Est-ce que vous avez envie de ressembler à Jésus-Christ ? Bon, ça peut sembler un peu bizarre comme question, surtout si vous n’êtes pas encore un croyant. Alors juste pour être bien clair : je ne suis pas en train de parler de se faire pousser les cheveux et la barbe, de porter une tunique et de se balader en sandales. Évidemment, je suis en train de parler, plutôt, de ressembler à Jésus-Christ au niveau de son caractère, de ses qualités, de sa vertu !
Il faut comprendre que pour nous, les chrétiens, Jésus est l’humain parfait, moralement. C’est-à-dire qu’il n’a jamais commis le mal, il a toujours fait le bien, et à ce titre, il est la représentation exacte de ce que ça veut dire d’être une bonne personne.
Mais du coup, je vous pose la question, si vous vous dites chrétien ce matin : est-ce qu’on a envie de lui ressembler, à Jésus ? À quel point est-ce qu’on en a envie ? Ou bien est-ce qu’on n’y pense pas trop ? Si on y réfléchit quelques instants, c’est évident que nous, on est loin d’avoir une vie qui corresponde, sur le plan moral, à celle de Jésus. On a plein de défauts, de mauvaises habitudes, de mauvais désirs. Mais est-ce que ça nous préoccupe, ou bien est-ce qu’on a pactisé avec la présence de ces défauts dans notre vie ?
De temps en temps, quand je suis frustré avec quelqu’un—un collègue, un ami, un frère ou une sœur de l’Église—de temps en temps, je vais juste exprimer mon agacement à quelqu’un d’autre, et laisser entendre des choses négatives concernant le cœur et les motivations de cette personne. Bah, c’est comme ça, j’ai besoin de ça parfois—juste de vider mon sac, ça me fait du bien. J’ai pactisé avec la médisance. Est-ce que Jésus agirait comme ça, lui ?
Ou bien (surtout si je suis un gars), j’ai pris l’habitude de laisser traîner mon regard sur l’anatomie de certaines personnes autour de moi avec qui je ne suis pas marié—des collègues, des amies, des sœurs de l’Église, ou bien des actrices de cinéma ou des mannequins en affiche dans la rue—je les déshumanise un peu, je les transforme un peu en objets de satisfaction personnelle, et j’insulte un peu leur dignité. Bah, c’est comme ça, ce n’est pas si grave—et puis elles ont l’air de vouloir qu’on les remarque ! J’ai pactisé avec la convoitise sexuelle. Est-ce que Jésus agirait comme ça ?
Ou bien, j’ai pris l’habitude de trop manger, ou de trop boire, parce que j’y trouve un réconfort dans les périodes de stress. Ou bien j’ai l’habitude d’aller en boîte, de faire la fête avec les amis, chaque week-end, ou en tout cas assez souvent, et c’est à chaque fois plutôt clinquant, mondain, débridé, voire sensuel, voire vulgaire. Bah, c’est comme ça, il faut bien décompresser, des fois ! J’ai pactisé avec ce que la Bible appelle « le dérèglement ». Est-ce que Jésus agirait comme ça ?
Et si Jésus n’agirait pas comme ça, est-ce que ça nous préoccupe, est-ce que ça nous travaille, est-ce que notre conscience en est blessée, ou bien est-ce qu’on a déclaré la paix avec nos défauts, et est-ce qu’on a arrêté de vouloir ressembler à Jésus ?
Si on se dit chrétien, c’est une question très sérieuse, vous voyez, parce que la Bible dit que si Dieu est intervenu dans notre vie pour se révéler à nous, pour nous pardonner nos fautes et pour nous rendre justes à ses yeux—tout ça en vertu de ce que Jésus a accompli pour nous—eh bien si Dieu nous a sauvés de cette manière, ce n’est pas simplement pour qu’on attende patiemment d’entrer au paradis le jour où on mourra, mais c’est pour une vie nouvelle qui a déjà commencé ici-bas et qui devrait être caractérisée par ce que la Bible appelle « la sanctification », c’est-à-dire tout simplement le fait d’avoir une vie de plus en plus conforme à ce qui est bien selon Dieu—avec des actes, des paroles, des pensées, des émotions et des désirs de plus en plus conformes à ce qui est bien selon Dieu.
Pour le dire très, très simplement : si on est chrétien, on est appelé à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, et on doit impérativement prendre à cœur cet appel. Et ça, c’est toute la leçon à retenir du passage qu’on va lire et étudier dans un instant. Et si vous n’êtes pas encore un chrétien, je vous invite quand même à écouter attentivement, parce que c’est super important pour vous aussi de comprendre quel est le genre de vie à laquelle on est appelé quand on devient un chrétien.
On reprend donc notre étude de la lettre de l’apôtre Paul à la communauté chrétienne de la ville de Rome, au premier siècle, là où on s’était arrêté avant les fêtes. Et je vous rappelle simplement qu’on est dans la dernière grande section de cette lettre, qui vient après l’explication magistrale que Paul a faite de ce que c’est que « l’Évangile »—la bonne nouvelle de qui est Jésus et de ce qu’il a fait pour offrir le salut à tous ceux qui placent leur confiance en lui. Donc tout ce que ce passage va nous dire, il va nous le dire en présupposant tout ce qui a été dit avant. Et on va y revenir là-dessus. Mais avant d’aller plus loin, on va lire le texte.
Alors vous voyez : si on est chrétien, on est appelé à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, et on doit impérativement prendre à cœur cet appel. Et Paul nous fait comprendre ça en trois étapes : 1/ aimer les autres, c’est comme ça essentiellement qu’on obéit à la loi de Dieu—et on doit avoir envie de faire ça ; parce que 2/ on doit se rappeler que si on est des chrétiens, on est entré dans une vie qui est radicalement nouvelle et différente de celle qu’on avait avant ; et en fait, 3/ on va vraiment progresser dans notre vie chrétienne, en assumant de plus en plus, tout simplement, ce qu’on est déjà devenu !
Alors premièrement : aimer, pour obéir. Prenons le texte dans l’ordre. La première chose que l’apôtre Paul veut nous dire (v. 8-10), c’est que si on est chrétien, on a un devoir perpétuel, c’est le devoir d’aimer. Pourquoi ? Parce que aimer, c’est accomplir la loi de Dieu ; et en tant que chrétiens, on est appelé à obéir à la loi de Dieu—c’est-à-dire à vivre selon la justice morale de Dieu qui s’exprime au travers de ses commandements, qui sont eux-mêmes contenus dans les Saintes Écritures.
On en a déjà parlé plusieurs fois dans le cadre de cette série de prédications sur la lettre de Paul aux Romains. Rappelez-vous : la justice de Dieu est intemporelle, et sa loi morale est partout et toujours juste et bonne. Et en tant que chrétiens, puisqu’on croit Dieu et qu’on lui fait confiance, eh bien comme le dit Paul, on prend plaisir à la loi de Dieu « dans notre for intérieur » (cf. Rm 7.22) et donc il y a une version de nous qui a sincèrement envie d’accomplir la loi de Dieu. On reconnaît que c’est notre devoir.
Mais Paul nous simplifie un peu les choses, ici, en nous disant que finalement, c’est en aimant, qu’on accomplit la loi de Dieu. Et donc c’est finalement très simple, vous voyez : les chrétiens qui veulent obéir à la loi morale de Dieu, et ressembler de cette manière de plus en plus à Jésus-Christ (notre modèle de perfection morale)—eh bien, ils n’ont qu’une seule chose à faire essentiellement, c’est aimer.
L’apôtre Paul cherche ici à nous montrer que fondamentalement, la vie chrétienne (la vie d’obéissance qui découle de la foi), ce n’est pas un truc ultra compliqué à comprendre. « Celui qui aime les autres a accompli la loi. » (v. 8) « L’amour est l’accomplissement de la loi. » (v. 10) Parce que tout simplement, quand tu aimes quelqu’un, tu cherches son intérêt. Tu ne cherches pas à lui faire du mal. Tu ne cherches pas à l’offenser ou à le blesser. Et finalement, toute la loi morale de Dieu, c’est en quelque sorte la codification de l’amour véritable.
Jésus l’a dit lui-même, vous vous rappelez ?
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes. » (Mt 7.12)
Ou encore :
« Maître, quel est le grand commandement de la loi ? Jésus […] répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » (Mt 22.36-40)
Quand on aime véritablement, on va, en fait, accomplir logiquement la loi morale de Dieu. Paul se concentre ici sur les commandements qui concernent notre relation avec notre prochain (donc si tu aimes ton prochain, logiquement tu ne vas pas le tuer, tu ne vas pas lui voler des choses, tu ne vas pas le tromper, etc.), mais ce principe vaut aussi pour notre relation avec Dieu. Si tu aimes Dieu, logiquement tu ne vas pas rendre un culte à un autre Dieu, tu ne vas pas prendre son nom en vain, tu vas honorer le jour du Seigneur, etc.
Vous avez peut-être déjà entendu cette maxime de Saint Augustin (le théologien de la fin de l’Antiquité), qui a dit en latin : Dilige et quod vis fac, c’est-à-dire : « Aime ; et ce que tu veux, fais-le ! » Autrement dit, si tu aimes vraiment, alors ce que tu vas vouloir faire logiquement, comme découlant de cet amour, vas-y, fais-le, parce qu’en fait, ça va correspondre à ce que Dieu veut et qu’il a codifié dans sa loi.
Si on est chrétien, donc, on a un devoir perpétuel, c’est le devoir d’aimer. On peut et on doit s’acquitter de tous ses autres devoirs, mais le devoir d’aimer, lui, on ne s’en acquitte jamais. « Rendez à chacun ce qui lui est dû », a dit Paul au verset précédent (v. 7). Autrement dit, acquittez-vous de vos dettes, rendez l’impôt à l’État, payez leur salaire à vos employés, réglez vos amendes, accomplissez vos missions dans l’entreprise, honorez vos engagements, cochez toutes les cases de votre to-do list, « ne devez rien à personne », sauf ! « De vous aimer les uns les autres. » Parce que c’est un devoir dont on n’a jamais fini de s’acquitter.
Aimer, c’est « la voie par excellence », dit Paul dans un autre passage très connu (1 Co 12.31), où il dit notamment que dans la vie chrétienne, « ces trois choses demeurent » (c’est-à-dire que ce sont des constantes de notre vie de chrétiens ici-bas) : « la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande, c’est l’amour. » (1 Co 13.13)
On sait tous que l’amour, c’est une drôle de puissance qui transforme des tâches impossibles en des tâches hyper faciles. C’est tellement dur de sortir les poubelles quand maman le demande, mais c’est tellement facile de porter le cartable de la jolie Nolwenn au collège. Vous voyez ce que je veux dire ? L’amour décuple mystérieusement nos forces, notre concentration, notre détermination. L’amour donne des super-pouvoirs. L’amour nous fait faire des choses qui ne nous sont pas naturelles ! Comme par exemple mettre sa vie en péril pour protéger la personne aimée, dépenser beaucoup de temps et d’argent juste pour faire plaisir à quelqu’un, dormir peu et faire plein d’efforts juste pour rendre service, etc., etc.
Et de la même façon, en fait, quand on aime Dieu et qu’on aime son prochain, les exigences impossibles de la loi de Dieu se transforment en missions joyeuses et faciles ! Alors pourquoi est-ce que ça ne nous semble pas si facile, en réalité ? Eh bien tout simplement parce qu’on n’aime pas encore assez Dieu et notre prochain.
Donc en tant que chrétiens, on est appelé à obéir de mieux en mieux à la loi morale de Dieu. On est appelé, dans ce sens, à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ ; et Paul nous dit ici, dans un premier temps, que cette vie d’obéissance se résume, essentiellement, au fait d’aimer. Aimer Dieu, aimer son prochain. Aimer, pour obéir. C’était le premier point. Mais comment, alors, grandir en amour, et comment maintenir ou cultiver cet amour en soi-même pour Dieu et pour les autres ? C’est ce qui nous amène au deuxième point.
Deuxièmement, Paul veut qu’on prenne conscience de la situation dans laquelle on est, si on est des chrétiens (v. 11-12). Il veut qu’on se rende compte que si on est des chrétiens, il y a quelque chose d’incroyable qui s’est réalisé en nous et pour nous, qui fait qu’on devrait carrément recalibrer toutes nos valeurs, toutes nos priorités, et même toute notre vision du monde et la place qu’on a dedans.
Paul veut qu’on se rappelle… pour qu’on se motive. Il veut qu’on se rappelle qu’est-ce que ça veut dire, en fait, d’être un chrétien, parce que ça, ça devrait motiver notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Et du coup, ça va favoriser notre sanctification, c’est-à-dire le fait qu’on va devenir de plus en plus comme Jésus-Christ. Regardez le texte.
Paul vient de dire qu’il faut aimer, parce que l’amour est l’accomplissement de la loi, et il ajoute juste après : « D’autant que vous savez en quel temps nous sommes… » (v. 11) Donc il est bien en train d’apporter un argument, une raison, quelque chose qui devrait nous motiver. Qu’est-ce que c’est ? Eh bien, c’est une métaphore (une image). Il dit que c’est l’heure de se réveiller du sommeil, que la nuit est terminée et que le jour se lève.
Et l’explication de cette métaphore, il nous la donne au verset 11. C’est que le salut s’est approché des croyants. En gros, Paul est en train de dire qu’en devenant des croyants, c’est comme si le jour s’était levé pour nous. Et donc entre avant d’avoir la foi, et après qu’on a eu la foi, il y a une différence très importante, comme entre le fait de dormir pendant la nuit, et le fait d’être réveillé pendant le jour. Vous suivez ?
Et donc là où Paul veut en venir, c’est qu’il veut qu’on se rappelle qu’il s’est passé un truc incroyable dans notre vie, si on est croyant—quelque chose de si incroyable que ça devrait entraîner des conséquences pratiques assez radicales, comme quand on passe de la nuit au jour, et qu’on passe du sommeil au réveil, et qu’on sort de son lit et qu’on se met à faire les choses qu’on fait normalement en journée. D’après Paul, les chrétiens ont fait l’expérience d’un truc qui devrait entraîner des changements très importants—à condition qu’on se rappelle ce qui s’est passé. Parce que si on oublie que le jour s’est levé, que le réveil a sonné, et qu’on nous attend à l’école ou au bureau, on va juste se rendormir dans son lit.
Qu’est-ce qui s’est passé, alors, pour les chrétiens ? Eh bien, c’est ce que Paul a décrit pendant de nombreux chapitres dans les premières sections de sa lettre. Sans la foi, on était séparé de Dieu. On ne voulait pas de lui, et on commettait le mal, souvent même sans le savoir ; et le problème c’est que comme Dieu est quand même notre créateur, eh bien on allait devoir rendre compte à Dieu, un jour, de tout le mal qu’on avait fait. Et le verdict était sans appel—et c’est le même verdict qui vise tout être humain de la descendance d’Adam, le premier homme—à savoir : coupable !
On était donc coupable aux yeux de Dieu, et on était destiné à subir le châtiment de nos fautes dans l’au-delà, en étant privé pour toujours de la faveur de Dieu. Et ç’aurait été pour nous que justice. Mais. Dans son grand amour, Dieu s’est approché de nous par Jésus-Christ, il a pris la nature d’un homme, il a vécu une vie humaine parfaite, sans jamais commettre le mal, et il s’est présenté de cette manière comme un sacrifice parfait, un sacrifice digne d’absorber, si j’ose dire, toute la colère de Dieu—la juste colère de Dieu—contre nos péchés. Par amour pour nous, Jésus s’est substitué à nous sur la croix, volontairement, librement, miséricordieusement, afin de prendre sur lui le poids de nos fautes, pour nous en libérer et pour nous réconcilier pour toujours avec Dieu.
Le troisième jour après sa mort, Jésus est ressuscité, ce qui a scellé sa victoire totale sur la mort, le mal et le diable—il est vivant aujourd’hui, il se tient auprès de Dieu le Père, et il a promis de déverser son Saint-Esprit sur tous ceux qui se tournent vers lui par la foi.
Et donc tous les humains qui entendent cette bonne nouvelle, et qui croient à cette bonne nouvelle, et qui placent leur confiance en Jésus sur la base de ce qu’il a accompli, reçoivent en retour le pardon total de leurs péchés passés, présents et futurs ; ils reçoivent la justice parfaite de Jésus, qui leur est imputée une fois pour toutes ; ils reçoivent un cœur nouveau, ils sont comme nés de nouveau par le Saint-Esprit qui lui-même vient faire sa demeure en eux pour toujours, et qui vient leur appliquer avec puissance tous les bienfaits du salut que Jésus a acquis pour eux à un si grand prix.
Bref, les croyant sont « une nouvelle création », comme le dit Paul dans un autre passage (2 Co 5.17). Ils ont été « régénérés […] pour une espérance vivante », comme le dit l’apôtre Pierre (1 Pi 1.3). Ils sont « passés de la mort à la vie », comme le dit l’apôtre Jean (1 Jn 3.14).
Donc c’est énorme, vous comprenez, ce qui a été réalisé en nous et pour nous, si on est chrétien ! On est entré dans une nouvelle vie. La nuit est passée, le matin est venu, et bientôt il fera pleinement jour, lorsqu’on va rencontrer le Seigneur dans la gloire—soit lorsque nous, on quittera ce monde, soit lorsque lui, reviendra. Et c’est pour ça que Paul dit que si on est vraiment un chrétien, on doit se réveiller, entre guillemets !
On doit faire ce qui est logique, une fois que le soleil s’est levé. On doit ouvrir les yeux, enlever le pyjama, s’habiller, prendre son café, sortir de chez soi, et faire des choses utiles et productives, non ? De la même façon, Paul nous dit, si on est chrétien, que nous, par la grâce merveilleuse de Dieu, on est sorti de la nuit et on est entré dans la vraie vie, une vie rachetée, une vie pour Dieu. On est les « éveillés » du monde—tandis que les gens autour de nous qui ne connaissent pas le Seigneur, ils ont peut-être l’air vivant, mais ce sont des somnambules. Ils se déplacent, ils font des trucs, mais ils dorment, en réalité.
Mais nous, si on est chrétien, on est véritablement entré dans la vraie vie, en ayant été régénéré, et justifié, et adopté par Dieu. Comme le dit Paul dans un autre passage :
« Autrefois, vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière. » (Ép 5.8)
Et dans notre passage :
« Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. » (v. 12)
Quand on se rappelle ce que Dieu a fait pour nous, et du coup la situation dans laquelle on est aujourd’hui si on est croyant, par la seule grâce de Dieu, eh bien ça devrait augmenter notre amour pour Dieu et pour notre prochain, parce qu’on se rend compte à quel point il nous a aimés alors qu’on n’en était pas digne, et à quel point ce qu’il a fait pour nous et pour les autres croyants autour de nous, est incroyablement précieux.
Et en grandissant dans notre amour pour Dieu et pour notre prochain, alors la loi de Dieu va devenir pour nous plus attirante et plus agréable—et on va même commencer à trouver en elle notre plaisir ! Et c’est comme ça, en fait, qu’on va être motivé à enlever notre pyjama (les œuvres des ténèbres), et à mettre nos vêtements (les armes de la lumière).
Et même, c’est comme ça qu’on va pouvoir s’exercer à obéir à la loi de Dieu, sans que ça devienne soit du légalisme, soit du moralisme. Le légalisme, c’est quand on veut vivre par la loi (quand on obéit parce qu’on pense que ça va nous assurer la faveur de Dieu). Le moralisme, c’est quand on veut vivre pour la loi (quand on obéit parce qu’on pense que c’est le but suprême de la vie).
Non, le but suprême de la vie c’est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel. Et ça, ça se réalise en vertu de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ—pas en vertu de nos qualités propres ou de nos efforts. Mais quand on place notre foi en Jésus, alors on reçoit la plénitude du salut, par la seule grâce de Dieu, et notre vie va alors déborder de reconnaissance à Dieu pour ce qu’il a fait pour nous. Et cette reconnaissance et cet amour vont se traduire par une volonté de faire ce que Dieu nous demande. Vous comprenez ?
Donc on doit aimer, pour obéir, mais on doit aussi se rappeler, pour se motiver. Se rappeler ce que ça veut dire, d’être un chrétien, parce que ça va motiver notre amour, et du coup, favoriser notre sanctification, et nous aider à ressembler petit à petit à Jésus.
Et c’est ce qui nous amène au troisième et dernier point. La dernière chose que Paul veut nous faire comprendre dans ce passage, c’est que une fois qu’on s’est rappelé ce que Dieu a fait pour nous, une fois qu’on s’est rappelé que le jour s’est vraiment levé pour nous spirituellement, et qu’on est né de nouveau, et qu’on vit comme une nouvelle création, éclairé par Dieu—tout ça, par sa grâce—et bien maintenant, il nous exhorte tout simplement à assumer ce qu’on est.
Assumer… pour se transformer. C’est-à-dire pour se transformer visiblement au niveau de notre vie personnelle, quotidienne, ordinaire, de manière à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, dont la perfection morale nous a déjà été imputée par Dieu. Écoutez bien : en assumant ce qu’on est en tant que chrétiens, on va devenir ce qu’on est déjà devenu ! Vous comprenez ? En assumant ce que Dieu déclare à notre sujet, on va devenir de plus en plus conforme, en pratique, à ce qu’il déclare à notre sujet.
Regardez comment l’apôtre Paul en parle (v. 13-14). Après nous avoir dit qu’il fallait aimer, parce que l’amour, c’est l’accomplissement de la loi ; et après nous avoir dit comment on pouvait être motivé à aimer—c’est-à-dire en se rappelant ce que Dieu a réalisé en nous et pour nous ; eh bien maintenant, il nous dit que puisque le jour s’est levé pour nous, on doit « marcher comme en plein jour ».
« Marchons honnêtement, comme en plein jour » (v. 13) ; littéralement : « Marchons avec bienséance [ou de manière bienséante], comme en plein jour ». L’idée, c’est que si on est des chrétiens, on doit l’assumer ouvertement. On doit arrêter de penser qu’il y a des parties de notre vie qui peuvent rester dans l’obscurité, bien secrètes, bien cachées, où on peut continuer de faire comme si on n’était pas chrétien, et d’autres parties de notre vie—la partie du dimanche par exemple—où là on va se comporter en chrétien.
Non, Paul dit que toute notre vie doit être vécue dans la lumière. Et donc on doit amener les parties honteuses de notre vie à la lumière—comme les excès de table et de boisson, comme l’immoralité sexuelle et le dérèglement, comme la discorde et la jalousie (v. 13). Et ces choses-là ne devraient pas résister longtemps à la lumière, un peu comme des cafards qui s’enfuient dès qu’on allume la lumière de la cave.
Imaginez si vous deviez vivre toute votre vie en tant que chrétien, sept jours sur sept, 24 heures sur 24, sous les feux d’un projecteur, sur une estrade, avec du public, comment votre vie serait différente ! Imaginez que vous soyez le personnage principal d’une télé-réalité comme dans le Truman Show et que vous soyez filmé en direct tout le temps. C’est un peu ça qu’il faut imaginer, quand Paul nous dit de marcher « comme en plein jour ».
J’ai des très chers amis que j’aime beaucoup qui m’ont expliqué récemment qu’ils ne voulaient pas mettre d’autocollant chrétien sur leur voiture, parce qu’ils ne conduisaient pas comme des chrétiens et que ce serait un contre-témoignage. Ce sont des frères et sœurs dans la foi que je chéris avec la tendresse du Christ-Jésus, et je ne suis pas en train de dire qu’il faut mettre un autocollant chrétien sur sa voiture, mais… c’est un peu l’illustration du contraire de ce que Paul veut qu’on fasse dans ce passage !
Plutôt que de se dire : « Je vais laisser cette partie de ma vie sous le boisseau parce qu’elle ne correspond pas à ce que Dieu veut », on devrait plutôt se dire : « Je vais assumer d’être un chrétien dans toutes les parties de ma vie, et laisser cette profession de foi me transformer. »
Et c’est dans ce sens que Paul dit qu’on devrait « se revêtir du Seigneur Jésus-Christ ». C’est encore plus radical que mettre un autocollant sur sa voiture, vous voyez ? Paul veut qu’on se lève le matin, qu’on enlève le pyjama, et qu’on s’habille de Jésus-Christ—et qu’on vive tout le temps avec cet habit sur nous. Bref, qu’on assume d’être des chrétiens.
C’est un peu comme si vous étiez le maire d’une commune et que vous ayez la fameuse écharpe tricolore qui symbolise votre fonction. Vous n’êtes pas obligé de la porter tout le temps, et quand vous ne la portez pas, ça ne veut pas dire que vous arrêtez d’être maire. En revanche, si vous voulez vous promener dans votre commune et assumer votre fonction (plutôt que de vous promener incognito), vous allez la porter, cette écharpe. Et en la portant, vous allez être incité à faire honneur à votre fonction.
Les militaires, de la même façon, quand ils portent l’uniforme, sont rappelés tangiblement à leur code d’honneur : « Soldat français, je m’engage à servir mon pays. En toutes circonstances, je me conduis avec honneur, courage et dignité. Toujours disponible et discipliné, je suis exemplaire dans mon comportement comme dans ma tenue… »
Et Paul ici, nous dit :
« Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne vous mettez pas en souci de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (v. 14)
Alors attention ! On pourrait se dire : « Ouh là ! OK. Il faut que je trouve un déguisement de Jésus-Christ. C’est très dur à trouver et ça coûte vachement cher, mais si j’y mets tous mes efforts, je vais arriver à un trouver un, ou à en confectionner un, et je vais pouvoir arborer fièrement ma tenue de chrétien fidèle. » Non ! Attention, parce que quand Paul dit qu’on doit se revêtir de Jésus-Christ, il ne parle pas de performances particulières qu’on doit essayer de réaliser. Il ne parle pas de mettre un déguisement par-dessus nos vêtements sales. Il ne parle pas d’imiter extérieurement Jésus-Christ.
Il parle d’assumer ce qu’on est déjà. Dans un autre passage, Paul dit : « Vous êtes fils de Dieu par la foi en Christ-Jésus : vous tous, qui avez été baptisés en Christ [dans le contexte, ça désigne les croyants], vous avez revêtu Christ. » (Ga 3.26-27)
Donc si on est des croyants, on a déjà revêtu Christ une fois pour toutes. Et en même temps, on est appelé à le revêtir chaque jour. C’est parce que si on est croyant, notre identité est déjà en lui. On est attaché à lui par la foi, et Dieu lui-même nous voit déjà en lui. Il nous voit parfaitement justes en lui. Il nous déclare justes, et fidèles et obéissants, et ça, ça ne changera jamais. Mais pour l’instant, ici-bas, nous on continue de faire l’expérience de notre ancienne nature, et il y a une lutte entre notre chair avec ses convoitises, et notre nouvelle nature en Jésus-Christ. Mais cette nouvelle nature, on n’a pas besoin de l’acquérir, vous comprenez ?—elle nous a déjà été donnée. Elle définit déjà notre identité, pour Dieu. Et pour nous, « revêtir Christ » au quotidien, ça veut dire nous rappeler qui on est déjà en lui, et comprendre qui on est déjà en lui, et assumer qui on est déjà en lui.
Assumer… pour se transformer. Assumer… pour devenir ce qu’on est déjà devenu ! Et c’est en marchant dans la lumière, en assumant l’uniforme de notre justification avec gratitude et l’audace de la foi, qu’on va arriver, comme le dit Paul dans un autre passage, à « faire mourir notre nature terrestre : l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité » (Col 3.5). Et ainsi, ressembler ici-bas de plus en plus à Jésus-Christ, notre bien-aimé Sauveur et Seigneur.
Alors on va terminer dans un instant, mais avant, j’aimerais récapituler rapidement, et ensuite proposer quelques applications pratiques.
On a commencé en se posant la question de savoir si on avait vraiment envie de ressembler à Jésus-Christ. Et on a vu à travers ce passage que oui, si on est chrétien, on est appelé à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, et on doit impérativement prendre à cœur cet appel. Paul nous a fait comprendre ça en trois étapes : 1/ aimer les autres, c’est comme ça essentiellement qu’on obéit à la loi de Dieu—et on doit avoir envie de faire ça ; parce que 2/ on doit se rappeler que si on est des chrétiens, on est entré dans une vie qui est radicalement nouvelle et différente de celle qu’on avait avant ; et en fait, 3/ on va vraiment progresser dans notre vie chrétienne, en assumant de plus en plus, tout simplement, ce qu’on est déjà devenu !
Alors en pratique. Premièrement, si vous n’êtes pas encore un chrétien ce matin, cette prédication vous a peut-être intrigué. Ressembler à Jésus, quelle idée bizarre. Mais moi, je veux surtout que vous compreniez que l’essence de la vie chrétienne, ce n’est pas de faire des efforts pour ressembler à Jésus, mais c’est d’être uni à lui par la foi. Ressembler à Jésus de plus en plus, c’est ce qui découle de la foi, mais ce n’est pas ça qui nous réconcilie avec Dieu. On a besoin d’abord d’être réconcilié avec Dieu, pour ensuite être transformé dans notre vie quotidienne. Alors la question que je veux vous poser, à vous si vous n’êtes pas encore un chrétien, c’est : Est-ce que le temps ne serait pas venu, aujourd’hui, de placer votre confiance en Jésus, de vous reposer en lui, et de recevoir de cette manière, par le moyen de la foi, le pardon total de toutes vos fautes, la justice parfaite de Jésus qui vous sera imputée, et l’assurance d’être réconcilié avec Dieu pour toujours ?
Ensuite, si vous êtes un chrétien, comment est-ce qu’on peut grandir dans notre amour pour Dieu et pour notre prochain ? On a dit qu’on pouvait se rappeler ce que Dieu avait réalisé pour nous. On doit se rappeler chaque jour le salut qu’il nous a acquis par sa grâce, à un si grand prix. On doit songer aux qualités et aux actes de Dieu qui nous le rendent aimable. On doit « fréquenter » Dieu dans la prière et par la lecture de la Bible et par le culte.
De la même façon, on doit songer aux qualités intrinsèques de notre prochain, lui qui est créé à l’image de Dieu et qui est doté d’une dignité inestimable en tant qu’être humain. Les hommes, les femmes et les enfants qui nous entourent sont des œuvres d’art précieuses de Dieu. On doit les fréquenter aussi, non pas de manière virtuelle, digitale, impersonnelle, mais de manière incarnée, en s’impliquant dans leur vie, en les écoutant, en les regardant, en les touchant, en les valorisant. En faisant ça, on va grandir en amour pour eux.
Aimer, pour obéir. Mais aussi se rappeler, pour se motiver. Comment se rappeler perpétuellement que le jour s’est levé pour nous, si nous sommes chrétiens, et qu’on est entré dans une vie nouvelle ? Une chose très simple à faire—et peut-être qu’en ce début d’année, ça peut être une résolution très sérieuse pour vous. C’est très simple, mais c’est très efficace pour former notre pensée et notre vision du monde—et de la place qu’on a dedans : venez au culte tous les dimanches. Que ce jour, une fois tous les sept jours, soit réellement le jour du Seigneur dans votre planning personnel et familial. Qu’il n’y ait rien de plus important que ça, le dimanche, pour vous. Croyez-moi, ça va vraiment recalibrer notre manière de penser.
Et enfin, assumer, pour se transformer. Prenons le temps, dans les minutes qui vont suivre, peut-être dans le chant qu’on va prendre dans un instant, et surtout dès demain matin dans un temps de prière personnel—prenons le temps de réfléchir aux domaines de notre vie qu’on a tranquillement et confortablement rangés sous le boisseau. Faisons l’inventaire de ces péchés mignons qui ne nous dérangent plus, et amenons tout ça à la lumière. Prenons de nouveau à cœur l’appel que nous avons reçu, en tant que chrétiens, à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, par les progrès de notre sanctification—c’est-à-dire de notre obéissance à Dieu.
Je termine simplement avec cette citation du Catéchisme de Heidelberg (1563) : « Ceux qui sont convertis peuvent-ils observer parfaitement ces commandements ? Non ; car même les plus saints, tant qu’ils sont en cette vie, n’ont jamais qu’un petit commencement d’obéissance. Ils mettent cependant beaucoup d’application à vivre non seulement selon quelques commandements, mais selon tous les commandements de Dieu. » (Heidelberg 114)