Je ne pense pas qu’on se rende compte de ce que Jésus représente vraiment pour nous. Je ne pense pas qu’on ait pris la mesure de ce qu’il est, de ce qu’il y a en lui, de ce qui nous est présenté et offert en sa personne. Je ne pense pas qu’on s’en rende compte vraiment, parce que si on s’en rendait compte vraiment, eh bien nous tous qui sommes croyants, on se sentirait beaucoup mieux que comment on se sent actuellement.
Plus j’avance dans la vie chrétienne, plus je suis persuadé que la raison principale pour laquelle on vit mal les circonstances de notre pèlerinage sur la terre, c’est qu’on ne connaît pas assez bien Jésus.
Je ne dis pas du tout ça pour minimiser les épreuves et les souffrances horribles qu’on peut traverser ici-bas. Je ne dis pas du tout ça non plus pour nous accabler de culpabilité : « Ah, tu ne te sens pas bien ? C’est de ta faute après tout, tu n’as qu’à mieux connaître Jésus ! » Non, si je dis ça, ce n’est pas pour nous enfoncer, mais plutôt pour élever et magnifier à notre esprit « l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus » (Ph 3.8).
On traverse tous des difficultés. Je connais, pour certains d’entre vous, la terrible douleur que vous avez pu éprouver (et que vous éprouvez encore, pour certains d’entre vous) à la suite d’un deuil, d’un accident, d’une agression, d’un diagnostic médical (ou de l’absence d’un diagnostic médical !), d’un licenciement, d’un échec, d’un conflit, d’une trahison, d’un abandon, ou bien à cause d’une langueur intérieure indicible, d’un désir interdit, d’une addiction, de regrets perpétuels, de doutes envahissants, de pensées obsessionnelles…
On traverse tous des difficultés, et ce sont de réelles difficultés ; elles sont terribles et douloureuses, et elles seront toujours là tant que nous, on sera là, sur cette terre, dans les conditions actuelles de notre existence. Mais. Si seulement on comprenait un peu mieux ce que c’est qui nous est présenté et offert en Jésus-Christ. Si seulement on se rendait compte de ce qu’on a en lui, ce merveilleux rédempteur et sauveur, ce médiateur, ce compagnon, ce défenseur, ce consolateur, ce refuge, ce frère, cet ami !
En fait, j’ai une seule chose à vous dire aujourd’hui—et si ça devait être ma dernière prédication parmi vous, je voudrais que ce soit cette idée que vous reteniez par-dessus tout : c’est qu’en Jésus-Christ, Dieu nous a donné tout ce qu’il pouvait nous donner.
Et vous n’allez peut-être pas le voir tout de suite, mais cette idée, c’est celle qu’on trouve au cœur du texte qu’on va lire et étudier dans un instant. C’est la suite du livre des Juges, là où on s’était arrêté au début de l’été. Je vous rappelle le contexte : ça se passe plus de 1000 ans avant Jésus-Christ, les Israélites sont entrés en terre promise, il étaient censés entièrement déposséder les anciens habitants de ce territoire (parce que c’était des gens qui avaient des pratiques abominables et cruelles), mais ils ne l’ont pas fait, pas entièrement. Du coup, certains de ces peuples ennemis sont encore là et empêchent les Israélites de vivre en paix ; et en plus, ils les incitent à rendre un culte à des faux dieux. Mais le vrai Dieu demeure attentif à la situation des Israélites, et à chaque fois que les Israélites crient à lui, il leur envoie un héros, un libérateur appelé un « juge » pour les délivrer de leurs oppresseurs (Jg 2.18).
Et donc maintenant on va découvrir le début de l’histoire d’un cinquième juge qui s’appelle Gédéon. Mais ce que je veux que vous voyiez, c’est que la manière dont l’histoire de Gédéon est racontée var servir, en fait, à faire désirer au lecteur un défenseur comme lui.
Comme toute la Bible, ce texte va nous parler de qui, en fait ? De Jésus ! On va découvrir dans ce début de l’histoire de Gédéon le genre de défenseur ou de libérateur qu’il nous faut, à nous, et que Dieu nous a vraiment envoyé, non pas en la personne de Gédéon, mais finalement et parfaitement en la personne de Jésus.
Il va y avoir trois étapes dans le récit, vous allez voir : d’abord, l’auteur veut souligner le besoin qu’avaient les Israélites—et qu’on a nous aussi—d’un libérateur ; ensuite, l’auteur va nous montrer comment Dieu appelle, met à part, et équipe un tel libérateur ; et enfin, l’auteur va nous montrer le genre d’action que ce genre de libérateur va entreprendre en notre faveur.
Et donc à travers tout ça, à la fin, tout ce que je souhaite—et tout ce que souhaite l’auteur, je pense, qui a été guidé et inspiré par le Saint-Esprit—eh bien, c’est qu’on puisse connaître Jésus plus, pour l’aimer plus !
Premièrement : un héros tellement nécessaire ! Si on prend les choses dans l’ordre, ce que le texte veut nous dire en premier (v. 1-10), c’est que c’est super important pour nous de comprendre qu’on a désespérément besoin d’un sauveur comme Jésus, et aussi de comprendre pourquoi on a si désespérément besoin d’un tel sauveur.
Donc dans le texte on a un truc qui se passe qui, au début, ne devrait pas du tout nous surprendre, puisque c’est un cycle auquel maintenant on est habitué. Les Israélites en terre promise font le mal aux yeux de Dieu, et Dieu, pour les corriger, permet à un peuple étranger de les opprimer. Cette fois, ce sont les Madianites. Pour l’instant, rien de très original.
Mais ensuite, il y a deux choses qui devraient nous surprendre. D’abord, pour la première fois, le texte nous donne beaucoup de détails sur le genre d’oppression exercée par les Madianites (v. 2-5). C’est une oppression violente, et c’est juste une manière de nous dire : « Rendez-vous compte, c’était vraiment, vraiment dur pour les Israélites ! »
Ensuite on a le verset 6 qui dit que les Israélites « crièrent à l’Éternel », et ça, c’est presque un refrain qu’on a eu jusqu’ici dans le livre des Juges. Donc pas de surprise là non plus, mais la deuxième chose qui doit nous surprendre, elle vient juste après. « Lorsque les Israélites crièrent à l’Éternel au sujet de Madian, l’Éternel leur envoya… un prophète. » (v. 7) Ça, c’est surprenant, parce que normalement, juste après les cris des Israélites, le texte nous dit que l’Éternel leur envoie un libérateur, ou un juge pour les délivrer. Mais pas ici !
Dieu leur envoie un prophète, et la raison, c’est que Dieu veut donner aux Israélites une explication, de pourquoi ils sont dans cette situation extrêmement difficile. Le prophète leur explique que Dieu s’est montré super bon envers eux, ils les a délivrés de l’esclavage en Égypte, il leur a donné un super pays pour y vivre—et maintenant qu’ils sont au bénéfice de cette grâce incroyable, il étaient censés faire confiance à Dieu et se fier à ses instructions. « Mais vous n’avez pas écouté ma voix. » (v. 10)
Voilà le problème. Et on voit que c’est important, pour Dieu, que les Israélites entendent ce message et comprennent pourquoi ils traversent tant de difficultés. Et la manière dont l’auteur le raconte nous montre aussi que c’est important pour lui, par rapport aux futurs lecteurs de ce texte, qu’on comprenne bien ce message, et qu’on prenne bien conscience de ce qui est un vrai problème de fond : nous, les humains, on n’écoute pas volontiers la voix de Dieu.
Ce qui se passe ici dans le texte, c’est un peu comme si mes enfants, un jour, m’appelaient dans leur détresse pour me dire que les toilettes étaient bouchées. Bon. Ils crient à moi, et je vais prendre le débouche-toilettes et les délivrer de leur affliction. Mais imaginons que ce soit un problème récurrent. Disons que toutes les deux semaines, rebelote : les toilettes sont bouchées et on a besoin d’un libérateur. Eh bien, au bout d’un moment, un jour, je ne vais pas arriver avec un débouche-toilettes, mais avec un message : « Je vous ai souvent délivrés. Je vous ai dit qu’il fallait utiliser moins de papier quand on faisait ses besoins, ou si nécessaire, tirer la chasse à mi-parcours—mais vous n’avez pas écouté ma voix ! »
À un moment-donné, on n’a pas seulement besoin d’une délivrance, mais peut-être aussi d’une explication, parce qu’on a besoin d’être instruit. On a besoin de comprendre.
C’est ce qui se passe dans notre texte. Les Israélites ont besoin d’être délivrés, certes, mais ils ont aussi besoin d’être instruits. Ils ont besoin de comprendre pourquoi ils ont besoin d’être délivrés. Pourquoi ? Parce qu’ils n’écoutent pas la voix de l’Éternel.
Et ça évidemment, c’est une des grandes leçons du livre des Juges. Dieu est bon envers son peuple. Dieu donne plein de bénédictions à son peuple. Dieu parle à son peuple. Dieu écoute son peuple. Dieu délivre son peuple. Mais le peuple est tout le temps en train de quand même tourner le dos à Dieu ! Et ce n’est pas seulement un motif dans le livre des Juges—en fait, c’est un motif dans toute la Bible et dans toute l’histoire de l’humanité !
Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que ça ressemble un petit peu à votre vie ? Si on prend le temps de réfléchir un petit peu à ce qui se passe dans notre cœur : est-ce que nos désirs se portent plus vers Dieu, ou plus vers nous-mêmes ? Qu’est-ce qui nous intéresse vraiment ? Est-ce qu’on se passionne plutôt pour les voies de Dieu, ou est-ce qu’on se passionne plutôt pour nos désirs égocentrés ? Est-ce que le soir dans mon lit, ou le matin au réveil, mes pensées se portent plus facilement et plus spontanément sur Dieu, sur ses merveilleux attributs, sur sa parole, sur ses actes, ou bien est-ce que mes pensées se portent plutôt sur mes besoins, sur mes ambitions, sur mes convoitises ?
Je ne peux pas répondre à votre place. Mais ce que ce texte nous invite à faire ici, c’est porter un regard lucide sur notre condition humaine. Les Israélites qui ont toutes ces raisons de faire confiance à Dieu, mais qui pourtant n’écoutent pas sa voix, c’est nous. Leur cœur, c’est notre cœur. Et le monde douloureux dans lequel ils vivent, c’est le même monde douloureux que celui dans lequel nous, on vit.
Et ce monde douloureux, empreint de mal et de souffrance, c’est la conséquence de notre déclaration d’indépendance d’avec Dieu. Je ne suis pas en train de dire que les épreuves qu’on traverse sont forcément, directement la conséquence d’un péché particulier qu’on aurait commis, pas du tout. Mais la Bible nous explique bien que si le monde dans lequel on vit est abîmé—si on a des accidents, des maladies, des conflits, des souffrances physiques ou psychiques, si on commet le mal et si on est victime du mal commis par les autres—tout ça, fondamentalement, c’est parce que : « Vous n’avez pas écouté ma voix ».
Et oui, c’est vrai que parfois, Dieu nous corrige pour notre bien, il peut utiliser les épreuves pour éveiller notre conscience, pour ouvrir nos yeux à des comportements néfastes dont nous sommes responsables, et pour nous montrer qu’on s’est éloigné de lui.
Est-ce qu’on reconnaît cette réalité ? Et du coup, quand parfois on se sent tellement écrasé par la condition du monde et par notre propre condition déchue, et quand on fait l’expérience, peut-être jusque dans notre chair, de cette dépravation horrible et douloureuse, eh bien si on a envie de pousser un cri existentiel, c’est bon signe ! C’est réaliste !
On a désespérément besoin d’une solution. Et il n’y a qu’à Dieu qu’on peut la demander, en criant à lui, comme les Israélites dans notre texte.
Et donc vous voyez : un héros est tellement nécessaire dans notre situation. Et on ne pourra jamais vraiment prendre la mesure de ce qui nous est présenté et offert en Jésus, si on ne mesure pas d’abord combien on a besoin de lui. Et pour ça, c’est bien, en fait, parfois, d’écouter les actualités à la radio, de s’informer sur les injustices et les violences qui existent autour de nous, de regarder un peu comment les gens se déchirent sur Twitter, d’aller faire un tour aux urgences—ou mieux encore, d’amener notre vie intérieure à la lumière de la Parole de Dieu (et d’en avoir honte). Un héros est tellement nécessaire pour nous délivrer !
Est-ce que vous désirez qu’un tel héros vienne à votre défense ?
Eh bien regardez la suite du texte. Dans la deuxième section du texte qu’on a lu (v. 11-24), maintenant ce qu’on voit, c’est que Dieu a suscité un héros pour nous sauver, et qu’il l’a parfaitement équipé pour sa mission. Le texte veut vraiment souligner la manière dont Dieu nous envoie un héros tellement qualifié ! Tellement qualifié pour être le sauveur-libérateur-défenseur parfait qui dépasse toutes nos espérances !
Alors ces 14 versets sont tellement riches que j’aimerais avoir encore une heure devant moi pour vous montrer au moins un petit peu à quel point ce texte est incroyable. Mais on va essayer d’aller droit à l’essentiel.
Ce qui se passe dans le récit, c’est que Gédéon reçoit son appel à être le juge (libérateur) qui va délivrer les Israélites de l’oppression des Madianites, de la part de l’Éternel. La première chose qu’on doit remarquer, c’est d’abord la similitude entre la manière dont Gédéon est appelé à cette mission, et la manière dont Moïse (peut-être 200 ans auparavant) avait été appelé à la sienne.
Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais les Israélites qui lisent ce texte à l’origine, ou qui entendent cette histoire, ils auraient tout de suite fait le rapprochement. Et l’effet de ce rapprochement, ça aurait été tout simplement de dire : « Oh wow, on a un gars de la stature de Moïse, là ! L’histoire de Gédéon, ça va nous parler du genre de héros que Dieu envoie pour délivrer son peuple. C’est le genre de héros qu’il nous faut. » Vous suivez ?
Mais il y a plus, dans le texte. Au fil du récit, il y a une prise de conscience progressive chez Gédéon que l’Ange de l’Éternel, en fait, c’est l’Éternel. Et ça, c’est un élément extrêmement important pour bien comprendre la portée de ce deuxième point de ma prédication.
Au début, Gédéon rencontre cet « Ange de l’Éternel » qui le salue en lui parlant de l’Éternel à la troisième personne : « L’Éternel est avec toi » (v. 12). Et Gédéon le salue en retour en l’appelant : « mon seigneur » (adoni), ce qui en hébreu est tout simplement un titre de politesse comme « cher monsieur ». Mais dans le texte, vous avez peut-être remarqué que « l’Ange de l’Éternel » devient tout simplement « l’Éternel » au verset 14, et cette fois, il dit à Gédéon : « N’est-ce pas moi qui t’envoie » ? Gédéon a une prise de conscience à ce moment-là, et répond cette fois : « Ah mon Seigneur » (v. 15) mais cette fois, ce n’est plus « cher monsieur » en hébreu, mais « Adonaï », le titre qu’on emploie normalement pour Dieu !
Tout ça, ça donne un poids énorme à la parole que l’Éternel prononce ensuite au verset 16 pour assurer à Gédéon qu’il sera capable de vaincre les Madianites : « Je serai avec toi. »
Alors il faut qu’on s’arrête un petit moment, là. Imaginez qu’un jour, votre patron vous appelle, et qu’il vous dise : « Voilà, j’ai une mission à te confier. Tu vas la mettre tout en-haut de ta to-do list, avec le code couleur rouge urgent, c’est un truc hyper, hyper important à faire. Le problème, c’est que c’est un truc assez technique, assez difficile à faire. Pour être honnête, ce n’est même pas du tout dans tes compétences. Alors voilà, tu peux me demander tout ce que tu veux : si tu penses que ça peut aider à réaliser cette mission, je te le donnerai. »
Vous imaginez un peu la situation ? Forcément, vous vous diriez : « Bon, il est bien sympa mon patron, mais si je lui demande 1,000,000 euros pour m’aider à accomplir cette mission, il ne va peut-être pas pouvoir me les donner, même s’il a envie ! »
Maintenant imaginez que vous soyez Gédéon, et que Dieu vous dise : « Lève-toi et va délivrer l’Ukraine de l’oppression des Russes. Qu’est-ce qu’il te faudrait pour ça ? Une armée de 500,000 soldats ? 100 milliards d’euros ? Le contrôle de la rotation de la terre ? Attends, j’ai une meilleure idée : moi, le Dieu unique et vivant, le créateur de l’univers, moi qui gouverne toutes choses par ma providence, moi, je serai avec toi ! Je te donne moi ! »
C’est une parole incroyable, non, si elle vraie, et si elle vient vraiment du vrai Dieu ! Qu’est-ce qu’on pourrait demander de plus, que Dieu lui-même ? Qu’est-ce qui pourrait encore nous manquer, si on a Dieu ? Alors c’est si gros, que Gédéon hésite un peu ; et il demande un signe pour être sûr qu’il a vraiment la faveur de Dieu (il n’est pas encore vraiment sûr que c’est vraiment Dieu qui lui parle, v. 17). Gédéon obtient alors ce signe et cette confirmation, et on voit qu’il est totalement convaincu à la fin, pourquoi ? Parce qu’il est terrifié !
Et ça aussi dans le texte, c’est pour souligner que oui, cette rencontre et cet échange entre Gédéon et « l’Ange de l’Éternel », c’est absolument incroyable.
Vous savez, nous si on est croyant, on a certainement beaucoup d’affection pour Dieu, et on n’a pas normalement peur de Dieu, parce qu’on sait qu’il est un tendre Père pour les croyants, il est plein de patience et de bonté et de miséricorde. Mais du coup, on a tendance parfois à l’imaginer plus ou moins consciemment comme une peluche géante plutôt que comme un soleil en fusion. On l’imagine comme un panda roux qu’on aurait envie de tenir dans ses bras et de caresser, plutôt que comme un lion rugissant qui pourrait nous couper en deux en un coup de griffe !
Et donc le côté absolument inouï et spectaculaire de cette rencontre physique, tangible, entre Gédéon et l’Éternel, c’est là pour frapper notre esprit et nous rappeler un genre de motif, quand Dieu intervient pour sauver son peuple. Qu’est-ce qu’il fait ? Il s’engage à fond. Gédéon, c’était quelqu’un de modeste, quelqu’un qui ne payait pas de mine—mais notre grand Dieu, l’Éternel des armées, ineffable, redoutable, lui, s’est approché, il s’est manifesté sous une forme tangible, il a parlé à Gédéon, il l’a appelé, il l’a choisi, il l’a consacré à son service, et il l’a équipé pour son service en se donnant lui-même à lui. Gédéon est qualifié parce qu’il est l’élu de Dieu, l’envoyé de Dieu, qui fait l’objet de toute la faveur de Dieu. Il a été mandaté par Dieu en personne, et il a toute la puissance de Dieu à sa disposition.
Je ne sais pas vous, mais moi, à mon tour, quand je vois ça, j’aimerais bien que Gédéon soit mon ami ! J’aimerais bien qu’il habite chez moi. J’aimerais bien qu’il m’accompagne à l’école. J’aimerais bien lui présenter mes ennemis. J’aimerais bien lui parler de mes problèmes. Eh bien laissez-moi vous présenter quelqu’un comme ça, mais qui est encore mieux !
Jésus de Nazareth, un Galiléen qui ne payait pas de mine, le fils d’un modeste charpentier. Mais par lui, et en lui, notre grand Dieu, l’Éternel des armées, ineffable, redoutable, s’est approché, il s’est manifesté sous une forme tangible, il nous a parlé. Et Dieu le Père l’a appelé son Fils, il l’a consacré à son service, il l’a établi comme le messie—celui que Dieu a oint et envoyé pour faire sa volonté. Jésus, véritablement Dieu et véritablement homme à la fois, l’Ange de l’Éternel pourrait-on dire, qui ne va pas appeler un autre gars, mais qui prend lui-même la place du libérateur, et qui est tellement qualifié, parce qu’il a littéralement toute la puissance de Dieu à sa disposition. Qui pourrait lui résister ?
Et il vient pour se donner à nous, et pour être notre ami et notre frère—si nous, on se tourne vers lui par la foi. Qu’est-ce qu’on pourrait demander de plus à Dieu, que Jésus ? Parce que en Jésus, Dieu se donne lui-même à nous !
« Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création ! Tout a été créé par lui et pour lui ; il est avant toutes choses et tout subsiste en lui. En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité… et vous [croyants] avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir ! » (cf. Col 1—2)
Et en fait, un Israélite pieux, qui connaît cette histoire de Gédéon, eh bien si on lui présente Jésus, il devrait naturellement se tourner tout de suite vers lui et se confier en lui, tellement c’est évident que Jésus récapitule en lui-même tous les motifs de cette histoire. Gédéon, c’est la version bêta du libérateur, mais Jésus, c’est la version finale, la version Gold Master. Tout ce que Dieu présente aux Israélites à travers Gédéon, il le présente de manière ultime, définitive, idéale, parfaite, en Jésus.
Jésus est un héros tellement qualifié pour être notre sauveur, notre libérateur, notre défenseur, notre protecteur, notre consolateur au milieu de toutes nos afflictions ! Dieu a suscité un héros pour nous sauver, et il l’a parfaitement équipé pour sa mission. Ça ne sert à rien de chercher ailleurs, d’attendre de trouver mieux, de porter nos espoirs vers quoi que ce soit d’autre, parce qu’on ne trouvera jamais rien ni personne d’aussi bien que lui !
Ça va, vous commencez à comprendre le message ? Mais il y a encore un dernier point. Un héros tellement dévoué ! Si on revient une dernière fois au texte (v. 25-32), maintenant on va voir que non seulement le héros que Dieu nous envoie est parfaitement qualifié, mais en plus, il va se consacrer totalement à notre délivrance.
Regardez ce qui se passe dans le texte. Encore une fois, rappelons-nous que l’histoire de Gédéon nous parle de Jésus : tout ce qui se passe ici s’est réellement passé, mais il y a une portée didactique pour les Israélites qui ont vécu ces événements, et pour tous ceux qui vont lire cette histoire par la suite. Comme je l’ai dit en introduction, cette histoire est là pour nous faire désirer un libérateur comme Gédéon ; elle est là pour nous aider à comprendre et à apprécier ce qui nous est présenté et offert en la personne de Jésus, le héros ultime.
Alors qu’est-ce qui se passe ? Premièrement, Dieu dit à Gédéon de détruire l’autel de Baal et le poteau d’Achéra qui sont à son père (v. 25)—c’est-à-dire les idoles et le lieu de culte des idoles, que la famille de Gédéon adorait et servait. Et Gédéon doit remplacer ces choses par un autel à l’Éternel, et il doit même offrir un sacrifice à l’Éternel dessus. Donc c’est très clair : Gédéon doit renverser le culte des faux dieux, et le remplacer par le culte au vrai Dieu.
Et le texte nous dit que Gédéon le fait ; il est obéissant. Il a accepté sa mission, et il remplit sa mission. Et il faut comprendre déjà, dans un premier temps, que c’est hautement significatif, ce que fait Gédéon. C’est une sorte d’acte inaugural, c’est une déclaration de guerre contre les faux dieux, c’est un message solennel et spectaculaire adressé à la famille de Gédéon, premièrement, et par extension à tout le peuple : c’est que c’est terminé, l’emprise des faux dieux sur le peuple de l’Éternel est appelée à être détruite, et on va rétablir la relation avec l’Éternel, et restaurer le vrai culte.
C’est un acte qui doit faire peur à Baal, qui doit faire réfléchir ceux qui lui rendaient un culte, et qui doit réjouir ceux qui attendaient ça depuis longtemps et qui étaient tristes à cause de l’idolâtrie d’Israël. C’est comme si on vivait sous l’occupation allemande dans les années 1940, et qu’un beau dimanche matin, en passant à Jean Macé pour venir au théâtre de Lulu, vous découvrez que quelqu’un a arraché et déchiré le drapeau nazi qui était suspendu sur la façade de la mairie. Symboliquement, c’est fort.
Mais l’autre chose qu’on voit dans le texte, c’est que cette mission de Gédéon, elle est réalisée à un grand prix pour lui. D’abord, le texte nous dit bien que c’est un acte extrêmement dangereux qu’il a fait, puisqu’il a peur et qu’il le fait de nuit (v. 27). Et ensuite, le texte nous dit que certes, il échappe à la peine de mort, mais on lui donne un nouveau nom : Yeroubbaal (v. 22), en disant « Que Baal plaide contre lui »—et c’est littéralement le sens de ce nom : « Baal plaidera » (sous-entendu : contre lui). C’est une imprécation contre Gédéon, en fait.
Ce qu’on doit comprendre ici, c’est que Gédéon s’est vraiment mis lui-même en première ligne pour inaugurer la délivrance des Israélites. Il a pris des risques énormes, il s’est mis en danger, et il a donné de toute sa personne au point d’être maudit.
On doit être touché, en fait, de voir le dévouement de Gédéon. Le prix qu’il a accepté de payer simplement pour obéir à Dieu et assumer sa mission en faveur des Israélites. Gédéon est monté au créneau, il a pris quelques serviteurs, et il est allé directement au combat contre Baal ; il s’est mis lui-même on the line, comme on dit—il est monté au front, il a mis sa vie en jeu, il est allé au contact de l’adversaire, il a saisi l’ennemi d’Israël à bras le corps, et il a payé de lui-même en étant visé par une malédiction qu’il allait devoir assumer dorénavant. Est-ce que vous pouvez imaginer, si ce matin, on décidait d’arrêter de vous appeler par votre prénom et qu’on vous appelle à la place : « Que Satan te fasse du mal » ?
Mais tout ça, vous comprenez, c’est là pour nous montrer que le héros que Dieu nous envoie se consacre totalement à notre délivrance. C’est un héros tellement dévoué ! On a besoin de ça, et on devrait avoir envie de ça. Envie de quelqu’un qui va faire ce qu’on est incapable de faire, quelqu’un qui va mettre sa vie on the line pour nous—qui va mettre sa vie sur la table, qui va se donner pour nous, qui va combattre nos ennemis pour nous, même au point d’être maudit à notre place.
La Bible nous dit que c’est ce que Jésus a fait pour les croyants. On était tous séparés de Dieu, on n’écoutait pas sa voix, et on était en proie au mal et à la mort—et tous les jours, on constate l’état déchu de notre vie, et l’état déchu de notre monde, et on en souffre. Mais Jésus est venu, et il a été le Gédéon ultime. Il est monté au front, il a mis sa vie en jeu, il est allé au contact de l’adversaire, il a saisi notre ennemi à bras le corps, et il a payé de lui-même sur la croix, en étant visé par la malédiction.
C’est nous qui étions accusés par le diable et visés par la malédiction, en raison du mal qu’il y avait dans notre cœur. Tout comme la maison-même de Gédéon était visée par la malédiction parce qu’elle rendait un culte à Baal. Mais Gédéon a détourné sur lui-même cette malédiction ; et de la même façon, Jésus a détourné sur lui-même notre malédiction en mettant sa vie sur la table en échange de la nôtre.
Mais par l’offrande de lui-même sur la croix, et par sa résurrection triomphale le troisième jour, Jésus a réellement inauguré notre salut et notre délivrance, si on est croyant, si on se repose en lui, si on s’attache à lui par la foi. Quel dévouement de la part de Jésus, qui s’est consacré à ce point à notre salut, et qui a tout accompli à notre place !
« Il a effacé l’acte rédigé contre nous et dont les dispositions nous étaient contraires ; il l’a supprimé, en le clouant à la croix ; il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix. » (Col 2.14-15)
Quel incroyable héros que Jésus-Christ. Quel incroyable défenseur pour les croyants. Il s’est levé comme notre avocat en face des accusations du diable, et il s’est substitué à ses clients en acceptant d’être visé lui-même par le réquisitoire de l’accusateur—et en acceptant d’être par conséquent maudit, condamné, et châtié à notre place.
Mais puisqu’il était parfaitement juste, la mort ne pouvait pas le retenir, et donc il est ressuscité en vainqueur, et maintenant ce n’est plus Baal ou le diable qui plaide contre nous ou contre lui et qui fait valoir ses chefs d’accusations : c’est Jésus qui plaide dorénavant pour nous et qui fait valoir pour toujours en notre faveur les mérites de son obéissance !
Quel merveilleux rédempteur et sauveur, médiateur, compagnon, défenseur, consolateur, refuge, frère et ami, que nous avons en Jésus-Christ si nous sommes croyants !
Est-ce que vous le connaissez ? Est-ce que vous le connaissez bien ?
Je vous disais en introduction que je ne pense pas qu’on se rende compte de ce que Jésus représente vraiment pour nous. Je suis personnellement travaillé depuis plusieurs mois par le fait que je manque d’amour pour Jésus. Et je le constate parce que mon cœur veut s’attacher à d’autres choses, à des occupations, à des possessions, peut-être même à des personnes, d’une manière qui rivalise avec l’amour que je devrais avoir pour Jésus avant tout, et avec le contentement que je devrais trouver en lui.
Mais si je manque d’amour pour Jésus, c’est tout simplement parce que je ne le connais pas assez bien. Oui, la vie c’est dur, et parfois c’est vraiment très, très dur—et j’espère que vous n’avez rien entendu ce matin qui vous donnerait l’impression qu’on doit minimiser nos souffrances. Mais si seulement on comprenait un peu mieux ce que c’est qui nous est présenté et offert en Jésus-Christ. En Jésus-Christ, Dieu nous a donné tout ce qu’il pouvait nous donner. Il s’est donné lui-même à nous, et qu’est-ce qu’on pourrait désirer de plus ?
Si on comprenait ça un peu mieux, on se sentirait déjà un peu mieux, même au milieu de nos afflictions. Et pour comprendre ça un peu mieux, peut-être qu’il y a deux, trois choses qu’on peut faire en pratique.
Lisons la Bible très régulièrement, et faisons-le d’une manière qui soit toujours centrée sur la personne et l’œuvre de Jésus. Posons-nous toujours la question : « Qu’est-ce que ce passage m’apprend sur Jésus, et sur la manière dont Jésus est pour moi, un héros tellement nécessaire, tellement qualifié, et tellement dévoué ? » C’est ce qu’on essaie de faire dans les cultes et les prédications le dimanche, et dans les groupes de maison en semaine. Venez à ces groupes de maison, venez fidèlement apprendre à connaître Jésus !
À part la Bible, lisons des livres solides sur Jésus. Par exemple : Le Christ et ses bienfaits, de Sinclair Ferguson ; La Personne du Christ, de Donald MacLeod ; ou encore Connaître Christ, de Mark Jones. Si on n’aime pas lire, alors écoutons des prédications ou des podcasts de qualité, où on n’a aucun doute que les auteurs et les orateurs sont convaincus de la centralité de la personne et de l’œuvre de Jésus et de l’excellence de la connaissance de Christ.
Exerçons-nous à méditer sur Jésus. Dans nos temps de prière, remercions Dieu pour son œuvre en Jésus, et soyons spécifiques. Remercions-le pour son obéissance parfaite, pour ses souffrances volontaires, pour sa mort sur la croix, pour la manière dont il s’est substitué à nous, pour la valeur inestimable de son sacrifice, pour le pardon qu’on a en lui, pour la justice qu’il nous impute, pour sa résurrection, pour son triomphe sur le diable et toutes les forces du mal, pour la manière dont on devient des enfants de Dieu nous-même en étant attachés à Jésus par la foi, pour l’intercession perpétuelle de Jésus, pour son retour futur et pour l’espérance glorieuse de notre résurrection parce qu’on est en Jésus, pour la place qu’il nous prépare dans son royaume, etc. !
Et non seulement prenons le temps de méditer sur Jésus, mais exerçons-nous aussi à parler de lui. Et ça, ça va avoir un double effet : d’abord, quand on parle de Jésus à d’autres personnes, ça va nous aider, nous, à assimiler les vérités qui le concernent. Peut-être que quelqu’un va nous poser une question à laquelle on n’a jamais réfléchi, et on va être forcé d’y réfléchir, on va peut-être faire des recherches, on va peut-être poser la question à notre groupe de maison, et on va grandir de cette manière dans notre connaissance de Jésus. Mais deuxièmement, quand on parle de Jésus à d’autres personnes, on va peut-être donner envie à ces autres personnes de rencontrer et de connaître un si merveilleux sauveur-défenseur et compagnon, si elles n’ont pas encore la foi ! Et on va contribuer à l’accomplissement du projet de Jésus qui est de se faire connaître à des hommes, des femmes et des enfants de toutes les nations.
Puissions-nous connaître Jésus plus, pour l’aimer plus !