Est-ce qu’il vous est déjà arrivé d’avoir l’impression que vous êtes tombé trop bas pour que Dieu vous relève ? Peut-être que c’est ce que vous ressentez ce matin même.
Vous avez fait quelque chose qui était vraiment trop grave. Quelque chose de trop honteux, quelque chose d’inavouable, quelque chose d’irréparable, et vous pensez que ça va rester en travers de votre relation avec Dieu, pour toujours. Ou alors, c’est qu’il y a une mauvaise habitude, une addiction, quelque chose de néfaste qui a l’air beaucoup trop profondément ancré en vous ; et vous avez l’impression que vous n’allez jamais arriver à surmonter ça, et que même Dieu ne va pas vous aider, puisque vous êtes tout le temps en train de recommencer.
Ou alors, peut-être que ça fait des semaines, des mois ou des années que vous avez l’impression de traverser un désert spirituel. Vous ne priez presque pas, vous avez toutes les peines du monde à ouvrir la Bible ; et même venir à l’Église, ça ne vous apporte pas grand-chose. Et vous pouvez avoir l’impression qu’une rupture s’est installée entre vous et Dieu, qui ne sera peut-être jamais réparée.
Ou bien peut-être que vous n’avez jamais vraiment eu une vraie relation personnelle avec Dieu. Peut-être que vous êtes venu ici ce matin par curiosité ou par tradition, et vous entendez parler de Dieu, mais vous vous dites au fond que c’est trop tard pour vous. Vous avez vécu toute votre vie en repoussant Dieu, ou en ne vous intéressant pas vraiment à lui, et vous avez du mal à croire qu’il puisse vous accueillir maintenant, alors que vous lui avez tourné le dos pendant tout ce temps !
Ou bien, peut-être que vous avez eu une vie chrétienne assez engagée et trépidante, pendant un temps, mais à un moment donné, vous avez été submergé par le doute ou par le découragement, et votre vie chrétienne s’est interrompue. Vous avez peut-être même fait un choix conscient de renoncer à la foi, de ne plus croire, peut-être même de rejeter Dieu explicitement. Est-ce qu’il y a encore de l’espoir… pour vous ?
Le texte qu’on va lire va nous parler de ça : de cette impression qu’on peut avoir qu’on est allé trop loin, qu’on est tombé trop bas, pour que notre relation avec Dieu puisse être réparée.
On va poursuivre notre étude du livre des Juges, avec le début de l’histoire du dernier des douze juges qui sont mentionnés dans ce livre. Les juges sont des genres de libérateurs que Dieu a suscités dans l’histoire d’Israël à une époque qui se situe plus de 1000 ans avant Jésus-Christ, quand il n’y avait pas encore de roi en Israël.
Et vous allez voir que là, l’histoire de ce dernier « juge » commence de manière vraiment remarquable, et même inédite, par rapport à tout ce qu’on a vu jusqu’ici. Vous allez voir aussi, je l’espère, pourquoi ce texte n’est pas du tout inadéquat pour un 24 décembre !
La question qu’on doit se poser et qu’on doit garder à l’esprit en lisant ce passage, c’est la suivante : jusqu’où est-ce que Dieu est prêt à aller pour sauver son peuple ? Est-ce qu’il est possible pour les Israélites de tomber si bas, que Dieu va définitivement les abandonner ? Et la réponse de notre passage, comme on va le voir, est assez choquante dans un sens, et c’est exprès ! Mais la réponse est la suivante : Dieu ne reculera devant rien pour secourir ses enfants. Et ça, bien sûr, c’est une incroyable bonne nouvelle pour nous tous ce matin, et c’est une incroyable bonne nouvelle qui nous est rappelée chaque année autour du 25 décembre !
Dieu ne reculera devant rien pour secourir ses enfants. C’est vraiment toute la leçon que j’aimerais qu’on retienne de ce passage—mais ça ne paraît peut-être pas très évident, alors regardons les choses un peu plus dans le détail.
D’abord, un besoin extraordinaire. Alors la question qu’on est en train de se poser, c’est : est-ce qu’il est possible de tomber si bas que Dieu ne puisse pas nous relever ? Et la première chose que ce texte veut nous faire comprendre, c’est que, effectivement, c’est possible de tomber très, très bas. Le texte ne veut pas nous faire croire qu’en fait, quand on a l’impression d’avoir fait quelque chose de grave, eh bien ce n’est pas aussi grave qu’on le croit ! Non, en principe, c’est toujours plus grave que ce qu’on croit.
Et donc le premier point, c’est ça : c’est que c’est vrai qu’il ne faut pas sous-estimer notre besoin extraordinaire d’être secourus extraordinairement.
Regardons le texte (v. 1-7). Le premier verset est extrêmement important.
« Les Israélites firent encore ce qui est mal aux yeux de l’Éternel. »
Ça peut paraître un peu anodin, mais en réalité, dans le contexte de tout ce qui précède, on devrait être absolument affligé. Dieu a tellement manifesté sa patience et sa miséricorde et sa compassion envers les Israélites. Mais on a l’impression que pour les Israélites, tout ça, ça ne compte pas !
Non seulement ça, mais en plus, pour la première fois dans le récit, l’auteur ne nous dit pas que « les Israélites crièrent à l’Éternel », comme on en avait l’habitude. Cette fois : on a quarante ans d’oppression par les Philistins, et c’est comme si les Israélites collectivement avaient oublié que l’Éternel existait ! Le déclin d’Israël s’est poursuivi—on pensait qu’ils étaient déjà tombés au plus bas, mais ils creusent encore !
Et c’est dans ce contexte qu’on doit comprendre ce qui se passe ensuite (v. 2-7). Et ce qui se passe, c’est quelque chose qui va ressembler à quelque chose qu’on a déjà vu dans le récit. Dieu intervient pour susciter un juge, un libérateur, et il va le faire par l’intermédiaire d’un ange appelé « l’Ange de l’Éternel ». Dieu envoie un ange pour désigner le juge qu’il veut donner aux Israélites. Et ça, Dieu l’avait déjà fait quand il a voulu établir Gédéon comme juge (ch. 6). Gédéon était en train de cacher des céréales pour empêcher les Madianites de les prendre, et l’ange lui est apparu et lui a dit : « L’Éternel est avec toi, vaillant héros ! »
Mais là dans notre passage, on a une grosse différence qui doit vraiment nous frapper. Cette fois, l’ange va désigner le juge que Dieu veut donner aux Israélites, avant même que ce juge ne soit né. Et même, si on regarde bien, avant qu’il ne soit conçu !
Et le texte insiste là-dessus ! Cette personne qui n’existe même pas encore dans le ventre de sa mère, devra être consacrée à Dieu dès le moment où elle existera, justement, dans le ventre de sa mère. C’est pourquoi la maman elle-même ne devra pas manger des choses impures ni boire d’alcool, pour que l’enfant avant même de naître soit consacré à Dieu littéralement toute sa vie.
« Il sera naziréen de Dieu dès le ventre de sa mère » (v. 5, 7).
Naziréen, ça veut simplement dire entièrement consacré à Dieu. C’est un vœu de consécration qui était prévu dans la loi de Moïse, et qui impliquait notamment de ne pas boire d’alcool mais aussi de ne jamais se raser ou se couper les cheveux (Nb 6).
Ce qu’on doit comprendre, ici, c’est que pour remédier à une situation qui est de pire en pire pour les Israélites, Dieu augmente de plus en plus le standing du libérateur.
C’est comme si vous alliez dans un magasin pour vous acheter un nouvel ordinateur, parce que celui que vous avez n’arrête pas de planter. Le vendeur va vraisemblablement vous demander quel est l’usage que vous allez faire de votre ordi, pour pouvoir vous conseiller le meilleur modèle. Et si vous lui dites que vous utilisez des logiciels qui demandent beaucoup de puissance et beaucoup de mémoire vive, le vendeur va vous dire : « Eh bien, c’est pour ça que votre ordinateur est tout le temps en train de planter ; les problèmes que vous rencontrez montrent que vous avez besoin de monter en gamme. »
Et c’est exactement ce qui se passe dans notre texte. Le peuple d’Israël n’arrête pas de « planter », et c’est de pire en pire. Alors « on monte en gamme » au niveau du libérateur que Dieu envoie. Cette fois, on va avoir un libérateur qui sera désigné, mis à part, consacré, sanctifié, et assemblé en conséquence, par Dieu, dans le ventre de sa mère !
C’est un peu comme ces enfants qu’on voit des fois, qu’on récupère dès leur plus jeune âge pour les former à des compétences particulières pour en faire des génies, des champions ou des virtuoses. Il y a quelques années, je me rappelle qu’on parlait d’un joueur de basket chinois du nom de Yao Ming, qui faisait 2,29m, et la rumeur c’était que le parti communiste chinois (qui voulait avoir un bon joueur de basket chinois sur la scène internationale), avait « fabriqué » en quelque sorte ce joueur en s’arrangeant pour qu’il naisse de l’union d’une femme de 1,88m et d’un homme de 2,08m, tous les deux basketteurs également.
Bref, dans notre texte aussi, on a l’idée que Dieu veut donner aux Israélites le libérateur le plus haut de gamme possible, un libérateur de la meilleure qualité possible, « fabriqué » spécialement pour ça, on pourrait dire.
Et donc le texte n’est pas en train de nous dire que les péchés d’Israël ne sont pas graves ; au contraire, le texte est en train de nous dire que les péchés d’Israël sont si graves qu’il leur faut un libérateur encore meilleur que le meilleur qu’ils aient eu jusqu’ici.
Et ça, c’est le premier point à tirer de cette histoire pour nous. C’est que si on est tenté de se dire qu’on est tombé trop bas pour Dieu, si on est découragé par l’état de notre vie et qu’on se dit qu’il n’y a plus rien à faire pour nous, eh bien dans ce premier point, il faut déjà se rendre compte que Dieu n’est pas en train de nous dire : ce n’est pas grave et ce sera facilement réparé ! Non, il nous dit plutôt : oui, c’est grave, et c’est si grave que pour être sauvé, tu vas avoir besoin d’un truc assez énorme !
Vous voyez : il ne faut pas sous-estimer notre besoin extraordinaire d’être secourus extraordinairement. Ce n’est pas une mauvaise chose pour nous, de nous regarder franchement dans le miroir et d’avoir honte. Ce n’est pas une mauvaise chose de regarder en face la laideur de notre péché, c’est-à-dire du mal qui existe dans notre cœur. Ce n’est pas une mauvaise chose de se rendre compte que c’est grave—et probablement plus grave même que ce qu’on croit.
Si aujourd’hui, vous vous sentez abattu parce que vous avez l’impression, peut-être, que votre situation est irrémédiable, qu’il n’y a plus rien à faire pour vous, et qu’il n’y a plus rien à attendre même de Dieu—eh bien j’ai envie de vous dire qu’il y a une part de vérité là-dedans ! Oui, notre situation à tous est désespérée dans un sens, parce que le mal, c’est grave, et on ne peut pas l’extirper nous-mêmes de notre cœur.
On peut tomber très bas, on peut creuser et s’enfoncer encore plus, si bien qu’on peut avoir l’impression que rien ni personne ne pourra jamais venir nous chercher au fond du trou. Et notre impression n’est pas complètement fausse ! Mais regardez la suite.
Deuxièmement, un désir extraordinaire. Et ce désir extraordinaire, c’est celui de Dieu. La deuxième chose que ce texte veut nous faire comprendre, c’est que c’est super important qu’on se rappelle que Dieu désire vraiment sauver les gens, même les pires. On doit impérativement se rappeler quel est le cœur de Dieu : il ne désire vraiment pas nous rejeter, nous abandonner, nous faire du mal ; il désire bien au contraire nous délivrer, nous guérir, nous pardonner, nous prendre avec lui, nous faire du bien.
Regardez ce qui se passe dans le texte (v. 8-16). Le père de l’enfant qui naîtra s’appelle Manoah, et il se trouve que Manoah n’était pas présent quand l’Ange de l’Éternel a parlé à sa femme. Alors il veut demander confirmation à Dieu, en quelque sorte, que vraiment ce que sa femme lui a raconté est vrai. Et on peut le comprendre, n’est-ce pas ?
Mais ce qui doit nous frapper, c’est le fait que Dieu exauce volontiers la prière de Manoah.
« Dieu entendit la voix de Manoah, et l’Ange de Dieu vint encore vers la femme. » (v. 9)
Non seulement ça, mais en plus, l’ange va patienter pendant que la femme va chercher Manoah (v. 10). Non seulement ça, mais l’ange va accepter de répéter ce qu’il avait déjà dit à la femme (v. 13-14). Non seulement ça, mais l’ange va encore s’accommoder en quelque sorte de la demande de Manoah qui veut lui préparer à manger, et certes, il ne va pas accepter de prendre un repas, mais il propose à Manoah une alternative : « Au lieu d’un repas, on va faire un sacrifice ».
Et il faut bien comprendre que ce n’est pas parce que l’ange était pressé de partir qu’il décline l’invitation à manger, puisqu’un holocauste (un sacrifice entièrement consumé par le feu), en fait, ça prend au moins autant de temps à réaliser qu’un chevreau à la broche !
Ce qui doit nous frapper, donc, c’est la disposition vraiment favorable de l’ange de l’Éternel, qui nous représente ici (et qui représente à Manoah et à sa femme) la disposition favorable de l’Éternel lui-même.
Imaginez que vous fassiez quelque chose, un jour, qui blesse quelqu’un de votre entourage. Sur le moment, vous ne vous en êtes pas vraiment rendu compte, mais en réfléchissant après coup, une fois que vous êtes tout seul chez vous, ça vous travaille. Vous vous sentez mal, et en revoyant cette personne le lendemain, et le surlendemain, vous êtes de plus en plus mal à l’intérieur, et vous vous dites que vous devez lui dire quelque chose pour vous excuser.
Eh bien il y a deux possibilités. Peut-être que pendant ces deux, trois jours, cette personne vous a snobé ; elle ne vous a pas souri, elle a évité de vous parler, elle vous a regardé de travers, et elle vous a vraiment fait sentir que vous lui aviez fait du mal. Dans ce cas-là, vous vous dites qu’elle n’est probablement pas très bien disposée envers vous, et ça va être d’autant plus difficile de prendre les devants et d’aller lui parler.
Mais l’autre cas de figure, ce serait si, malgré ce que vous avez fait, cette personne continuait d’être agréable envers vous, souriante, avenante, amicale ; et si au moment où vous lui demandez si elle a un petit moment pour vous parler, elle se rend immédiatement disponible pour vous écouter… Alors vous vous diriez que cette personne est bien disposée envers vous, et ça vous rassurerait et ça vous remplirait de courage pour lui demander pardon de l’avoir blessée. Vous comprenez ?
Et dans notre passage, cette disposition favorable de l’Ange de l’Éternel est là pour nous montrer la disposition favorable de Dieu lui-même. On aurait pu imaginer que Dieu intervienne dans cette histoire, vraiment à contre cœur : « Bon, d’accord, je suis un peu obligé de vous sauver les Israélites. Je n’ai pas le choix, je dois monter en gamme et vous donner un nouveau juge bien meilleur que les autres. Allez, OK. Et fichez-moi la paix maintenant. »
Mais pas du tout. Dieu n’est pas du tout comme ça. Malgré la déchéance extrême des Israélites, l’Ange de l’Éternel se met à disposition de Manoah et de sa femme ! Il vient deux fois, il attend, il patiente, il répète, il reste pour le barbecue (enfin, l’holocauste) ! On ne s’attendait pas à autant de gentillesse—on n’aurait pas été choqué si l’ange était plutôt arrivé avec une apparence terrifiante, et une voix comme du tonnerre pour proclamer avec sévérité des paroles de reproche et de condamnation, et ensuite, annoncer le salut du bout des lèvres comme une concession envers un peuple qui ne mérite rien !
On n’aurait pas été choqué. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe. Et ici, le texte nous invite à nous rappeler (ou à considérer pour la première fois) quel est vraiment le cœur de Dieu envers les humains. Oui, c’est super important qu’on se rappelle que Dieu désire vraiment sauver les gens, même les pires.
Quand le grand prophète Moïse a demandé à voir la gloire de Dieu, Dieu lui a dit : « Non—en revanche, je vais t’en montrer une petite partie. » Et ensuite il est passé devant Moïse en proclamant :
« L’Éternel, l’Éternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité ! » (Ex 34.6)
Et cette phrase est devenue comme un slogan qu’on retrouve plein de fois dans la Bible ! Parce que les auteurs de la Bible ont compris qu’il était comme ça, Dieu ! Son cœur est comme ça !
À travers le prophète Ézéchiel, Dieu a aussi dit :
« Pourquoi devriez-vous mourir, maison d’Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt—oracle du Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. » (Éz 18.31-32)
Et l’apôtre Paul ajoute :
« [Dieu] veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tm 2.4)
Et c’est ce caractère de Dieu qui s’exprime dans notre texte à travers cette disposition favorable de l’Ange de l’Éternel, qui traduit la disposition favorable de l’Éternel lui-même.
À notre tour, on a tellement, tellement besoin de se rappeler constamment quel est le cœur de Dieu envers nous. Oui, il est juste, il est saint, il est pur, il est droit, il est sévère dans un sens parce qu’il est parfait—mais il est bon, il est compatissant, il fait grâce, il est lent à la colère, il est riche en bienveillance et en fidélité ! Il n’est pas le Père Fouettard, mais il n’est pas le Père Noël non plus. Il est le Père céleste, le bon et tendre Père céleste qui veut sauver les gens.
Quand on est dégoûté par l’état de notre vie, quand on se sent rongé par la culpabilité, quand on a honte et qu’on se dit que c’est impossible qu’on s’en sorte, et que Dieu lui-même doit être dégoûté par nous—eh bien on doit se rappeler comment est Dieu en vérité. Il n’est pas riche en dégoût, en fureur et en rejet ! Il est riche en bonté ! Lent à la colère ! Il fait grâce. Il est compatissant. Il désire notre salut !
Est-ce que vous êtes convaincu de ça aujourd’hui ? Convaincu au moins, premièrement, que le mal c’est grave—oui, c’est vrai—et convaincu au moins, deuxièmement, que Dieu a « envie » de vous sauver, même si vous êtes tout au fond du trou ? Telle est sa disposition envers les humains ! Et si ça ne vous émerveille pas encore, attendez de découvrir le troisième point !
Troisièmement et dernièrement, un investissement extraordinaire. Et là aussi, comme dans le point précédent, il va s’agir de l’investissement extraordinaire de Dieu. La troisième chose donc, qu’on peut apprendre de ce passage, c’est que Dieu s’est tellement investi dans le salut des croyants que rien ne pourra lui résister.
Revenons une dernière fois au texte (v. 17-24). Maintenant, il va se passer une série de choses vraiment étonnantes. D’abord, Manoah demande à l’ange son nom, et la réponse de l’ange doit nous surprendre : « Mon nom est un mystère » (v. 18), ou plus littéralement : « Mon nom est merveilleux », c’est-à-dire « prodigieux » ou « inaccessible ». Donc ça, déjà, ça doit nous interpeller, et on doit se dire que cet ange, là, ce n’est pas n’importe qui !
Ensuite, pendant que l’holocauste est en train de se consumer, l’ange se met dans la flamme, il monte avec la flamme et il disparaît. Et là, Manoah et sa femme se rendent compte d’un truc qu’ils n’avaient pas compris jusqu’à ce moment-là : c’est que cet Ange de l’Éternel, en fait, c’était vraiment une manifestation tangible de l’Éternel lui-même ! Et du coup, Manoah pense qu’ils vont mourir, puisque normalement, on ne peut pas voir Dieu et vivre—tellement Dieu est saint, et tellement nous, on n’est pas saint !
Mais la femme de Manoah le rassure ; et à travers ce qu’elle dit, on a une confirmation de plus que Dieu est favorablement disposé, dans cette histoire. Il se révèle, il parle, il s’accommode de la faiblesse des gens, il patiente, il se mobilise.
Et c’est ça justement qui doit nous frapper dans cette dernière partie. C’est que dans tous ces moyens qui sont déployés pour fournir aux Israélites un libérateur qui soit vraiment meilleur que les autres, eh bien en fait, on a Dieu lui-même qui se mobilise.
On découvre que cet ange, c’est Dieu ! On comprend maintenant que si la femme stérile devient enceinte, c’est par la parole puissante de Dieu ! On découvre que c’est Dieu lui-même qui déclare : « Cet enfant sera naziréen de Dieu dès le ventre de sa mère », c’est-à-dire : « il sera mon naziréen dès le ventre de sa mère » ! On découvre que c’est Dieu qui accepte de revenir parler à Manoah en réponse à sa prière ! On découvre que c’est Dieu qui a un nom merveilleux et inaccessible—mais ça on s’en doutait un peu.
Mais surtout, on découvre que c’est Dieu qui se tient présent au moment où l’holocauste est brûlé sur l’autel ! Vous imaginez ? Il n’y a pas beaucoup d’Israélites qui peuvent dire qu’ils ont offert un sacrifice à Dieu devant Dieu lui-même, présent et visible sous une forme personnelle et tangible ! Et qu’est-ce qu’il fait ? Il monte dans la flamme de l’holocauste, ce qui est au moins une indication qu’il agrée le sacrifice (qu’il l’accepte en tant que Dieu à qui le sacrifice a été offert)—mais c’est quand même bizarre que Dieu lui-même se soit positionné dans la flamme du sacrifice, c’est-à-dire comme s’il était lui-même un sacrifice.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Dieu se présente comme celui qui se mobilise pleinement, personnellement, prodigieusement en vue du salut de son peuple. De plus, c’est Dieu—l’Esprit de l’Éternel—qui va « agiter » Samson, le libérateur, après qu’il sera né et qu’il aura commencé à grandir (v. 24). Dieu est vraiment investi, dans cette histoire !
Imaginez un instant que vous ayez des problèmes de connexion à internet avec votre Livebox, et que vous essayiez de joindre le service client d’Orange (votre fournisseur d’accès à internet). C’est très compliqué d’arriver à parler à quelqu’un, alors vous passez par l’application d’Orange, mais sans succès ; vous écrivez des mails, mais sans succès ; vous vous déplacez en agence, mais sans succès ; vous suivez toutes les indications qu’on vous donne à distance, mais sans succès ; finalement on vous dit qu’on vous envoie un technicien, et le jour venu, c’est une dame qui se présente chez vous. Son nom ? Christel Heydemann.
C’est un nom peut-être trop merveilleux pour vous—mais il s’agit de la Directrice Générale du groupe Orange, la patronne, quoi ! En vous rendant compte de ça, vous seriez choqué, non ? Vous ne tomberiez peut-être pas la face contre terre, mais vous seriez certainement très impressionné. Et vous vous diriez sûrement : « Waouh, voilà une entreprise qui prend les réclamations très au sérieux ! » La PDG elle-même se mobilise.
De la même façon, on doit être impressionné, dans notre passage, par le fait que Dieu lui-même, l’Éternel, le grand Président Directeur Général de l’univers se mobilise pour sauver des gens. Et ça doit nous émerveiller et nous remplir d’espoir et de reconnaissance ! On doit se dire : si Dieu agit pour sauver, qu’est-ce qui pourrait le faire échouer ? Dieu s’est tellement investi dans le salut des croyants que rien ne pourra lui résister.
Et ce passage, en fait, doit nous faire penser à ce qui s’est passé environ 1000 ans plus tard. Lorsqu’une autre femme a reçu la visite d’un ange qui lui a annoncé une naissance impossible. Parce qu’en fait, si on a dans cette histoire, une sorte de « montée en gamme » pour ce qui est du libérateur que Dieu donne aux Israélites, eh bien cette montée en gamme ne s’est pas arrêtée là. Et pour cause, on va découvrir que même ce libérateur ne sera pas suffisant pour délivrer les Israélites.
1000 ans plus tard, Dieu va aller jusqu’au bout de cette « montée en gamme ». L’ange va rendre visite à Marie, puis à Joseph, pour leur annoncer la naissance de celui qui sauvera le peuple de ses péchés : Jésus le messie. Il ne va pas naître d’une femme stérile mais d’une femme vierge. Il ne va pas seulement être consacré à sa mission dès sa naissance, ni dès le ventre de sa mère, mais dès l’éternité passée, dans l’existence éternelle de Dieu—Père, Fils et Saint-Esprit—déjà le Fils est désigné pour être le libérateur ultime (av. la création du monde).
Et c’est « Dieu le Fils »—c’est-à-dire que c’est Dieu lui-même qui va s’approcher des hommes, qui va prendre la nature d’un homme, qui va naître et grandir et souffrir—sans jamais commettre le mal. Et c’est Dieu, dans cette nature humaine, qui va non seulement révéler Dieu, comme le fait l’Ange de l’Éternel dans notre passage, et non seulement assumer la fonction du juge-libérateur que Dieu envoie pour délivrer son peuple, mais il va aussi s’offrir lui-même en sacrifice, en holocauste pourrait-on dire, pour expier les péchés de son peuple. C’est-à-dire pour prendre sur lui le coût de leur pardon et de leur délivrance.
Tout dans cette histoire nous parle de Jésus. C’est l’ombre de Noël, 1000 ans avant.
Jésus est le libérateur parfait. Il est mort et ressuscité pour que tous ceux qui se confient en lui reçoivent le pardon de leurs fautes et l’assurance de la vie éternelle. Il est parfait parce qu’il est Dieu—ce qui veut dire que la valeur de son sacrifice est infinie, et donc qu’il n’y a aucune quantité de péchés qui soit trop grande pour être expiée par le sacrifice de Jésus. Il n’y a pas non plus de péché si grave qu’il ne puisse pas être pardonné, et recouvert de sa justice, si on se tourne vers Jésus et qu’on se repose en lui.
Vous voyez : Jésus est le libérateur parfait de notre histoire ; il est l’holocauste parfait de notre histoire ; et il est aussi l’Ange de l’Éternel parfait de notre histoire. C’est son nom qui est merveilleux, comme le dit aussi le prophète Ésaïe qui a prédit sa naissance plusieurs siècles d’avance, et qui a dit :
« Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la Paix » (És 9.5)
Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’en hébreu, là où notre traduction met : « On l’appellera Admirable », littéralement, c’est : « On l’appellera Merveilleux » ! C’est le même mot que dans notre passage.
Alors au début, on parlait de cette impression qu’on pouvait avoir qu’on est allé trop loin, qu’on est tombé trop bas, pour que notre relation avec Dieu puisse être réparée. On s’est demandé s’il y avait encore de l’espoir pour nous—alors qu’on est tenté de désespérer et de se dire qu’on n’a plus rien à attendre de Dieu.
Eh bien ce passage qu’on a vu ensemble ce matin est là pour nous rassurer et pour nous annoncer une incroyable bonne nouvelle. Non, on n’est jamais hors d’atteinte de Dieu. Certes, on peut se trouver dans une situation extrêmement grave. Certes, on peut se sentir seul et abandonné. Certes, on peut se sentir sale et honteux et coupable. Certes, on peut se sentir abattu, démuni, épuisé par des luttes incessantes contre des choses qui semblent avoir tellement de pouvoir sur nous !
Mais écoute bien, mon ami ! Dieu ne reculera devant rien pour secourir ses enfants ! Il est né parmi nous pour ça ! Il avait décidé de toute éternité de le faire ! Il est mort et ressuscité pour ça. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »
La seule question que tu dois te poser, ce n’est pas : « Est-ce que Dieu est capable ? »—bien sûr qu’il est capable, il est Dieu ! Ce n’est pas non plus : « Est-ce que Dieu a envie de me sauver ? »—la question elle est vite répondue, puisque Dieu l’a dit lui-même, qu’il désirait donner la vie à ceux qui se tournent vers lui ! Il veut que tous les hommes soient sauvés ! La question ce n’est pas non plus : « Est-ce que moi, je suis capable de m’attacher assez fortement à Dieu ? »—puisque non, on n’en est pas capable, et Dieu ne nous le demande pas, puisqu’il s’est pleinement investi et mobilisé lui-même pour tout accomplir à notre place.
La seule question, c’est : « Est-ce que moi, j’ai envie ? » Est-ce que je discerne dans mon cœur l’envie d’être avec Dieu ? Une envie, en fait, qui ne vient même pas de moi, en réalité, mais qui vient de Dieu. Si cette envie est là, prends courage, Dieu est carrément pour toi ! Il va te relever, il va marcher avec toi, et il va t’accompagner jusque dans son paradis.