Je ne sais pas vous, mais moi, il m’arrive parfois de me sentir vraiment abattu. J’ai une espèce de grande lassitude qui vient peser sur mon moral, et j’ai juste envie de me cacher dans un trou, ou sous la couette, ou peut-être au milieu d’un massif montagneux inhabité à l’autre bout du monde. Et une des raisons pour lesquelles je peux me sentir comme ça, c’est quand j’ai l’impression que mes soucis ne vont jamais partir.
C’est possible que vous n’ayez aucun souci dans la vie, tant mieux pour vous. Mais je pense que la plupart d’entre nous, on n’est pas dans ce cas. Peut-être que vous affrontez une maladie qui vous génère des douleurs, qui est difficile voire impossible à soigner, et qui vous empêche de fonctionner normalement—et vous avez l’impression d’être coincé dedans. Ou peut-être que c’est votre travail ou vos études qui vous posent problème, parce que c’est dur, c’est contraignant, et vous ne savez pas trop où ça va vous conduire. Ou peut-être que vous faites face à des difficultés relationnelles : un conflit professionnel, ou peut-être familial ou conjugal, et on dirait qu’il n’y a pas d’issue. Ou peut-être que c’est quelque chose que vous faites, régulièrement, et vous savez que c’est mal mais vous n’arrivez pas à vous en défaire et vous avez l’impression que ce sera toujours comme ça. Ou peut-être que ce sont des désirs et des sentiments intérieurs que vous avez, qui sont envahissants et devant lesquels vous vous sentez complètement démuni, et vous ne savez pas s’ils vont partir un jour.
Ou peut-être que c’est un peu de tout ça ! Et peut-être qu’en tant que croyant, vous vous demandez franchement où est Dieu dans tout ça. Quand les difficultés s’installent et s’accumulent, et quand ça commence à durer, et quand on commence à oublier comment c’était, la vie, avant—eh bien en tant que croyant, on peut commencer à se demander si Dieu se soucie vraiment de tout ça, s’il est vraiment aussi présent et proche qu’on nous l’avait dit, et si ça vaut le coup, même, de continuer à le prier et à le chercher.
Et le texte qu’on va lire, en fait, va nous parler un peu de ça. C’est la suite du livre des Juges—un livre qui nous rapporte des événements qui ont eu lieu il y a très longtemps dans l’histoire d’Israël (il y a plus de 3000 ans), lorsque les Israélites occupaient plus ou moins la terre promise, mais qu’il n’y avait pas encore de roi pour gouverner le pays. À la place, il y avait des « juges », c’est-à-dire des chefs que Dieu suscitait, surtout pour défendre les Israélites contre leurs oppresseurs.
On a commencé à découvrir l’histoire de Samson, le dernier des douze juges qui sont mentionnés dans le récit, et on va continuer de suivre son épopée aujourd’hui. En lisant ce texte, il faut qu’on se rende compte qu’à l’origine, ce texte a été écrit pour des Israélites qui vivaient un peu plus tard que l’époque de Samson et qui avaient probablement un roi—vraisemblablement le roi David—avec toujours les mêmes ennemis qui les embêtaient, à savoir les Philistins.
Et ce qu’il faut comprendre, c’est que les Israélites à cette époque-là, même sous le règne du roi David, sont probablement déçus de constater que les problèmes continuent ! Les Philistins sont toujours là, les conducteurs d’Israël ne sont pas parfaits, le peuple est divisé, et franchement, depuis des siècles que ça dure, on ne sait pas s’il y a de l’espoir que ça change.
Mais en rapportant l’histoire qu’on va lire dans un instant, l’auteur de ce texte veut encourager ses lecteurs : il veut encourager les Israélites de l’Antiquité, et il veut nous encourager nous aussi. Il veut m’encourager, moi, qui suis abattu et déprimé, et peut-être un peu désabusé dans ma vie chrétienne—moi qui me demande si ça vaut vraiment le coup de persévérer et d’essayer d’aller de l’avant, ou si finalement ça ne changerait pas grand-chose de simplement baisser les bras et de capituler devant les difficultés.
Ce passage veut m’encourager en m’adressant ce message : que tu le croies ou non, Alex, Dieu continuera de se battre pour ses enfants, jusqu’à la victoire. Et c’est le message qui nous est adressé à tous, ce matin.
En lisant le passage, j’aimerais qu’on se rappelle que Samson, c’est le personnage que Dieu a suscité pour défendre son peuple face à ses oppresseurs. On a vu, déjà, que c’était quelqu’un d’un peu bizarre, impulsif, ambivalent—mais en lisant le texte, je voudrais qu’on remarque trois choses, essentiellement : d’abord, la détermination de Samson à faire du mal aux Philistins, ensuite l’attitude assez choquante des Israélites qui ne croient pas en Samson, et enfin la manière dont Dieu lui-même est impliqué personnellement dans cette histoire.
Mon cher frère, ma chère sœur bien-aimée, que tu le croies ou non, Dieu continuera de se battre pour ses enfants, jusqu’à la victoire. C’est toute la leçon de ce texte.
La première chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que Dieu est vraiment l’ennemi des ennemis de ses enfants. La première partie de ce passage qu’on a lu, nous décrit Samson, ce libérateur que Dieu a envoyé à son peuple, comme un libérateur résolument opposé aux méchants (v. 1-8).
Alors certes, cette histoire est vraiment bizarre. Comme je l’ai dit la dernière fois, on a l’impression que Samson, il est un peu impulsif, un peu colérique. C’est un gars très fort physiquement, mais il a l’air un peu bête intellectuellement—comme Drax le Destructeur dans Les Gardiens de la galaxie. Qu’est-ce qui se passe dans le texte ?
On avait vu la dernière fois que Samson avait voulu épouser une Philistine, et que la fête des noces avait tourné au vinaigre, et que Samson avait tué trente Philistins et qu’il était retourné vivre chez ses parents, très en colère. Du coup, sa femme a été donnée à un autre homme. Mais là, finalement, Samson aimerait bien la revoir sa femme—en fait, il aimerait surtout avoir des relations intimes avec elle (v. 1). Et le père de sa femme se montre plutôt honorable, en fait, dans sa réponse : « Non, en fait, tu ne vas pas entrer dans la chambre de ma fille, parce qu’en fait, elle s’est remariée avec quelqu’un d’autre, Samson. C’est toi qui es parti sur un coup de sang, c’est toi qui l’as abandonnée, et là tu voudrais revenir et faire comme si de rien n'était ? Comme si elle te devait encore des relations conjugales ? Jamais de la vie ! »
Franchement, on n’est pas censé être très admiratif de Samson. Et comment est-ce qu’il réagit ? Il dit : « Cette fois je ne serai pas coupable envers les Philistins si je leur fais du mal. » (v. 3) C’est très significatif, cette parole. Ça veut dire premièrement, que Samson a l’intuition que ce n’était peut-être pas très bien, sa réaction, la première fois, quand il a tué trente Philistins quelques jours après son mariage. Mais ça veut aussi dire, deuxièmement, que Samson cherche des occasions de faire du mal aux Philistins. C’est presque comme s’il disait : « Ah merci ! Merci beau-papa pour cette excuse que tu me donnes pour faire du mal aux Philistins ! » Il est content, parce que cette fois, la provocation ne vient pas de lui, mais elle vient d’eux, donc il pourra toujours dire qu’ils l’ont bien cherché, puisque techniquement, ils ont pris sa femme et ils l’ont donnée à un autre homme, et franchement, ça ne se fait pas, quand même !
Oui, on peut lever les yeux au ciel et secouer un peu la tête.
Surtout que Samson—comment dire—va faire un truc complètement incongru encore une fois. Alors si vous êtes sensibles à la cause animale, bouchez-vous les oreilles. Samson attrape 300 renards, il semble les attacher deux par deux par la queue, et ensuite il leur met le feu avant de les lâcher dans les champs des Philistins. C’est triste pour les renards, mais c’est drôle en même temps. On dirait un prank (une farce), réalisé par des jeunes ados un peu espiègles et turbulents qui ne se rendent pas bien compte des conséquences de leurs actes.
Et pour cause : les Philistins vont répliquer en assassinant les plus honorables d’entre eux dans cette histoire : c’est-à-dire la femme de Samson et son père, qui avaient tenu tête à Samson, justement. En fait, Samson est peut-être un peu bête, un peu impulsif et colérique, mais les Philistins, c’est pire ! Samson s’est senti floué, et il a brûlé des récoltes. Mais les Philistins se sentent floués, et ils vont brûler des gens de leur propre peuple.
Ils sont horribles ces Philistins, et Samson le pense aussi, puisqu’il s’indigne de leur réaction tout-à-fait disproportionnée, et il va aller les dégommer (v. 8). Alors ça vous semble peut-être un peu drôle dit comme ça, mais l’expression en hébreu veut vraiment dire qu’il les zigouille, qu’il les défonce, qu’il les massacre. L’image qu’on doit avoir à l’esprit, c’est Obélix et les Romains. C’est des Philistins qui se prennent des baffes et qui décollent dans les airs, et qui retombent en s’empilant les uns sur les autres.
OK, mais qu’est-ce qu’on est censé retenir de tout ça ?
Eh bien justement, c’est cette idée fixe (sans jeu de mot) qu’il a, Samson, de « faire du mal » aux Philistins. On est censé être étonné par sa détermination. Il y a une escalade de violence dans le texte, mais c’est parce que Samson est aussi obstiné que les Philistins. Samson ne laisse rien passer. Les Philistins se disent peut-être qu’en frappant un grand coup, Samson va battre en retraite, mais au contraire ! Ils frappent un grand coup ? Samson va se venger en frappant un plus grand coup encore.
Et les Israélites qui lisent ce récit sont censés trouver ça assez plaisant, en fait. Les Philistins ont trouvé à qui parler. Ils se font massacrer et ça fait plaisir. C’est un peu comme quand les Anglais se prennent une raclée au rugby, peu importe l’équipe qu’il y a en face, ce qui est important, c’est que les Anglais perdent.
Ou bien c’est comme dans les films, quand les méchants qui ont été tellement cruels pendant le film se font enfin ratatiner par les gentils—ça soulage ! Ah, ça fait du bien, on a un sentiment de justice et de réparation. Et je peux imaginer que les Israélites de l’Antiquité, ils avaient trop du plaisir à se repasser ces histoires. Ils en faisaient des shorts sur YouTube, ou des réels sur Instagram, et ils se les passaient en boucle. Ah, le coup des renards, c’était trop amazing, ça ! C’était grandiose !
Mais il faut bien comprendre que les Philistins, en fait, dans ce récit, ce sont vraiment les ennemis emblématiques d’Israël. Ils personnifient, en quelque sorte, l’oppression du peuple de Dieu. Ce sont des intrus en terre promise, des adversaires du projet de Dieu, et des ennemis des croyants. Et Samson, mine de rien, malgré toutes ses infirmités, ça reste le libérateur que Dieu a suscité pour son peuple.
À travers la détermination de Samson à ne rien laisser passer aux Philistins, et à chercher toutes les occasions de leur « faire du mal », on doit voir la détermination de Dieu, en fait, à s’opposer aux ennemis des croyants. On est censé avoir du plaisir à nous rappeler ces histoires, non pas parce qu’on aurait du plaisir à voir des gens souffrir—qu’ils soient philistins, romains ou anglais—mais plutôt parce que ça nous montre à quel point Dieu est pour nous, si on est croyant.
Dieu est vraiment l’ennemi des ennemis de ses enfants, et Samson en est l’exemple et l’illustration dans la première partie de ce passage, en tant que libérateur résolument opposé aux méchants.
Cette détermination est celle de Dieu, et il ne l’a pas seulement démontrée à travers Samson ; il l’a aussi et surtout démontrée à travers Jésus. Plus de mille ans après cette histoire, Dieu a montré qu’il était si déterminé à combattre les ennemis de ses enfants, qu’il s’est approché lui-même des hommes en prenant la condition d’un homme, en Jésus-Christ, pour justement prendre à bras le corps le problème de l’oppression de son peuple.
Et si vous êtes croyant, il a fait ça pour vous—parce qu’il est vraiment l’ennemi de vos ennemis. Et on verra dans un instant, comment il a affronté nos ennemis. Mais pour bien comprendre jusqu’où Dieu est près à aller dans sa détermination à nous délivrer de nos ennemis, regardons ce qui se passe dans la suite du récit.
La deuxième chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que Dieu prend soin de ses enfants même quand ses enfants ne veulent pas de lui. Ce qu’on voit maintenant dans le texte, après ce libérateur opposé aux méchants, c’est un libérateur abandonné des siens (v. 9-13). Et c’est très significatif.
On est donc dans cette escalade de violence, où les Philistins et Samson se rendent coup pour coup, et maintenant, les Philistins ont compris qu’ils avaient intérêt tout simplement à éliminer Samson. Donc ils vont faire une incursion dans le territoire de la tribu de Juda, pour essayer de capturer Samson qui s’est réfugié dans ce territoire.
Et là, il va se passer un truc super intéressant. Les gens de la tribu de Juda demandent aux Philistins : « Qu’est-ce que vous venez faire chez nous ? » Et ils répondent : « On veut attraper Samson juste pour le traiter comme il nous a traités » (v. 10). Alors 3000 hommes de la tribu de Juda vont voir Samson et lui disent : « Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi les Philistins veulent t’attraper ? » Et Samson répond : « Ce n’est pas de ma faute, je les ai juste traités comme ils m’ont traités » (v. 11).
Donc en gros, les Philistins et Samson ont la même défense. Un partout, balle au centre. Et pourtant—et c’est là que c’est censé être choquant pour nous—et pourtant, la tribu de Juda va se ranger du côté des Philistins plutôt que du côté de Samson. Samson pourrait sûrement tous les battre, à lui tout seul, mais au lieu de ça, il se laisse lier et livrer entre les mains des Philistins. Samson n’est pas prêt à se battre contre les siens.
Mais les siens, eux, sont prêts à livrer Samson entre les mains de ceux qui veulent sa peau. C’est d’ailleurs hypocrite de leur part de dire : « Non, non, rassure-toi, on ne veut pas te tuer, juste te lier et te livrer entre les mains de ceux qui, eux, veulent te faire mourir ! »
Pourquoi est-ce qu’ils font ça ? La réponse est au verset 11. Les hommes de Juda disent à Samson : « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? » Autrement dit, les hommes de Juda se sont accommodés de l’oppression des Philistins. Ils ont accepté leur domination. Ils ont capitulé, et ils en veulent à Samson de venir troubler l’ordre public. « Écoute, Samson, on a l’impression que tu n’as pas bien compris que les Philistins, en fait, ils sont plus forts que nous. On ne veut pas de problèmes, nous ! Oui, bon d’accord, les Philistins nous oppriment et nous exploitent, ils occupent notre territoire, mais au moins on est vivant. Et puis finalement, ils ne sont pas si méchants, quoi. Quand on apprend à les connaître, et tant qu’on leur donne ce qu’ils veulent, eh bien ça va, on peut cohabiter. »
Vous voyez le contraste entre Samson, déterminé à faire du mal aux Philistins, et les hommes de Juda, qui choisissent plutôt de pactiser avec les Philistins ? Et cette posture de la tribu de Juda est particulièrement choquante, parce que si vous vous rappelez, le livre des Juges (15 chapitres plus tôt) avait commencé avec la tribu de Juda qui faisait exactement l’inverse. C’était la tribu de Juda qui était montée en première ligne, sur ordre de l’Éternel, pour combattre les Cananéen et conquérir le territoire de la terre promise (Juges 1).
Donc entre le début du livre des Juges et la fin de ce cycle de douze juges, la tribu de Juda a complètement changé de visage. C’étaient des conquérants courageux au début ; maintenant, ce sont des capitulateurs soumis à l’oppresseur.
En fait, c’est le syndrome de Stockholm plus de 1000 ans avant Jésus-Christ. Le syndrome de Stockholm, c’est un phénomène qu’on observe en psychologie, où la victime d’un agresseur commence à avoir de la sympathie pour son agresseur, au point même de commencer à défendre le point de vue et les actes de l’agresseur. C’est un phénomène qu’on a observé notamment dans des situations de prise d’otage, où après un certain temps, un lien d’affection peut s’installer entre les otages et leurs ravisseurs, au point même où les otages parfois finissent par se ranger du côté des ravisseurs plutôt que du côté des forces de l’ordre.
C’est ce qu’on a dans notre texte, en fait. Les hommes de Juda ont fini par se ranger du côté de leurs oppresseurs plutôt que du côté de celui qui est venu les délivrer.
C’est très significatif, parce que ça nous montre que Samson est vraiment tout seul—il est isolé, il est abandonné des siens. Et pourtant, il ne se retourne pas contre les siens, lui, et il continue au contraire à combattre les ennemis de son peuple, même quand son peuple lui-même ne le veut pas !
C’est très touchant, parce qu’on voit que Dieu a suscité Samson comme libérateur pour les Israélites, alors même que les Israélites ne veulent pas vraiment être libérés. On avait vu, d’ailleurs, que les Israélites dans le texte avaient arrêté de « crier à l’Éternel », même sous l’oppression de leurs ennemis (cf. Jg 13.1). Mais Dieu prend soin de ses enfants même quand ses enfants ne veulent pas de lui.
Si vous êtes parent, vous savez comment ça se passe, parfois. Nos enfants n’ont pas conscience du danger, ils sont persuadés que quelque chose n’est pas si grave pour eux, ils pensent mieux savoir que nous—mais pour autant, en général, on ne va quand même pas les abandonner et les laisser se détruire. Pourquoi ? Parce qu’on les aime, on cherche leur intérêt, on leur veut du bien, même quand eux-mêmes sont aveuglés, ou ne comprennent pas ce qui est vraiment dans leur intérêt.
Et Dieu est comme ça avec ses enfants, et c’est censé être super rassurant pour nous, si on est croyant. Parce que ça veut dire que même si on se sent un peu perdu, même si on est très découragé et qu’on a envie parfois de baisser les bras et de capituler, même si on a l’impression que Dieu n’est pas présent dans notre vie—même si quelque part, on n’a pas très envie que Dieu vienne remuer des choses dans notre vie—eh bien Dieu va quand même prendre soin de nous, si on est croyant. Il ne va jamais nous abandonner. Il ne va jamais battre en retraite et se dire : « Bah, tant pis pour Alex ! Il n’avait qu’à faire un peu plus d’efforts ! Mais là, j’en ai marre de perdre mon temps avec lui. »
Non. Dieu ne fera jamais ça avec ses enfants. La preuve, c’est que quand il s’est approché de nous, les humains, par Jésus-Christ, il s’est laissé lui-même livrer par les gens qu’il était venu sauver, entre les mains de ceux qui le mettraient à mort. En venant dans ce monde pour sauver son peuple, Jésus a été incompris, rejeté, et abandonné. La Bible nous dit que même ses disciples l’ont abandonné (Mc 14.50).
Mais Jésus est quand même allé jusqu’au bout de sa mission de délivrance. Les gens qu’il est venu sauver ne voulaient pas de lui, et pourtant, au moment de souffrir sur la croix, il prie : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23.34)
Et sur la croix, Jésus prend sur lui les fautes de gens qui ne veulent pas de lui. Et non seulement il est abandonné des siens, mais en plus, au paroxysme de son agonie, il s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27.46) au moment où notre séparation volontaire d’avec Dieu lui est imputée, pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu qui a voulu de nous alors qu’on ne voulait pas de lui.
Mais ce n’est pas tout. Regardons la suite et la fin de l’histoire.
La troisième et dernière chose que ce passage veut nous faire comprendre, c’est que Dieu ira vraiment jusqu’au bout pour délivrer ses enfants. On a vu dans ce passage la description d’un libérateur opposé aux méchants, puis d’un libérateur abandonné des siens, et pour terminer, on a un libérateur soutenu par Dieu (v. 14-20).
Donc Samson a été livré entre les mains des Philistins, par son propre peuple, et les Philistins sont très contents parce qu’ils pensent qu’ils ont gagné. Mais le texte nous dit que « l’Esprit de l’Éternel » s’empare de Samson, de sorte qu’il va faire un truc tout-à-fait miraculeux. Il va être rempli d’une force surhumaine qui lui permet, d’une part, de rompre ses liens très, très facilement, et d’autre part, de tuer mille Philistins avec le premier objet qui lui tombe sous la main : la mâchoire d’un âne ! J’imagine Samson qui regarde à droite, à gauche, qui se demande ce qu’il pourrait utiliser comme arme, et qui se dit : « Tiens, ça, ça fera l’affaire ! »
Et cette victoire incroyable va lui inspirer un petit poème (v. 16), où en fait, il y a un jeu de mots en hébreu, qu’on ne peut pas vraiment traduire en français. Samson joue sur la sonorité des mots « âne » et « monceau » ou « tas » (amas, pile). En hébreu, ces deux mots ont les même consonnes mais pas les mêmes voyelles : hamor (un âne) et homer (un tas). Donc Samson compose un petit haiku, un petit poème en trois lignes :
« Avec la mâchoire de l’âne, j’ai fait un tas, plein de tas, avec la mâchoire de l’âne, j’ai tué mille hommes. » (C’est beau.)
L’idée, en fait, c’est que Samson se moque des Philistins, et l’auteur aussi se moque des Philistins. En fait, leur défaite a été cuisante et humiliante. Mais ce n’est pas Samson qu’on est censé admirer. C’est l’Éternel.
Et pour qu’on en soit sûr, l’auteur ajoute ce qui se passe juste après. Samson est très fatigué, et affaibli, et il a soif—tellement soif qu’il pense qu’il va mourir et qu’après tout ça, par sa mort, les Philistins vont quand même gagner. Mais il prie l’Éternel, et l’Éternel lui donne de l’eau qui sort d’un rocher (v. 19), et grâce à ça, Samson « revient à la vie », et il va pouvoir siéger comme juge en Israël pendant vingt ans (v. 20).
C’est l’Éternel, donc, qui soutient son serviteur et qui agit à travers lui. Je pense que l’auteur veut vraiment qu’on se dise : « Tuer mille hommes avec une mâchoire d’âne, c’est tellement improbable que ça ne peut venir que de Dieu. » J’ai vraiment envie que vous vous en rendiez compte, alors regardez ce que je vous ai apporté : une mâchoire d’âne.
On ne peut pas dire que Samson était armé jusqu’aux dents (ou peut-être que si !). Comment est-ce qu’on tue mille Philistins avec ça ? Il faut qu’on se rende compte que ce n’est pas par la puissance de cette pseudo-arme, ni par la puissance de Samson lui-même que cette grande victoire a été gagnée, mais par la puissance de l’Éternel.
La puissance de l’Éternel est tellement grande que mille Philistins ont été humiliés par une mâchoire d’âne. La puissance de l’Éternel est tellement grande que l’Éternel a ravivé son serviteur qui était près de mourir, en lui faisant couler de l’eau d’un rocher. La puissance de l’Éternel est vraiment irrésistible, et quand elle est déployée pour le salut de son peuple, c’est une merveilleuse nouvelle pour les croyants. Voilà ce que les Israélites devraient penser en lisant cette histoire.
Dieu ira vraiment jusqu’au bout pour délivrer ses enfants. Il suscite un libérateur qui est résolument opposé aux ennemis de son peuple. Ce libérateur poursuit sa mission même quand il est abandonné par son propre peuple, même quand les gens qu’il est venu délivrer ne veulent pas de lui. Et Dieu assiste et soutient ce libérateur pour qu’il aille jusqu’au bout de sa mission, de manière à triompher des ennemis du peuple, et à garantir la délivrance du peuple.
Cette histoire est censée montrer aux Israélites à quel point Dieu est dédié à son projet. Les Israélites sont censés être rassurés malgré les circonstances adverses qu’ils sont peut-être en train de traverser. En lisant cette histoire, ils devraient être incité de nouveau à placer leur confiance en Dieu, qui va tenir ses promesses envers et contre tout.
Plus de mille ans après ces événements—je l’ai dit—l’Éternel va démontrer tout ça de manière suprême. Il s’approche des humains en prenant lui-même la nature d’un homme, par Jésus-Christ. Parce qu’il s’oppose résolument aux ennemis de ses enfants, il vient en personne pour intervenir en leur faveur. Mais les gens qu’il est venu sauver ne veulent pas de lui, ils ont pactisé avec l’adversaire, ils le rejettent et il vont même le livrer entre les mains des païens pour qu’ils le mettent à mort.
Abandonné de tous, il meurt sur la croix. Mais la puissance de l’Éternel est si grande, que c’est par ce morceau de bois que les ennemis de Dieu vont être vaincus. Car sur la croix, Jésus détourne volontairement sur lui-même la puissance de l’ennemi qui était dirigée contre nous. On était, nous, séparés de Dieu par nos fautes, et l’ennemi de notre âme utilisait nos fautes contre nous, pour nous accuser, pour exiger notre condamnation, et pour nous maintenir dans la servitude. Mais Jésus s’est substitué à nous pour nous délivrer, alors même qu’on ne voulait pas de lui en réalité ! Mais son amour pour nous était plus grand que notre haine pour Dieu.
Et si on fait confiance à Jésus, voici ce que dit l’apôtre Paul :
« Vous qui étiez morts par vos offenses et par l’incirconcision de votre chair, Dieu vous a rendus à la vie avec Christ, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; il a effacé l’acte rédigé contre nous et dont les dispositions nous étaient contraires ; il l’a supprimé, en le clouant à la croix ; il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix. » (Col 2.13-15)
Et Dieu n’a pas laissé le libérateur dans la tombe. Le troisième jour, le Père a ressuscité le Fils par la puissance de l’Esprit. Il a « fendu la cavité du rocher », il a roulé la pierre, et il en est sorti notre glorieux Sauveur, qui est vivant à jamais, qui est monté au ciel et qui siège à la droite du Père pour régner comme juge, non pas pendant vingt ans, mais pour toute l’éternité.
Et l’eau qui est déversée sur nos têtes quand on est baptisé, c’est l’eau de la vie, c’est le signe de notre association à Jésus-Christ dans sa mort et sa résurrection, c’est le signe de la nouvelle naissance par la puissance de l’Esprit de l’Éternel—cette vie nouvelle qui est présentée au peuple de Dieu et qui est reçue par tous ceux qui se reposent en Jésus-Christ. Comme l’a dit le prophète Ézéchiel :
« Je ferai sur vous l’aspersion d’une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » (Éz 36.25-26)
Alors tout ça pour dire quoi ?
Eh bien au début, on disait que des fois, on peut se sentir vraiment abattu et triste et fatigué, parce qu’on a l’impression que nos soucis ne vont jamais partir. Maladie, épreuves, conflits, péchés récurrents, désirs désordonnés… des fois, on a l’impression qu’on est vraiment coincé, et que Dieu est loin, et qu’on ne va jamais s’en sortir.
Mais franchement, j’espère qu’on a vu dans ce texte la manière dont l’histoire de Samson nous illustre une merveilleuse nouvelle : que tu le croies ou non, Alex, Dieu continuera de se battre pour ses enfants, jusqu’à la victoire. Que tu le croies ou non ce matin, mon frère ou ma sœur bien-aimée, Dieu continuera de se battre pour ses enfants, jusqu’à la victoire.
Tu es confronté à des difficultés, à des souffrances, à des tentations, peut-être même à des forces du mal qui font la guerre à ton âme—écoute bien : Dieu est encore plus résolument opposé à tes ennemis que tu ne l’es toi-même ! Il est l’ennemi de tes ennemis. Et il ne se fatiguera jamais. Il ne battra jamais en retraite. Si tu es un croyant, Dieu ne t’abandonnera jamais, et il sera toujours pour toi, et il ne changera jamais de camp. Il est venu sur la terre pour combattre tes ennemis. Et il les a déjà tous vaincus à la croix. Tu peux te sentir intimidé par tes ennemis (par la maladie qui ne te lâche pas, par tes difficultés professionnelles ou matérielles, par un conflit très douloureux, par des addictions, par des mauvais désirs envahissants), et tu peux même avoir l’impression que Dieu est distant, mais ce n’est qu’une impression. La sainte Bible te dit que Dieu est pour toi, et s’il est pour toi, qui sera contre toi ? Qui pourrait faire échouer Dieu dans sa détermination à te sauver ?
Même si toi, tu es parfois complaisant envers tes ennemis—peut-être que tu as un syndrome de Stockholm où finalement tu t’es un peu accommodé de ce qui ne va pas dans ta vie. Peut-être que tu as pactisé avec l’ennemi, si j’ose dire. Peut-être que tu as déjà baissé les bras, tu ne te sens plus la force de te battre, tu aimerais juste te faire oublier. Même ça, ça ne va pas faire renoncer Dieu à te sauver, si tu es croyant. Et Dieu ne compte pas s’en prendre à toi, si tu es dans cette situation—il ne se dit pas : « Eh bien tant pis pour lui ou pour elle ! » Non, il s’est laissé abandonner et livrer par les gens qu’il était venu sauver, et il est allé jusqu’au bout de son projet, il a tout donné, même pour te pardonner ta complaisance envers l’ennemi !
Rassure-toi, et regarde tes ennemis en face : ils ont des comptes à rendre à quelqu’un de plus puissant que toi. Ils ont des comptes à rendre à quelqu’un qui les déteste plus que tu ne les détestes. Ils ont des comptes à rendre à ton Sauveur qui t’aime et qui a scellé ta délivrance par le sang de la croix, et le tombeau vide.
Jésus est le Samson parfait. Samson prépare les Israélites à reconnaître le libérateur ultime qui sera révélé et qui agira selon le motif qui nous est décrit dans le texte. Ce libérateur ultime est venu et il a tout accompli, de manière parfaite et irrévocable, et on attend maintenant son retour glorieux, avec l’espérance indestructible qu’il nous délivrera définitivement de toutes nos souffrances, de tous nos péchés et de tous nos ennemis.
On peut donc prendre courage, lever la tête et aller de l’avant—on peut persévérer dans le service de notre grand Dieu, et dans l’adoration de son saint nom.
Comme le dit l’apôtre Paul en décrivant son expérience en tant que chrétien sur la terre, il dit :
« Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » (Rm 7.24-25)