Je ne pense pas me tromper si j’affirme ce matin que vous avez tous envie que votre vie compte pour quelque chose. Il n’y a pas très longtemps, j’ai joué pour la première fois à un jeu de société qui s’appelle : « Destins, le jeu de la vie ». C’est un jeu de plateau, où l’on doit aller de la case « Départ » à la case « Arrivée » en franchissant toutes les étapes de la vie : études, mariage, profession, enfants, retraite. Le gagnant, à la fin, est celui qui a réussi à accumuler un maximum de richesses. Au début du jeu, une question cruciale se pose pour chaque joueur : le choix de faire des études longues ou courtes, et le choix d’un métier, en fonction duquel on gagnera plus ou moins d’argent, on paiera plus ou moins d’impôts, et on aura certains avantages ou certains autres tout au long de la partie. C’est incroyable comme un simple jeu peut être stressant quand il ressemble trop à la réalité !
Comment choisir la route à prendre dans la vie ? Devenir médecin, ou technicien ? Études de psychologie, ou de musicologie ? Stage à l’étranger, ou apprentissage sous-payé ? Se marier et avoir des enfants, ou vivre libre longtemps ? Et puis il y a cette petite voix culpabilisatrice qui vous murmure de temps à autre : « Et pourquoi tu ne partirais pas en mission pendant quelque temps ? Est-ce que tu as envisagé les études de théologie ? Et si tu étais destiné à un service à temps plein pour le Seigneur ? » Alors comment faire le bon choix ? Quelle vocation Dieu vous adresse-t-il à chacun ? J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous ce matin. La bonne nouvelle, c’est que la Bible répond à cette question. La mauvaise nouvelle, c’est que la réponse n’est probablement pas celle que vous espérez. Dans le texte que nous allons lire, nous allons voir que la question de notre future situation familiale ou professionnelle importe moins pour Dieu que la qualité de notre vie. En d’autres mots (et c’est la leçon que j’aimerais que nous retenions), Dieu ne nous dit pas tant quoi faire de notre vie que comment le faire : et il veut que nous le fassions bien. Regardons le texte.
La première chose que l’on voit dans ce texte, c’est Paul qui tire une application concrète de tout ce qu’il a dit depuis le début de l’Épître (v. 17). Et ce qu’il a essayé de démontrer depuis le début de l’Épître, c’est la prééminence de Jésus dans tous les domaines de l’existence, et par conséquent, le changement radical qu’entraîne, chez une personne, la foi en Jésus. Quand quelqu’un devient chrétien, sa vie toute entière est placée sous le signe de son attachement à Jésus. Études, travail, vie de famille, loisirs… Il n’y a pas un domaine de la vie du chrétien qui n’est pas concerné par Jésus ou qui ne concerne pas Jésus. C’est pourquoi on peut tirer une première leçon de ce premier point : reconnaître la prééminence de Jésus-Christ dans tous les domaines de l’existence permet de garder la bonne perspective sur notre vie, et les bonnes priorités dans notre vie.
Les chrétiens n’ont pas le même rapport à leur vie, et à leur avenir, que les non-chrétiens. Parce que les chrétiens sont dans une situation radicalement différente. Imaginez qu’un jour, vous rencontriez quelqu’un qui a changé de métier, de pays, de conjoint, de langue, de culture, de nationalité, de nom et même de sexe. Vous vous diriez sans doute : ça c’est un changement radical ! Mais le changement qui se produit quand on devient chrétien est encore plus radical. La Bible en parle en termes de mort et de résurrection. Être chrétien, ce n’est pas une dimension que l’on ajoute à sa vie, ce n’est pas non plus une modification que l’on apporte à sa vie ; c’est ni plus ni moins qu’une nouvelle vie.
La Bible dit très clairement que nous étions tous morts par nos fautes et par nos péchés (Ép 2.1), indépendamment de nos origines, de notre éducation, de notre métier, de notre religion. Mais la Bible ajoute que Dieu, dans sa miséricorde et dans son amour, nous a rendus à la vie avec Jésus, par pure grâce, si toutefois nous avons placé notre confiance en lui (Ép 2.4-5). Pourquoi ? Parce que Jésus a offert à la croix le seul sacrifice suffisant pour payer le prix de nos fautes. Mais le Père a ressuscité le Fils, et l’a fait asseoir à sa droite au-dessus de toute la création, afin qu’il n’y ait rien qui puisse faire entrave au salut éternel qu’il destine à tous ceux qui se confient en lui.
Tout cela nous fait dire que la plus grande division de l’humanité se situe au niveau de la relation que l’on a à Jésus-Christ. C’est ce qui compte plus que tout. Jésus est à ce point prééminent. Notre attachement à lui est à ce point radical. C’est ce que Paul a essayé de transmettre à ses lecteurs depuis le début de l’Épître aux Colossiens. Imaginez l’effet que ça fait, d’entendre (et de croire) des affirmations telles que, au premier chapitre : « Le Père nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés » (1.13-14). Puis au deuxième chapitre : « En Christ habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir » (2.9-10). Puis au troisième chapitre : « Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (3.2-3).
Voilà sur quoi repose le verset 17. Alors je vous pose une question : le rappeur Manou, c’est « un chanteur chrétien », ou « un chrétien qui est chanteur » ? Le Ballon d’Or brésilien Kakà, c’est « un footballer chrétien », ou « un chrétien qui joue au football » ? Et vous, vous envisagez votre avenir comment ? Comme la vie « d’un ingénieur chrétien » ou « d’un pharmacien chrétien », ou comme la vie « d’un chrétien, qui par ailleurs est ingénieur, ou pharmacien » ? Vous voyez qu’avant de se poser la question de notre vocation (qu’elle soit familiale ou professionnelle), nous devons passer par la case départ, et reconnaître la prééminence de Jésus-Christ dans tous les domaines de l’existence, car cela nous permettra de garder la bonne perspective sur notre vie, et les bonnes priorités dans notre vie. Mais regardons la suite.
La deuxième chose que l’on voit dans ce texte, c’est Paul qui énumère toute la liste des situations de vie les plus courantes chez ses lecteurs, en livrant des instructions concises, propres à chaque situation. Ce qui est frappant dans ces neuf versets, c’est la façon dont Paul multiplie les références au « Seigneur », alors que jusqu’à présent, il s’est référé à Jésus en employant le titre de « Christ ». Il n’a utilisé le mot « Seigneur » pour désigner Jésus que trois fois avant ce passage, tandis qu’il a utilisé plus de vingt fois le mot « Christ ». Et maintenant, on trouve le mot « Seigneur » presque à tous les versets ! Ce que Paul est en train de montrer ici s’inscrit dans la continuité de ce qu’il a dit au verset 17, c’est-à-dire que quelle que soit notre situation de vie, Jésus est le Seigneur de cette situation. Pourquoi ? Parce qu’il est prééminent. Il n’est pas seulement le Seigneur d’une catégorie de personnes, ou d’un secteur de l’univers, ou d’une partie du calendrier ; il est le Seigneur du cosmos tout entier. Du fait de cette suprématie de Jésus, toute situation familiale ou professionnelle qui soit moralement licite constitue donc une vocation à part entière dans le royaume de Dieu. On peut donc tirer une deuxième leçon de ce deuxième point : reconnaître qu’il y a diversité de vocations dans le royaume de Dieu permet d’envisager toute situation familiale ou professionnelle comme un travail à temps plein pour le Seigneur.
Vous connaissez Google, le moteur de recherche. Est-ce que vous connaissez l’entreprise ? Comme toute entreprise, elle propose des emplois variés : technicien, commercial, comptable, juriste, service clients, marketing… Il paraît que tout le monde veut travailler pour Google, quel que soit le poste, parce que travailler pour Google c’est le rêve ! Voici ce qu’on peut lire sur le site internet de l’entreprise : « Vous avez sans doute déjà fixé vos objectifs de carrière. Chez Google, nous avons conçu une culture qui vous aide à les atteindre. Approche flexible, gestion de projets, avantages et prestations novateurs, nous faisons tout notre possible pour garantir à nos salariés non seulement des emplois intéressants mais aussi un environnement de travail exceptionnel. […] Chez Google, nous valorisons tous les employés, car nous sommes persuadés qu'ils constituent l'essence même de notre succès. Avez-vous déjà participé à un match de foot en ayant pour partenaire le directeur de votre bureau ? […]Les Googlers […] sont passionnés dans leur vie professionnelle et personnelle. » Pardonnez-moi cette comparaison, mais c’est un peu comme ça dans le royaume de Dieu !
Dieu valorise tous ses serviteurs, quel que soit leur rôle dans son Royaume. Il n’y a pas de supériorité au fait d’être marié ou célibataire. Il n’y a pas de supériorité au fait d’être une femme ou un homme. Il n’y a pas de supériorité, devant le Seigneur, au fait d’être un adulte ou un enfant. Il n’y a pas de supériorité, dans le royaume de Dieu, au fait d’être un esclave ou un maître, un ingénieur, un médecin, un pharmacien, un dentiste, un psychologue, un professeur, une mère au foyer, un pasteur, ou un secrétaire itinérant régional du GBU ! Mais ce que Paul dit à chacun de ses lecteurs, c’est : « Quoi que vous fassiez, faites-le bien, parce que vous le faites pour le Seigneur ».
On se posait la question en introduction : comment savoir si Dieu m’appelle à le servir à temps plein ? C’est facile. La réponse est oui, si tu es chrétien, Dieu t’appelle à le servir à temps plein. Mais servir le Seigneur à temps plein, c’est peut-être travailler fort en vue de réussir ton concours. C’est peut-être faire un bon travail en tant que chercheur dans un laboratoire pharmaceutique. C’est peut-être rester à la maison et te consacrer à tes enfants pendant que ton mari pourvoit aux besoins de la famille. C’est peut-être partir en Inde pendant un an pour faire de l’évangélisation. Vous voyez que reconnaître qu’il y a diversité de vocations dans le royaume de Dieu permet d’envisager toute situation familiale ou professionnelle comme un travail à temps plein pour le Seigneur. Mais il reste encore deux points, que je voudrais évoquer un peu plus rapidement.
Paul vient donc de livrer des instructions concises destinées aux situations de vie les plus courantes, dont le but a été notamment de nous montrer qu’il y avait diversité de vocations dans le Royaume de Dieu, du fait de la seigneurie de Jésus dans tous les domaines de la vie. Maintenant, et avant de conclure son Épître, Paul va livrer deux dernières instructions, cette fois destinées à tout le monde. Ce sont deux principes essentiels par rapport à la question de savoir quelle vocation Dieu nous adresse. Le premier de ces deux derniers points se trouve dans les versets 2 à 4, où Paul dit très explicitement que la prière est indispensable à la vie chrétienne. Il faut prier avec reconnaissance, et notamment, ajoute-t-il, pour que la Parole de Dieu porte du fruit là où elle est proclamée. Ainsi, on peut ajouter cette leçon aux deux premières : reconnaître le caractère indispensable de la prière permet de participer à la réalisation de l’œuvre de Dieu dans notre vie et dans le monde, quelle que soit notre vocation.
Certains parlent de la prière comme de « la respiration du chrétien ». L’image n’est pas fausse. Du fait de sa prééminence dans tous les domaines, Jésus est plus important pour nous que l’air que nous respirons. Réfléchissons-y un instant ! Un chrétien qui ne prie pas, c’est comme quelqu’un qui vit en apnée ! On ne peut pas faire grand-chose dans ce cas-là !
Si vous êtes chrétien, avant de savoir si Dieu vous appelle à faire de longues études ou pas, à vous marier ou pas, à travailler dans le public ou dans le privé, sachez que Dieu vous appelle déjà à prier. Dès maintenant, et pour toutes les années qui sont devant vous. Priez en tant qu’étudiant en droit. Priez en tant qu’employé de banque. Priez en tant que célibataire. Priez en tant que mari ou femme. Priez pour vous-mêmes, pour votre situation familiale ou professionnelle, pour votre avenir, pour les gens de votre entourage. Et Paul montre qu’il est particulièrement important, aussi, de prier pour ceux qui sont spécialement appelés à annoncer la Parole de Dieu : le pasteur et les anciens de votre église, les missionnaires que vous connaissez, et votre SIR (secrétaire itinérant régional du GBU).
Remarquez une chose : Paul n’encourage pratiquement jamais ses lecteurs à s’engager dans le ministère ; en revanche, il les exhorte à prier pour ceux qui sont dans le ministère. Autrement dit, vous ne devez pas culpabiliser parce que vous ne ressentez pas d’appel à entrer dans le ministère, mais il y a de quoi culpabiliser si vous ne priez pas pour ceux qui sont dans le ministère. Je ne vais pas m’étendre là-dessus car ce n’est pas le sujet de ce message, mais sachez que la prière, de façon mystérieuse, est absolument centrale à la réalisation des desseins éternels de Dieu. Reconnaître donc le caractère indispensable de la prière dans la vie chrétienne permet de participer à la réalisation de l’œuvre de Dieu dans notre vie et dans le monde, quelle que soit notre vocation. Il reste donc un dernier point.
Ce dernier point se trouve aux versets 5 et 6, où Paul livre une dernière recommandation à ses lecteurs avant de passer aux salutations. Cette recommandation concerne le comportement des chrétiens vis-à-vis des non-croyants. C’est intéressant de voir que pour Paul, cette recommandation est suffisamment importante pour qu’elle paraisse à cet endroit de l’Épître, en conclusion de tout ce qu’il a dit jusqu’à présent. Paul vient de dire qu’il faut prier spécifiquement pour ceux qui sont dans le ministère, pour que la Parole de Dieu porte du fruit là où elle est proclamée, mais maintenant il ajoute que tous les chrétiens ont un rôle important à jouer vis-à-vis des non-croyants ; avec la prière, c’est un deuxième principe essentiel par rapport à la question de savoir quelle vocation Dieu nous adresse. Et ici, Paul dit que quelle que soit notre vocation, il faut que nous examinions notre comportement, et notamment notre langage, pour nous assurer que cela constitue un témoignage utile et fidèle auprès des gens qui ne sont pas chrétiens. La dernière leçon à tirer de ce dernier point, c’est donc la suivante : reconnaître que la qualité de notre vie est un témoignage aux non-croyants permet de mesurer l’importance du bien-faire et du bien-parler en toute circonstance.
Il y a quelques années, on a vu apparaître dans les rayons de nos supermarchés des produits « discount ». Tous les grands distributeurs ont maintenant leur marque spécifique « premier prix », avec un emballage spécifique, très simple, et assez moche pour être honnête. C’est là notamment, que ces marques font des économies. Le problème chez moi, c’est que quand je vois un emballage moche, j’ai l’impression que le produit à l’intérieur n’est pas bon ! Rien ne me fait plus peur que du poulet discount ! De la même façon, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai plus envie d’écouter un CD qui présente une belle pochette qu’un vieux CD gravé, avec le titre de l’artiste gribouillé dessus au marqueur.
Dans ce texte, Paul insiste sur l’importance d’être sage dans son comportement vis-à-vis des non-croyants, parce que la qualité de notre vie sert de témoignage. On le disait au début : être chrétien, ce n’est pas une dimension que l’on ajoute à sa vie, ce n’est pas non plus une modification que l’on apporte à sa vie ; c’est ni plus ni moins qu’une nouvelle vie. Quelle que soit notre vocation, nous sommes à temps plein pour le Seigneur. Et le croyant, quelle que soit sa situation familiale ou professionnelle, ne se comporte pas comme le non-croyant : il travaille dur, il ne triche pas, il est serviable, parce qu’il est chrétien. Il ne ment pas, il ne se plaint pas, il ne dit pas de grossièretés, parce qu’il est chrétien.
Faire le meilleur usage possible de son temps, pour le chrétien, c’est déjà veiller sur sa conduite à cause du témoignage que cela constitue vis-à-vis de « ceux du dehors ». Ainsi, reconnaître que la qualité de notre vie est un témoignage aux non-croyants permet de mesurer l’importance du bien-faire et du bien-parler en toute circonstance.
Pour conclure : nous disions en introduction que nous avions tous envie que notre vie compte pour quelque chose. « Seigneur ! Que veux-tu que je fasse de ma vie ? » Ce qu’on a vu ce matin, c’est qu’on se laisse peut-être inutilement torturer par cette question, alors que la Bible nous montre que la question de notre future situation familiale ou professionnelle importe moins pour Dieu que la qualité de notre vie. Dieu ne nous dit pas tant quoi faire de notre vie que comment le faire : et il veut que nous le fassions bien. À condition de reconnaître la prééminence de Jésus dans tous les domaines, de reconnaître qu’il y a diversité de vocations dans le royaume de Dieu, de reconnaître le caractère indispensable de la prière, et de reconnaître que la qualité de notre vie est un témoignage, Dieu vous laisse franchement la liberté et la responsabilité de poursuivre la vocation que vous désirez. Seulement, « faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col 3.17).