilleuse aujourd’hui, où on a la paix avec Dieu pour toujours, et où on est destiné à vivre éternellement dans son paradis, dans la communion au Père, au Fils et au Saint-Esprit, avec tous les autres croyants.
Et c’est pour cette raison (parce que tout ça, on le doit à la grâce de Dieu), que Paul ajoute juste après qu’il devrait nous être impossible de considérer notre relation avec Dieu comme une relation de servitude ! Non, Dieu n’aime pas les croyants comme un esclavagiste aime les esclaves, et achète des nouveaux esclaves parce qu’il va en tirer un profit—mais Dieu aime les croyants comme un Père aime ses enfants, et donc notre relation à Dieu n’est pas une relation de servitude mais une relation d’adoption. Une relation d’affection filiale.
Alors oui, Paul a dit deux chapitres plus tôt qu’on devait servir Dieu comme des esclaves (6.22), mais attention, il n’était pas en train de pointer nos motivations à ce moment-là. Il était en train de faire une analogie entre la manière dont avant, on était au service du péché, et maintenant, on est au service de Dieu qui nous a rachetés.
Mais ici, Paul est en train de pointer précisément nos motivations. On n’est pas censé servir Dieu comme des esclaves qui servent leur maître sous la contrainte et dans la peur—mais on est censé servir Dieu comme des enfants qui aiment leur Père et qui lui font confiance.
Et le Saint-Esprit que Dieu a déversé en nous, c’est cet Esprit d’adoption—c’est l’Esprit de Dieu, qui habite en nous, qui nous conduit, et qui rend témoignage à notre esprit qu’on est des enfants de Dieu. Et quand on comprend bien cette réalité, ça change beaucoup de choses à notre relation avec Dieu, et notamment à la façon de percevoir ses commandements.
Imaginez que vous soyez un jeune enfant, et un jour, vous vous faites enlever par un inconnu qui vous emmène dans un pays étranger, et là, il vous force à lui construire une maison, sous peine d’être battu. Horrible, n’est-ce pas ? Maintenant, imaginez que vous vous levez, un beau samedi matin, et votre papa vous dit, « Viens, mon chéri, on va faire un projet ensemble aujourd’hui : on va construire une maison ! ». Vous allez peut-être vous retrouver à faire exactement la même chose que dans le premier scénario : mélanger du ciment, empiler des briques, transporter des plaques de plâtre, mais avec un esprit complètement différent.
Et c’est ça que l’apôtre Paul veut nous faire comprendre. L’esprit de notre obéissance à Dieu devrait être complètement différent si on comprend bien ce que ça veut dire d’être un chrétien. Si on est attaché à Jésus par la foi, cette relation est scellée par le Saint-Esprit, et Dieu nous voit en Jésus ; ça veut dire qu’on est déjà beau comme Jésus, obéissant comme Jésus, juste comme Jésus, et qu’on fait l’objet de l’amour complet, parfait, éternel, de Dieu le Père pour Dieu le Fils !
Et donc quand Dieu nous dit : « Voici ce que tu dois faire, et ce que tu ne dois pas faire. Voici mes commandements, et comment tu dois vivre si tu veux te conformer de plus en plus à mes voies », on ne doit pas se dire : « C’est dur ! Mais ouh là là, je dois obéir sinon qu’est-ce que je vais me prendre ! »
Non, l’Esprit d’adoption nous fait plutôt dire : « C’est dur, oui, mais c’est mon père qui m’aime qui me parle, c’est pour mon bien qu’il me dit ça, et non seulement il ne me rejettera pas si je n’y arrive pas, mais en plus, il est là avec moi pour m’aider à y arriver ».
Comme le dit l’apôtre Jean :
« Voyez, quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes. » (1 Jean 3.1).
Alors vivre selon l’Esprit, c’est aussi comprendre et intégrer le fait que l’Esprit nous atteste de l’amour de Dieu. On a en nous cet Esprit d’adoption « par lequel nous crions : Abba ! Père ! » (v. 15). Abba, c’est un terme araméen qu’on utilisait au premier siècle pour désigner son père d’une manière personnelle et affectueuse. Et je précise que ce n’était pas, en fait, l’équivalent du mot papa en français. Ce n’était pas un mot enfantin, mais un titre empreint à la fois d’affection et de respect. Certains spécialistes proposent comme équivalent : tendre père. Ou : mon cher père.
Donc ce texte n’est pas en train de nous dire qu’on peut appeler Dieu papa dans nos prières. Personne n’appelle jamais Dieu papa dans la Bible. Jésus qui avait la relation filiale par excellence avec Dieu le Père, l’appelait lui-même « Père », et il nous a enseigné à faire de même (alors qu’il existait un mot en grec pour dire « papa », mais les auteurs du Nouveau Testament ne l’utilisent jamais pour désigner Dieu).
Ce que ce passage nous enseigne, c’est plutôt qu’on peut vivre sous le regard de Dieu avec une grande assurance, parce que Dieu n’est pas un maître impitoyable : il est un tendre Père. Il n’est même pas un Père dur, distant, inflexible—il est un tendre Père. Il est notre cher Père, et nous sommes ses chers enfants d’adoption.
Alors avant de terminer, il faut qu’on se rappelle que le contexte de tout ce qu’on a vu aujourd’hui, c’est la question de notre sanctification. Au chapitre 7, juste avant notre passage, Paul a décrit de manière très poignante sa propre lutte intérieure—lui qui est croyant et donc qui a envie de grandir dans sa foi, et de grandir dans son obéissance à Dieu, mais qui en même temps continue de tomber dans le péché, et qui constate qu’il y a en lui deux versions de lui-même qui se mènent une guerre sans merci.
Et donc juste après avoir soulevé cette problématique à laquelle on peut tous s’identifier, je pense, si on est croyant, il nous livre maintenant la clef. Pour progresser dans notre obéissance à Dieu, si on est croyant, il faut qu’on comprenne et qu’on intègre de mieux en mieux le rôle du Saint-Esprit dans notre vie.
Est-ce que vous aimeriez mieux faire cette semaine, que la semaine dernière ? La réponse de Paul : vivez selon l’Esprit, c’est-à-dire vivez en tenant compte de mieux en mieux, de plus en plus, de la personne et de l’œuvre du Saint-Esprit dans votre vie si vous êtes croyant.
L’Esprit vous applique la justice de Dieu. Réfléchissez à ça. Si vous êtes croyant, vous êtes réellement, et pour toujours, justifié. Oui, vous allez continuer de pécher, mais dans ce combat, il n’y a plus aucune condamnation pour vous. Vous avez déjà gagné. Le péché est un ennemi désarmé. Il essaie de vous intimider, mais il ne peut rien faire pour changer votre statut devant Dieu. Vous pouvez donc combattre vos péchés avec courage, avec assurance, parce qu’en fait, ils sont beaucoup plus faibles qu’ils n’en ont l’air.
L’Esprit vous attire vers la vie de Dieu. Réfléchissez aussi à ça. Vous pouvez identifier en vous ces aspirations nouvelles qui sont les tendances de l’Esprit. Vous avez envie, n’est-ce pas, de plaire à Dieu. Vous avez envie de mieux le connaître. Vous avez envie de mieux comprendre ce que Dieu attend de vous. Vous avez envie de faire le bien. Vous avez envie de vivre en cohérence avec votre destination finale qui est la vie éternelle et la communion avec Dieu dans le paradis. Réjouissez-vous d’avoir ces tendances de l’Esprit, et cultivez-les par les moyens que Dieu a mis à votre disposition.
Exprimez ces envies dans vos prières, et faites-le avec beaucoup d’assurance parce que ce ne sont pas les envies de votre chair, mais les envies de l’Esprit-Saint. Et donc il y a en vous non seulement l’envie d’obéir à Dieu, mais aussi la puissance d’obéir à Dieu, puisque cette puissance c’est celle de l’Esprit. Soyez encouragés, donc, dans votre envie de grandir dans la sanctification, parce que cette envie, c’est aussi celle de Dieu, et il habite en vous, et il recherche aussi ce que vous recherchez, et ce que Dieu veut, il a la puissance de l’accomplir.
Enfin, l’Esprit nous atteste de l’amour de Dieu. Réfléchissez aussi à ça. Réfléchissez-y souvent. Réfléchissez-y en groupes de maison cette semaine. Si vous êtes croyant, Dieu vous aime parce que vous êtes son enfant d’adoption. Il vous aime en Jésus, ça veut dire qu’il vous aime de l’amour dont le Père aime le Fils de toute éternité, et cet amour vous est communiqué par le Saint-Esprit, qui est l’Esprit de Dieu et l’Esprit de Jésus, qui habite en vous. C’est juste incroyable d’y penser—vous prenez déjà part à la communion au Père, au Fils et au Saint-Esprit, dès maintenant et pour toujours.
Vous voulez mieux faire cette semaine ? Imprégnez-vous de plus en plus de ces réalités. La Bible nous explique ce qu’on est et ce qu’on a en tant que croyants. La Bible nous présente tous les bienfaits qui sont les nôtres par le moyen de la foi en Jésus. La Bible nous parle du don que Dieu nous a fait de la troisième personne de la Trinité—le Saint-Esprit—qui réalise notre salut et qui nous applique pour de vrai tous ces bienfaits.
Si on veut mieux faire, on doit commencer par comprendre les règles du jeu—comprendre qu’on a le Saint-Esprit et qu’il est en train de faire des choses en nous. On doit intégrer de mieux en mieux ces réalités, on doit les méditer, les assimiler, et ainsi, les choses qu’on sait vont avoir une incidence pratique sur nous.