À peu près 40 millions de personnes en France ont été baptisées au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soit entre 65 et 70 % de la population. Même si ce pourcentage est en nette diminution depuis plusieurs années, il y a encore aujourd’hui, en France, 2 enfants sur 5 qui reçoivent le baptême chrétien, peu après leur naissance, à la demande de leurs parents. Et je suis prêt à parier que les personnes présentes cet après-midi qui n’ont pas été baptisées sont très peu nombreuses ! La question que je veux vous poser ce soir, quel que soit votre cas (que vous soyez dans la majorité ou dans la minorité), c’est : pourquoi ? Pourquoi êtes-vous baptisé ? Ou pourquoi n’êtes-vous pas baptisé ? Quel sens attachez-vous au baptême chrétien, et surtout, le sens que vous lui attachez est-il le même que celui que Dieu lui attache ? Je crains que le baptême chrétien soit devenu aujourd’hui, dans bien des cas, ou bien une pratique essentiellement superstitieuse, ou bien une pratique essentiellement folklorique. Alors qu’en réalité, le baptême est un signe qui parle de notre relation à Dieu. Autrement dit, le fait que vous soyez baptisé ou non dit quelque chose au sujet de votre relation à Dieu. Est-ce que vous y pensez souvent en ces termes-là ? Vous voyez que la question du sens que l’on attache au baptême est de la plus haute importance, parce que cela concerne la relation que l’on a à Dieu, et qu’est-ce qui compte plus que la relation que l’on a à Dieu ? Vous voyez aussi pourquoi il est important que les raisons pour lesquelles vous avez été baptisé (ou vos enfants), ou les raisons pour lesquelles vous n’avez pas été baptisé (ou vos enfants) doivent être éprouvées à la lumière de la Bible, Parole de Dieu. Et c’est ce que je vous propose de faire ce soir, en étudiant trois versets de l’Ancien Testament, un texte court qui ne parle pas explicitement du baptême chrétien, évidemment, mais qui parle explicitement, en revanche, de la relation de Dieu avec le peuple qui porte son nom. Et cela dans un contexte où le peuple qui porte le nom de Dieu est devenu globalement indifférent à Dieu. La leçon qu’il faudra retenir, à mon avis, de ce court passage est la suivante, et elle est relativement simple en définitive : Dieu adresse aux hommes un appel vital à exercer une entière confiance en lui, et le baptême chrétien constitue le signe qui annonce solennellement qu’une personne est particulièrement concernée par cet appel. Voyons comment le texte en parle.
La première chose que l’on voit dans ce texte, c’est l’ordre d’organiser une grande manifestation publique. Il a déjà été question, depuis le début de la prophétie, de « consacrer un jeûne », de « proclamer une cérémonie », ou de « sonner du cor en Sion » (cf. 1.14 et 2.1). À chaque fois, le but a été d’appeler le peuple à prendre conscience d’une situation qui était grave. Pourquoi la situation est-elle grave ? Parce que le Dieu trois fois saint, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal (Ha 1.13), compte visiter son peuple qui vit dans l’indifférence à Dieu et dans le péché. Le prophète n’a pas mâché ses mots pour essayer de sensibiliser le peuple à la gravité de la situation : « Ah ! Quel jour ! Car le jour de l’Éternel est proche : il vient comme un ravage du Tout-Puissant. » (1.15) ou encore : « Que tous les habitants du pays frémissent ! Car le jour de l’Éternel vient, car il est proche » (2.1).
Ici aussi, au verset 15, le recours au son du cor, au jeûne, à la cérémonie, a pour but de faire prendre conscience au peuple que la situation est grave et qu’elle nécessite des mesures radicales. Aux grands maux, les grands moyens. Cette semaine, la sécurité routière a sorti un film intitulé « Insoutenable », qui met en scène des jeunes à la sortie d’une soirée bien arrosée, qui ont un accident de voiture mortel. Le film montre l’insouciance des jeunes, l’alcool qui coule à flots, la violence de l’accident, l’intervention des pompiers, et le moment où les parents apprennent la terrible nouvelle de la mort de leur enfant. D’après le site de la sécurité routière, ce film de 5 minutes a pour objectif « de provoquer une prise de conscience du risque que représente le fait de conduire en état d’ivresse et de monter dans une voiture pilotée par une personne qui n’est plus maîtresse d’elle-même ». Voilà comment des images choc peuvent sensibiliser les gens à certaines réalités.
Dans le texte aussi, Dieu cherche à nous sensibiliser à la gravité de ce que la Bible appelle le « péché », et qui est tout ce qu’on fait, dit ou pense qui n’est pas en conformité avec la volonté de Dieu. Et quelles sont les images bibliques censées nous sensibiliser à la gravité du péché ? C’est par exemple l’image d’une ville entière détruite par une pluie de souffre et de feu (Gn 19.24). C’est l’image d’une serviette féminine usagée (És 64.5). C’est l’image d’un chien qui mange son propre vomi (Pr 26.11). Alors à vous de me dire : est-ce que le péché est grave, d’après la Bible ? Est-ce que Dieu a raison de chercher à nous faire prendre conscience que notre situation est grave et qu’elle nécessite des mesures radicales ?
C’est bien beau d’avoir été baptisé, de se dire chrétien, d’aller à l’église deux ou trois fois par an, et d’ouvrir sa Bible une fois tous les trimestres, mais est-ce que nous avons déjà considéré ce que la Bible dit au sujet du cœur de l’homme, et comment elle le dit ? 40 millions de personnes baptisées en France, mais combien sont sensibles à la réalité, dans leur vie, de ce que la Bible appelle le péché, et à l’invitation solennelle que Dieu leur adresse à se repentir ? Mais regardons la suite du texte.
La deuxième chose que l’on voit dans le texte, c’est justement un appel solennel adressé au peuple à se présenter tous ensemble devant Dieu dans son temple, en étant « sanctifié », c’est-à-dire en ayant accompli les rites préalables, notamment les ablutions à l’aide des bassins prévus à cet effet. Ces ablutions symbolisaient la purification du peuple en vue de leur « mise à part », comme lorsqu’on lave un instrument de cuisine avant de l’utiliser. Qui est concerné par cet appel ? Tout le monde, quel que soit l’âge (les anciens et les bébés), et quelles que soient les circonstances de la vie (même les époux le jour de leur mariage). Hommes, femmes et enfants sont tous censés être ainsi « mis à part », en vertu du lien communautaire qui existe aux yeux de Dieu, et dont la famille est la première expression. Autrement dit, lorsque les responsables du peuple sont appelés par Dieu, les gens sous leur responsabilité sont concernés par cet appel. Lorsqu’un parent est appelé par Dieu, ses enfants sont concernés par cet appel.
Il y en a qui auraient eu envie de se soustraire à l’appel de Dieu, en disant : « Mais c’est pas juste ! Ces bébés, ils sont trop jeunes pour savoir ce qui se passe ! » ou encore : « Mais c’est pas juste ! C’est le jour de mon mariage, quand même ! » Mais le principe de solidarité communautaire ou familiale est une réalité, pourtant. Par exemple, en ce moment, c’est la crise économique en Europe. Ce n’est pas de ma faute ! Est-ce que pour autant, je peux aller aux États-Unis, avec un euro affaibli, et me payer des hôtels quatre étoiles en leur disant : « Mais vous comprenez, je sais bien que ces euros ont perdu de la valeur, mais ce n’est pas de ma faute, et en plus je suis en voyage de noces : vous devriez me laisser la chambre à moitié prix ». Je ne peux pas non plus aller à Carrefour remplir mon caddie de petits pots pour mon bébé, et arrivé en caisse leur expliquer : « Mais vous comprenez, ce n’est pas pour moi, c’est pour mon bébé, mais il est trop jeune pour travailler et pour gagner de l’argent, alors vous devriez lui donner ces petits pots gratuitement. Vous n’avez vraiment pas de cœur ! »
Le principe de solidarité communautaire ou familiale existe dans le monde, et à plus forte raison aux yeux de Dieu, qui ordonne ici explicitement à son peuple de se sanctifier et de se présenter tout entier devant lui. Il n’y a pas de prétexte valable pour se soustraire à l’appel que Dieu adresse à son peuple. Alors maintenant, la question qui fâche. En venant ici, vous êtes venu à l’Église, vous êtes au milieu d’une assemblée chrétienne, vous entendez la Parole de Dieu : quelles excuses avez-vous trouvé pour ne pas vous intéresser à lui ? Quel prétexte invoquez-vous pour vous soustraire à son appel, ou pour soustraire vos enfants à son appel ? « Je suis trop occupé », « je suis trop vieux », « je suis trop jeune », « ils sont trop jeunes »…
On a dit que Dieu, dans un premier temps, voulait faire prendre conscience à son peuple que la situation était grave et qu’elle nécessitait des mesures radicales. On a vu ensuite que Dieu convoquait son peuple tout entier, en vertu du lien « familio-communautaire », et qu’il n’y avait pas de prétexte valable pour se soustraire à son appel. Mais qu’est-ce que Dieu veut pour son peuple ? Quelle issue a-t-il prévue pour ceux qui invoquent son nom ?
Et bien la troisième et dernière chose que l’on voit dans le texte, c’est un ordre donné aux sacrificateurs, cette fois. Dieu leur dit de se placer entre le portique et l’autel, c’est-à-dire symboliquement entre le peuple et Dieu, et de pleurer, et de supplier Dieu de faire grâce. Les prêtres sont censés faire office de médiateurs entre le peuple et Dieu, et leur intercession est censée reposer sur la promesse que Dieu avait faite aux ancêtres du peuple. Et cette promesse, c’était une promesse de grâce, en vertu de laquelle Dieu allait faire des descendants d’Abraham sa possession, son héritage, son peuple, et qu’il serait pour eux leur Dieu (Gn 17.7, Ex 6.7, Jr 30.22, Éz 36.28…). Les prêtres intercèdent donc pour le peuple (hommes, femmes et enfants) et invoquent la grâce de Dieu en s’appuyant sur sa promesse. Dieu est simplement en train de rappeler à son peuple que sa promesse est fiable, et que sur la base de sa promesse, sa grâce et son pardon sont fiables !
Lorsque Dieu s’était révélé à Abraham, bien des siècles auparavant, il lui avait non seulement parlé pour lui faire sa promesse, mais il avait aussi apposé sa signature en bas de sa promesse, pour ainsi dire ; et la signature de Dieu, c’était la circoncision. Non seulement cela, mais Dieu un peu plus tard, avait ajouté un serment : il avait juré par lui-même que sa promesse à Abraham se réaliserait (Gn 22.16, Hé 6.13). C’est dire que Dieu voulait faire comprendre combien fiable était sa promesse ! C’est comme si, un jour, vous receviez dans votre boîte aux lettres une enveloppe mystérieuse. Vous l’ouvrez, et vous découvrez à l’intérieur une lettre qui vous informe que vous êtes l’heureux gagnant d’une magnifique Ferrari, qui vous attend chez le concessionnaire. Avec la lettre, une carte grise en bonne et due forme, vous désignant comme le légitime propriétaire de cette Ferrari, avec le tampon de la Préfecture. Il ne reste plus qu’à aller chercher le véhicule. Vous avez du mal à le croire, vous vous dites que c’est sûrement une blague, ou une arnaque, ou une erreur, et pourtant il n’y a rien d’autre à faire qu’à croire au contenu de la lettre, à croire à l’authenticité de la carte grise attestée par le tampon de la Préfecture, et à demander qu’on vous remette votre bien !
La situation d’Abraham, et de tout le peuple qui est issu d’Abraham, est un peu la même. Dieu leur a remis un titre de propriété, pour ainsi dire, avec son tampon, attestant qu’ils sont son peuple, et qu’il est leur Dieu. Dieu leur avait dit qu’il règlerait le problème de leur péché, et qu’aux grands maux, il apporterait les grands moyens. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était de croire à la promesse ! Pas d’être indifférent à la promesse, et de vivre dans le péché, mais de croire à la promesse et de fonder leur vie sur la grâce de Dieu et sur le pardon qu’il leur donnerait à un prix qu’il paierait lui-même. Et aujourd’hui, l’histoire et l’Écriture témoignent ensemble de la venue de Jésus-Christ, Dieu en personne, Dieu en serviteur, qui a payé, par sa mort sur la croix, le prix infini du pardon des péchés de tous ceux qui se confient en lui, c’est-à-dire : qui croient à la promesse !
Du flanc de Jésus, percé par une lance romaine, est sorti, une fois pour toutes, le sang de la circoncision et des sacrifices, mais aussi l’eau de la purification des péchés et du baptême. Dieu a démontré la fiabilité de sa promesse, en envoyant son propre Fils, son Fils unique, payer pour les péchés de son peuple. La Bible ajoute que Jésus est ressuscité le troisième jour : il a vaincu le mal et la mort au profit de son peuple. Il est monté au ciel et siège à la droite de Dieu, au-dessus de toute la création, au profit de son peuple. Il est le Roi des rois, un Roi bienveillant, qui n’attend qu’une chose de nous, c’est que nous nous confions en lui.
Que dire en conclusion, sinon répéter ce qu’on a dit en introduction ? Le baptême est un signe qui parle de notre relation à Dieu. Le fait que vous soyez baptisé ou non dit quelque chose au sujet de votre relation à Dieu. Le fait que [Vallouise] va être baptisée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dit quelque chose au sujet de sa relation à Dieu. L’eau du baptême symbolise la purification de ses péchés, sa mort avec Jésus et sa résurrection avec lui, et l’effusion du Saint-Esprit dans sa vie. Ces choses lui sont promises par Dieu, parce que Vallouise appartient à une famille chrétienne, et au peuple de l’alliance qu’est l’Église. Mais ces choses ne se réaliseront pas dans sa vie indépendamment de la foi personnelle qu’elle est appelée solennellement à placer en Jésus-Christ son Seigneur. Alors pourquoi êtes-vous baptisé, ou pourquoi n’êtes-vous pas baptisé ? 40 millions de baptisés en France, 40 millions de personnes qui portent sur elles, qu’elles en aient conscience ou non, le nom de Dieu : Père, Fils et Saint-Esprit. Et vous ? Quel sens attachez-vous au baptême chrétien, et le sens que vous lui attachez est-il le même que celui que Dieu lui attache ? Que dit votre baptême, ou votre absence de baptême, au sujet de votre relation à Dieu ? Dans le texte que nous avons lu ce soir, nous avons vu que Dieu adressait aux hommes un appel vital à exercer une entière confiance en lui. Notre situation est grave du fait de la réalité du péché dans notre vie, et cela nécessite des mesures radicales. À cette fin, Dieu convoque son peuple tout entier, hommes et femmes, vieillards et enfants, « même les nourrissons à la mamelle », et il n’y a pas de prétexte valable pour se soustraire à son appel. Dieu nous rappelle que sa promesse est fiable, il l’a réalisée en Jésus-Christ, et sur la base de sa promesse, sa grâce et son pardon sont fiables. Est-ce que vous y croyez ? En exposant un autre passage du livre du prophète Joël, un passage qui vient juste après, l’apôtre Pierre, il y a bien longtemps, à expliqué les mêmes choses à plusieurs milliers de personnes réunies le jour de la Pentecôte. Ils ont été touchés dans leur cœur et ils lui ont demandé ce qu’ils devaient faire. Pierre leur a répondu :
« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. » (Ac 2.38-39)