La direction du pélerin

Par Alexandre Sarranle 24 août 2008

Introduction

Nous avons comparé notre vie ici-bas à un pèlerinage. Nous avons vu que la destination à laquelle nous aspirions tous était la compagnie perpétuelle du Dieu vivant, et que cette destination nous a été rendue accessible en Jésus-Christ. Nous avons vu que la détermination du pèlerin dans son voyage était motivée par le fait que Dieu avait déjà garanti notre arrivée à destination, si toutefois nous avons renoncé à nos propres forces au profit de la persévérance que Dieu nous offre en Jésus-Christ. Mais maintenant que nous sommes sur le chemin, que nous connaissons notre destination finale et que nous savons que Dieu veille sur notre progression et sur la bonne fin du voyage, il faut quand même faire face aux étapes quoti-diennes de cette pérégrination, et au relief accidenté de notre vie. Ce n’est pas suffisant de savoir où on va, et d’être sûr d’y arriver ; il faut encore savoir comment incarner ce voyage au jour le jour. Qu’est-ce que la foi doit changer à ma vie quotidienne ? Parfois je suis triste de constater que la vie de beaucoup de chrétiens ressemble à celle des non-chrétiens. Même échelle de valeurs, mêmes priorités, même égocentrisme, et même gaspillage de temps et d’énergie pour des choses qui ne comptent pas en fin de compte. Alors que l’invitation du psalmiste dans cette dernière strophe, c’est plutôt de se confier en Dieu pour chaque centimètre du voyage. Cela veut dire chercher ses voies, marcher à sa lumière, et reposer à l’ombre de sa grâce. En une phrase, Dieu doit être notre repère à chaque instant. Pour que le chemin de la vie chrétienne devienne ce qu’il est sensé être, c’est-à-dire le chemin de l’obéissance.

Dieu est notre seul repère

Le psalmiste fait une affirmation que nous avons tendance à banaliser : Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs (v. 11). Cette affirmation est n’est pas une exagération. Dieu est par définition la source du bonheur car il est notre Créateur. L’homme intelligent cherche Dieu, et cherche les voies de Dieu. Il n’y a rien de choquant ou de révolutionnaire dans des versets comme Heureux ceux qui marchent selon la loi de l’Éternel ! Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur ! (Ps 119 : 1, 2). (Cf. Ps 19 : 8 – 12).

Quand on rend visite à quelqu’un, on écoute les indications qu’il nous donne pour nous rendre chez lui ; sinon, on risque de perdre beaucoup de temps, et d’essence, sur le chemin. Il y a cette caricature de l’homme qui ne veut pas demander le chemin et qui s’entête à vouloir se débrouiller tout seul, généralement à ses dépens. Il finit par arriver, mais après combien de demi-tours, de disputes, de temps perdu et d’énergie gaspillée !

De la même façon, avec le Seigneur, on est souvent fier, et on s’entête à vouloir se débrouiller tout seul, à nos dépens, alors qu’on devrait s’humilier et reconnaître notre besoin d’être conduits par Dieu. Mais le péché dans notre vie s’oppose à cette intelligence, et nous pousse à nous trouver des excuses et des prétextes pour ne pas chercher Dieu de tout notre cœur. Exemple : les français passent en moyenne plus de trois heures par jour devant la télé. Combien de temps par jour passons-nous à lire la Bible et à chercher la face de Dieu ?

Si nous croyons en Dieu, nous devons forcément reconnaître que ça ne sert à rien de vivre sans lui. Tout ce que nous pouvons investir de temps et de ressources à faire autre chose qu’à le chercher sera en fin de compte inutile, voire contre-productif. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne (2 Tm 3 : 16, 17). Logique ! Mais pourquoi alors cherchons-nous, et recevons-nous, nos directions pour la vie de tellement d’autres sources que la Parole de Dieu ? Pourquoi est-ce ainsi ?

Brûler au soleil

Le psalmiste nous met sur la voie : l’Éternel Dieu est un soleil (v. 12). Dieu est le soleil qui éclaire notre chemin, qui donne la direction, mais il est aussi un soleil qui éblouit et qui brûle. Les pèlerins qui montent à Jérusalem en font la rude expérience. Dieu est saint, donc exigeant, et cette exigence resplendit de tout son éclat dans sa Parole. Il paraît qu'il y a plus de 6,400 commandements dans la Bible pour 31,000 versets, soit environ 1/5ème de la Bible !

Chercher Dieu, c’est s’exposer à sa sainteté. Il existe des jeux qui se passent dans le noir, où le but est d’infiltrer une équipe adverse sans se faire voir. Chacun est équipé d’une lampe de poche, mais si on choisit de l’utiliser pour se diriger, on risque aussi d’être vu !

Marcher à la lumière de Dieu, c’est accepter d’être vus tels que nous sommes vraiment. Chercher Dieu de tout notre cœur, dépenser notre temps et notre énergie à apprendre à le connaître, c’est nous exposer à la lumière de sa sainteté. Quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient réprouvées (Jn 3 : 20). Cf. Psaume 139. Nous ne pouvons rien cacher à Dieu. Voilà la difficulté, le dilemme et la tentation ! Vaut-il mieux marcher à la lumière de Dieu et se retrouver coupable devant les exigences de sa sainteté, ou se cacher sous les tentes de la méchanceté (v. 11) ?

C’est le dilemme auquel Paul a fait face lui-même. Il a reconnu que c’était difficile de constater, à la lumière de Dieu, l’étendue du péché dans sa vie : je prends plaisir à la loi de Dieu dans mon for intérieur, mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon intelligence et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? (Rm 7 : 22 – 24). Mais le psalmiste a fait son choix : il a choisi de se tenir sur le seuil de la maison de Dieu, et il poursuit son voyage, semble-t-il sans broncher, plein d’assurance, à la lumière de Dieu.

Reposer à l’ombre du bouclier

L’espérance du psalmiste, et son assurance, reposent dans l’affirmation selon laquelle Dieu est un soleil et un bouclier à la fois (v. 12). Le psalmiste sait qu’il est coincé : dans son état déchu, il ne peut pas, de lui-même, marcher dans l’intégrité, et se tenir à la lumière du soleil de Dieu sans être brûlé. Le seul bouclier capable de le couvrir est celui de Dieu : il lui fallait un pardon à l’échelle de la sainteté de Dieu, une grâce à l’échelle de sa gloire.

Récemment l’équipe de F1 McLaren a été jugée coupable d’espionnage chez l’équipe adverse, Ferrari. Qu’est-ce qui s’est passé ? Si McLaren avait pu rivaliser avec Ferrari avec ses propres moyens, ils l’auraient fait, mais quelqu’un s’est dit, pour être à la hauteur de Ferrari, il faut qu’on adopte les réglages de Ferrari. On n’est pas capables de rivaliser par nous-mêmes ; il n’y a que leur propre technologie pour nous permettre d’être à leur niveau.

De même, pour ne pas être brûlés par la sainteté de Dieu, pour ne pas être condamnés sous les exigences parfaites de notre Créateur, il nous fallait aussi une compensation à la hauteur de ces exigences, que Dieu seul pouvait pourvoir. Le psalmiste comptait sur les promesses de Dieu ; il savait que Dieu pourvoirait. C’est ce qu’il a fait en Jésus-Christ. Adam a désobéi, et toute l’humanité en souffre les conséquences ; mais Jésus a obéi, et tous ceux qui se confient en lui en reçoivent les bénéfices. L’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier, l’Éternel donne la grâce et la gloire (v. 12). La grâce du bouclier, et la gloire du soleil.

Comme par la désobéissance d’un seul homme, beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul, beaucoup seront rendus justes (Rm 5 : 19). En Christ, Dieu est devenu le bouclier pour nous protéger de la condamnation requise contre nous par sa propre sainteté. Dieu a résolu le dilemme, et il a accompli à notre place, en Jésus, ce qu’il nous était impossible de faire, c’est-à-dire obéir parfaitement à ses exigences. En cédant notre vie à Jésus, nous pouvons nous tenir avec assurance dans la lumière de Dieu sans être brûlés car Dieu a mis à notre compte l’obéissance parfaite de son Fils.

Conclusion : la prière de notre vie (v. 10)

Confronté à son dilemme, Paul s’est exclamé : Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? (Rm 7 : 24). Quelques versets plus loin il donne la réponse : Il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus (Rm 8 : 1). Face au pèlerinage de sa vie chrétienne, Paul a pu faire comme le psalmiste dans cette dernière strophe du psaume : se confier en Dieu pour chaque centimètre du voyage. Parce qu’il avait compris qu’en Jésus-Christ, il pouvait chercher de tout son cœur les voies de Dieu, marcher à sa lumière en permanence, et reposer en même temps à l’ombre de sa grâce. Sa vie, comme celle du psalmiste, ne ressemblait en rien à la vie d’un non-chrétien. Il pouvait dire qu’un jour dans les parvis de Dieu valait mieux que mille ailleurs, et ne pas juste être d’accord avec le principe, mais le vivre aussi. Pour nous aussi, Dieu peut devenir notre repère de chaque instant, si nous reconnaissons, et si nous recevons pleinement, la grâce que Dieu nous offre en Jésus-Christ. Si nous sommes à Jésus, Paul dit que le Saint-Esprit habite en nous, et que le Saint-Esprit est un esprit d’adoption (Rm 8 : 14 – 17). Nous pouvons chercher Dieu de tout notre cœur comme des enfants qui cherchent leur papa. Nous pouvons étudier sa Parole et vivre à sa lumière sans être perpétuellement dans la crainte et le désespoir face à l’étendue du péché dans notre vie. Dieu a fait de nous ses enfants, mais des enfants en croissance. Nous pouvons accepter avec reconnaissance la réprimande du Seigneur comme celle d’un Père qui aime ses enfants et qui ne les abandonnera jamais (Pr 3 : 12). Il nous a adoptés une fois pour toutes, et pour cela, il a payé le prix fort (Rm 8 : 32). Il nous a tout donné en Jésus-Christ, c’est pour cela que nous pouvons faire du verset 10 la prière de notre vie : Toi qui es notre bouclier, vois, ô Dieu ! et regarde la face de ton Messie !

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