La vie a-t-elle un sens, et si oui, lequel ? Il y a quelques années, dans le cadre d’une enquête sur l’existence de Dieu, le magazine Le Point a interrogé seize membres du Collège de France (c’est-à-dire les plus éminents professeurs de mathématiques, de physique, de biologie, de philosophie et d’histoire) pour leur demander si l’univers avait un sens et si l’apparition de l’homme était le fruit du hasard. Les deux tiers d’entre eux ont répondu que non, désolé, l’univers n’avait pas de sens. Et les quatre cinquièmes d’entre eux ont répondu que oui, l’apparition de l’homme était le pur fruit du hasard. Alors je me demande si vous vous êtes vous-mêmes déjà posé ces questions. Il me semble qu’il n’y a que deux possibilités : soit la vie n’a pas de sens, soit la vie a un sens. Dans un cas comme dans l’autre, il faut en tirer nécessairement les conséquences, et quand on y songe, ces conséquences sont énormes en ce qui concerne la façon dont on va mener notre vie : nos choix, nos priorités, notre perception d’autrui, notre définition du bien et du mal, notre compréhension de l’histoire, en un mot, notre vision du monde ! Alors ce soir, on va réfléchir à cette question, à partir d’un texte qui contient plusieurs affirmations très connues, comme : « Vanité des vanités, tout est vanité », ou encore : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil », ou encore : « Tout est vanité et poursuite du vent », mais beaucoup de gens ignorent que ces affirmations proviennent de la Bible. Le texte qu’on va lire, c’est donc le premier chapitre du livre de l’Ecclésiaste.
Tout ce que fait l’Ecclésiaste, dans cette première partie, c’est de décrire l’apparente absurdité de l’existence. À quoi ça sert de vivre ? L’homme naît, l’homme se donne de la peine, et l’homme meurt. Quelqu’un d’autre naît, se donne de la peine, et meurt. Et ainsi de suite. Et pendant ce temps, les cycles de la nature se succèdent de façon monotone : le soleil se lève, le soleil se couche, le vent souffle dans un sens, puis dans l’autre, les fleuves se déversent dans la mer, l’eau s’évapore et forme des nuages, il pleut et les fleuves coulent toujours. Quant à nous les êtres humains, pendant notre courte vie, on voit, on entend, on touche, on sent, on goûte, et on recommence parce qu’on n’atteint jamais le contentement. Métro, boulot, dodo. Naissance, souffrance, fin de l’existence. Absurde, non ? Dans une interview récente, le philosophe André Comte-Sponville, qui est un athée, a dit, très sobrement : « Ce que j’ai compris de la physique, c’est que l’univers est en expansion, qu’il se refroidit et qu’il va vers la mort thermique. Cela n’empêche pas qu’il y ait eu par exemple sur Terre un progrès de la complexité ; mais que restera-t-il de cette complexité, une fois que le soleil se sera éteint ? Ce que la physique nous apprend, c’est […] l’inéluctabilité de la mort. » Vous voyez que trois mille ans de progrès scientifique n’ont rien changé au constat de l’Ecclésiaste : la vie paraît absurde. Il ne semble pas y avoir de sens à l’existence. Et la raison de cette absurdité, comme le dit Comte-Sponville, c’est la mort. La mort, c’est ce qui met tout le monde d’accord : existentialistes, matérialistes, rationalistes, naturalistes, anarchistes, nihilistes n’ont que des réponses temporaires à proposer, qui seront de toute façon réduites à néant par la mort des hommes et par la disparition de l’univers. Alors dans l’absolu, à quoi ça sert d’étudier, de travailler, de voyager, de s’amuser, d’avoir des enfants, de protéger l’environnement ou de chercher un remède contre le SIDA ? En fin de compte, qu’est-ce que ça change si je fais le bien ou si je fais le mal, si je continue de vivre ou si je me suicide tout de suite ? Vous voyez que les enjeux de la question sont importants ! L’Ecclésiaste est lucide en tout cas : il constate l’apparente absurdité de l’existence, et il nous incite à y réfléchir à notre tour. Mais voyons ce qu’il a à dire ensuite.
Dans cette seconde partie, l’Ecclésiaste soulève une question, qui va d’ailleurs nourrir pratiquement tout le reste de son livre, et cette question est la suivante : si la vie a un sens, où se trouve-t-il ? L’Ecclésiaste nous explique qu’il a eu un vaste projet. Son projet était d’accumuler un maximum de sagesse et de connaissances. De cette quête, il a tiré au moins deux conclusions : d’abord, que le travail est vain, ensuite, que le savoir est vain. Le travail est vain, parce que tout le travail du monde n’accomplit rien d’efficace en ce qui concerne nos vrais besoins. Et le savoir est vain, parce que tout le savoir du monde n’apporte pas de réponse satisfaisante en ce qui concerne nos vraies questions. Mais voici ce qu’il dit au verset 13 au sujet de notre quête de savoir et de nos efforts pour travailler : « C’est un souci fâcheux que Dieu donne aux humains comme moyen d’humiliation ». L’Ecclésiaste est donc bel et bien en train de nous livrer un élément concernant le sens de la vie ! Vous voulez savoir pourquoi vous ne semblez pas pouvoir trouver de satisfaction dans la vie ? C’est un souci fâcheux que Dieu vous a donné pour vous éprouver et vous fatiguer. Quelle bonne nouvelle ! En tout cas, ce qu’on peut remarquer, c’est que l’Ecclésiaste pointe vers Dieu. S’il y a un sens à la vie, il doit se trouver en Dieu. Vous vous dites peut-être que c’est trop facile d’affirmer une chose pareille. Non, ce n’est pas facile, c’est juste logique. On a dit tout à l’heure que la raison de l’absurdité apparente de la vie, c’était la mort. Donc si la vie doit avoir un sens, ce sens ne peut pas se trouver ici-bas, « sous le soleil », puisque tout disparaît avec la mort. Pour que la vie ait un sens, il doit y avoir un au-delà. C’est logique. Pour que le temps ait un sens, il doit y avoir l’éternité. Pour que l’univers ait un sens, il doit y avoir un Créateur. Pour que le bien et le mal aient un sens, il doit y avoir un Juge. Bref, pour que l’existence ait un sens, il doit y avoir un Dieu. Et c’est auprès de lui, en toute logique, qu’il faut chercher et non pas « sous le soleil », où « tout est vanité et poursuite du vent ». Autrement dit : soit la vie n’a pas de sens, soit il y a un Dieu. Il n’y a pas d’alternative.
Il reste quand même un élément. Avez-vous remarqué qu’à trois reprises dans ce chapitre, l’Ecclésiaste rappelle qu’il est le roi de Jérusalem ? En faisant cela, il est en train de montrer que sa quête, auprès de Dieu, du sens de la vie, il ne la considère pas indépendamment de ce que Dieu a révélé et de ce que Dieu a fait dans l’histoire des hommes. Et voici ce que la Bible nous apprend : c’est que la mort est entrée dans le monde comme une anomalie, et non seulement la mort mais aussi la pénibilité du travail et la fatigue physique, émotionnelle et spirituelle, tout cela à cause du désir de l’homme de vivre indépendamment de Dieu. C’est pour ça que l’Ecclésiaste, qui se rattache à cette histoire en se présentant comme le Fils de David et le Roi de Jérusalem, interprète notre insatisfaction comme « un souci fâcheux que Dieu donne aux humains comme moyen d’humiliation ». C’est parce qu’on a voulu vivre indépendamment de Dieu que notre vie est devenue absurde. Mais Dieu peut redonner son sens à notre vie, et il est intervenu exprès pour ça. L’histoire des hommes culmine en effet avec la venue de Jésus, que la Bible présente aussi comme étant le Fils de David, le Roi de Jérusalem, et dont l’apôtre Paul dit même que c’est en lui que « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2.3). Tout ce qui n’est que poursuite du vent si on le cherche sous le soleil, est venu en la personne de Jésus. Et selon les Évangiles, Jésus est mort et ressuscité pour corriger le problème de notre indépendance vis-à-vis de Dieu. C’est pour cette raison que Jésus a pu dire, sans broncher :
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Mt 11.28)
Et je me demande si Jésus ne venait pas juste de lire l’Ecclésiaste quand il a dit cette autre parole :
« Que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ? » (Mt 16.26)
Alors si vous recherchez le sens de la vie, intéressez-vous à Dieu, intéressez-vous à la Bible, et intéressez-vous à Jésus.