La destination du pélerin

Par Alexandre Sarranle 10 août 2008

Introduction

C’est St Augustin qui disait que l’homme est un pèlerin dans ce monde. Nous sommes des gens de passage. Mais nous avons tendance à oublier qu’un pèlerin, ce n’est pas quelqu’un qui erre sans but, qui voyage pour le plaisir, mais c’est quelqu’un qui chemine vers une destination finale. Dans le psaume 84, nous avons le chant d’un pèlerin en voyage, et qui sait où il va, du moins où il veut aller. Le psalmiste analyse avec lucidité sa situation, et décrit successivement quelle est la destination de son voyage, d’où vient sa détermination dans ce voyage, et quelles directions il va suivre pour ce voyage. Mais c’est le premier couplet qui nous intéresse ce matin, et il y a quelques questions que ce texte nous fait poser avant de le regarder en détail : est-ce que vous savez quelle est votre destination dans la vie, ou bien est-ce que vous êtes un pèlerin qui erre sans but ? Quelle est la destination que vous cherchez, et êtes-vous sûr que c’est la bonne ? Vous êtes en voyage ; mais vers où ? Est-il possible que Dieu ait prévu pour nous la destination idéale pour notre pèlerinage, mais est-ce que nous savons seulement quelle est cette destination, et notre vie est-elle par conséquent orientée vers cette destination ? La première strophe de ce psaume va nous montrer quels sont les symptômes de cette recherche profonde qui nous habite tous, mais pas seulement quels en sont les symptômes, aussi quelle en est la véritable nature, et la véritable réponse.

Symptômes d’une recherche profonde

Le voyage du pèlerin est orienté par un désir profond et irrésistible. Le pèlerin aspire à quelque chose, ou plutôt à quelque part, et ce désir se manifeste émotionnellement (chéries, v. 2), spirituellement (mon âme soupire, v. 3) et physiquement (mon cœur et ma chair, v. 3). Le pèlerin est engagé avec tout son être dans ce voyage et la recherche de sa destination.

Avez-vous déjà remarqué que nos besoins les plus fondamentaux se manifestent dans tout notre être ? Regardez un bébé qui a faim : il exprime son besoin par tous les éléments de son être. Il pleure, il grimace, il crie de colère, il bouge la tête, il se tortille et il gesticule des bras et des jambes. Pourtant, à son âge, il n’est pas capable d’identifier son besoin ou de le comprendre ; ce besoin s’exprime bien malgré lui, dans tout son être.

De la même façon, les hommes ont des besoins qu’ils ne comprennent pas toujours. Nous sommes des pèlerins en voyage, mais nous ne savons pas vraiment vers où. Nous ne savons pas vraiment quelle destination nous donnera satisfaction. Regardez les deux ou trois derniers millénaires de l’humanité, et on a l’impression de voir un essaim de mouches surprises par le propriétaire de la maison, qui ne savent dans quelle direction voler pour trouver un abri.

Pardonnez-moi de vous dire ça, mais nous ressemblons à des mouches qui se cognent dans la vitre, ou si vous préférez, à des bébés qui hurlent et qui gesticulent. Nous ne savons pas ce que nous voulons précisément, nous ne savons pas quelle destination sera pour nous un abri et une satisfaction, et pourtant notre besoin se manifeste chez nous de façon émotionnelle, spirituelle, et même physique. Heureusement pour les bébés, ils ont généralement des parents, qui sont capables d’identifier leur besoin et de leur pourvoir la solution. Nous aussi, nous avons un Père qui est dans les cieux, et qui, dans ce texte, nous pointe dans la bonne direction.

Notre recherche de El Haï, le Dieu vivant

Qu’est-ce que le psalmiste recherche ? Quelle est cette destination qu’il convoite ? Les demeures de l’Éternel des armées (v. 2), les parvis de l’Éternel (v. 3), les autels de l’Éternel des armées (v. 4)… Mais le psalmiste ne recherche pas ces choses parce qu’elles ont de la valeur en elles-mêmes : les demeures de Dieu, c’est le Tabernacle, c’est-à-dire de la toile et des piquets. Au verset 3 il nous dit ce qu’il recherche vraiment : mon cœur et ma chair acclament (invoquent, interpellent) le Dieu vivant (El Haï). Le psalmiste désire se trouver dans ces lieux parce que c’est là qu’il y trouvera la compagnie de Dieu.

Lorsque Suzanne et moi nous sortions ensemble, elle est partie passer ses vacances d’été en Suisse avec sa famille, dans une vieille cabane sombre et poussiéreuse où il n’y a ni eau chaude, ni électricité, mais où il y a abondance de souris et d’insectes divers. Les parents de Suzanne m’ont invité à les rejoindre là-bas pour passer quelques jours en leur compagnie. Tout d’un coup, la Suisse est devenue pour moi le pays le plus beau au monde, et cette cabane le lieu le plus chic et le plus confortable qui soit !

Le psalmiste recherche ces lieux de rencontre avec Dieu, parce que ce qu’il recherche plus profondément encore, c’est la compagnie du Dieu vivant. Pourquoi ? La Bible nous explique que l’homme, sous l’effet de son péché, a perdu sa relation vivante avec Dieu. Nous sommes des bébés qui gesticulent, mais Dieu notre Créateur, dans la Bible, nous révèle quelle est la nature de notre besoin. Nous sommes comme des hirondelles qui cherchent un abri et un nid où déposer nos petits, et cet endroit, nous explique le psalmiste, est auprès de Dieu.

Avez-vous déjà mis ces mots-là sur votre insatisfaction ? Lorsque vous vous sentez seul, lorsque vous êtes déprimé, même lorsque vous êtes malade, est-ce que vous êtes prêt à reconnaître que ce dont vous avez besoin, avant tout, ce n’est pas d’un verre d’alcool, ce n’est pas d’un anti-dépresseur, ce n’est pas d’un chèque, ce n’est même pas d’un psychologue, d’un pasteur ou d’un bon ami, mais ce que vous recherchez peut-être sans le savoir, c’est avant tout la compagnie du Dieu vivant ? Pascal a dit que l’homme avait dans son être un trou en forme de Dieu. Avez-vous déjà mis ces mots-là sur votre besoin ? Le psalmiste reconnaît ici quel est le besoin fondamental de l’homme. Et il nous pointe dans la bonne direction.

Le lieu de rencontre avec Dieu : Jésus-Christ

Le psalmiste termine sa strophe sur une exclamation merveilleuse qu’o pourrait appeler une béatitude : Heureux ceux qui habitent ta maison ! Ils te loueront encore (v. 5). Le psalmiste évoque la situation du passereau et de l’hirondelle qui ont fait leur nid dans le Tabernacle. Mais il sait bien que personne d’humain n’habite vraiment dans la maison de Dieu. Il sait que le Tabernacle parle au peuple de quelque chose d’autre, de quelque chose de meilleur. Le Tabernacle est temporel, et il annonce ce que Dieu va réaliser pleinement pour son peuple. Même lorsque David projette de remplacer le Tabernacle par un Temple, Dieu ne soutient pas le projet (1 Ch 17), et annonce à David que c’est un de ses descendants qui bâtira la vraie maison de Dieu, et que ce fils sera pour toujours établi dans sa maison et dans son royaume.

Nous faisons un saut dans l’histoire et nous lisons ce que l’apôtre Jean a écrit en introduction à son Évangile : La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique, venu du Père (Jn 1 : 14). Le mot traduit par habité, c’est littéralement, tabernaclé. Psaume 84 : 2 : combien tes tabernacles sont chéris, Jean 1 : 14 : Jésus a été un tabernacle parmi nous. Ce que le Tabernacle annonçait, et que le psalmiste convoitait tant, c’est-à-dire la compagnie même du Dieu vivant, Dieu l’a réalisé pour nous en Jésus.

Le psalmiste désirait ardemment la compagnie de Dieu ; c’était là sa destination finale en tant que pèlerin. Mais il savait bien qu’il ne pourrait jamais pénétrer dans le lieu saint, là où résidait pleinement le Seigneur, encore moins y habiter. Le psalmiste nous pointe pourtant dans la bonne direction, dans la direction de Jésus, qui est venu porter sur lui le poids de nos péchés, et payer à notre place le prix de nos péchés en mourrant à la croix, et vaincre pour nous la puissance du péché et de la mort en ressuscitant, tout cela pour que nous puissions pénétrer dans le lieu saint et y trouver, pour toujours, la compagnie du Dieu vivant. Heureux ceux qui habitent ta maison ! En Jésus, nous devenons membres de la famille de Dieu.

Jésus est devenu pour nous le Tabernacle, le lieu de rencontre et de communion avec Dieu. Au verset 4, le psalmiste acclame le nom de celui qu’il recherche tant : Mon Roi et mon Dieu ! À la fin de l’Évangile de Jean, lorsque Jésus, qui a accompli son œuvre à la croix, et qui est sorti du tombeau, retrouve ses disciples, il y en a un qui doute : Thomas. Mais lorsqu’il comprend enfin ce que Jésus vient d’accomplir, il s’exclame lui aussi : Mon Seigneur et mon Dieu (Jn 20 : 28) ! Le Dieu vivant que le psalmiste recherche tant, c’est Jésus.

Conclusion

Le premier couplet de ce psaume nous a parlé de la destination finale du pèlerin. Nous sommes des êtres dans le besoin, des êtres en recherche, et Dieu nous dit, parce qu’il nous a créés et qu’il nous connaît mieux que nul autre, que ce dont nous avons besoin, c’est d’habiter dans sa maison et de vivre en communion avec lui. Dieu est la destination qu’il nous faut, que nous recherchons parfois sans le savoir. Dieu est la destination qui doit, maintenant, orienter toute notre vie. Cette destination nous est rendue possible en Jésus-Christ, si nous plaçons en lui toute notre confiance. Alors je vous pose de nouveau cette question ce matin : où allez-vous ? Vous êtes en voyage, mais vers où ? Avez-vous déjà identifié votre besoin fondamental ; et les choix que vous faites tous les jours, et que vous serez amenés à faire tout au long de votre vie, seront-ils par conséquent orientés, comme pour le psalmiste, avant tout autre chose, par votre profond désir de Dieu ? Peu avant d’accomplir son œuvre à la croix, Jésus s’est adressé à ses disciples : Jean 14 : 2 – 6.

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