Je ne sais pas vous, mais moi j’ai passé une mauvaise semaine. Je me suis senti relativement submergé par les choses que j’avais à faire (y compris cette prédication). Je me suis senti fatigué tous les jours, assez démoralisé, et même déprimé par moments. C’est comme ça. Et je suis sûr que vous avez déjà eu des semaines comme ça, vous aussi. Parce que globalement, la vie sur cette terre, c’est compliqué, quand même !
Il y a la fatigue, le découragement, la lassitude. Il y a des imprévus, des accidents, des oublis. Il y a des gens qui nous font des vacheries, des gens qui sont malhonnêtes, des gens qui nous trahissent, des gens même, parfois, qui nous détestent et qui cherchent délibérément à nous faire du mal. Mais surtout, il y a le mal que nous, on fait ! On parle mal à notre conjoint ou à nos enfants, on s’énerve au travail, on blesse nos amis. On ment un peu, on triche un peu, on manipule un peu. On convoite, on jalouse, on désire des choses qu’on ne devrait pas désirer. Et on vit avec de l’amertume, avec de la colère, on fait du favoritisme, on gâche des relations, et après on se sent mal, on est triste, on s’en veut, mais le schéma se répète…
Oui, la vie sur cette terre, c’est compliqué, quand même ! Mais figurez-vous que la Bible nous donne l’explication toute simple de cette réalité. C’est qu’en fait, on est des êtres déchus qui vivons dans un monde déchu. Ce que ça veut dire, c’est que nous, les humains, on est un peu tordus, abimés, dysfonctionnels, on ne fonctionne pas de manière optimale, comme on devrait fonctionner—et au contraire, on fonctionne de manière dommageable, néfaste, nocive, on se fait du mal à nous-mêmes et aux autres. Et on fait tout ça dans un monde qui lui-même est abîmé !
On vit dans un monde hostile, où on a des ennemis intérieurs et extérieurs. Des fois, c’est vraiment dur. Et la question qu’on va se poser ce matin, c’est la suivante : est-ce qu’on peut s’en sortir ? Est-ce qu’on est juste condamné à subir ces difficultés jour après jour, et à les supporter tant bien que mal, sans trop savoir où on va, ou bien est-ce qu’il y a de l’espoir, et est-ce que cet espoir pourrait nous aider à relever la tête, à résister au déclin et au désespoir, et même à progresser malgré les difficultés de cette vie ?
Cette question, c’est celle que se posent les Israélites à peu près 1000 ans avant Jésus-Christ, à une époque où ils vivent en terre promise (en Palestine), dans le territoire que Dieu leur avait promis, mais où il y a aussi parmi eux et tout autour d’eux des groupes de population qui sont des anciens occupants du territoire. Et ça provoque des difficultés pour les Israélites, parce que ces gens ont des pratiques très, très différentes des leurs, notamment sur le plan religieux. Et donc il y a des tensions et des affrontements entre ces gens et les Israélites, et il y a aussi une forme de tentation très forte pour les Israélites de se laisser influencer, et d’adopter pour eux-mêmes les pratiques de ces peuples—certaines de ces pratiques étant radicalement opposées à ce que Dieu attend des Israélites.
Donc les Israélites aussi trouvent que c’est compliqué, de vivre dans ces conditions. La vie en terre promise, c’était censé être super bien, mais en réalité, le monde continue d’être relativement hostile pour eux, et beaucoup d’Israélites sont découragés, et ils se posent des questions : est-ce qu’on peut s’en sortir ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ?
Ils sont dans cette situation quand ils reçoivent le récit qu’on va lire dans un instant. Et on va voir que l’auteur de ce texte veut leur raconter comment ça se fait que eux, les Israélites, se trouvent dans cette situation. Il leur raconte ce qui s’est passé quelques siècles auparavant pour qu’ils comprennent pourquoi c’est si dur pour eux maintenant. Mais il veut aussi répondre à cette question : est-ce qu’il y a de l’espoir pour que ça aille mieux ?
Et à travers ce texte, nous aussi on va avoir la réponse à cette question. La réponse, c’est la suivante : oui, il y a de l’espoir, mais pour que ça aille mieux, il va falloir qu’on se regarde soi-même dans le miroir, et ça, ça peut être un peu douloureux.
On va donc lire dans le livre des Juges—un livre qui raconte une période particulière dans l’histoire d’Israël. C’est la période où les Israélites arrivent en terre promise et commencent à vivre en terre promise. Les Israélites ont reçu des instructions de la part de Dieu pour prendre possession de ce territoire en chassant et en dépossédant les habitants qu’il y avait avant—parce que ces habitants avaient des pratiques absolument abominables. Mais comme vous allez le voir, les Israélites ne vont pas exactement faire ce que Dieu a demandé, et c’est vraiment là-dessus que l’auteur veut attirer l’attention de ses destinataires—non seulement à l’époque où il écrit ce texte, mais encore aujourd’hui.
Alors oui, on vit dans un monde hostile, notre expérience de la vie est difficile ici-bas, mais il y a trois choses auxquelles ce texte va nous faire réfléchir ce matin : Dieu dans tout ça, mon cœur dans tout ça, et l’Évangile dans tout ça ! Prenons les choses dans l’ordre.
D’abord, Dieu dans tout ça ! La première chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est tout simplement qu’il faut qu’on se rende compte que dans ce monde hostile, il y a un Dieu, et que ce Dieu, il peut être favorable à des gens.
Notre passage commence par l’histoire de la maison de Joseph qui va conquérir la ville de Béthel—une ville importante dans l’histoire d’Israël. Et ça se passe plutôt bien (1.22-26). L’auteur nous raconte une anecdote, où les Israélites trouvent un homme de la ville qui va leur expliquer par où passer pour pouvoir pénétrer dans la ville, et en échange de ça, ils vont laisser la vie sauve à cet homme et à sa famille. Cette anecdote rappelle ce qui s’est passé au tout début de la conquête du territoire de Canaan (Jos 2), lorsque des espions ont obtenu l’aide d’une prostituée (Rahab) pour pouvoir explorer la ville de Jéricho. Ça évoque un souvenir très positif dans l’histoire d’Israël. Et justement, c’est plutôt positif au début de notre passage : la maison de Joseph « frappe la ville du tranchant de l’épée » (v. 25) et donc prend possession de la ville de Béthel.
Mais les versets suivants (v. 27-29) nous refroidissent immédiatement. Manassé et Ephraïm ne « dépossèdent » pas les habitants de plusieurs villes ou de plusieurs régions. Il faut comprendre que Manassé et Ephraïm, ce sont les noms des deux tribus qui constituent ensemble la maison de Joseph. Donc on a au début de notre passage la « maison de Joseph » qui fait bien, et quelques versets plus loin, la maison de Joseph qui fait mal.
Et ce flop est d’autant plus frappant qu’au début de notre passage, il y a une petite phrase qui doit vraiment retenir notre attention. Verset 22 : « La maison de Joseph monta contre Béthel, et l’Éternel fut avec eux. » Donc quand ça se passe bien pour la maison de Joseph, il y a cette petite explication théologique : Dieu était avec eux. Ça réussissait pour la maison de Joseph, quand ils ont pris possession de la ville de Béthel, parce que Dieu était avec eux. Dieu était de leur côté, il était pour eux.
Alors certes, juste après, la maison de Joseph connaît des revers : Manassé et Ephraïm finalement ne vont pas déposséder les habitants de certaines régions, et le texte nous fait comprendre que ça, c’est vraiment une désobéissance par rapport à ce que Dieu avait demandé (on va y revenir dans le deuxième point). Mais à ce stade, on doit surtout retenir ce point : c’est justement qu’il y a un Dieu dans cette histoire, et que ce Dieu, il peut être favorable à des gens.
Ce n’est pas comme si ce monde hostile dans lequel vivent les Israélites, c’était un monde livré à lui-même, où les Israélites seraient livrés à eux-mêmes, et où finalement ce serait la loi du plus fort. Tantôt les Israélites sont puissants et motivés, et ils gagnent des victoires ; et tantôt ils sont affaiblis et découragés, et ils n’y arrivent pas. Non, ce n’est pas ça. C’est plutôt : tantôt Dieu est avec eux, et ça se passe bien ; et tantôt Dieu n’est pas avec eux, et ça ne se passe pas bien.
Dieu est le personnage le plus important de cette histoire. Et les Israélites quelques siècles plus tard qui lisent ce récit de leur propre histoire sont censés se dire : « Wow, en fait, il est arrivé dans notre histoire que Dieu soit avec nous. Et quand il est avec nous, quand il est pour nous, ça nous fait gagner des victoires et progresser ! Ce n’est pas parce qu’on était plus forts, c’est parce que Dieu nous était favorable ! »
Et nous aussi, on doit se faire la même réflexion. C’est un peu comme si le samedi après-midi, vous alliez au terrain de foot pour jouer au foot avec les jeunes du quartier, et que vous remarquiez une chose, c’est que votre équipe gagne à chaque fois que vous arrivez à avoir une certaine personne dans votre équipe—disons un gars qui s’appelle Lionel Messi. Quand vous arrivez à l’avoir dans votre équipe, à chaque fois, votre équipe gagne ! Et donc vous vous rendez compte que finalement, quand vous gagnez, ce n’est pas parce que tout le monde est meilleur ; c’est parce que vous avez avec vous le joueur qui fait la différence. Et du coup, logiquement, chaque samedi après-midi, vous allez vous demander : « Ce Lionel Messi, il va être là. Comment est-ce que je peux faire pour qu’il joue dans mon équipe ? »
De la même façon, en lisant ce texte, on est censé avoir un peu la même réaction. Dans ce monde hostile, il y a un Dieu, et ce Dieu, il peut être favorable à des gens ! Comment est-ce que je peux faire pour qu’il joue dans mon équipe ?
Et donc déjà, avant d’aller plus loin, il faut qu’on pose ça là. La vie, c’est compliqué. On peut se poser plein de questions, on peut souffrir et faire souffrir les autres, on peut être découragé, abattu, on peut se sentir seul ou coupable, on peut avoir peur ou avoir honte. On vit dans un monde hostile, parce qu’on est des êtres déchus qui vivons dans un monde déchu—mais est-ce qu’on croit qu’il y a un Dieu ? Est-ce qu’on croit qu’il y a un être suprême et transcendant, qui nous dépasse infiniment, et qui dépasse infiniment ce monde dans lequel on vit ?
Et si on le croit, est-ce que vous voyez, dans ce passage, que ce Dieu-là—le seul vrai Dieu, le Dieu créateur de l’univers, le Dieu qui gouverne l’histoire des hommes—est-ce que vous voyez que ce Dieu-là, il peut déployer sa force en faveur des gens ? C’est ce qu’il fait dans notre passage en faveur de la maison de Joseph dans les premiers versets. Si on est d’accord pour voir ça dans ce récit, eh bien ça devrait produire une chose toute simple en nous : moi aussi j’ai envie que Dieu fasse ça dans ma vie !
En traversant ce monde hostile, est-ce que vous avez envie que Dieu soit avec vous ? C’est une question très importante, parce que ça va définir notre posture, et ça va conditionner beaucoup de choses par la suite.
Alors je pose ça là, sans en dire plus pour l’instant : oui, il faut qu’on se rende compte que dans ce monde hostile, il y a un Dieu, et que ce Dieu, il peut être favorable à des gens. C’était le premier point.
Deuxièmement : mon cœur dans tout ça ! La deuxième chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que dans ce monde hostile, on doit impérativement s’examiner soi-même, et se rendre compte que le cœur de nos problèmes, c’est le problème de notre cœur.
On vient de voir qu’après un début plutôt positif pour la maison de Joseph, les tribus de Manassé et d’Ephraïm finalement ne vont pas déposséder les habitants de plusieurs régions, et ça, c’est une désobéissance à Dieu. Le verset 28 précise même très clairement que ce n’est pas un problème de force, puisque même en étant en position de supériorité, les Israélites vont choisir d’asservir les Cananéens plutôt que de les éliminer ou de les chasser du territoire.
Il faut bien comprendre, donc, que si les Israélites ne dépossèdent pas les habitants de tous ces territoires, ce n’est pas fondamentalement parce qu’ils n’en on pas les moyens, mais c’est fondamentalement parce qu’ils désobéissent aux instructions de Dieu qui avait dit qu’il fallait déposséder les habitants.
Et dans les versets 30-34, ce qu’on a, c’est une sorte de refrain à charge, qui pointe cette désobéissance des Israélites. Tout comme Manassé et Ephraïm, eh bien les autres tribus d’Israël font pareil : Zabulon non plus « ne déposséda pas les habitants », « Aser ne déposséda pas les habitants », « Nephthali ne déposséda pas les habitants »… Si bien qu’au verset 34, non seulement la tribu de Dan ne dépossède pas les habitants du territoire, mais c’est même l’inverse qui se produit : ce sont les Amoréens qui repoussent la tribu de Dan dans les montagnes ! Donc il y a vraiment une trajectoire catastrophique dans le texte.
J’insiste, mais il faut vraiment comprendre que l’auteur est en train de souligner la désobéissance des Israélites, à qui Dieu avait donné l’ordre de chasser les habitants de la terre promise au moment où les Israélites allaient prendre possession de ce territoire. C’est à travers Moïse lui-même que Dieu avait promis ce pays aux Israélites et qu’il leur avait dit : « Je livrerai entre vos mains les habitants du pays, et tu les chasseras devant toi. Tu ne concluras pas d’alliance avec eux, ni avec leurs dieux. Ils n’habiteront pas dans ton pays, de peur qu’ils ne te fassent pécher contre moi ; car tu servirais leurs dieux, et ce serait un piège pour toi. » (Exode 23.31-33)
Donc dans notre passage, qu’est-ce qu’il est en train de faire, l’auteur ? Il est en train de forcer ses destinataires—qui sont les Israélites quelques siècles plus tard, après ces événements—il est en train de forcer les Israélites à se rappeler leur histoire et à se rendre compte que si maintenant, ils vivent des choses difficiles parce qu’il y a tout autour d’eux dans la terre promise des gens qui sont issus de ces peuples cananéens, avec des pratiques horribles et des cultes rendus à des idoles, eh bien c’est parce qu’à une époque, ils n’ont pas obéi aux instructions de Dieu.
Mais l’intention de l’auteur, ce n’est pas simplement d’incriminer les ancêtres, de leur jeter la pierre et de s’apitoyer sur les conséquences de leurs actes. L’intention de l’auteur, c’est de renvoyer ses destinataires à leur propre cœur. C’est qu’ils se sentent solidaires de leur tribu et qu’ils assument leur passé, et que ça les conduise à une forme de contrition. L’auteur de ce texte veut que ses destinataires s’humilient, qu’ils se regardent eux-mêmes dans le miroir et qu’ils se disent : « Mais oui, toutes ces difficultés qu’on traverse, au fond, c’est ce qu’on mérite ! C’est nous qui avons un cœur tortueux, c’est nous qui avons cherché nos propres intérêts, c’est nous qui nous nous sommes crus plus intelligents que Dieu ! »
Dans le texte, c’est le défilé de la honte pour les tribus d’Israël. Imaginez que je vous propose de faire la même chose aujourd’hui : « On va faire une petite pause là, dans la prédication, et on va prendre le temps de faire l’inventaire des mauvais choix qui ont été faits par chaque personne présente dans la salle ce matin. On va procéder dans l’ordre alphabétique. Voyons, A… Alex. Alors, Alex, ta vie est difficile aujourd’hui, tu as passé une mauvaise semaine. OK. Passons en revue ta vie. Alex, au fil des années, s’est accommodé de la vanité, de l’amour de l’argent, de la paresse, de la peur des hommes, de l’égoïsme—Alex n’a pas dépossédé les anciens habitants de son cœur et ils sont devenus pour lui un piège. »
Et imaginez qu’un livre soit écrit pour rappeler toutes les façons dont on a toléré le mal et même pactisé avec lui. « Chantal ne chassa pas son amour de l’alcool. Benoît ne déposséda pas le narcissisme qui habitait dans son cœur. Maurice laissa une place à des pratiques occultes dans sa vie. Gertrude vécut en paix avec l’impudicité. Théodore permit à la pornographie de rester dans le pays… »
Là où je veux en venir, c’est aussi là où l’auteur de notre passage veut en venir, il me semble. C’est que dans ce monde hostile, on doit impérativement s’examiner soi-même, et se rendre compte que le cœur de nos problèmes, c’est le problème de notre cœur.
Ce n’est pas fondamentalement la faute des autres. Les Israélites qui reçoivent ce texte étaient tentés de se dire : « La vie est difficile et c’est la faute des Philistins ! Ils font rien que nous embêter ! » Mais l’auteur de ce passage leur dit : « Certes, mais pourquoi ils sont encore là, ces Philistins, déjà ? Regardez-vous vous-mêmes dans le miroir, examinez votre cœur et préoccupez-vous de vos péchés prioritairement ! »
Jésus lui-même a dit :
« C’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, meurtres, adultères, prostitutions, vols, faux témoignages, blasphèmes. Voilà ce qui souille l’homme. » (Mt 15.19-20)
Alors est-ce qu’on est prêt à faire ça ? Est-ce qu’on est prêt à se regarder nous-mêmes dans le miroir et à faire l’inventaire de nos désobéissances à Dieu ? C’est un peu déprimant, ce que je vous dis, n’est-ce pas ? Ça fait peur, peut-être. Ce que je vous propose, ce n’est pas une promenade de santé. C’est une expérience plutôt humiliante et douloureuse.
On vit dans un monde hostile, mais là où on doit regarder en premier pour comprendre ce qui ne va pas… c’est à nous-mêmes. Je ne suis pas en train de dire que quand on est la victime des mauvais traitements de quelqu’un d’autre, on doit ajouter une sorte d’auto-flagellation à la douleur qu’on ressent déjà ! Ce n’est pas ça que je dis, et ce n’est pas ce que dit le texte. Non, c’est plutôt une question de posture générale. Dans le premier point, on a parlé d’avoir la posture où on a envie que Dieu soit avec nous. Eh bien ici, on est en train de parler d’avoir aussi la posture où on reconnaît qu’on ne mérite pas que Dieu soit avec nous !
C’est tout simplement une posture d’humilité, où on est lucide sur le fait que le mal n’est pas simplement autour de nous—il est en nous, et on en est complice.
Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ? Bon, je sais, pour l’instant c’est assez déprimant tout ça, et on n’a pas vraiment vu encore où est-ce qu’il y avait de l’espoir pour nous ! Mais heureusement, il reste encore un point.
Troisièmement : l’Évangile dans tout ça ! La troisième et dernière chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que dans ce monde hostile, notre seul espoir se trouve dans les promesses de grâce de Dieu. Regardez de nouveau ce qui se passe à la fin de notre passage.
Les tribus d’Israël on donc désobéi à Dieu en ne dépossédant pas les habitants du pays ; ils ont plutôt conclu des pactes avec eux et ils ont accepté de cohabiter. Et donc Dieu envoie quelqu’un aux Israélites, avec un message de sa part (2.1-5). Dans ce message, Dieu rappelle quel est son projet : il a voulu faire grâce aux Israélites en les délivrant de l’esclavage en Égypte, en les conduisant vers la terre promise, et en leur donnant ce merveilleux pays en héritage. Cette grâce de Dieu envers son peuple, Dieu dit qu’elle est l’expression d’une alliance irrévocable—c’est-à-dire que Dieu s’est engagé en faveur de son peuple et qu’il lui a fait des promesses, et que Dieu, lui, tiendra toutes ses promesses.
Mais le peuple, lui, « n’a pas écouté sa voix » (v. 2), c’est-à-dire qu’il n’a pas eu pleinement confiance en Dieu, et c’est ce qui a fait que finalement, les Israélites n’ont pas dépossédé les habitants du territoire. Le résultat, c’est qu’il s’est passé ce que Dieu avait prédit sous forme d’avertissement, par la bouche de Josué peu de temps avant sa mort :
« Prenez bien garde à vous-mêmes et aimez l’Éternel, votre Dieu. Si vous vous détournez et que vous vous attachiez à ces autres nations qui restent avec vous, si vous vous unissez avec elles par des mariages et si vous vous mêlez à elles, sachez bien que l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à déposséder ces nations devant vous ; mais elles seront pour vous un filet et un piège, un fouet pour vos flancs et des épines dans vos yeux, jusqu’à ce que vous périssiez sur cette bonne terre que l’Éternel, votre Dieu, vous a donnée. » (Jos 23.11-13)
Dans notre passage, l’envoyé de l’Éternel rappelle cette parole, et annonce qu’elle est en train de s’accomplir. Et le peuple semble être profondément touché et même bouleversé. Le texte dit qu’ils élèvent la voix, qu’ils pleurent et qu’ils offrent des sacrifices à Dieu. Leur repentir a été si ostensible que cet endroit a pris le nom de Bokim, qui veut dire : « ceux qui pleurent ».
Et donc ce qu’on a là, c’est un motif, qui va en fait caractériser tout le livre des Juges : Dieu fait du bien aux Israélites, mais les Israélites ne font pas confiance à Dieu, donc Dieu les châtie pour les ramener à lui, ils reviennent à Dieu et ils pleurent, et Dieu leur fait du bien. Mais les Israélites ne font pas confiance à Dieu, donc Dieu les châtie pour les ramener à lui, ils reviennent à Dieu… etc. Vous comprenez le motif ?
Et ce qui est frappant dans notre passage, d’ailleurs, c’est que le texte dit bien que les Israélites sont tristes (puisqu’ils pleurent), et on dirait qu’il y a une forme de repentance, mais pour autant, le texte ne dit pas qu’ils se remettent en marche pour déposséder les habitants du pays ! Le texte ne dit pas qu’ils se retroussent les manches et qu’ils vont détruire les idoles, chasser les idolâtres et réformer le pays ! On a l’impression que les larmes et les sacrifices d’Israël, ici, c’est beaucoup de bruit et de gesticulations… pour rien !
Alors la grande question, elle est là, et c’est la grande question qui va traverser tout le livre des Juges : il est où, alors, notre espoir ? Il est où, l’espoir des Israélites, s’ils n’arrêtent pas de se détourner de Dieu ? Il est où, notre espoir dans ce monde hostile, si nous aussi, on a envie que Dieu soit avec nous, mais qu’en même temps, notre cœur à nous, il est tortueux et enclin au mal ?
Eh bien notre espoir, il est dans cette parole prononcée par Dieu lui-même :
« Jamais je ne romprai mon alliance avec vous. » (v. 1)
Cette alliance dont parle Dieu, ça fait référence à tout ce que Dieu s’est engagé à faire en faveur du peuple qu’il s’est choisi. Et ce qu’il s’est engagé à faire, c’est le sauver. Dieu s’est engagé à délivrer son peuple de tous ses ennemis, intérieurs et extérieurs, et à le faire entrer dans son paradis pour toujours. Et c’est en vertu de cette promesse que Dieu lui-même s’est approché des humains, dans l’histoire, en la personne de Jésus-Christ.
1300 ans à peu près après les événements qui nous sont décrits dans notre passage, Jésus le Fils de Dieu est venu sur la terre, et il s’est donné lui-même en rançon pour délivrer tous ceux qui placent leur foi en lui. Ce que Jésus a fait, c’est qu’il a accepté de prendre sur lui la peine de nos péchés—de ce mal qui habite dans notre cœur et qui nous séparait de Dieu—il a pris sur lui le châtiment qui normalement aurait dû être pour nous, et il en est mort sur la croix.
Mais le troisième jour, il est ressuscité des morts en vainqueur. Et par sa mort et sa résurrection, en fait, Jésus a gagné la victoire décisive sur tous les ennemis de Dieu et des croyants. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a dépossédé le prince de ce monde, c’est-à-dire le diable. Jésus a réalisé parfaitement ce que les Israélites dans notre passage (et dans tout le livre des Juges) ne voulaient ou ne pouvaient pas faire.
Vous voyez ? Parce que Dieu a dit qu’il ne romprai jamais son alliance, eh bien il s’est chargé de tout réaliser lui-même, à un coût qu’il a lui-même entièrement supporté.
Et pour les Israélites qui lisent ce texte il y a 3000 ans, comme pour nous aujourd’hui, il est là notre espoir dans ce monde hostile. Dieu tiendra toutes ses promesses en faveur de ceux qui l’aiment et qui se reposent sur lui.
Nous aujourd’hui, on a l’avantage de voir comment Dieu s’est chargé de notre délivrance. On a l’avantage de comprendre mieux que par sa venue, Jésus a triomphé du combat et qu’il a scellé notre salut, si notre foi est en lui. Il a désarmé nos ennemis.
Vous comprenez ? Nos ennemis sont encore là : ce ne sont pas des Philistins, des Amoréens, des Yébousiens, etc., mais ce sont les tentations du diable, du monde et de notre chair—l’immoralité, les mauvais désirs, l’égoïsme, le mensonge, la cupidité, la jalousie, la haine—ces ennemis sont encore là, autour de nous, dans notre vie, mais écoutez bien, ils ont été désarmés ! Ils nous font des grimaces, ils essaient de nous intimider, mais en réalité, si notre foi est en Jésus, nos ennemis sont devenus totalement inoffensifs !
Parce que si on se repose en Jésus, il n’y a rien ni personne qui ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu. Jamais il ne rompra son alliance avec nous ! Et désormais, dans ce monde hostile, on peut lever la tête et vivre dans l’espérance du monde à venir—la véritable terre promise—où toute larme sera essuyée de notre visage, où toute douleur sera parfaitement consolée, et où le mal n’existera plus et où on pourra vivre pour toujours dans une communion parfaite avec Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit et les uns avec les autres !
Alors oui, la vie sur cette terre, c’est compliqué. Oui, on est des êtres déchus qui vivons dans un monde déchu. Et il arrive qu’on passe une mauvaise semaine ! Mais est-ce qu’on peut s’en sortir ? Est-ce qu’il y a de l’espoir pour nous ? Est-ce qu’il y a un espoir qui pourrait nous aider à résister au déclin et au désespoir, et au contraire, nous permettre de progresser dans cette vie et de gagner des victoires ?
La réponse de ce texte : oui ! Oui, il y a de l’espoir, mais pour que ça aille mieux, il faut qu’on se regarde soi-même dans le miroir, et ça, ça peut être un peu douloureux. On l’a vu ce matin. On a vu qu’il y avait un Dieu, et que Dieu pouvait et voulait être favorable à des gens. Mais on a vu aussi que nous, on n’était pas digne de sa faveur, parce qu’en fait, notre cœur est rempli de mauvaises choses qui nous détournent de lui. Mais heureusement, Dieu s’est chargé de tout, pour que nous, on n’ait plus qu’à nous reposer tout simplement sur lui en vertu de ses promesses de grâce qui sont irrévocables.
Est-ce que ce matin, vous avez placé tous vos espoirs en Jésus-Christ ? Est-ce que vous avez envie de connaître la faveur de Dieu, est-ce que vous êtes lucides sur le mal qui naturellement vous détourne de Dieu, et est-ce que vous reconnaissez que votre seul secours est auprès de Jésus ? Est-ce que vous avez envie d’apprendre à le connaître et à le servir d’un cœur débordant de reconnaissance et d’amour pour ce qu’il a fait pour vous ?
Et si vous êtes un croyant déjà depuis quelque temps, est-ce que vous êtes prêt à vous regarder vous aussi dans le miroir et à faire l’inventaire de vos compromissions ? Est-ce que vous et moi, on est prêt à laisser la lumière de Dieu briller dans notre cœur et dans nos pensées pour nous montrer ce qui lui déplaît et pour nous montrer où c’est qu’on doit mener le combat, par sa grâce et par la puissance du Saint-Esprit dans notre vie, pour chasser de notre vie ces ennemis de notre âme qui ont déjà été désarmés par Jésus ?
On peut survivre à ce monde hostile, et on peut même progresser et gagner des victoires, si on se sert les coudes, si on prie les uns pour les autres, si on confesse nos péchés à Dieu et les uns aux autres quand c’est nécessaire, si on se pardonne mutuellement, si on est fidèle à notre assemblée et aux moyens de grâce que Dieu a mis à notre disposition, mais surtout, si on garde nos yeux fixés sur Jésus qui est l’auteur de la foi et celui qui la mène à la perfection—sachant que si on est attaché à Jésus par la foi, alors Dieu est dans notre équipe et on va gagner le match pour sûr !
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? », dit l’apôtre Paul (Rm 8.31). Et Jésus lui-même dit :
« Je vous ai parlé ainsi, pour que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16.33)